1. Les dix terres ས་བཅུ་ et les cinq voies ་ལྔ་

 

Dans la voie, tout le processus de réduction de la polarisation duelle et de décharge de cette polarisation, tel qu’illustré sur les schémas de la partie gauche de la roue du Dharma, est traditionnellement exposé comme ce qu’on l’on nomme les ས་ལམ་.

Les ས་ལམ་ sont les dix terres ས་བཅུ་ et les cinq voies ལམ་ལྔ་

Les dix terres sont les dix terres de Bodhisattva, depuis la première terre de Bodhisattva jusqu’à l’ultime qui est l’éveil parfait

    1. La première terre de Bodhisattva ས་དང་པོ་

      1. ས་དང་པོ་ la première terre de Bodhisattva

    • ས་དང་པོ་ la première terre de Bodhisattva
      • terre
      • དང་པོ་ première
      1. ཀུན་ཏུ་དགའ་ ou རབ་ཏུ་དགའ་ la joyeuse

La première terre est la joyeuse, ཀུན་ཏུ་དགའ་ ou རབ་ཏུ་དགའ་.

C’est le moment où le Bodhisattva découvre la réalité, et qu’il a l’expérience libératrice qui va lui permettre, maintenant, de sortir définitivement du samsara.

On dit qu’elle est la sortie du samsara ou l’assurance de sa sortie. Vajradhara Kalu disait souvent : « Arriver à la première terre de Bodhisattva c’est comme conduire une voiture dans laquelle il y a encore de l’essence, mais où il n’y a plus de réapprovisionnement, donc cela peut encore durer un certain temps, le temps que ce qui reste d’essence s’épuise, mais on est sûr que cela va s’arrêter, car le processus auto sustentateur du karma a été suspendu» .

Dans une autre image qu’il utilisait, le cheminement est semblable à des marches d’escalier : « On monte marche à marche en faisant des efforts, et quand on est arrivé à la première terre de Bodhisattva, on se trouve sur un escalator et cela monte tout seul ».

    1. Les cinq voies ལྨ་ལྔ་

      1. La voie des développements ཚོགས་ལམ་

    • ཚོགས་ལམ་
      • ཚོགས་ développement
      • ལམ་ voie

La première voie est ཚོགས་ལམ་ avec ཚོགས་, développement, accumulation, et comme son nom l’indique, c’est la voie ou le cheminement durant lequel le pratiquant cultive les développements de vertus et de gnose.

Cela peut se décrire dans le cadre des paramita avec développement de vertus, le don, སྦྱིན་པ་, la discipline, ཚུལ་ཁྲིམས་, la stabilité བསམ་གཏན, l’intelligence ཤེས་རབ་ et les deux intermédiaires qui sont au service aussi bien du développement de vertus, བསོད་ནམས་ཀྱི་ཚོགས་ que du développement de sagesse ཡེ་ཤེས་ཀྱི་ཚོགས་.

Ces développements arrivant à une certaine maturité, il y a སྦྱོར་ལམ་

      1. La voie de la jonction སྦྱོར་ལམ་

C’est la voie de la jonction à l’expérience directe immédiate de la réalité non duelle. C’est le parachèvement de la voie des développements. སྦྱོར་ལམ་ amène à la troisième voie.

      1. La voie de la vision མཐོང་ལམ་ 

La voie de la vision est la vision directe et immédiate de la vacuité, de la réalité, du mode d’être fondamental.

Cette voie de la vision correspond à la première terre de Bodhisattva. On a « vu » vraiment, directement, la réalité.

      1. La voie de l’habituation སྒོམ་ལམ་

Cette voie est parfois traduite par la voie de la méditation mais c’est plutôt l’habituation, l’accoutumance, l’entraînement.

On a « vu » la réalité mais encore faut-il l’intégrer, s’y entraîner.

Il y a une dimension d’intégration, de stabilisation, on peut dire aussi d’accoutumance.

      1. La voie de la non étude མི་སློབ་པའི་ལམ་

C’est la voie ou l’aboutissement du cheminement dans lequel il n’y a plus rien à étudier. Tout a été compris, intégré.

Elle est parfois mentionnée comme la voie de la perfection, mais ce n’est pas le sens littéral.

Question : S’agissant des cinq voies, à partir du moment où on a fait l’expérience de la vision, peut-on dire qu’on y est ? Ou bien est-ce à la fin de cette voie qu’on obtient la vision parfaite ?

Réponse DR : Chacune des cinq voies a trois niveaux, inférieur, intermédiaire, supérieur. Ce qui fait qu’avec cinq voies et trois niveaux par voie, on a quinze niveaux. Les caractéristiques de ces niveaux sont décrites dans le Dudom, le résumé du Dagpo Targyen.

Dans le chemin de la vision, avoir vu la réalité de la vacuité, avoir vu la réalité de l’illusion, avoir eu accès à l’expérience libératrice coupe, arrête le processus auto sustentateur du samsara. A partir de la voie de la vision c’est one way, une seule voie vers la libération, une voie sans retour.

Question : En termes de successions de naissances, si une conscience arrive à atteindre la voie de la vision dans cette vie, et si on reprend l’exemple de la voiture où il reste de l’essence, c’est-à-dire que le karma n’étant pas complètement épuisé, ou du moins qu’il n’y a pas de nouveau karma négatif qui est créé, si la vie humaine de cette conscience s’arrête, il y aura une renaissance de la conscience. Mais cette renaissance n’aura pas fait l’expérience de la vue dans cette naissance -là et cela pose question.

Réponse DR : Comme cela est souvent le cas, il y a des implicites dans votre question, vous parlez d’une personne, d’une conscience, de plusieurs consciences, de renaissances. Il y a un embrouillamini qui mériterait d’être pris terme à terme et regardé attentivement. D’une façon simple et globale, le cheminement sur les cinq voies, peut prendre, suivant les voies que l’on suit, un nombre incalculable de naissances. Cela peut se faire en une vie, en d’innombrables naissances.
 

 

<<Retour