Les trois niveaux de la prise de refuge

Gourou Padmasambhava

    1. La prise de refuge au sens extérieur
    2. La prise de refuge au sens intérieur
    3. Prendre refuge au sens secret

« Pour chacun des mille bouddhas qui doivent apparaître durant notre ère, il y aura un Gourou Rinpoché pour mettre en œuvre ses activités. Padmasambhava est ainsi une émanation du Bouddha Sakyamuni. On dit, dans la biographie de Padmasambhava (dont le nom signifie littéralement “celui qui est né du lotus”), qu’il apparut spontanément, sans père ni mère, d’une fleur de lotus sur un lac. Etre humain de naissance miraculeuse, il était doté de pouvoirs capables de soumettre, non seulement les êtres humains, mais aussi des esprits, et d’autres sortes de non-humains. Il vécut longtemps : il demeura en Inde presque un millier d’années, puis passa cinquante-cinq ans au Tibet. (…). Avant de quitter le Tibet, Gourou Rinpoché fit de nombreuses prédictions, et cacha de nombreux enseignements pour qu’ils soient révélés ultérieurement. (…)
Yéshé Tsogyal était une des cinq émanations féminines de Vajra-Yogini et, en essence, une émanation de Gourou Rinpoché lui-même. Elle était aussi une émanation de la Noble Tara. Le terme dakini (qui est traduit ici par “Noble dame”) signifie littéralement : “Une habitante de l’espace”, un être céleste qui n’a pas besoin de marcher sur la terre. Il y en a différents types : dakini de sagesse, dakini d’activité, dakini mondaine. Elles peuvent apparaître de multiples façons et sous de nombreuses formes, certaines ont des conduites scandaleuses, certaines sont répugnantes, dans le but d’interrompre la pensée conceptuelle et les perceptions erronées. (…) »
Tulku Urgyen Rinpoché

L’ouvrage dont le texte qui suit est extrait est un recueil d’instructions orales sur la pratique du dharma, données par Padmasambhava durant son séjour au Tibet, au neuvième siècle. Ces conseils furent recueillis par son principal disciple, la dakini Yéshé Tsogyal, la princesse de Khartchèn. Selon Kontrul Rinpoché Le Grand, Yéshé Tsogyal était une émanation du Bouddha féminin Lochana, parèdre du Bouddha Ratnasambhava, ainsi qu’une apparition de Vajra-Yogini sous forme de femme. Elle servit Gourou Rinpoché durant son séjour au Tibet, après quoi elle pratiqua avec une persévérance extraordinaire, tant et si bien qu’elle devint l’égale de Gourou Rinpoché lui-même. Yéshé Tsogyal coucha sur le papier ces instructions orales dans un langage secret codé, appelé “l’écriture des dakini”, et les dissimula en de précieux trésors pour être révélés plusieurs siècles plus tard. Gourou Rinpoché lui-même prédit la venue, les noms et les époques des découvreurs.

Le Maître Padmakara d’Uddiyana, qui apparût comme un corps d’émanation dans une personne (1), fut questionné par la Noble dame Tsogyal, la princesse de Khartchèn : Grand maître, je vous prie, ayez la bonté d’enseigner les bases de toute la pratique du dharma, les moyens de mettre un terme aux naissances et aux morts, la petite cause qui a un immense bienfait, une méthode aisée à appliquer et de peu de difficultés.

Le Corps d’émanation Maître répondit : Tsogyal, prendre refuge est la base de toutes les pratiques du dharma. Les Trois joyaux sont le support de toutes les pratiques du dharma. Le moyen qui apporte la fin des naissances et des morts est la prise de refuge, avec ses aspects annexes.

Noble dame Tsogyal demanda :

– Quel est le sens profond de “prendre refuge” ? Quelle en est la définition ? Combien de sortes de refuges y a-t-il ?

Le maître répondit :

– Le sens profond de la prise de refuge est d’accepter le bouddha, le dharma et le sangha comme votre maître, la voie et les compagnons de pratique, et ensuite de faire le vœu qu’ils soient le fruit que vous atteindrez. Ainsi, prendre refuge signifie une promesse ou une acceptation. Pourquoi une telle acceptation se nomme-t-elle prendre refuge ? Cela s’appelle prendre refuge car c’est accepter le bouddha, le dharma et le sangha comme le support, le refuge et le protecteur ou secours pour se libérer de la grande crainte des souffrances et de l’inconnaissance. C’est le sens profond de “prendre refuge”. Prendre refuge, c’est rechercher une protection contre les terreurs de l’existence des trois classes d’êtres inférieures et les points de vues inférieurs qui postulent un soi dans l’individualité, ce que disent les philosophes non bouddhistes. Si on divise la prise de refuge, elle est de trois types : la prise de refuge au sens extérieur, la prise de refuge au sens intérieur, la prise de refuge au sens secret.

