Point 4 (suite 4)

Chapitre 8 – L’entrée en le refuge des Trois Joyaux (complétée des préceptes de libération personnelle)

I – Le refuge

Le second point1Du support pour développer l’esprit d’éveil, le premier étant l’aptitude du mahâyâna qui vient d’être évoquée. est l’entrée en refuge.

– Peut-on entrer en refuge en ceux qui exercent leur puissance sur ce monde tels que Brahmâ, Vishnu, Mahâdeva ; ou en les divinités et les nâga aux grands pouvoirs vivants dans les montagnes, les rochers, les lacs, les arbres et autres places de nos pays ?

– Comme il est dit dans les sutras, tous ceux-ci ne pouvant nous protéger, ils ne sont pas un refuge :

Entrer en refuge en des divinités du monde,
Celles des montagnes, des forêts, des sanctuaires,
Des parcs, des pierres ou des arbres,
N’est pas entrer en le refuge principal.

– Peut-on alors entrer en refuge en ceux qui nous aiment et seraient heureux de nous aider, comme nos parents ou nos amis ?

– Eux non plus ne peuvent nous protéger, comme il est dit ans Le Sutra du Jeu Prodigieux de Mañjushrî :

Ton père, ta mère ne sont pas un refuge
Tes amis et tes proches ne le sont pas non plus ;
Quand ils le souhaiteront,
Ils s’en iront en t’abandonnant.

– Pourquoi tous ceux-ci n’ont-il pas le pouvoir du refuge ?

– Il faudrait pour l’avoir qu’ils soient eux-mêmes libres des peurs et des souffrances ; or, ils ne sont dégagés ni des unes  ni des autres.

En fait, seul un bouddha est définitivement libéré des souffrances. Pour réaliser l’état de bouddha il n’est d’autre voie que le dharma ; et pour le pratiquer, d’autre ami que le sangha. C’est donc en ces trois que l’on prend refuge.

En le bouddha qui dissipe les craintes de ceux qui ont peur
Et protège les sans refuge,
En le dharma et le sangha, la sublime communauté,
Entre en refuge dès aujourd’hui.

Nous pouvons nous demander si, bien qu’ils aient la capacité de nous protéger, il certain qu’ils le feront une fois que nous serons entré en refuge en eux ?”

Il ne faut pas en douter ainsi, car, dans Le Sutra du Mahânirvana, il est dit :

Ceux entrés en le refuge des trois joyaux
Obtiendront l’absence de peur.

Expliquons à présent l’entrée en le refuge des trois joyaux.

Plan Résumé
(stance 13)
1) Classifications,  2) support, 3) lieux,
4) Durées, 5) motivation, 6) rituel,
7) Fonctions, 8) instructions et 9) bienfaits ;
Ces neuf points résument l’entrée en refuge.

1. Classification

L’entrée en refuge peut être ordinaire ou extraordinaire.

2. Le support

Le support de l’entrée en refuge est une personne, qu’elle soit ordinaire ou extraordinaire.

La personne ordinaire est effrayée des souffrances du samsara et considèrent les Trois Joyaux comme déités.

La personne extraordinaire appartient à la famille du mahayana et est parfaitement dotée d’une condition humaine ou divine.

3. Lieux

Les lieux de refuge sont les trois joyaux et ils peuvent être compris dans une perspective ordinaire ou extraordinaire.

3.1 Les lieux de refuge ordinaires

Suivant une « perspective ordinaire » :

– Le rare et sublime bouddha est l’éveillé, le vainqueur aux excellentes qualités qui, pourvu des abandons et expériences premières, manifesta la « grande nature ».

– Le rare et sublime dharma a deux aspects : le dharma des enseignements, aux douze qualités de la parole parfaite, et le dharma de la réalisation, constitué des nobles réalités de la voie et de cessation.

– Le rare et sublime sangha a deux aspects : le sangha des pratiquants ordinaires, constitué par une assemblée d’au moins quatre moines parfaits et pleinement ordonnés, et le sangha extraordinaire, constitué des huit types de personnes entrées dans les quatre étapes du résultat2« Entrée dans le courant », « revenant une fois », « sans retour » et « arhat », chacune de ces étapes comprenant ceux en train de les réaliser et ceux les ayant réalisées.

3.2 Les lieux de refuge extraordinaires

Suivant une perspective extraordinaire, on considère trois types de lieux de refuge :

– le lieu devant soi,

– le lieu d’expérience véritable

– le lieu ultime (tel quel).

