1. Les trois états de la conscience ཁམས་གསུམ

Toujours dans le registre de la conscience, il convient de parler des trois mondes et des six états de conscience.

Les trois mondes du samsara sont aussi les trois mondes de la conscience, les trois royaumes.

ཁམས་ a vraiment le sens d’état. Ce sont les états de la conscience, les états de l’esprit, les états de « l’esprit-conscience ».

    1. འདོད་ཁམས་ l’état passionnel, le monde des désirs

    • འདོད་ཁམས་ sk. kāmadhātu, kāmaloka, l’état passionnel, le monde des désirs
      • འདོད désir
    1. གཟུགས་ཁམས་ l’état formel

C’est le monde de la forme subtile avec des états de conscience qui ne sont plus passionnels mais qui sont encore dans la forme, dans des formes subtiles.

Ce sont des états divins qui correspondent aux quatre dyanas ou absorptions méditatives (བསམ་གཏན་བཞི་)

Il y a dix-sept états d’états divins qui correspondent à dix-sept niveaux de méditation dans lesquels il y a de moins en moins de saisie, de plus en plus d’ouverture et de clarté.

    1. གཟུགས་མེད་ཁམས་ l’état sans forme

C’est le monde du sans forme, qui est un état de conscience qui n’est plus dans un état habituel.

Il y a ainsi quatre états de la conscience sans forme.

Dans le monde informel on peut distinguer quatre domaines qui correspondent à des états de méditation informelle :

      1. མ་མཁའ་མཐའ་ཡས་སྐྱེ་མཆེད་ le domaine de l’espace infini

Le domaine de l’espace illimité est encore un état de conscience subtil sans forme mais duel dans le sens où il y a l’expérience de l’espace illimité, « on » expérimente une ouverture semblable à l’espace illimité.

      1. རྣམ་ཤེས་མཐའ་ཡས་སྐྱེ་མཆེད་ le domaine de la conscience illimitée,

Le domaine de la conscience illimitée, infinie, est plus subtil que le précédent mais cette conscience illimitée est un peu, ce que dans le « new âge » on nomme la conscience cosmique, ce genre d’état de conscience sans limite qui embrasse et pénètre toute chose, mais qui est encore une expérience duelle.

      1. ཅི་ཡང་མེད་པའི་སྐྱེ་མཆེད་ le domaine du rien

C’est le domaine du rien, de la non référence, mais de façon très subtile ; l’absence de référence peut devenir une forme de référence, une forme d’appui très subtil.

      1. འདུ་ཤེས་མེད་འདུ་ཤེས་མེད་མིན་གྱི་སྐྱེ་མཆེད་ le domaine de ni conception, ni non-conception

Il n’y a ni perception, ni non-perception. C’est le domaine le plus subtil de la conscience duelle mais c’est encore un état samsarique.

Question : Dans les quatre niveaux de conscience du monde sans forme, est- ce qu’il y a toujours quelqu’un qui expérimente quelque chose, finalement même de manière subtile ?

Réponse DR : Oui, il y a un expérimentateur qui vit une expérience. C’est très subtil et cela a donné lieu à des débats. D’une façon implicite, logique mais aussi expérientielle, l’expérience vécue implique un expérimentateur et donc, ces états de conscience très subtils sont expérimentés par un expérimentateur très subtil, et c’est là que se situe une forme très subtile de dualité.

C’est important, surtout si on pratique la Pleine Présence, de déjà découvrir l’espace infini et de pouvoir avoir cette ouverture de l’espace infini ; c’est très bien et c’est une étape, on peut dire indispensable d’une façon générale, mais il s’agit ensuite de ne pas rester, comment dire, « scotché » dans un espace infini car l’appui sur un espace infini ferait naître dans ce domaine divin de l’espace infini, de même pour la conscience infinie, etc.

Ces domaines du sans forme sont des états de conscience très subtils et de grande qualité mais néanmoins toujours samsariques, toujours duels. Il est dit que ce sont ces expériences que le Bouddha avait découvertes auprès de ses maîtres avant de partir à la quête de l’éveil car il s’était rendu compte que ce n’était pas l’éveil.

Question : Quand on est au-delà des mondes sans forme, quand on dit qu’il n’y a rien, ni conception, perception, ni ego, ni individualité, mais que seule l’énergie reste, est-ce l’état de compassion, d’intelligence, de discernement, de pénétration ? Je veux dire un état de compassion intelligente qui n’est pas rien.

Réponse DR : Ce n’est pas un rien nihiliste du tout, ce n’est pas une vacuité nihiliste dans laquelle il n’y a rien.

C’est un état de plénitude, mais dans lequel on n’est pas en tant que témoin.

Il convient de considérer cette citation : « Sache ce que tu es et tu comprendras que tu n’es rien et n’étant rien que tu es tout, c’est tout ». Si on prend une image, l’individualité est comme une goutte d’eau ; et lorsque dans l’ouverture la goutte d’eau, en quelque sorte s’évapore, dans cette évaporation, elle se diffuse dans tout l’espace et devient en ce sens omniprésente. Elle n’est plus rien, elle est devenue tout et c’est là le sens de l’omniprésence, mais c’est difficile de parler de quelque chose qui n’est pas du registre de la conception.

Ces trois états sont les trois états de la conscience, passionnelle, formelle, et sans forme. Ils incluent tous les états du Samsara qui sont aussi présentés dans la classification des six mondes, les six royaumes, les six classes d’êtres.
 

 

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