La prise de refuge au sens extérieur

Noble dame Tsogyal demanda :

– En ce qui concerne la prise de refuge au sens extérieur, pourquoi désirer prendre refuge ? En quoi prend-on refuge ? Quelle sorte de personne prend-elle refuge ? Quelles sont les manières et les méthodes par lesquelles on prend refuge ? Avec quelle attitude spécifique prend-on refuge ?

Le Maître Padma répondit :

– On prend refuge par crainte des souffrances des existences conditionnées, par la confiance en les Trois joyaux en tant que lieux de refuge, puis par l’acceptation des Trois joyaux comme étant les objets de refuge et les protecteurs du refuge. Grâce à cela, vous donnez naissance à l’intention de prendre refuge. En général, on souhaite prendre refuge par peur de la mort.

Il y a de nombreuses personnes qui ne remarquent même pas que la moitié de leur vie est passée et qui ne pensent pas un instant à leurs vies ultérieures. Elles n’ont pas de refuge.

Si vous n’étiez pas destinée à mourir ou si vous étiez certaine de prendre une nouvelle naissance humaine, vous n’auriez pas besoin de prendre refuge. Mais après la mort et la transmigration, se trouvent les souffrances accablantes des états inférieurs.

– En quoi prend-on refuge ?

– Prenez refuge en les Trois joyaux. Qui peut apporter une fin aux naissances et aux morts ? Il n’y a que le Bouddha omniscient, qui est lui-même libre de tous défauts et en qui sont épanouies toutes les qualités. De plus, seuls le dharma qu’il a enseigné et le sangha qui détient sa doctrine peuvent mettre un terme au cycle des naissances et des morts, pour vous et pour autrui. Puisqu’ils sont les uniques lieux de refuge, prenez refuge en eux.

D’une façon générale, beaucoup de personnes considèrent les enseignements du Bouddha parfaitement éveillé comme n’étant rien de plus que les propos d’un diseur de bonne aventure, et, en cas d’urgence, se réfugient en des esprits. Il leur est difficile d’avoir un refuge.

– Quelle sorte de personne prend-elle refuge ?

– Quiconque est intéressé, qui a dévotion et confiance, et qui considère les qualités des Trois joyaux. Trois attitudes spécifiques sont nécessaires :

– Puisque le cycle des existences est sans début ni fin, je dois m’en détourner dès maintenant !

– Les dieux des non-bouddhistes, et autres, ne sont pas mes lieux de refuge !

– Seul l’état de Bouddha omniscient est mon véritable lieu de refuge !

C’est ainsi que la prise de refuge spéciale prend place.

Lors de la prise de refuge, il est courant de rendre des hommages peu sincères. Ce sont comme des grommellements vides. On ne sait où cela mène.

– De quelle façon prend-on refuge ?

– Prenez refuge avec respect du corps, de la parole et de l’esprit. Prenez refuge avec trois sentiments : la crainte des existences inférieures et du cycle des existences, la confiance en l’influence spirituelle des Trois joyaux, et une confiance et une compassion inébranlables.

Celui qui considère que cette vie est parfaite et qu’il en sera de même de la prochaine mourra simplement avant d’avoir commencé à pratiquer le dharma. Ce n’est pas suffisant.

Dans ce cadre, il vous faut connaître les cérémonies de prise de refuge.

– Avec quelle attitude spécifique prend-on refuge ?

– Prenez refuge avec le sentiment d’être responsable du bonheur de tous les êtres. Prenez refuge avec cette attitude intérieure, car vous n’atteindrez pas le véritable et complet éveil rien que par le renoncement au cycle des existences et l’aspiration pour le nirvana.

« Dans le but de libérer les êtres des souffrances du cycle des existences,
Je prends refuge jusqu’à ce que moi-même et tous les êtres des trois mondes aient atteint l’éveil suprême ! »

D’une façon générale, tous les souhaits sont des souhaits dualistes. Prendre refuge sans être libéré de la fixation dualiste n’est pas suffisant.

Noble dame Tsogyal demanda au maître :

– Combien d’entraînements différents le refuge au sens extérieur demande-t-il ?

Le maître répondit :

– A partir du moment où vous avez pris refuge, pratiquez les huit entraînements, pour préserver votre engagement des endommagements.