Le lieu de refuge devant soi est une représentation du corps du Tathagata pour le Bouddha, un texte du mahayana pour le dharma et le Sangha des bodhisattvas pour le Sangha.

Le lieu d’expérience véritable est celle de la nature des trois corps pour le Bouddha, le dharma authentique, la paix du nirvana pour le Dharma les bodhisattvas des terres supérieures pour le Sangha.

Le lieu de refuge ultime est uniquement l’état de Bouddha, comme c’est exprimé du point du vue du mahayana, dans L’Insurpassable continuité :

En vérité ultime le refuge des vivants
Est uniquement l’état de Bouddha.

– Pourquoi le Bouddha a-t-il le pouvoir de nous assurer une protection définitive ?

C’est parce que le « puissant »3Un nom pour les Bouddhas. est pourvu du corps absolu
Et qu’il est aussi l’aspect ultime du sangha4Extrait de L’Insurpassable continuité.
.

Les « puissants » sont le refuge authentique car sans naissance ni cessation, parfaitement purifiés et libres d’attachement, ils sont pourvus du corps absolu.
Ils sont ainsi le refuge authentique car les membres du sangha des trois véhicules arriveront ultimement à la réalisation du corps absolu parfaitement pure.

– Mais alors, le dharma et le sangha ne sont pas une protection définitive ?

– Comme cela est exprimé dans L’Insurpassable Continuité :

Le dharma dans ses deux aspects et l’assemblée des ârya,
Ne sont pas le suprême refuge définitif.

– Pourquoi ne sont-ils pas des aspects définitifs du refuge ?

Si l’on considère les deux aspects du dharma :

le dharma scripturaire est un ensemble de mots et de lettres à abandonner une fois la voie parcourue, comme on abandonne un bateau lorsque la traversée est achevée ; il n’est donc pas un refuge définitif.

Le dharma de la réalisation comprend à son tour deux aspect : la réalité de la voie et la réalité de la cessation. La réalité de la voie, étant composée de différents éléments n’est pas permanente : elle a donc un caractère trompeur et n’est pas un refuge définitif. La réalité de la cessation, exprimée dans la tradition des Auditeurs en termes d’interruption, semblable à l’extinction d’une lampe à beurre, est une inexistence qui ne peut donc être un refuge définitif.

Le sangha lui aussi, par peur du samsara, est entré en refuge en le Bouddha ; puisqu’il a encore des craintes, il n’est pas un refuge définitif.

Ceci est exprimé dans L’Insurpassable Continuité :

A abandonner, au caractère trompeur,
Inexistant ou soumis aux peurs,
Le deux aspects du dharma et la Noble Assemblée
Ne sont pas le suprême refuge définitif.

Comme l’a précisé le maître Asanga :

Un refuge inépuisable, un refuge permanent,
Un refuge immuable et authentique, il n’en est qu’un :
C’est le tathâgata, l’arhat, le bouddha parfaitement accompli.

– Mais alors, ceci est en contradiction avec l’enseignement précédent de trois lieux de refuge ?

– Non car celui a été enseignées comme étant un moyen de guider les êtres à instruire, tel que c’est exprimé dans Le Sutra du Mahânirvana :

En résumé, le refuge est un,
Mais du point de vue des méthodes, il est triple.

– Comment le refuge est-il présenté comme triple du point de vue de ses méthodes ?

L’Insurpassable Continuité
l’explique ainsi :

Suivant le maitre, l’enseignement et les disciples,
Sur la base des trois véhicules, des trois fonctions
Et des différentes aspirations,
Trois refuges ont été parfaitement présentés.

Il a donc été présenté par rapport à trois types de qualités, trois véhicules, trois fonctions et trois sortes d’aspirations.

Pour ceux engagés dans le grand véhicule des bodhisattvas et ceux inspirés par le Bouddha, aspirant à réaliser son activité, il y a le refuge du Bouddha, qui montre les qualités du maitre. Ainsi est-il dit : « J’entre en le refuge du Bouddha, sublime parmi les hommes. »

Pour ceux engagés dans le véhicules des Bouddha par soi et ceux inspirés par le Dharma, aspirant à réaliser son activité, il y a le refuge du Dharma qui montre les qualités de l’enseignement. Ainsi est-il dit : « J’entre en le refuge du Dharma, le plus sublime de tout ce qui est libre de désir-attachement. »

Pour ceux engagés dans le véhicule des Auditeurs et ceux inspirés par le sangha aspirant à à réaliser son activité, il y a le refuge du Sangha. Ainsi est-il dit : « J’entre en le refuge du Sangha, la plus sublime des assemblées. »

Associant ces six types de personnes à trois formes de but, cette présentation du triple refuge a été conventionnellement enseignée par le Vainqueur afin que chacun puissent s’engager graduellement dans les différents véhicules.

