Point 4 (suite 5)

Chapitre 9 – Eveiller son cœur esprit à l’état de Bouddha (Présentation générale)

I – Essence

L’essence de l’éveil du cœur esprit est d’aspirer à la réalisation du pur et parfait éveil pour le bien d’autrui, comme c’est exprimé dans L’Ornement de la Connaissance Authentique :

Développer l’éveil du coeur esprit, ,
C’est aspirer au parfait éveil pour le bien d’autrui.

II – Classification

Les différents aspects du suprême éveil du coeur esprit peuvent être présentés : par comparaisons, par gradations et par caractéristiques.

1. Par comparaisons

Le noble Maitreya a illustré les niveaux distincts de l’esprit d’éveil, allant de celui d’une personne ordinaire à celui de l’état de bouddha, par des comparaisons.

Dans L’Ornement de la Connaissance Authentique il est dit :

La terre, l’or, la lune, le feu, un trésor,
Un gisement de joyaux, l’océan, le vajra, une montagne,
Un médicament, un ami spirituel, le joyau d’abondance,
Le soleil, une mélodie, un monarque, un coffre à trésor,
Une grande route, une monture, une source intarissable,
L’écho, un fleuve et les nuages,
Telles sont les vingt-deux comparaisons.

Ces vingt-deux images illustrent le développement de l’esprit d’éveil depuis l’aspiration initiale jusqu’à la réalisation du corps absolu et suivent les cinq voies du bodhisattva.

Comme aspiration, il est semblable à la terre : c’est la base concrète de tous les principes positifs ;

Comme intention, il est semblable à l’or : il est immuable jusqu’à l’éveil.

Comme intention supérieure, il est semblable à la lune ascendante : il amplifie toutes les bonnes activités.

Ces trois aspects de l’esprit d’éveil correspondent à la voie du développement dans ses degrés inférieurs, intermédiaires et supérieurs, c’est-à-dire au niveau des débutants .

Comme application, il est semblable au feu : il consume les voiles aux « trois omnisciences ».

Cet aspect correspond à la voie de la jonction.

Comme perfection du don, il est semblable à un grand trésor : il a le pouvoir de réjouir tous les vivants.

Comme perfection de la discipline, il est semblable à un gisement de joyaux : c’est le support véritable de précieuses qualités,

Comme perfection de la patience, il est semblable à un immense océan : imperturbable face à tout ce qui est désagréable ;

Comme perfection de l’énergie, il est semblable au vajra : si solide qu’il est indestructible ;

Comme perfection de la stabilité mentale, il est semblable à la reine des montagnes : il n’est pas perturbé par l’agitation des distractions ;

Comme perfection de compréhension profonde, il est semblable à un remède : il a le pouvoir d’apaiser les maladies dues aux voiles des passions conflictuelles et de la connaissance dualiste ;

Comme perfection de la méthode, il est semblable à l’ami spirituel : il n’abandonne en aucune circonstance le bien des vivants ;

Comme perfection des souhaits, il est semblable au joyau tout accomplissant : il accomplit le résultat conforme aux aspirations ;

Comme perfection de la force, il est semblable au soleil : il amène les disciples à pleine maturité ;

Et comme perfection d’expérience première, il est semblable à la mélodie de l’enseignement, exposant le dharma auxquels aspirent les disciples.

Ces dix aspects de l’esprit d’éveil correspondent dans l’ordre, aux dix degrés de bodhisattva, « sublime joie » et les autres et sont le champ d’activité des voies de la vision et de l’accoutumance.

Comme connaissance véritable, il est semblable à un grand monarque, accomplissant le bien d’autrui avec des pouvoirs illimités ;

Comme bienfait et expérience première, il est semblable, à un coffre aux trésors : il abrite les trésors de développements ;

Comme facteurs d’’éveil, il est semblable à la grand-route sur la quelle entrent et partent tous les nobles ;

Comme compassion et vision profonde, il est semblable à une monture qui permet de cheminer aisément sans jamais s’égarer dans le samsara ou le nirvana ;

Et comme mémoire et assurance il est semblable à une source d’abondance : sa capacité à exposer intarissable, retenant tous les dharma, entendu ou non.

Ces cinq autres aspects correspondent à la voie spécifique aux bodhisattvas.

Comme enseignement stimulant, il est semblable à un écho, se répercutant chez les aspirants à la libération ;

Comme voie à l’unique objectif, il est semblable au cours du fleuve, accomplissant sans arrêt le bien d’autrui ;

Et comme corps absolu, il est semblable aux nuages d’où procèdent les activités pour le bien d’autrui, telle que prendre résidence en Tushita et autres manifestations.

Ces trois aspects correspondent à l’état de bouddha.

Ainsi, ces vingt-deux comparaisons incluent-elles les différentes formes que prend l’esprit d’éveil depuis le niveau des débutants jusqu’à l’état de bouddha.

2. Par gradations

On considère quatre niveaux de l’éveil du cœur esprit : dans l’aspiration, avec une motivation supérieure, à pleine maturité et sans voile.

Le premier correspond aux niveaux où l’on pratique par aspiration.
Le deuxième va du premier au septième degré de bodhisattva.
Le troisième va du huitième au dixième.
Et le quatrième est l’état de bouddha.

Il est dit dans L’Ornement des Sutra :

L’esprit d’éveil est aspiration aux terres,
Motivation supérieure pure,
A pleine maturité
Ainsi que libre de tout voile.

3. Par caractéristiques

Suivant ses caractéristiques, l’éveil du coeur esprit comprend deux aspects : relatif et ultime, comme c’est exprimé dans Le Sutra du Commentaire Définitif de la Pensée Éveillée :

L’éveil du coeur esprit comprend deux aspects :
L’éveil du coeur esprit relatif et L’éveil du coeur esprit ultime.

– Qu’est-ce que l’éveil du coeur esprit ultime ?
– C’est la vacuité omniprésente dont l’essence est compassion, claire, immuable et libre d’élaborations, telle que c’est exprimé dans ce même Sutra :

L’éveil du coeur esprit ultime transcende le monde,
Il est libre de toute fabrication mentale,
Clarté parfaite, domaine du sens ultime,
Immaculé et immuable, clarté parfaite
Semblable à celle d’une flamme continue en l’absence de vent.

– Qu’est-ce que l’éveil du coeur esprit relatif ?

L’éveil du coeur esprit relatif est l’engagement de compassion
A libérer tous les vivants de leurs souffrances.

L’Ornement des Sutra explique que l’éveil du coeur esprit ultime est acquis par la nature de la réalité, alors que l’éveil du coeur esprit relatif est issu d’une résolution parfaitement prise.

– Quand l’éveil du coeur esprit ultime est-il présent ?
– A partir du premier degré de bodhisattva, “sublime joie”, conformément aux paroles du Commentaire de l’Ornement des Sutra :

L’éveil du coeur esprit ultime est présent
Au premier degré de bodhisattva, “sublime joie”.