– Elle demanda : Quels sont ces huit entraînements ?

Il répondit :

– Il y a d’abord trois entraînements spécifiques : ayant pris refuge en le Bouddha, ne vous en remettez pas à d’autres divinités ; ayant pris refuge en le dharma, cessez de nuire aux autres êtres ; ayant pris refuge en le sangha, ne vous associez plus avec des personnes hérétiques. Tels sont les trois entraînements spéciaux.

1. Le premier conseil signifie que si vous vous inclinez devant des divinités mondaines comme Mahadeva, Vishnu, Maheshvara ou d’autres, votre vœu de refuge est endommagé. Si vous vous en remettez à elles, votre vœu de refuge est détruit.

2. Le deuxième signifie que votre vœu de refuge est définitivement détruit si vous tuez. Il est endommagé si vous battez d’autres êtres par haine, si vous les asservissez, faites des trous dans leurs nez, les emprisonnez dans une cabane à bestiaux, si vous les plumez, prenez leur laine, etc.

3. Le troisième signifie que votre vœu est endommagé si vous restez en compagnie de personnes qui ont des points de vue et des comportements éternalistes ou nihilistes. Si vos points de vue ou vos comportements sont en accord avec les leurs, votre engagement de refuge est détruit.

Dans tous les cas, toutes les pratiques du dharma sont incluses dans la prise de refuge. Les personnes dont les vues sont erronées ne comprennent pas cela.

Il y a ensuite cinq entraînements généraux :

1. Quand vous commencez votre pratique, faites une vaste offrande avec une grande quantité des nourritures et des boissons les plus raffinées. Présentez-les aux Trois joyaux le quatorzième jour et suppliez ceux-ci de venir. Ensuite, faites des offrandes le quinzième jour. Ces offrandes sont de quatre sortes : offrande de prosternations, d’objets matériels, de prières, et offrande de la pratique.

En premier lieu, vient l’offrande de prosternation : tenez-vous debout, et joignez les mains. Pensant aux qualités des bouddhas et des bodhisattvas, imaginez que vous touchez leurs pieds ornés de la roue du dharma, tout en vous prosternant.

Vient ensuite l’offrande d’objets matériels : présentez, par exemple, des fleurs totalement inconnues de tout le monde, et imaginez des offrandes, ainsi que votre propre corps.

Dites des prières d’une voie mélodieuse.

L’offrande de la pratique consiste à développer le souhait que les vertus issues de votre développement de l’esprit d’éveil, dans ses aspects inséparables de vacuité et de compassion, soient dédiées à l’obtention de l’éveil pour le bien de tous les êtres.

Le maître Padma dit :

– Les Trois joyaux n’ont pas une once de besoin, serait-ce d’un bol d’eau ou de votre respect. Le but de cette offrande est de vous rendre réceptive à la luminosité des bouddhas.

En ce qui concerne l’offrande des nourritures et des boissons les plus raffinées qui soient, faites trois plats de la meilleure nourriture, et récitez « Aum Ah Hung » trois fois. Imaginez que vos offrandes deviennent ainsi un océan de nectar. Ensuite, imaginez votre divinité d’élection entourée par un immense rassemblement d’aspects des Trois joyaux et présentez ce nectar d’offrande, leur demandant de l’accepter. Si vous n’êtes pas capable de procéder ainsi, faites simplement une offrande en disant : “Très précieux, acceptez cela.”

Si vous n’avez rien à offrir, présentez au moins les bols d’eau chaque jour. Si vous ne le faites pas, votre vœu de refuge va dégénérer.

Les Trois joyaux ne sont pas comme les êtres, ils n’ont aucun besoin de ces offrandes de nourriture matérielle. La torma d’offrande de nourriture est pour vous un moyen de développer des bienfaits à votre insu.

2. Le deuxième entraînement consiste à ne pas abandonner les Trois joyaux, même au prix de votre corps ou de votre vie, ou pour un cadeau de valeur :

— Ne pas abandonner le refuge même au prix de votre corps : même si quelqu’un vous menace de prendre vos yeux, de vous couper les jambes, les oreilles, le nez ou les bras, laissez-le faire plutôt que d’abandonner les Trois joyaux.

— Ne pas abandonner le refuge même au prix de votre vie : même si quelqu’un menace de vous tuer, laissez-le faire plutôt que d’abandonner les Trois joyaux.

— Ne pas abandonner le refuge même pour un cadeau précieux : même si l’on vous promet le monde entier empli de pierres précieuses pour renoncer au refuge, ne renoncez pas au refuge.

