Les trois étapes de la relation aux émotions

Les trois étapes de la relation aux émotions

Extrait du « bskyed rdzogs gnas ‘dus », 10 à 13

  1. Les trois étapes de la relation aux émotions
  2. Les trois étapes de la relation aux émotions
    1. 1- L’abandon
    2. 2- La transformation
    3. 3- La reconnaissance
    4. Une méthode pour pratiquer ces trois techniques

Il y a deux voies dans lesquelles on peut s’engager : la voie des soutras et celle des tantras. Bien qu’il y ait de très nombreuses méthodes que l’on puisse appliquer, les pratiques des soutras se ramènent à ne commettre aucun acte négatif, à cultiver les vertus, et à discipliner son propre esprit ; celles de la tradition du vajrayana sont réunies aux méditations des phases de génération et de perfection. C’est ce qu’enseigne l’Omniscient. Puis précisément, la racine de tout dharma est l’esprit, c’est pourquoi le point essentiel est tout d’abord de discipliner son propre esprit. Si l’on effectue des pratiques de familiarisation et d’accomplissement, etc., pendant des générations, sans la maîtrise de l’esprit, on n’obtiendra pas l’éveil. Par la maîtrise l’esprit, l’on entend celle des passions. Les moyens pour y parvenir sont :

L’abandon,

La transformation,

La reconnaissance.

1- L’abandon

L’abandon des passions est le moyen général des soutras. On les abandonne en méditant sur leurs remèdes : on médite sur ce qui est répugnant en remède à l’attachement, sur l’amour pour la colère, et sur les interdépendances pour l’opacité mentale. (Voir pour plus de détails sur ces méditations les textes précédents).

2- La transformation

La transformation des passions est le moyen particulier du vajrayana suprême. Lorsque naît une émotion de désir ou d’attachement, on médite sur Amitabha ou sur l’Heruka en union. La pensée de désir est transformée en la divinité yidam. On extrapole (avec les autres divinités) pour les autres passions.

3- La reconnaissance

La reconnaissance de la nature propre des passions est un moyen remarquable ; lorsqu’une pensée de désir apparaît clairement, on contemple nûment son essence, elle décline d’elle-même et l’union indissociable de la félicité et de la vacuité, le mahamudra, apparaît. C’est aussi ce qu’on appelle la connaissance primordiale du discernement. Il n’y a alors jamais rien à abandonner ni à encourager, ni à changer. Tout est inclus en l’esprit (ou : tout se résume à l’esprit). Si l’esprit même est laissé sans artifice, c’est l’esprit du bouddha ; sache qu’il n’est pas ailleurs !

Une méthode pour pratiquer ces trois techniques

Le glorieux Yang Gœunpa propose une méthode pour pratiquer ces trois techniques ensemble : si, par exemple, une pensée de désir-attachement naît, aussitôt on développe en soi la ferme résolution d’abandonner en soi, à partir de l’instant présent jusqu’à ce que l’on atteigne l’éveil, toutes les activités de ces pensées de désir-attachement. Ensuite, on médite ainsi : nous considérons tous les êtres, aussi nombreux que vaste est l’espace, errant, du fait de leurs pensées de désir-attachement, et en éprouvant d’intolérables souffrances ; tous les obstacles et autres problèmes venant de ces pensées de désir-attachement induits dans l’esprit de nos compagnons pratiquant le dharma, sont regroupés en notre propre désir, et l’esprit de tous les êtres est désormais libre de désir et d’attachement.

Puis on se dit : je vais, sur cette pensée de désir, méditer selon les deux phases des sadhana du vajrayana, afin d’établir tous les êtres en la réalisation de Vajradhara. En pensant ainsi, en un instant, la pensée est méditée comme étant l’Héruka tel que Samvara en union, orné de tous ses ornements.

Dans le cœur de Samvara, sur un siège de lotus et de lune, on médite le lama-racine d’une beauté majestueuse. Encore et encore on lui adresse une prière qui ne soit pas que verbale :

« Accordez-moi votre grâce afin que cette pensée passionnelle née en moi s’élève en tant que connaissance primordiale du discernement ».

Puis la divinité, le lama et la pensée passion étant devenus indissociables, on contemple clairement, dans l’ouvert, son propre esprit. On médite ainsi depuis le moment où la passion naît et pendant tout le temps de sa durée ; on cultive cette méditation sans s’engager dans la passion. Finalement, on fait le souhait que par cette vertu tous les êtres dans l’illusion, ainsi que tous les pratiquants du dharma, ne rencontrent pas d’obstacle sur leur cheminement, que toutes leurs émotions de désir-attachement s’apaisent, et que la félicité-vide de mahamudra devienne manifeste. Ainsi on fait pure dédicace.

Pour l’agressivité et l’opacité mentale, on extrapolera. Pour l’agressivité, méditer sur les divinités paisibles est un point essentiel.

Traduction française révisée par le comité Lotsawa, mars 1991

 

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