4. Durée

La durée peut être ordinaire ou extraordinaire:

La durée ordinaire est d’entrer en refuge à partir de maintenant et jusqu’à la fin de sa vie.

La durée extraordinaire est d’entrer en refuge à partir de maintenant et jusqu’à la réalisation du cœur de l’éveil.

5. Motivation

La motivation peut être ordinaire ou extraordinaire.

La motivation ordinaire est d’entrer en refuge quand notre propre souffrance nous est insupportable.

La motivation extraordinaire est d’entrer en refuge quand la souffrance des autres nous est insupportable.

6. Rituel

Le rituel aussi peut être ordinaire ou extraordinaire.

6.1  Le rituel ordinaire

Les disciples adressent d’abord une requête au maître ; celui-ci dispose ensuite les supports des trois joyaux puis des offrandes devant eux. Si le nécessaire n’est pas réuni, il est possible de le visualiser dans l’espace ; les hommages et offrandes seront alors adressés mentalement.

Puis les disciples, suivant le maitre, récitent trois fois du fond du cœur :

Bouddhas et bodhisattvas,
Vous tous prenez moi en considération !
Maître, prenez moi en considération !
Moi, nommé « untel » à partir de maintenant
Et jusqu’à ce que j’arrive au cœur de l’éveil,
J’entre en le refuge du bouddha, sublime parmi les hommes,
J’entre en le  refuge du dharma, sublime au-delà des passions. .
J’entre en le refuge du sangha, sublime Assemblée

6.2  Le rituel extraordinaire

Ce rituel est composé d’une préparation, de la partie principale et d’une conclusion.
Afin d’être aptes à s’en remettre à l’ami spirituel, les disciples lui offrent un mandala fleuri et lui adressent une requête que l’ami spirituel accepte s’il les considère comme des réceptacles appropriés possédant l’aptitude du grand véhicule.

Le premier soir, l’ami spirituel dispose des représentations des trois rares et sublimes, arrange les offrandes, explique les bienfaits de l’entrée en refuge et les inconvénients de son absence.

Le second soir, il effectue la partie principal du rituel
Pour commencer, les objets (de refuge) qui se trouvent devant sont conçus comme les « rares et sublimes » véritablement présents. Après l’hommage et l’offrande, les disciples répètent trois fois après le maître :

Bouddhas et bodhisattvas,
Vous tous, prenez-moi en considération !
Maître, prenez-moi en considération !
Moi, nommé « untel », à partir de maintenant
Et jusqu’ au cœur de l’éveil,
J’entre en le refuge des bhagavân Bouddhas,
Sublimes parmi hommes ;
J’entre en le  refuge des Dharma de la paix du nirvana,
Suprême au-delà des passions ;
J’entre en le refuge du sangha des nobles bodhisattvas
« Ceux qui ne régresseront plus »
Sublime Assemblée.

Ensuite, les lieux de refuge d’expérience véritable sont invoqués. On les considère comme véritablement présents et leur adresse hommages et offrandes. Puis, en pensant : « maintenant, vous savez tout ce que je fais », l’on entre trois fois en refuge comme précédemment.

Ensuite on entre en le refuge ultime faisant hommages et offrandes en la parfaite pureté du triple mandala5Sujet, objet, relation ; la pureté du triple mandala est une façon d’exprimer l’expérience de non-dualité.. Depuis toujours les phénomènes étant tous dépourvus d’égo et d’essence-en-soi, on envisage de la même façon le Bouddha, le Dharma et le Sangha Ceci est le refuge inépuisable, le refuge permanent, le refuge immuable.

Il est dit dans Le Sutra des Questions d’Anavataptanâgarâja :

– Qu’entend-on par entrer en refuge sans conceptions matérialistes ?
– Dans l’expérience de tous les phénomènes comme inexistants et la vision parfaite du bouddha libre de formes et de caractéristiques, qui n’est pas un objet de connaissance, on entre en refuge  en le Bouddha. Dans la vision de  tous les phénomènes comme émanation du dharmadhâtu, on entre en refuge en le dharma. Et dans la vision de la non-dualité du composé et du non composé, on entre en le refuge du Sangha.

Le troisième soir, l’ami spirituel accomplit la conclusion avec des offrandes de remerciement aux rares et sublimes.