3. Le troisième entraînement consiste, quoi qu’il vous arrive, que vous soyez malade, en difficulté, à l’aise, heureux, ou triste, à disposer un mandala et les cinq sortes d‘offrandes et à les offrir aux Trois joyaux, puis à prendre refuge et prier :

« Maître saint, grand détenteur du vajra, tous les bouddhas et bodhisattvas, écoutez-moi ! Puissent toute ma maladie et tout ce qui est causé par les esprits et les influences néfastes ne pas advenir. Veuillez développer paix, heureux auspices, et bonheur. »

Hormis cela, on obtient aussi des bienfaits à lire les écritures à haute voix, à chanter, à offrir des torma, puisque ces pratiques appartiennent aux bases de la prise de refuge. Si rien n’est efficace, ne laissez pas naître des vues erronées, en pensant :

« Les Trois précieux n’ont pas de bénédiction, le dharma n’est pas vrai ! »

Pensez plutôt :

« je me sentirai mieux lorsque mon karma négatif sera épuisé ! »

Ne poursuivez pas d’autres pratiques, telles que la divination ou les rituels chamaniques, et engagez-vous seulement dans la prise de refuge.

4. Dans quelque direction que vous alliez, souvenez-vous des bouddhas et des bodhisattvas, faites leur des offrandes, et prenez refuge. Par exemple, si demain vous allez vers l’est, disposez un mandala et faites des offrandes aujourd’hui, en prenant refuge en les bouddhas et bodhisattvas de cette direction.

Quelles prières pouvez-vous faire ? En partant, faites celle-ci :

« Maître, détenteur du vajra, tous les bouddhas et bodhisattvas, s’il vous plaît, écoutez-moi ! Protégez-moi contre les obstacles causés par les humains, par les non-humains, et faites que tout, depuis mon départ d’ici jusqu’à ce que j’arrive à destination, soit propice. »

Si vous ne le faites pas la veille du départ, faites-le au moment de partir.

Au moment de partir, si vous ne pensez pas à prendre refuge avant sept ou dix pas de votre seuil, votre vœu de refuge est endommagé.

Une fois que votre esprit a confiance en le refuge, il est impossible que vous soyez déçue.

5. Pensez aux bienfaits de la prise de refuge, et entraînez-vous encore et encore. Ayant pris refuge en les Trois joyaux, placez en eux votre espoir et votre confiance. Gardez-les comme votre seule source de refuge et priez-les. Demandez leur influence spirituelle.

Considérez que votre représentation des Trois joyaux, qu’il s’agisse d’une statue, d’un moulage, d’une peinture, d’un stupa, d’un livre, ou d’un autre objet, est le dharmakaya. Il est possible que l’essence du dharmakaya soit soudainement réalisée alors que vous faites des prosternations, des offrandes ou des prières. Même si cela n’arrive pas, par le seul fait de faire des prosternations et des offrandes, et de développer un lien karmique positif, on deviendra ultérieurement disciple du Bouddha.

Maître Padma dit :

– Peu importe ce qui vient en vous, comme par exemple les vertus et les bonheurs des êtres éveillés, considérez cela comme la bénédiction de votre maître et des Trois joyaux. Par cette pensée, vous recevrez leur influence spirituelle. Quels que soient les problèmes et les difficultés que vous rencontriez, considérez-les comme votre propre karma négatif. Cela mettra un terme à tout votre karma négatif. D’une manière générale, si votre esprit n’est pas confiant envers les Trois joyaux mais pense d’une façon erronée que les Trois joyaux ne sont pas porteurs de bénédictions, il est possible que vous ne puissiez échapper aux pire des enfers.

Noble dame Tsogyal demanda au maître :

– Quels sont les bienfaits procurés par la prise de refuge ?

Le maître répondit :

– Prendre refuge apporte huit bienfaits :

1. Vous entrez parmi les bouddhistes. Ayant pris refuge en les Trois joyaux, vous êtes bouddhiste. Lorsque vous n’avez pas pris refuge, vous n’êtes pas parmi les bouddhistes, même si vous vous dites une sainte personne, une grande méditante, ou le Bouddha lui-même.

2. Vous devenez un réceptacle adéquat pour tous les vœux, tels ceux de libération individuelle. Par conséquent, si vous perdez votre engagement du refuge, il est dit que tous les vœux fondés sur celui-ci sont aussi détruits.

Pour les restaurer, il suffit de restaurer le vœu de refuge, c’est-à-dire qu’il vous suffit de faire une offrande aux Trois joyaux et de prendre refuge en leur présence.