L’esprit du coeur esprit relatif  comprend deux aspects : l’éveil du coeur esprit comme aspiration et l’éveil du coeur esprit comme application, comme cela est exprimé dans L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattva :

En bref, l’esprit d’éveil est connu
Sous ces deux aspects : d’aspiration et d’application

Il est possible d’expliquer d’expliquer la spécificité de ces deux aspects de différentes façons.
Selon le Maître Shântideva, de la lignée issue du noble Mañjushrî, transmise par l’âcârya Nâgârjuna, l’aspiration est semblable au désir se rendre quelque part – c’est l’intention motivée par le souhait d’obtenir l’état de parfait bouddha – lors que, l’application est semblable à l’accomplissement du voyage, c’est-à-dire s’appliquer à réaliser l’état de bouddha ; c’est exprimé ainsi dans L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattva :

La différence entre souhaiter se rendre quelque part
Et faire vraiment le voyage se comprend aisément ;
Ceux qui sont avisés comprennent de même,
Comment s’opère la distinction de ces deux aspect).

Selon le seigneur Dharmakîrti, de la lignée issue du noble Maitreya, transmise par le maître Asanga, l’aspiration c’est s’engager en vue du résultat en pensant :
« Il faut que j’obtienne l’état de parfait bouddha pour le bien de tous les vivants. »
Quant à l’application, c’est s’engager, à partir de la cause, en pensant :
« Il faut que je m’entraîne à pratiquer les six vertus libératrices qui sont la cause de l’état de bouddha. »
Dans cette perspective, L’Abrégé de l’Abhidharma dit :

L’esprit d’éveil a deux aspects :
L’un est particulièrement remarquable, l’autre ne l’est pas.
Ainsi penser : « Puissè-je obtenir véritablement l’état de bouddha, le parfait et total éveil. » n’est pas particulièrement remarquable. Mais penser : « Puissè-je pour cela parachever les perfections allant du don jusqu’à la connaissance supérieure. » est particulièrement admirable.

Ainsi s’achève l’exposition de la classification de l’esprit d’éveil par comparaison, gradation et caractéristiques.

III – Orientations

Les orientations ou objectifs du suprême éveil du cœur esprit sont : l’éveil et le bien des vivants, comme cela est exprimé dans Les Degrés de Bodhisattva :

Cet état d’esprit a pour perspectives l’éveil et les vivants

« Avoir pour perspective l’éveil » signifie aspirer à l’expérience première enseigné dans le mahayana, comme cela est dit dans la section sur l’esprit d’éveil de L’Ornement des Sutra :

L’esprit d’éveil a dans ce contexte pour perspective
La quête  de l’expérience première.

« Avoir pour perspective le bien des vivants » signifie de ne pas seulement prendre en considération une personne ou deux, où même quelques unes, mais bien tous les vivants : les vivants emplissent l’espace jusqu’en ses confins, .partout où ils sont, le karma et les passions sont présentes, partout où elles sont, les souffrances et les maux sont présents et l’esprit d’éveil est d’aspirer à dissiper ses souffrances et ses maux.
C’est ce qu’expriment Les Souhaits des Activités Excellentes :

S’il y avait une limite à l’espace,
Ce serait celle des vivants,
S’il y avait une limite aux passions et au karma,
Ce serait celle de mes souhaits.

IV – Causes

Suivant Le Sutra du Dixième Dharma :

Quatre causes donnent naissance à l’éveil du coeur esprit :
L’aperçu de ses bienfaits, la confiance en les tathâgatas,
La perception de la souffrance des vivants
Et la pure exhortation d’un ami spirituel. »

Quatre causes sont aussi présentées dans les Degrés de Bodhisattva :

Quelles sont les quatre causes ?
Une potentialité excellente est la première cause du développement de l’esprit de bodhisattva ;
Etre parfaitement guidé par les bouddhas, bodhisattva et amis spirituels en est la deuxième ;
La compassion envers les vivants, la troisième ;
Et l’intrépidité vis à vis des souffrances du samsara et des épreuves douloureuses, aussi longues, variées, intenses et incessantes soient- elles, la quatrième.

Dans L’Ornement des Sutras, il est enseigné que :

L’esprit d’éveil issu d’une résolution formelle parfaite
Et l’esprit d’éveil fondamental procèdent de causes distinctes.

1. Les causes du développement de l’éveil du cœur-esprit relatif

La force du soutien, la force de la virtualité, la force des sources, la force de l’écoute et la familiarisation aux bienfaits, ainsi que la possibilité d’une apparition stable ou instable, expliquent le développement de l’esprit d’éveil montré par un autre.

Le développement de l’esprit d’éveil induit par un autre est l’état d’esprit qui naît à partir d’une intervention physique ou verbale extérieure. Il est aussi nommé « esprit d’éveil issu d’une résolution formelle prise en connaissance de cause » ; c’est l’esprit d’éveil relatif.

La force d’un soutien signifie que cet esprit naît en présence d’un ami spirituel ; la force de la virtualité signifie qu’il naît aussi du pouvoir de la potentialité ; la force des sources de bienfaits signifie qu’il naît du développement de leur potentiel ; la force de l’écoute signifie qu’il naît encore lors de l’exposé de tel ou tel aspect du dharma ; et enfin, on dit qu’il naît aussi grâce à l’entraînement à la vertu en laquelle on entre et que l’on préserve, dans une attention à vie.

Lorsqu’il se développe par la force d’un soutien, il est instable, mais si  la force de la virtualité et des autres facteurs interviennent aussi, il devient stable.

2. Les causes du développement de l’éveil du cœur-esprit ultime

Ayant parfaitement réjoui le parfait Bouddha
Et parfaitement accompli les développements
De bienfaits et d’expérience première
L’expérience première non conceptuelle de la réalité
Se révélant alors, est tenue pour suprême. »

Cet esprit d’éveil se développera à partir des explications, de la pratique et d’une réalisation particulièrement pure.

V – Transmissions

Il est possible de recevoir le suprême éveil du coeur esprit auprès d’un maitre ou en l’absence d’un maitre.

Si se rendre auprès d’un maître qualifié ne met pas en péril notre vie ou la pureté de notre conduite, même si ce maître se trouve dans une contrée lointaine il faut lui rendre visite, qu’il soit l’agent de cette prise de vœux.

Les caractéristiques d’un maître qualifié sont : d’être apte à conduire la cérémonie où sont conféré les vœux ; de garder intacts ces vœux qu’il a lui même reçu ; d’être capable de comprendre le sens des gestes et des expressions verbales rituelles et de prendre soin de ses disciples avec une affection purement désintéressée, tel que c’est dit dans Le Flambeau de la Voie de l’Éveil :

Reçois les vœux d’un lama excellent
Aux parfaites qualifications :
Compétent pour la cérémonie,
Tenant lui-même ces vœux
Et ayant pour les conférer, compassion et patience.

Dans Les Degrés de Bodhisattva, il est dit aussi :

Pour pouvoir valider les souhaits de bodhisattva,
Il faut être en accord avec l’enseignement,
Avoir pris les vœux, être compétent,
Et être capable de saisir le sens des formules verbales.

Se rendre auprès d’un tel lama, résidant même à proximité, peut risquer de mettre en danger notre vie ou la pureté de notre conduite. Dans ce cas, en l’absence de lama on répétera trois fois du fond du cœur devant une représentation du Tathâgata la formule de prise des vœux s’appliquant à l’aspiration ou à l’application  et ainsi on obtiendra ces vœux respectifs.

Il est dit encore dans Les Degrés de Bodhisattva :

En l’absence d’une personne qualifiée,
Le bodhisattva, face à une représentation du tathâgata,
Pourra lui-même prendre parfaitement
Les vœux de la discipline de bodhisattva.