7. Fonctions

L’Ornement des Sutras exprime ainsi la fonction du refuge :

Pour nous protéger de tous dangers,
Des existences malheureuses, des mauvaises méthodes,
De la saisie d’un soi  et des véhicules inférieurs,
Le refuge est ce qu’il y a de mieux. ,

Le refuge ordinaire nous protège de tout ce qui peut nous nuire, des trois états d’existences infortunées, des méthodes erronées et de la saisie d’un soi permanent.

Le refuge spécial nous protège de tout ce qui pourrait nous nuire, y compris les véhicules inférieurs.

8. Instructions

Les instructions portent sur neuf entrainements : trois généraux, trois particuliers et trois communs.

8.1 Les trois entrainements généraux

Les trois entraînements généraux sont :

de s’appliquer avec énergie aux offrandes aux Trois Joyaux, offrant au moins une portion de repas quotidienne,

de ne pas abandonner les Trois joyaux, que ce soit pour des faveurs mondaines ou pour préserver sa vie,

d’apprendre à entrer en refuge encore et encore, dans le rappel des qualités des Trois Joyaux.

8.2 Les trois entrainements particuliers

Les trois entraînements particuliers sont :

une fois entré en le refuge du Bouddha, de ne pas entrer en refuge d’autres dieux, comme c’est exprimé dans Le Sutra du Grand Nirvana:

Entrer en le refuge du Bouddha est l’ami de vertu par excellence,
Et il n’y a pas lieu d’entrer en refuge en d’autres dieux.  

une fois entré en le refuge du Dharma, s’abstenir de tout ce qui nuit aux vivants, comme c’est exprimé dans les sutras :

Une fois entré en le refuge du Dharma authentique,
Se détacher de toute pensée malveillante ou nuisible.

Une fois entré en le refuge du Sangha, ne pas s’en remettre aux hérétiques, comme c’est aussi exprimé dans les sutras :

Une fois entré en le refuge du Sangha,
Ne pas se tourner vers des hérétiques.

8.3 Les trois entrainements communs

Les trois entraînements communs sont :

de respecter les représentation du rare et sublime Bouddha, des statues aux fragments de tsa tsa.

de respecter les représentations du rare et sublime dharma, des livres à la moindre lettre.

de respecter le rare et sublime sangha, des attributs des enseignants jusqu’à un morceau d’étoffe dont il furent vêtus.

9. Bienfaits

Les bienfaits de l’entrée en refuge sont au nombre de huit :

1) entrer dans la tradition du Bouddha,
2) devenir un support pour tous les vœux,
3) épuiser tous les actes négatifs antérieurs,
4) ne pas être atteindre par les obstacles causés par les humains et non-humains,
5) pouvoir accomplir tout ce qui est souhaité,
6) disposer de la source d’un immense bienfait,
7) ne pas tomber dans les existences inférieures
8) réaliser rapidement l’éveil parfait et véritable.

II Les préceptes de libération personnelle

Le troisième point du support de l’esprit d’éveil est les préceptes de libération individuelle.

Concrètement, il en est quatre forme qui deviennent huit si l’on considère celui qui les prend, auxquels il convient d’enlever les vœux d’observance temporaires. La personne « support » pour le développement de l’esprit d’éveil adoptera, parmi les sept types de préceptes celui qui lui convient.

Ces sept types de vœux de libération individuelle correspondent vœux monastiques majeurs pour les hommes et pour les femmes, les vœux monastiques probatoires pour les femmes, les vœux monastiques mineurs pour les hommes et pour les femmes, et enfin les vœux de fidèle laïque pour les hommes et pour les femmes.

Ces vœux sont énumérés dans Les Degrés de Bodhisattva :

Les sept types d’ordination correcte de vœux de libération individuelle consistent en la discipline des vœux monastiques majeurs pour les hommes et pour les femmes, des vœux monastiques probatoires pour les femmes, des vœux monastiques mineurs pour les hommes et pour les femmes et des vœux laïcs pour les hommes et pour les femmes. Cette ordination peut donc être soit laïque, soit monastique.

Maintenant, si l’on pense que l’on n’a pas besoin des vœux de libération individuelle pour développer l’esprit d’éveil comme application, on se rendra compte de leur nécessité en tant que support en s’appuyant sur la triple évidence : de l’analogie, de l’autorité scripturaire et des raisonnements.

1. L’analogie

Nous n’inviterions pas un grand roi à résider dans un lieu impropre mais serions attentif à la propreté et aux décorations. De la même manière, nous ne pouvons pas inviter le roi qu’est l’éveil du cœur esprit alors que nos corps, paroles et esprits sont imprégnés de négativités mais serons attentif à purifier nos comportements et à être ornés d’une éthique de l’abandon des comportements négatifs.