Il est nécessaire de prendre refuge en prélude à tout autre vœu, depuis le vœu temporaire d’une journée, jusqu’aux vœux du vajrayana. C’est pourquoi la prise de refuge est connue pour rendre réceptif à tous les autres types de vœux.

3. Le vœu de refuge en les Trois joyaux minimise les empêchements karmiques accumulés durant vos existences antérieures, jusqu’à y mettre un terme, c’est-à-dire que ces empêchements seront totalement épuisés par la prise de refuge spéciale, alors que par la prise de refuge ordinaire ces empêchements diminueront.

Ainsi, lorsque le sentiment authentique de la prise de refuge est né en votre être, les empêchements karmiques sont complètement épuisés, alors que par les simples mots de la prise de refuge ils diminuent.

Plus encore, si vous prenez refuge à tout moment, alors que vous marchez, bougez, êtes allongée ou assise, les empêchements karmiques seront totalement éliminés, alors qu’en prenant refuge seulement de temps en temps, ils ne feront que faiblir.

4. Vous profitez de grands bienfaits. Les bienfaits mondains d’une longue vie, d’une bonne santé, de la splendeur, d’une dignité majestueuse, de vastes richesses, etc. résultent de la prise de refuge. L’éveil insurpassable, au-delà du monde, résulte aussi de la prise de refuge.

5. Vous serez protégée contre les attaques des hommes et des non-hommes, ainsi que des obstacles de cette vie. Il est dit qu’aussitôt que l’authentique prise de refuge est née en votre être, vous ne pouvez plus être blessée par des obstacles humains dans cette vie, ni par des non-humains tels que les naga ou les esprits malins.

6. Tout ce que vous souhaiterez se réalisera. Lorsque la prise de refuge authentique est née en votre être, il est impossible que vous ne puissiez accomplir ce que vous voulez. En bref, il est dit que placer votre confiance en le refuge vous permet de recevoir tout ce que vous désirez, exactement comme lorsque l’on prie un joyau d’abondance.

7. Vous ne tomberez pas dans les mondes inférieurs, les mauvaises destinées ou les voies perverses. Les trois domaines inférieurs, ce sont les enfers, les états d’esprits avides et la condition animale. Les mauvaises destinées, ce sont, par exemple, celles des tribus primitives dépourvues de dharma. Les voies perverses, ce sont les philosophies non bouddhistes. Contre la chute dans ces domaines, il y a simplement la prise de refuge.

8. Le bienfait ultime est l’obtention rapide du véritable et complet éveil. A quoi bon mentionner d’autres bienfaits !

Il est dit dans les enseignements mahayana du vajrayana que l’on peut atteindre l’éveil en ce corps et en cette vie. Cela signifie, sans doute aucun, que vous atteindrez rapidement l’éveil. Mais il faut en terminer avec cette fausse idée qu’il est suffisant de prendre refuge une seule fois. Vous devez prendre refuge encore et encore, jour et nuit. C’est ainsi que vous atteindrez rapidement et définitivement l’éveil véritable et complet.

Maître Padma dit :

– Si vous vous exercez en la prise de refuge, vous n’avez pas besoin de pratiquer beaucoup d’autres enseignements. Il ne fait aucun doute que vous obtiendrez le fruit de l’éveil.

Noble dame Tsogyal demanda encore au maître :

– quelle est la pratique de prise de refuge ?

Le maître répondit :

– Voici comment s’appliquer à prendre refuge. En premier lieu, formulez cette intention :

« Je vais établir tous les êtres en l’éveil complet. Dans ce but, je vais développer les bienfaits et la connaissance primordiale, purifier les empêchements, et dissiper les obstacles. Dans ce but, je prends refuge dès maintenant et jusqu’à l’éveil. »

Ensuite, sans distraction, dites trois fois :

« En les suprêmes parmi les hommes, tous les bouddhas des dix directions, moi-même et l’infinitude des êtres prenons refuge, dès maintenant et jusqu’à l’éveil suprême.

En les enseignements du dharma des dix directions, la suprême parmi les paix, libre d’attachement, moi-même et tous les êtres prenons refuge, dès maintenant et jusqu’à l’éveil suprême.
En la suprême parmi toutes les assemblées, celle constituée des membres du noble sangha qui n’ont plus à revenir et qui résident dans les dix directions, moi-même et l’infinitude des êtres prenons refuge, dès maintenant et jusqu’à l’éveil suprême. »

Ensuite, répétez de nombreuses fois sans distraction :

« Je prends refuge en le Bouddha
Je prends refuge en le dharma
Je prends refuge en le sangha. »

Ensuite, faites trois fois cette prière :

« Trois joyaux, veuillez me protéger des craintes de cette vie. Veuillez me protéger des craintes des mondes inférieurs. Veuillez me protéger des voies perverses ! »

A la fin, dites :

« Grâce à ces racines vertueuses, puissé-je atteindre l’éveil pour aider les êtres ! »

Faites ainsi la dédicace.