Si l’on ne trouve ni lama ni représentation du tathâgata, on médite bouddhas et bodhisattvas comme étant véritablement présents dans l’espace en face de soi et répétant trois fois la formule correspondant à l’esprit d’éveil d’aspiration ou à celui d’application on obtient les vœux.
Il est dit dans L’Abrégé des Instructions :

En l’absence d’un ami spirituel de la sorte,
Prend les vœux par tes propres moyens,
Méditant les bouddhas et bodhisattvas
Des dix directions
Véritablement présents.

VI – Rituel

Les instructions des lignées de différents lamas qui font autorité sont à l’origine des nombreuses versions du rituel. Cependant, nous n’exposerons ici que deux traditions : celle du maître Shantideva, de la lignée spirituelle issue du noble Mañjushrî, transmise par Nâgârjuna ; et celle du seigneur Dharmakîrti, de la lignée issue du noble Maitreya, transmise par le maître Asanga.

1. La tradition du maître Shantideva

Le rituel suivant la première transmission est composé de trois parties : une phase préliminaire, le rituel principal proprement dit et la conclusion.

1.1 La phase préliminaire

La phase préliminaire comprend six parties : les offrandes, le dévoilement des actes négatifs, la réjouissance, l’exhortation à la mise en mouvement de la roue du Dharma, la supplique de ne pas passer en nirvana et la dédicace des sources de bienfaits.

A.L’OFFRANDE

Pour l’offrande, il est nécessaire de considérer ceux à qui s’adresse l’offrande et l’offrande elle-même.

Concernant, ceux à qui s’adresse l’offrande, il est dit que les bienfaits d’adresser des offrandes aux rares et sublimes sont identiques, qu’ils soient concrètement présents ou non. C’est pourquoi, conformément aux paroles de L’Ornement des Sutras, l’offrande est faite à tous les rares et sublimes, concrètement présents ou non :

Afin de parfaire les deux développements,
Offre avec une intention excellente aux bouddhas,
Qu’ils soient ou non concrètement  présents,
Étoffes et autres offrandes.

Les offrandes faites sont de deux types : les offrandes communes et les offrandes insurpassables.

Les offrandes communes sont à leur tour de deux types : les offrandes de choses concrètes et les offrandes d’accomplissement.

Les offrandes de choses concrètes sont l’offrande d’hommages, de louanges, celle d’objets traditionnellement disposés, celle d’objets adéquats dont la propriété n’est pas revendiquée, celle de présents produits mentalement et l’offrande de son corps. Il faudra prendre connaissance du détail de celles-ci.

Les offrandes d’accomplissement sont celles du « corps divin de mahâmudrâ » et le déploiement d’offrandes issues du samâdhi des bodhisattvas.

Les offrandes insurpassables sont avec ou sans référence :

L’offrande avec référence est la méditation sur l’esprit d’éveil.

Lorsque les sages cultivent l’esprit d’éveil, c’est une offrande aux vainqueurs et à leurs fils dite noble.

L’offrande sans référence est la méditation sur le sens de l’absence de soi. Elle est, comme l’exprime Le Chapitre des Questions du Fils Divin Sush hitamati, l’offrande suprême.

Les bodhisattvas qui aspirent à l’éveil, ont offert pendant des myriades d’éons aussi nombreux que les grains de sable du Gange, fleurs et encens, nourritures et boissons, révérant ainsi le plus sublime des hommes : le Bouddha ;
Mais quiconque, ayant reçu les enseignements traitant de l’absence totale de soi, de principe vital et d’entité obtient une “expérience révélatrice de la claire lumière” fait alors une offrande parfaite au plus sublime des hommes.

Il est dit aussi dans Le Sutra du Rugissement du Lion :

Ce qui ne fait pas naître de conceptions et de représentations est une offrande au tathâgata.
L’absence d’acceptation et de rejet et l’établissement en l’absence de dualité le sont aussi.
Amis !
Le corps du tathâgata a pour caractéristique propre l’absence de réalité ;
Si vous demeurez dans des conceptions matérialistes, l’offrande est irrecevable.

Ainsi s’achève l’explication des offrandes.

B. LE DEVOILEMENT DES ACTES NEGATIFS

D’une façon générale tous les actes positifs ou négatifs reposent sur une intention, le mental étant le maître, le corps et la parole ses serviteurs.
C’est dit dans La Précieuse Guirlande :

Toute chose passant d’abord par le mental,
Celui-ci est connu  comme le maître.

Ainsi, le mental, sous l’emprise du jeu des passions d’attraction, de répulsion et autres, nous incite à commettre, à induire autrui à commettre et à nous réjouir qu’autrui commette, ce qu’on appelle les actes négatifs, les manquements à la vertu. Ce sont : les “cinq actes aux conséquences illimitées et immédiates”, les “cinq actes aux conséquences proches de celles-ci”, les “dix manquements à la vertu” et les actes qui endommagent les vœux, les liens initiatiques et autres engagements.

De plus, étudier, réfléchir et méditer les enseignements authentiques n’est pas vertueux si cela est motivé par une attitude mentale empreinte de désir ou de haine, de passions.

L’apparition de souffrances est le résultat de tout cela, comme cela est exprimé dans La Précieuse Guirlande :

Ce qui procède du désir, du rejet
Et de l’ignorance n’est pas vertueux ;
Toutes les souffrances viennent  de l’absence de vertu,
Ainsi que toutes les mauvaises destinées.

Dans L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattva  il est dit aussi :

L’absence de vertu induit les souffrances ;
Donc pour être certain de s’en libérer,
Il nous faut toujours, jour et nuit,
Garder cela présent à l’esprit.»

C’est pourquoi il nous faut dévoiler tous les actes négatifs.

Nous pouvons nous demander si le dévoilement entraine nécessairement la purification ; c’est tout à fait certain, comme cela est dit dans Le Sutra du Mahanirvana :

Une fois des actes négatifs accomplis,
S’ils sont regrettés et corrigé,
Ils deviennent semblable à une eau trouble
Purifiés par l’éclat du  joyau de pureté
Ou comme la clarté de la  lune
Une fois les nuages dissipés. »

Et :

C’est pourquoi, si l’on regrette et dévoile les actes négatifs sans dissimulation, ils seront purifiés quels qu’ils soient.

– De quelle manière les dévoile-t-on ?
– On les dévoile au moyen de quatre forces.

Il est dit dans Le Sutra de l’Exposé des Quatre Principes :

Maitreya, si un bodhisattva mahasattva est muni de quatre principes, les actes négatifs et réitérés seront anéantis.
– Quelles sont ces quatre principes?
Ce sont : La conduite qui s’applique à renoncer définitivement à commettre des actes négatifs, la mise en œuvre systématique de leurs remèdes, la résolution de se détourner des fautes et la force du support.

(1) La résolution de s’appliquer à y renoncer totalement, c’est après avoir développé un regret intense pour les actes négatifs commis auparavant, les dévoiler en présence du “domaine de ce dévoilement ”.

– Comment procéder afin de les regretter ?
– Il y a trois moyens distincts de développer du regret : en réalisant que ces actes sont dénués de sens, en comprenant qu’ils sont redoutables et en étant conscient qu’il est nécessaire de s’en détourner rapidement.