2. L’autorité scripturaire

Dans L’Ornement des Sutra, il est dit dans la section du développement de l’esprit d’éveil :
comme c’est exprimé dans Le Sutra du Grand Nirvana:

La base est les vastes préceptes.

Les vœux d’observance temporaire sont des engagements d’un jour, ce qui est de peu d’envergure.

Ce n’est pas le cas des sept autres types de vœux ; ce sont des vœux  vastes et c’est pour cela qu’il est dit que ces sept types de vœux sont le support du développement de l’esprit d’éveil.

Dans Le Flambeau de la Voie de l’Éveil, il est dit :
comme c’est exprimé dans Le Sutra du Grand Nirvana:

Celui qui prend l’un des sept types
De préceptes de libération personnelle
Est apte à recevoir les préceptes de bodhisattva.
Ceux qui ne le font pas ne peuvent pas les recevoir.
C’est pourquoi ils sont dits être le fondement.

Ceci précise que le support est l’un des sept types de vœux de libération individuelle.

3. Le raisonnement

Lorsque nous prenons l’un des types de préceptes de libération personnelle nous abandonnons les attitudes malveillantes et nous préservons des mauvaises intentions.
Le vœu de bodhisattva est de se consacrer au bien des vivants.
Et il n’est pas possible de se consacrer au bien des vivants si on n’évite pas préalablement de leur nuire.

Certains soutiennent :« Il n’est pas justifié que les vœux de libération individuelle soient le support sur lequel peut naître le vœu de bodhisattva, car il est enseigné que les impuissants, les androgynes, les dieux et d’autres encore, bien qu’ils ne puissent prendre les vœux de libération individuelle, peuvent donner lieu au vœu de bodhisattva. Il n’est pas non plus justifié qu’ils soient un support de leur pérennité car ces vœux de libération individuelle sont abandonnés une fois la mort venue, alors que ceux de bodhisattva ne le sont pas. »

Il convient de leur répondre : « Il y a trois types spécifiques de motivation par rapport aux vœux de libération individuelle.

Prendre l’un de ces sept types de vœux, motivé par l’aspiration aux bonheurs des “trois sphères du monde”, est désignée comme la discipline d’excellents souhaits. Les prendre motivé par le désir de se débarrasser définitivement de sa propre souffrance, c’est la discipline du renoncement des Auditeurs.

Mais si on les prend avec la motivation aspirant à obtenir le grand éveil, c’est alors la discipline des vœux de bodhisattva. »

Les deux premiers types de discipline ne sont pas un support des vœux de bodhisattva car ils ne peuvent être développés par les impuissants, les androgynes, les dieux et d’autres encore ; ils sont délaissés au moment de la mort et une fois endommagés ne peuvent être restaurés.
Par contre, cette discipline des vœux de bodhisattva, les impuissants, les androgynes, les dieux y ont accès ; elle n’est pas abandonnée au moment de la mort et si on l’endommage, il est possible de la restaurer.

Cette discipline est donc aussi bien le support sur lequel peut naître [l’esprit d’éveil] qu’un support durable. »

C’est pourquoi, il est dit dans Le Commentaire de l’Ornement des Sutra :

Quel est le support de l’esprit d’éveil ?
Ce support est les vœux de la discipline de bodhisattva.

Il est dit aussi :

Bien qu’elle soit nécessaire comme support de naissance de l’esprit d’éveil, il n’est pas certain qu’elle en soit le support durable. Par exemple, bien que « les vœux de stabilité de l’esprit » soient nécessaires comme support sur lequel l’on peut faire naître « les vœux sans souillures » il n’est pas certain qu’ils en soient le support durable.

Ces vœux de libération individuelle de bodhisattva ne requièrent pas une cérémonie séparée.

Quand on a pris au préalable les engagements d’Auditeur, et que l’on a ultérieurement adopté la motivation spéciale, ils sont par là même transformés et deviennent des vœux de bodhisattva.

Car bien que l’on abandonne un état d’esprit inférieur, on ne rejette pas pour autant celui de renoncement.

Ainsi, quand on a l’aptitude au mahayana, quand on a pris refuge en les trois « rares et sublimes », et que l’on a pris l’un des sept types de vœux de libération individuelle qui convient, on devient une personne qui peut être un support pour le développement de l’esprit d’éveil.

Ainsi s’achève la section consacrée à l’entrée en le refuge des Trois Joyaux,
Huitième Chapitre du Joyau Magique,
L’Ornement de la Précieuse Libération.

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