Noble dame Tsogyal demanda au maître Padmakara :

– Comment prendre le vœu de refuge ?

Le maître répondit :

– On doit se prosterner devant un maître qui détient le vœu de refuge, circumambuler et se présenter à lui avec des fleurs, en disant :

« Maître, s’il vous plaît, écoutez-moi. Bouddhas et bodhisattvas des dix directions, s’il vous plaît, écoutez-moi. A partir de maintenant et jusqu’à l’éveil, je (on dit son nom) prends refuge en le suprême parmi les hommes, en les bouddhas vraiment parfaits.
Je prends refuge en les enseignements du mahayana, la suprême parmi les paix, dépourvue d’attachement.
Je prends refuge en la suprême des assemblées, le sangha des nobles bodhisattvas qui n’ont pas à revenir. »

A la troisième répétition, vous aurez reçu le vœu. Faites des prosternations et lancez des fleurs. Pratiquez ensuite les entraînements susdits et exercez-vous à prendre refuge.

C’était l’explication de la prise de refuge au sens extérieur avec ses applications.

Noble dame Tsogyal demanda au maître :

– Est-on protégé lorsqu’on a pris refuge ?

Le maître répondit :

– Quiconque pratique correctement les entraînements, en ayant pris refuge comme il est expliqué ici, sera définitivement sous la protection des Trois joyaux. Puisqu’il en est ainsi, si vous avez peur d’errer dans une fausse voie et priez de rencontrer une voie authentique, vous la rencontrerez certainement. Vous serez aussi définitivement protégée contre les dangers de cette vie.

Lorsque tous les bienfaits de la prise de refuge seront nés en vous, vous ne voudrez plus vous arrêter, mais voudrez accroître encore et encore les qualités nées en vous. Mettez à profit toutes les qualités qui s’épanouissent en votre esprit pour développer les bienfaits et la connaissance, et purifier les empêchements. Lors qu’un tel effort se développe, la pleine mesure de l’entraînement est obtenue.

Tous ceux qui n’ont pas d’inclination pour développer de profondes qualités comme la compréhension de la vacuité ou la présence du mandala des divinités en leur être, peuvent purifier leurs empêchements et obtenir des bienfaits simplement en prenant refuge.

Vous pouvez dire alors :  » si l’on est ainsi protégé par le refuge, à quoi sert l’apparition des bouddhas pour conduire tous les êtres ?  » La réponse est que les bouddhas ne peuvent sortir par la main tous les êtres du cycle des existences. S’ils le pouvaient, les bouddhas, avec leur grande compassion et leurs moyens habiles, auraient déjà libéré tous les êtres sans aucune exception.

Alors, pouvez-vous demander, par quoi est-on protégé ? La réponse est que l’on est protégé par la pratique du dharma.

Lorsque la prise de refuge est née en vous, vous n’avez plus besoin de pratiquer d’autres enseignements. Il est impossible que vous ne soyez pas protégée par la compassion des Trois joyaux. On est de même définitivement sans crainte lorsque l’on a une excellente escorte.

Ainsi, Maître Padma expliqua-t-il la prise de refuge au sens extérieur à la Noble dame Tso gyal.

La prise de refuge au sens intérieur

Le Corps d’émanation Maître Padmakara fut questionné par la Noble dame Tsogyal, la princesse de Khartchèn :

– En quels objets intérieurs prend-on refuge ? Quelle sorte de personne prend-elle refuge ? Quelle est la méthode pour prendre refuge ? Quel en est l’état d’esprit particulier et quelle en est la durée ? Quelles sont les circonstances particulières requises ? Quel en est le but, et quelles en sont les qualités ?

Le maître répondit :

– Concernant les objets de refuge, vous devez prendre refuge en le lama, les yidam et dakini.

La personne qui prend refuge doit être déjà entrée dans le vajrayana.

La méthode consiste à prendre refuge avec dévouement et respect du corps, de la parole et de l’esprit.

En ce qui concerne l’attitude spécifique du refuge, vous devez prendre refuge en considérant le lama comme le bouddha, en n’abandonnant pas le yidam fût-ce au péril de votre vie, et en faisant continuellement offrande aux dakini.