Considérons d’abord :

« J’ai commis ces actes négatifs, certaines fois pour vaincre des ennemis, d’autres fois pour protéger des proches, ou encore pour vivre et accumuler des biens matériels ; mais à ma mort, au moment du départ vers l’au-delà de ce monde, ennemis, amis, patrie, corps et richesses ne me suivront pas alors que les voiles et la négativité des méfaits m’accompagneront, et où que je naisse, se dresseront en bourreaux.»
Dans Le Sutra des Questions du Maître de Maison Virâdatta il est dit :

« Père, mère, frères, sœurs, enfants,
Femme, serviteurs, biens et relations
Ne me suivront pas après la mort,
Alors que mes actes, eux, me poursuivront. »

Et aussi :

En cette circonstance très douloureuse,
Femme et enfants ne me protégeront pas.
Moi seul en éprouverai les souffrances,
Et ce ne sera pas eux qui assumeront alors ma destinée.

Dans L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattva  il est dit aussi :

Je devrai partir en abandonnant tout.
Sans réaliser cela,
Pour mes amis et envers mes ennemis,
Je commets toutes sortes d’actes négatifs
Alors que tous, amis, ennemis,
Et même moi disparaîtrons. »

Nous commettons donc des actes négatifs pour des amis, envers des ennemis, pour la vie ou pour des richesses, bien que tous ceux-ci ne nous accompagnent que peu de temps. En reconnaissant que ces actes négatifs nous nuisent beaucoup pour de maigres bénéfices, nous serons à même de développer un intense regret.

– Ensuite si l’on pense que bien qu’étant dénués de sens, ces actes négatifs ne nous nuisent pas, on développera du regret en comprenant que leurs résultats sont redoutables que ce soit au moment de l’agonie, quand la mort est effective et après celle ci.

D’abord, au moment de l’agonie, ceux qui ont commis de tels actes expérimentent l’arrêt des fonctions vitales et ce qui suit sous forme d’intolérables souffrances, comme cela est décrit dans L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattva  :

Sur mon lit de mort,
Même entouré de proches et amis,
J’éprouverai seul
Les sensations de perdre la vie.

Puis, une fois mort, les fruits des actes négatifs sont alors redoutables :

Les émissaires de Yama, des personnages sombres et brutaux, nous prenant au collet, nous traînent vers des lieux infernaux. Brandissant bâtons, sabres et autres armes, ils nous maltraitent et nous infligent de nombreux maux, comme cela est aussi décrit dans L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattva  :

Saisi par les émissaires de Yama,
En quoi me sont utiles amis et proches ?
Seul le karma positif me protégerait maintenant ;
Hélas je n’en ai pas tenu compte !

Dans La Lettre aux Disciples il est dit aussi :

Pris au collet par le lasso du temps,
Les féroces hommes de Yama m’emmèneront,
Me poussant à coups de bâton.

Si l’on pense alors que les émissaires de Yama ne nous effraient pas, considérons ces paroles de L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattva :

Une personne, à l’aube d’être conduite
Au lieu de son supplice,
Est effrayée, a la bouche sèche,
Les yeux cernés et devient méconnaissable ;
Il va sans dire que, saisis par les émissaires de Yama
A l’allure terriblement effrayante,
Nous serons paralysés d’effroi et totalement effondrés.

Les conséquences de ces actes négatifs se manifestent aussi de façon effroyable après la mort car, ayant chuté dans un des grands états infernaux, on y éprouve d’intolérables souffrances telles qu’être ébouillanté et brûlé.

Si les descriptions des enfers, écrites ou illustrées,
Vues, lues, entendues et que l’on se remémore,
Font naître en nous de l’effroi,
Que dire de ceux qui éprouvent là
L’intolérable actualisation de leurs actes ?

Ainsi, terrifié par les conséquences de tels actes, nous engendrerons alors du regret.

Enfin, on peut se demander s’il n’est pas possible de dévoiler ces actes négatifs plus tard : non, il convient de le faire rapidement ! :

Pourquoi cela ? Parce qu’il est juste de craindre de mourir avant de les avoir purifiés, comme le dit L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattva :

Avant que j’ai purifié mes actes négatifs,
La mort peut survenir !
Aussi, afin d’être sûr de m’en affranchir,
Je vais veiller à me protéger par des moyens rapides.

Nous pouvons aussi penser que nous n’allons pas mourir sans avoir purifié nos actes négatifs. Mais le “maître de la mort” ne tient pas compte du fait que l’on ait ou non purifié ses actes négatifs ; dès que l’occasion se présente, il s’empare de la vie, ce qui rend le moment de la mort incertain.

Il est dit dans L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattva :

Le maître de la mort n’est pas digne de confiance ;
Sans attendre que nous ayons agi ou non,
Que nous soyons malade ou en bonne santé,
Il opère en toutes circonstances.
Ne tablons pas sur une espérance de vie précaire !

C’est pourquoi ne pouvant présager de celle-ci, il est nécessaire de purifier rapidement les actes négatifs car, il est à craindre qu’on ne meure avant de l’avoir fait. Conscient alors d’être un jour confronté à cette pénible échéance, le remords se manifestera.

Quand, pour ces trois raisons nous regretterons les actes négatifs commis, nous les dévoilerons et les reconnaîtrons en présence des domaines spécifiques et communs.

Purifier les actes négatifs
Avec la résolution d’y renoncer définitivement,
Est comparable au fait de solliciter une remise de dettes
À un créancier hors de lui. »

Autrefois, même le sauvage Angulîmâla qui avait commis le crime de tuer neuf cent quatre vingt dix neuf personnes, a purifié par la volonté d’y renoncer définitivement ses actes négatifs et a obtenu l’état d’arhat.

L’inconscient devenu par la suite circonspect,
Sera alors radieux comme la lune en l’absence de nuages :
Nanda, Angulîmâla, Ajâtashatru et
Udayana en sont des exemples.

(2) La force de la mise en œuvre systématique des remèdes :

C’est cultiver, comme remède aux actes négatifs, les vertus qui permettent l’extinction des passions, comme l’explique Le Compendium de l’Abhidharma :

Bien que les actes allant dans une direction impropre
Induisent des résultats défavorables,
L’efficacité de la mise en oeuvre des remèdes est telle
Qu’elle peut les transformer.

Dans Le Trésor des Tathâgatas il est dit :

Méditer la vacuité
Purifie les actes négatifs.

Dans Le Diamant Coupeur :

Réciter de profonds sutras
Purifie les actes négatifs.

Dans Le Sutra Royal qui Établit le Triple Samaya et dans celui des Questions de Subâhu :

La récitation de mantra
Purifie les actes négatifs.

Dans La Dhâranî de l’Amoncellement de Fleurs :

Faire offrande aux stupas  des tathâgatas
Purifie les actes négatifs. »

Et dans Le Chapitre des Représentations du tathâgata :

Réaliser des représentations du corps du tathâgata,
Purifie les actes négatifs.

D’autre part il est dit qu’accomplir toute activité vertueuse à laquelle on aspire, telle qu’entendre, lire ou copier les enseignements, purifie les actes négatifs, comme c’est dit dans  L’Énoncé de la Discipline :

Une personne ayant commis des actes négatifs
Et qui y met un terme, éclairera alors le monde,
Comme le soleil ou la lune qui apparaît
Au travers des nuages.

Finalement, on peut s’interroger sur la nécessité d’accomplir un nombre d’actes vertueux identiques à celui des méfaits commis. Ce n’est pas le cas, comme le dit Le Sutra du Mahânirvana :

Accomplir ne serait-ce qu’une seule action vertueuse,
Annule de nombreux actes négatifs.

