Du guide extérieur au maître ultime

Extraits de L’océan de certitude

(Nges Ton rGya mTsho, pages 49 à 51 de l’édition tibétaine)

    1. 1. Le lama, personne de la lignée
    2. 2. Le lama-paroles des Tathagata
    3. 3. Le lama symbolique des apparences
      1. a. La terre
      2. b. L’eau
      3. c. Le feu
      4. d. Le vent
      5. e. L’espace
    4. 4. Le lama ultime

Dans ce traité sur la tradition du mahamudra, sont évoqués dans tous leurs détails les préliminaires à la pratique de cet enseignement. Ils comprennent des préliminaires dits « communs », qui sont les quatre réflexions qui changent notre mentalité :

La réflexion sur la précieuse existence humaine,

La réflexion sur l’impermanence et la mort,

La réflexion sur la loi de causalité,

La réflexion sur le caractère insatisfaisant du cycle des existences.

Viennent ensuite les préliminaires « spécifiques » :

La pratique du refuge et le développement de l’esprit d’éveil, accompagnés de prosternations,

La pratique de Dordjé Sèmpa : purification des voiles de l’esprit,

La pratique d’offrande de mandala : développement de bienfaits,

La pratique du yoga du lama, qui ouvre l’esprit à l’influence spirituelle du lama et de la lignée de transmission des enseignements de mahamudra.

Enfin, viennent les préliminaires dits « particuliers ». Quatre facteurs sont exposés dans cette section du texte : la cause initiale (ou fondement), le maître, l’intention, et l’instantanéité.

Voici le passage concernant « le maître ».

Le cheminement vers la réalisation de mahamudra dépend uniquement du lama, c’est pourquoi il faut être pris en charge par un ami spirituel parfait. Celui-ci a plusieurs aspects :

— Le lama, personne de la lignée,

— Le lama, paroles du Tathagata,

— Le lama symbolique des apparences,

— Le lama de la vacuité, au niveau de l’ultime vérité.

1. Le lama, personne de la lignée

Les instructions orales de la tradition de la pratique, parvenues sans altération depuis Dordjé Tchang jusqu’au lama-racine lui-même, ont le pouvoir d’induire en l’esprit des disciples expériences et réalisation. Le lama a la réalisation de la vue juste et, par son intelligence, la capacité d’y ouvrir autrui. Il stimule la reconnaissance de l’utilité des pensées, et la reconnaissance que tout ce qui apparaît peut devenir un ami de la sagesse. Ainsi, quelles que soient les circonstances adverses ou défavorables, il peut les transformer en circonstances favorables et en qualités.

Toutes les pensées sont illusoires. Si elles ne sont pas reconnues comme telles, c’est l’illusion. Celui qui reconnaît les pensées comme étant l’esprit peut les intégrer à la voie et elles ne sont plus sources d’erreurs. Le lama a la capacité d’ouvrir autrui à cette compréhension. Les pensées étant ainsi reconnues, les phénomènes sont alors non substantiels et impalpables comme le tournoiement d’une lance dans l’espace ; c’est ce qu’on entend par la connaissance transcendante.

Il nous faut trouver un guide spirituel qui ait ces qualités, et nous en remettre à lui avec une confiance et une dévotion sans partage.

2. Le lama-paroles des Tathagata

Obtenant du lama les instructions pour reconnaître l’esprit, une certitude quant à la nature de celui-ci se développe. Avec un profond respect pour les paroles des victorieux, nous examinons et analysons attentivement celles-ci et les comparons avec notre méditation. Naît alors en nous une expérience qui n’est en désaccord ni avec les instructions du hinayana ni avec celles du mahayana.

Les paroles du Bouddha s’élevant ainsi comme instructions sont ce qu’on appelle « lama ».

Manquer de ces points essentiels, s’attacher de façon partiale aux mots et aux formulations des points de vue du hinayana ou du mahayana, avoir un discours catégorique, postulant : c’est cela, ce n’est pas cela, c’est vrai, c’est faux…, sont des attitudes erronées à abandonner.

Telle est la façon juste de s’en remettre au lama-paroles du Tathagata.

3. Le lama symbolique des apparences

a. La terre

La terre est un ami spirituel : son exemple illustre la sphère de la vacuité, base de toutes les qualités d’une confiance immuable.

b. L’eau

L’eau est aussi un ami spirituel : elle nous montre le caractère ininterrompu de l’énergie, ou encore le flot incessant de la compassion.

c. Le feu

Le feu est un ami spirituel : il exprime le feu de la sagesse qui consume le bois des émotions conflictuelles ou le brasier de la connaissance primordiale qui dissipe les ténèbres de l’ignorance.

d. Le vent

Le vent est un ami spirituel : par la force du vent des expériences et de la réalisation, les voiles sont dispersés.

e. L’espace

L’espace est un ami spirituel : il nous expose la libération de toute détermination, l’omniprésence, etc.

Ainsi, tout ce qui apparaît et ce qui apparaîtra, à l’intérieur et à l’extérieur, n’est autre qu’un lama. C’est pourquoi, que l’on examine ou non les apparences extérieures, les comprendre ainsi avec certitude est le moyen de s’en remettre au lama symbolique des apparences.

4. Le lama ultime

Notre saint lama nous ayant fait reconnaître, sans erreur, notre propre esprit, lorsque celui-ci a été vraiment vu et réalisé avec une conviction indubitable, cette réalisation de l’ainsité de tous les phénomènes est aussi un lama.

Parmi tous ceux-ci, le plus important est le lama, personne de la lignée. En effet, lorsqu’il nous a fait reconnaître le mode d’être de toutes choses, les autres (types de lamas) peuvent être compris progressivement.

Traduction du tibétain révisée par le comité Lotsawa, en mai 1991

 

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