Considérant la durée, vous devez prendre refuge depuis le moment où vous avez engendré l’esprit d’éveil au cours de la cérémonie d’initiation jusqu’à avoir atteint l’état de détenteur du vajra.

Pour ce qui est des circonstances, vous devez prendre refuge en éprouvant de la dévotion envers le vajrayana.

Pour ce qui est du but et des bienfaits de la prise de refuge, elle vise à faire de vous un réceptacle adéquat pour le vajrayana et susceptible de recevoir d’extraordinaires bénédictions.

Noble dame Tsogyal demanda au maître :

– Dans cette prise intérieure de refuge, quels entraînements doit-on pratiquer ?

Le maître répondit :

– Il y a huit entraînements : trois spéciaux et cinq généraux. Les trois enseignements spéciaux sont les suivants :

1. Ayant pris refuge en le lama, vous ne devez pas être mal à l’aise envers lui, ni même avoir l’intention de le tourner en dérision.

2. Ayant pris refuge en le yidam, vous ne devez pas interrompre la méditation sur la forme du yidam ou sa récitation.

3. Ayant pris refuge en les dakini, vous ne devez pas faire de coupure dans le calendrier des jours d’offrandes.

Les cinq entraînements généraux sont les suivants :

1. Consacrez en nectar la première part de tout ce que vous mangez ou buvez. Faites-en offrande en imaginant le lama au-dessus de votre tête. Faites-en offrande en imaginant le yidam dans votre chakra du cœur et la dakini dans celui du nombril. Entraînez-vous à participer ainsi aux repas.

2. Dans quelque direction que vous alliez, suppliez les lama, yidam et dakini. Imaginez le lama au-dessus du sommet de votre tête. Imaginez-vous telle que le yidam et imaginez les dakini et les protecteurs du dharma comme votre escorte. C’est l’entraînement en marchant.

3. Même au prix de votre vie ou de vos jambes, entraînez-vous à considérer le lama comme étant aussi précieux que votre cœur, le yidam aussi précieux que vos yeux, et la dakini aussi précieuse que votre corps.

4. Quoi qu’il advienne, maladies, problèmes ou bien-être, joie ou tristesse, vous devez vous entraîner à supplier le lama, à faire des offrandes aux yidam, à donner fêtes et offrandes rituelles aux dakini. D’autre part, ne poursuivez pas les autres pratiques comme la divination ou les rituels chamaniques.

5. Vous souvenant des qualités des lama, yidam et dakini, prenez refuge encore et encore. Lorsque vous prenez refuge en le lama, les obstacles sont écartés. Si vous prenez refuge en les yidam, son corps d’arc-en-ciel sera atteint. Si vous prenez refuge en les dakini, vous recevrez les accomplissements.

Noble dame Tsogyal demanda au Maître Padma :

– De quelles qualités cette prise de refuge intérieure est-elle dotée ?

Le maître Padma répliqua :

– En prenant refuge en le lama, vous êtes protégée contre les chaînes de l’esprit conceptuel. Les entraves de l’ignorance et de la stupidité sont écartées. Le développement de la connaissance primordiale est parachevé, et vous recevrez l’accomplissement de la réalisation spontanée. En prenant refuge en les yidam, vous êtes protégée contre les perceptions ordinaires ; la connaissance primordiale se développera, et l’accomplissement de mahamudra sera atteint. En prenant refuge en les dakini, vous êtes protégée contre les obstacles et les mauvais esprits. L’empêchement des misérables fantômes affamés est évacué, le non-attachement et la liberté par rapport aux fixations sont parachevés, et l’accomplissement du corps d’expérience parfaite sera atteint.

Noble dame Tsogyal demanda au maître Padma :

– Quelle est la pratique de prise intérieure de refuge elle-même ?

Le maître répondit :

– Vous devez d’abord faire naître l’aspiration à l’éveil insurpassable. Ensuite, visualisez les lama, yidam et dakini sur des sièges de soleil, de lune et de lotus dans le ciel devant vous, et répétez trois fois :

« Racine de la lignée, seigneur lama,
Source des accomplissements, divinité yidam,
Celle qui octroie une félicité excellente, dakini,
Je rends hommage aux trois racines. »

Après cela, tournez votre esprit sans distraction vers le lama, les yidam et les dakini, et récitez répétitivement :

« Je prends refuge en les lama, yidam et dakini. »

Ensuite, suppliez ainsi :

« Tous les lamas, yidam, et dakini, accordez, je vous prie, l’influence spirituelle de votre corps, de votre parole et de votre esprit ! Donnez-moi, je vous prie, les initiations ; accordez-moi, je vous prie, les accomplissements ordinaires et suprêmes ! Je vous prie : répandez votre gentillesse sur moi, votre enfant dévouée ! »

Après cela, dissolvez le lama au sommet de votre tête, le yidam en votre chakra du cœur, et la dakini en celui du nombril.