Et aussi :

Un petit diamant peut araser une montagne,
La moindre étincelle réduire en cendres bois et prés,
Et un peu de poison anéantir une population.
De façon similaire, des actes vertueux réduits
Triompheront aussi de grands actes négatifs.
Ils sont un objectif prioritaire.

Dans Le Sutra de la Pure Lumière d’Or il est dit aussi :

Les actes négatifs horribles commis
Pendant des milliers de kalpa par quelqu’un
Seront tous purifiés, une fois totalement dévoilés.

Des exemples sont utiliser pour illustrer la purification les actes négatifs par la force de la mise en œuvre systématique des remèdes :

Ce serait comme sortir d’une mare putride dans laquelle on serait tombé, puis de se laver et  se parfumer.

C’est ainsi qu’autrefois, le jeune Udayana qui était allé jusqu’à commettre le crime de tuer sa mère, reprit naissance dans un état divin et atteignit l’état de noble shrota-âpanna après avoir purifié ses actes négatifs par la force de l’application constante des remèdes.

L’inconscient devenu par la suite circonspect,
Sera alors radieux comme la lune en l’absence de nuages :
Nanda, Angulîmâla, Ajâtashatru et
Udayana en sont l’exemple même.

(3) La résolution de se détourner des fautes :

La résolution est, par crainte des conséquences de l’actualisation du karma, de faire le vœu de s’abstenir dorénavant de commettre des actes négatifs.

Guides des hommes,
Soyez témoins que mes actes négatifs sont des fautes.
Dorénavant, puisque cela est néfaste,
Je ne les réitérerai plus.

Des exemples sont utilisés pour illustrer la purification de ses actes négatifs par la résolution de se détourner des fautes :

C’est semblable  au détournement d’un cours d’eau dangereux.

Autrefois Nanda, bien qu’étant soumis à l’action néfaste de l’attachement aux femmes, obtint l’état d’arhat après avoir purifié ses actes négatifs par la mise en pratique de la force de se détourner des fautes.

L’inconscient devenu par la suite circonspect,
Sera alors radieux comme la lune en l’absence de nuages :
Nanda, Angulîmâla, Ajâtashatru et
Udayana en sont l’exemple même.

(4) La force du support :

La force du support est d’entrer en refuge en les trois rares et sublimes et cultiver l’esprit du sublime éveil.

En ce qui concerne la purification des actes négatifs par la prise de refuge, il est dit dans L’Énoncé de la Connaissance Directe de Vârâhî :

Ceux qui ont pris refuge en les trois joyaux,
N’iront pas vers les mauvaises destinées,
Et une fois ce corps abandonné,
En obtiendront un de divin.

Et dans Le Sutra du Mahânirvana il est dit :

En prenant refuge en les trois joyaux,
L’absence de craintes est acquise.

En ce qui concerne la purification des actes négatifs par le développement de l’esprit du sublime éveil, il est dit dans Le Sutra qui Établit le Noble Tronc :

Il est comme le sous-sol,
Car il absorbe tous les phénomènes d’absence de vertu.
Il est comme le feu de la fin du kalpa,
Car il consume toutes les fautes. »

Et dans L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattva :

Même si l’on a commis des actes négatifs intolérables,
Pourquoi ne pas faire comme ceux
Qui face à la terreur font appel au courage,
Ayant la présence d’esprit de s’en remettre
A ce qui les en délivre immédiatement. »

La purification des actes négatifs par la force du support est, au niveau de la prise de refuge comparable au rattachement d’une personne obéissante envers quelqu’un de très puissant et au niveau du développement de l’esprit d’éveil à la neutralisation d’un poison par un charme.

Autrefois, le prince Ajâtashatru qui était allé jusqu’à commettre le crime de tuer son père devint un bodhisattva après avoir purifié ses actes négatifs par la mise en pratique de la force du support.

L’inconscient devenu par la suite circonspect,
Sera alors radieux comme la lune en l’absence de nuages :
Nanda, Angulîmâla, Ajâtashatru et
Udayana en sont l’exemple même.

Si une seule de ces forces permet de purifier les actes négatifs, est- il nécessaire de souligner ce que l’on constatera quand on les dévoilera à l’aide des quatre ?

A la suite de ce dévoilement, des signes de purification adviennent en rêves, décrit dans La Dhâranî de Cundâ :

Rêver de vomir de mauvais aliments,
De boire du yaourt, du lait…
De voir soleil ou lune, de voler dans les airs,
D’apercevoir un brasier flamboyant, des buffles,
Des laïcs influents, une assemblée de moines et de moniales,
De monter sur un trône royal, un éléphant ou un taureau,
D’atteindre le haut d’une noble demeure,
De grimper au sommet d’une montagne
Ou au faite d’arbres produisant un suc laiteux,
D’écouter des enseignements,
Indique que l’on se libère des actes négatifs.

Ainsi s’achève l’explication du dévoilement des actes négatifs.

C. LA REJOUISSANCE DES ACTES VERTUEUX

La réjouissance des actes vertueux, c’est s’habituer à se réjouir des bienfaits excellents développés en les trois temps par tous ceux qui accomplissent des vertus.

Antérieurement, d’innombrables bouddhas, au-delà de ce qu’il est possible de concevoir, apparurent dans toutes les directions. Nous méditerons l’esprit allègre, nous réjouissant non seulement des sources de bienfaits qu’ils acquirent après avoir généré l’esprit du sublime éveil, dans la purification des deux voiles et l’accomplissement des deux développements jusqu’à la réalisation de l’état de véritable et parfait Bouddha ; mais aussi de celles d’avoir mis en mouvement le cycle des enseignements authentiques une fois éveillés. Réjouissons nous des sources de bienfaits acquises par ceux qui ont amené à maturité les êtres à éduquer avant de passer en l’au-delà des souffrances ; de celles qui peuvent être acquises malgré ce passage tant qu’il y a trace d’un enseignement ; des vertus de tous les bodhisattvas qui se manifestèrent en dehors de telles circonstances ; de celles de l’ensemble des nobles Bouddhas par soi et nobles Auditeurs qui apparurent ainsi que de celles des personnes ordinaires.

Sur le même principe, nous nous réjouirons aussi des vertus de ceux qui sont actuellement présents ou qui viendront.

Je me réjouis de l’éveil des protecteurs,
Et des degrés spirituels atteints par leurs fils.

Voilà pour l’explication de cet état d’esprit réjoui par la vertu.

Pour l’offrande, il est nécessaire de considérer ceux à qui s’adresse l’offrande et l’offrande elle-même.

D. L’INCITATION A FAIRE TOURNER LA ROUE DU DHARMA

Parmi les bouddhas qui demeurent dans les univers des dix directions, nombreux sont ceux, afin que le pur dharma reste pur et que le mérite des personnes soient complets, n’enseignent pas encore. Tournons vers eux notre esprit implorons les de mettre en mouvement la roue de l’enseignement, telle que c’est exprimé dans L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattvas :

Bouddhas de toutes les directions,
Mains jointes, je vous adresse cette prière :
Veuillez, dans l’obscurité confuse et douloureuse des êtres,
Embraser le flambeau du dharma.

E. LA SUPPLIQUE DE NE PAS S’ETABLIR EN NIRVANA

Parmi les bouddhas qui demeurent dans les univers des dix directions, nombreux sont ceux qui s’apprêtent à passer en nirvana, afin d’empêcher l’apparition de la conception de permanence ou afin de stimuler la persévérance chez les paresseux.
C’est pour cela que nous leur adresserons la prière de ne pas s’effacer en nirvana, telle qu’elle est exprimée dans L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattva :

Vainqueurs qui souhaitez passer en nirvana,
Mains jointes, je vous dresse cette prière :
Veuillez, afin que ces êtres ne restent pas dans l’aveuglement,
Demeurer durant d’innombrables kalpa.

Ainsi s’achèvent les explications sur la requête de demeurer.

F. LA DEDICACE DES SOUCES DE BIENFAITS

Toutes les vertus produites antérieurement sont dédiées afin qu’elles puissent devenir causes, pour tous les êtres, de disparition des souffrances et de l’accomplissement du bonheur, comme cela est exprimé dans L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattva  :

Puisse tout ce que j’ai fait comme cela devait l’être,
Tout ce que j’ai acquis par la vertu,
Dissiper l’ensemble des souffrances de tout être.

La dédicace sera faite de cette manière.

Tout ce qui précède recouvre l’explication de la phase préliminaire au rituel.

1.2 Le rituel proprement dit

Il consiste à réciter une formule d’engagement telle que celle énoncée dans L’Abrégé des Instructions :

Le vénérable Mañjushrî, alors qu’il était le roi Gaganarâja, obtint en présence du bouddha Meghasvaraghosharâja les moyens de développer l’esprit d’éveil et de prendre les vœux de bodhisattva. Nous suivrons donc son exemple et les recevrons conjointement.

Nous répéterons trois fois une formule telle que :

Ici, en présence des protecteurs du monde, je développe l’esprit du sublime éveil. Tant qu’il n’y aura pas de fin au samsara sans commencement, j’accomplirai sans relâche, en vue d’aider les êtres, l’activité illimitée de bodhisattva.

On peut aussi recevoir ces vœux avec la formule abrégée énoncée dans L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattva en répétant trois fois :

A l’exemple des sugata d’antan
Qui passèrent graduellement du développement de l’esprit d’éveil
A la discipline de bodhisattva,
Je ferai naître moi aussi l’esprit d’éveil et
J’adopterai progressivement la même conduite
Pour le bien des vivants..

Si l’on souhaite prendre séparément l’engagement du développement de l’esprit d’éveil et celui des vœux de bodhisattva, on recevra l’un et l’autre en récitant la formule adéquate.
Ainsi s’achève l’explication du rituel proprement dit.

1.3 La conclusion

Conscient de la grandeur de notre objectif, remerciant les rares et sublimes par des offrandes on développera joie et vaste enthousiasme. On récitera alors une formule telle que :

Étant avisé, j’ai pleinement adopté l’esprit d’éveil
Et en guise de conclusion,
Pour l’épanouir encore,
J’exalte cet état d’esprit.

Ainsi s’achève l’explication des trois séquences de la cérémonie selon la tradition du maître Shântideva.

2. La tradition du Seigneur Dharmakirti

Selon cette lignée issue du noble Maitreya et transmise par le maître Asanga, la cérémonie a deux séquences : le développement de l’esprit d’éveil comme aspiration et la prise des vœux comme application.

2.1 Le développement de l’esprit d’éveil comme aspiration

Le développement de l’esprit d’éveil comme aspiration comprend trois parties : la phase préliminaire, le rituel proprement dit et la conclusion.

A.LA PHASE PRELIMINAIRE

Elle a trois parties : l’adresse d’une requête, l’accomplissement des développements et l’entrée en refuge particulière.

La requête

Le disciple qui aspire à développer l’esprit d’éveil se rend auprès d’un ami spirituel qualifié et lui rend hommage. Celui-ci donne alors à l’aspirant pour instruction d’engendrer du dégoût pour le cycle des existences, de développer de la compassion envers les vivants, d’aspirer à l’état de bouddha, d’avoir confiance en les rares et sublimes et de respecter le lama.

Puis le disciple répète après le maître la formule suivante trois fois :

Maître veillez sur moi !
Tout comme autrefois les tathâgata, arhat, baghavân,
Bouddhas parfaitement accomplis,
Et les bodhisattvas pleinement établis en les hauts degrés d’éveil
Développèrent initialement l’insurpassable esprit
Du vaste éveil parfaitement accompli,
Veuillez de même, maître, faire naître en moi, ‘untel’,
L’esprit du vaste éveil, insurpassable et parfaitement pur.

L’accomplissement des développements

On rend d’abord hommage au lama et aux trois joyaux en se prosternant puis on leur présente les offrandes matérielles et d’autres émanées de l’esprit.

Les vœux de l’ordination de pratiquant dans la vie sont reçus d’un maître compétent, les vœux de l’ordination de moines sont reçus du sangha. Quand aux deux aspects de l’esprit d’éveil, on dit qu’ils sont obtenus grâce au développement de bienfaits.

D’autre part, si nos richesses sont vastes, de petits présents ne conviennent pas ; nous devons donner amplement.
Les bodhisattvas d’antan qui avaient de grands biens les distribuèrent largement en allant jusqu’à offrir dix millions de temples.

Il est dit dans Le Sutra du Kalpa Excellent :

Le sugata Yashonhanta alors monarque universel
Ayant offert dix millions de temples au tathâgata Candraketu,
Développa pour la première fois l’esprit d’éveil.

Autrement, si nos biens sont maigres, il suffit d’offrir juste quelque chose. Autrefois des bodhisattvas peu fortunés donnèrent peu de choses, faisant naître l’esprit d’éveil en offrant une lampe faite d’un seul brin d’herbe.

Le sugata Arcis étant alors dans une cité,
Offrit au tathâgata Anantaprabhâ
Des lampes faites d’un brin d’herbe
Et fit naître pour la première fois l’esprit d’éveil.

Se trouver démuni de possessions n’est pas obligatoirement un cas d’impossibilité. Même faire un simple geste d’hommage trois fois, peut suffire.

Autrefois des bodhisattvas dépourvus de biens, joignirent juste trois fois les mains et furent à même de développer l’esprit d’éveil.

Le tathâgata Gunamâlârjita, en hommage au bouddha,
Joignit trois fois les mains face au tathâgata âvahârjitagata
Et développa aussi pour la première fois l’esprit d’éveil.

L’entrée en refuge particulière

Elle se fait ici telle qu’elle a été expliquée au chapitre précédent.

B.LE RITUEL PROPREMENT DIT

Le maître donne au disciple l’instruction suivante : d’une manière générale, l’étendue de l’univers est peuplée de vivants et tous sont soumis aux passions omniprésentes induisant les actes négatifs, sources des souffrances universellement répandues. Chacune de ces personnes qui souffrent a été un père ou une mère pour nous. Tous n’eurent que de la bonté. Néanmoins, ils sombrent dans le vaste océan du samsara où ils sont tourmentés par d’innombrables souffrances. Personne n’est apte à les protéger ; ils sont exténués et éperdus.

Pénétrons-nous un instant d’amour et de compassion en considérant :

« Ne serait-il pas heureux qu’ils trouvent le bonheur et soient délivrés de leurs souffrances ? »

Ensuite, puisque nous n’avons pas actuellement la capacité de faire leur bien, pensons : « Dans ce but, il nous faut obtenir l’état connu comme celui de bouddha parfaitement accompli : l’épuisement de toute imperfection, l’achèvement de toute qualité et la capacité d’œuvrer au bien de tout être. » Intégrons cela.

Puis on récite après le maître :

Bouddhas et bodhisattva qui résidez dans les dix directions,
Veillez tous sur moi ! Maître, veillez sur moi !
Moi ‘untel’ en d’autres vies j’ai cultivé,
Encouragé à le faire et me suis réjoui
De la mise en œuvre des sources de bienfaits
Issues du don, de la discipline et de la méditation.
Grâce à cela, tout comme autrefois les tathâgata,
Arhat, bhaghavan, bouddha parfaitement accomplis,
Et les bodhisattva mahâsattva pleinement établis
En les hauts degrés d’éveil développèrent initialement
L’insurpassable esprit du vaste éveil parfaitement accompli,
A partir de maintenant,
Tant que je ne serai pas allé au cœur de l’éveil,
Je développerai moi aussi l’esprit du vaste éveil,
Insurpassable et parfaitement pur,
Afin que ceux qui n’ont pas pu traverser le puissent ;
Que ceux qui n’ont pas été délivrés, le soient ;
Que ceux qui n’ont pas trouvé un second souffle y parviennent ;
Et que ceux qui ne sont pas passés en nirvana le puissent.

Les vœux sont pris en répétant la formule trois fois.

Ici, « ceux qui n’ont pas traversé », sont les êtres des enfers, les esprits avides et les animaux qui n’ont pas encore passé le cap de l’océan des souffrances des mauvaises destinées.

Pour « pouvoir traverser », il faut qu’ils soient affranchis des souffrances des états d’existence inférieurs en étant placés sur la voie des états supérieurs, c’est-à-dire qu’ils obtiennent une condition humaine ou divine.

« Ceux qui n’ont pas été délivrés », sont les êtres humains et divins car ils ne sont pas libérés des attaches émotionnelles comparables à des menottes.

Pour « pouvoir l’être », il faut qu’ils soient délivrés du lien des passions en étant placés sur la voie de l’excellence, c’est- à- dire qu’ils obtiennent l’état de libération.

« Ceux qui n’ont pas trouvé un second souffle », sont les Auditeurs et les Bouddhas-par-soi car le mahayana n’est pas encore devenu une source d’inspiration pour eux.

Pour « qu’ils y parviennent », il faut qu’ils trouvent une nouvelle inspiration dans l’optique et la conduite du mahayana en étant introduits à l’esprit du sublime éveil, c’est-à- dire qu’ils obtiennent l’un des dix degrés de bodhisattva.

« Ceux qui ne sont pas passé en le parfait nirvana », sont les bodhisattvas car ils n’ont pas encore obtenu le “nirvana sans appui, c’est à dire le parfait nirvana.

Pour « qu’ils le puissent » ; il faut les établir graduellement en les voies et degrés d’éveil afin qu’ils passent alors en le parfait nirvana, c’est-à-dire qu’ils obtiennent l’état de Bouddha.

« Afin que… » se réfère à l’engagement de s’éveiller à l’état de bouddha afin de pouvoir accomplir ces objectifs de façon appropriée.


C. LA CONCLUSION

On intègre aussi le développement de la joie et d’un grand enthousiasme, en évoquant la grandeur du but à accomplir ainsi que l’expliquent  les instructions pratiques.

Celui qui développe l’esprit d’éveil de cette manière est appelé bodhisattva : il aspire à l’éveil pour le bien des êtres. Une fois celui-ci obtenu, il souhaite libérer les êtres. Il a pour seules perspectives l’éveil et le bien des êtres, et il perçoit que ces objectifs requièrent du courage et un cœur vaillant.

Ainsi s’achève l’explication du rituel de développement du sublime esprit d’éveil comme aspiration.

2.2 Le développement de l’esprit d’éveil comme application

Le développement de l’esprit d’éveil comme aspiration comprend trois parties : la phase préliminaire, le rituel proprement dit et la conclusion.

A.LA PHASE PRELIMINAIRE

Elle est composée de dix éléments : l’adresse de la requête, l’examen des empêchements courants, l’énoncé de la gravité des transgressions, le préjudice se rapportant à l’endommagement des vœux, l’utilité de les prendre, l’accomplissement des développements, l’examen des obstacles spécifiques, l’incitation, le développement de l’intention particulière et l’explication succincte des pratiques.

B.LE RITUEL PROPREMENT DIT

Le disciple ayant formé l’intention de prendre les vœux, le maître lui demande par trois fois : « Noble fils, toi dont le nom est…, souhaites-tu recevoir d’un bodhisattva dont le nom est… la discipline des vœux, la discipline de rassemblement des bienfait et la discipline d’accomplir le bien des vivants ? Elles sont les bases de l’entraînement et l’éthique commune à tous les bodhisattva du passé, du futur et de ceux qui actuellement demeurent dans les mondes aux dix directions de l’univers. Tout bodhisattva les a pratiquées ou le fera, et pour ceux actuellement présent dans l’univers, elles constituent dans leur ensemble le fondement de toutes les pratiques et toute la discipline de bodhisattva. »

Le disciple répète alors trois fois : « Je le souhaite »

C.LA CONCLUSION

Elle comprend six éléments : le souhait d’accéder à la connaissance, les bénéfices d’être introduit à la vision d’intelligence immédiate, la prudence ne pas proférer hâtivement des engagements, la compréhension des instructions pratiques sous leur forme succincte, l’offrande exprimant sa gratitude et la dédicace des sources de bienfaits.

Ainsi s’achève l’explication de la prise des vœux d’application et donc l’explication de la tradition du seigneur Dharmakîrti.

VII – Les bienfaits

Les bienfaits du suprême éveil du cœur esprit sont ceux dénombrables et ceux indénombrables.

1. Les bienfaits dénombrables

Les bienfaits dénombrables comprennent eux mêmes les bienfaits de l’éveil du coeur esprit en aspiration et les bienfaits de l’éveil du coeur esprit en application.

1.1 Les bienfaits propres à l’esprit d’éveil comme aspiration

Les bienfaits propres à l’éveil du cœur esprit en aspiration sont : entrer dans le grand véhicule, devenir le support des pratiques du mahayana, éviter les actes diaboliques, poser la base de l’insurpassable éveil, développer des bienfaits sans limite, satisfaire tous les bouddha, devenir rapidement utile aux vivant et être diligent dans la pratique du parfait éveil.

Expliquons le premier de ceux-ci (entrer dans le grand véhicule) :

Si quelqu’un ne fait pas naître en lui l’attitude d’esprit du sublime éveil, même en ayant une conduite sublime, il ne pourra accéder au rang du mahayana, et de ce fait il n’obtiendra pas l’état de parfait bouddha. Par contre, en développant celle-ci, il aura accès au grand véhicule, comme cela est exprimé dans Les degrés de Bodhisattva :

Dès que cette attitude d’esprit est née,
C’est l’accès au grand véhicule de l’insurpassable éveil.

En ce qui concerne le deuxième (devenir le support des pratiques de bodhisattva) :

Si l’on n’a pas présent à l’esprit le souhait d’obtenir l’état de bouddha, c’est à dire une attitude d’aspiration, il est hors de question de faire naître ou de préserver les trois types de discipline, c’est à dire les pratiques des bodhisattva. Par contre si ce souhait est présent, ces trois disciplines seront développées et établies. On sera alors un support adéquat à la pratique de cet état d’esprit, tel que c’est dit dans Les degrés de Bodhisattva :

Celui qui développe l’esprit éveil
Est le support des pratiques de bodhisattva.

Expliquons le troisième (éviter les actes diaboliques) :

Les vertus sont le remède aux actes négatifs et parmi celles-ci, la plus sublime est l’esprit d’éveil. Faire naître celui-ci est donc un remède qui de par sa nature éliminera ce qui est impropre :

L’esprit d’éveil est comparable au feu de la fin des temps
Car en un instant, il consume définitivement
Les plus grands actes négatifs.

En ce qui concerne le quatrième (poser la base de l’insurpassable éveil) :

Si dans le flux de l’esprit des êtres comparé ici à un terrain, on sème en tant que graine l’esprit d’éveil et qu’on le baigne de l’humidité de l’amour et de la compassion, les branches et feuilles des trente sept éléments qui mènent à l’éveil se développeront et une fois le fruit de l’état de parfait bouddha actualisé, il sera à l’origine de ce qui est heureux et profitable aux vivants. C’est pourquoi développer l’esprit d’éveil, c’est semer la graine de l’état de bouddha, tel que c’est exprimé dans Les degrés de Bodhisattva :

Le développement de l’esprit d’éveil est la source du suprême éveil parfaitement accompli.

Au sujet du cinquième, développer des bienfaits sans limites :

Il est dit dans Le Sutra des Questions de Vîrâdatta :

Si tous les bienfaits excellents qui proviennent de l’esprit d’éveil pouvaient revêtir une forme,
Elle  occuperait la totalité de l’espace et la dépasserait même.

Au sujet du sixième (satisfaire tous les Bouddhas) :

Il est dit aussi dans Le Sutra des Questions de Vîrâdatta :

Certains pourraient remplir totalement
De joyaux les domaines de bouddhas
Aussi nombreux que les grains de sable du Gange
Et les offrir aux sugatas mais
Joindre les mains en tournant son esprit vers l’éveil
Est une offrande particulièrement noble
Car elle est alors sans limites.

Au sujet du septième (devenir rapidement utile aux vivants) :

Il est dit dans Le Sutra qui Établit le Noble Tronc :

L’esprit d’éveil est un support car il est bénéfique à tous

Au sujet du huitième (etre diligent dans la pratique du parfait éveil) :

Il est dit dans Les Degrés de Bodhisattva :

Si l’on développe l’esprit d’éveil, on ne s’installe pas dans les extrêmes du samsara ou du nirvana et on s’éveille rapidement à l’état de bouddha véritable et parfait.

1.2 Les bienfaits propres à l’esprit d’éveil en application

Les bienfaits de l’éveil du coeur esprit en application sont aux nombres de dix : ce sont les huit bienfaits de l’esprit d’éveil en aspiration complétés de deux bienfaits propre à l’éveil du cœur esprit en application : nos propres bienfaits croissent continuellement et ceux pour les autres apparaissent de différentes manières.

En ce qui concerne la première d’entre elles :

Une fois l’esprit d’éveil comme application développé, rien ne sera plus comme avant. La dynamique des bienfaits se manifestera de façon ininterrompue, que l’on dorme, que l’on sombre dans l’inconscience, que l’on ait une conduite manquant d’attention ainsi qu’en toutes autres circonstances.

Ceci est exprimé dans L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattva :

A partir du moment où l’esprit d’éveil est parfaitement adopté,
Même en dormant ou en faisant preuve d’inattention,
La dynamique d’innombrables bienfaits est ininterrompue
Et apparaît aussi vaste que l’espace.

De multiples bienfaits se manifestent pour autrui : les souffrances des êtres sont dissipées, leur bonheur est accompli et les passions sont éliminées, comme l’exprime L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattva :

L’esprit d’éveil comble de bonheur
Ceux qui en sont dépourvus,
Et élimine intégralement
Leurs nombreuses souffrances ;
Il dissipera même l’ignorance !
Où y a-t-il pareille vertu,
Pareil ami, semblable bienfait ?

2. Les bienfaits indénombrables

Les bienfaits indénombrables se réfèrent au fait que toutes les qualités, depuis la genèse du coeur esprit jusqu’à sa pleine réalisation y trouvent sa source.

VIII – Défauts de l’abandon

Les défauts de l’abandon du suprême esprit d’éveil sont au nombre de trois : la transmigration vers les mauvaises destinées, la dégradation de l’activité altruiste et le report au loin de l’obtention des degrés de bodhisattva.

En ce qui concerne le premier : si l’on n’applique pas son engagement et que l’on se départit de l’esprit d’éveil, on se joue des êtres ; la pleine actualisation de cet acte est une naissance en un état d’existence inférieur, comme l’exprime L’Introduction aux Pratiques de Bodhisattva :

Une fois cette promesse prise,
Ne la concrétisant pas par des actes
Je me serai moqué de tous les êtres.
Quelle sera alors ma destinée ?

En ce qui concerne l’incapacité due à cette défaillance d’œuvrer au bien d’autrui il est dit :

Si cela venait à se produire, cela serait préjudiciable au bien de tous les vivants.

Au sujet du report lointain de l’obtention des degrés de bodhisattva il est dit :

Si l’on est sujet à un cycle d’alternance entre la résolution d’avoir l’esprit d’éveil et la force d’impulsion d’en déchoir, l’obtention des degrés d’éveil est longuement reportée.

IX – Causes de l’abandon

La perte de l’esprit d’éveil peut porter sur l’aspiration et sur l’application.

Les causes de la perte de l’esprit d’éveil en aspiration sont : le fait d’abandonner mentalement les vivants, de s’adonner aux quatre actions noires et de développer un état d’esprit impropre à la vertu.

En ce qui concerne les causes de déchéance des vœux d’application il est expliqué dans Les Degrés de Bodhisattva qu’il y a déchéance si l’on s’est totalement enferré dans le piège d’avoir commis les “quatre actions semblables aux cas de violation”. Si l’on est pris à leur piège à un degré relatif ou minime, il y a juste une transgression moindre.

Il est expliqué dans Les Vingt Sections de l’Engagement que par rapport à la déchéance de l’esprit d’éveil comme aspiration, celle d’application est bien plus grave.

Dans Le Résumé de l’Établissement de l’Évidence il est dit qu’il y a quatre types de causes d’abandon des vœux de bodhisattva : les deux précédentes, l’abandon de l’entraînement et l’apparition de conceptions erronées.

Le maître Shântideva a aussi précisé que l’on abandonne aussi ces vœux en développant un état d’esprit impropre.

X – Restauration

Si la perte de l’esprit d’éveil porte sur l’esprit d’éveil comme aspiration, on le restaure en le prenant à nouveau. Si la perte de l’esprit d’éveil en application procède de la perte de l’esprit d’éveil en aspiration, il convient aussi de reprendre le voeu. Si la perte de l’esprit d’éveil vient d’une autre cause, il convient de reprendre le voeu. Si l’esprit d’éveil est seulement endommagé, le dévoilement est suffisant.

Dans Les Vingt Sections de l’Engagement il est dit :

Il faut prendre à nouveau les vœux en cas de déchéance.
Pour une transgression relative
Dévoiler ses fautes face aux trois joyaux ;
Les unes entraînant les autres,
Ne laisse pas les passions d’une attitude égoïste t’aveugler.

Ainsi s’achève la section consacrée au développement de l’éveil du coeur esprit,
neuvième Chapitre du Joyau Magique,
L’Ornement de la Précieuse Libération.

<<Page précédentePage suivante