Noble dame Tsogyal demanda au maître :

– Quelle est la méthode pour prendre le vœu de refuge intérieur ?

Le maître répondit :

– La cérémonie de la première prise de refuge est celle-ci. Il est important d’avoir reçu une initiation. Obtenir l’initiation, en soi, est recevoir le refuge. Si vous prenez refuge sans recevoir d’initiation, alors prosternez-vous devant le lama, circumambulez, présentez-vous à lui avec des fleurs, et dites :

« Maître, je vous prie, écoutez-moi. Assemblée des divinités yidam, rassemblement des divinités des mandala, dakini, et entourage, je vous prie, écoutez-moi. Depuis ce moment présent jusqu’à atteindre le suprême niveau de détenteur de la connaissance de mahamudra, je (on dit son nom) prends refuge en la racine de la lignée, tous les lamas saints et sublimes. Je prends refuge en la source des accomplissements, toutes les assemblées de divinités yidam. Je prends refuge en celles qui accordent la félicité excellente, toutes les dakini. »

Le vœu de refuge est obtenu lorsque ceci a été répété trois fois.

Ceci était la cérémonie de prise de vœu. J’ai expliqué le refuge intérieur.

Prendre refuge au sens secret

Noble dame Tsogyal, la princesse de Khartchèn, demanda au maître :

– Dans cette prise de refuge secrète, en quels objets intérieurs prend-on refuge ? Quelle sorte de personne prend refuge ? Quelle est la méthode pour prendre refuge ? Quel en est l’état d’esprit particulier et quelle en est la durée ? Quelles sont les circonstances particulières requises ? Quel en est le but, et quelles en sont les qualités ?

Le maître répondit :

– Pour ce qui est des objets de cette prise de refuge secrète, vous devez prendre refuge en la vue, la méditation et l’action.

La personne qui prend ce refuge est pourvue de facultés supérieures et désireuse d’atteindre l’éveil.

Pour la manière, ou la méthode, vous prenez refuge au moyen de la vue, de la méditation, de l’action et du fruit. C’est-à-dire que vous prenez refuge avec la vue pourvue de confiance, avec la méditation pourvue d’expérience, et avec l’action pourvue d’équanimité.

Pour l’état d’esprit particulier, une vue libre de passions signifie ne rien désirer d’autre qu’atteindre la bouddhéité ou sortir du cycle des existences. Une méditation libre de fixation sur le matérialisme et se gardant de tout parti pris ne peut être décrite par quelque terme ordinaire que ce soit. Une conduite libre d’acceptation et de rejet ne tombe dans aucune catégorie que ce soit.

Le laps de temps requis est celui qui est nécessaire pour atteindre l’éveil.

La circonstance est de prendre refuge sans désirer une renaissance ultérieure.

Le but ou la qualité est d’obtenir l’éveil complet en cette vie-ci.

Noble dame Tsogyal demanda :

– En ce qui concerne le moyen secret de prendre refuge, quels sont les entraînements à pratiquer ?

Maître Padma répondit :

– D’abord il y a les trois entraînements spéciaux :

1. A propos de la vue fondée sur la réalisation : vous devez vous entraîner à gagner la certitude qu’il n’y a nulle part une bouddhéité à atteindre, puisque tous les êtres et les bouddhas ont le même fondement. Vous devez vous entraîner à gagner la conviction qu’apparences et vacuité sont inséparables, en réalisant que les apparences et l’esprit sont sans différence.

2. Quant à l’entraînement à la méditation fondée sur l’expérience : ne placez pas votre esprit regardant vers l’extérieur, ne le concentrez pas à l’intérieur, mais entraînez-vous à le laisser reposer naturellement, librement, et sans recherche de référence.

3. Pour ce qui est de l’action : l’entraînement est une expérience ininterrompue. Bien qu’à tous les moments : en marchant, se promenant, en étant allongée ou assise, il n’y ait rien à méditer, entraînez-vous à rester sans distraction serait-ce un seul instant.

Voici quels sont les sept entraînements généraux :

1. N’abandonnez pas votre maître, même si c’est pour que votre esprit devienne bouddha.

2. Ne coupez pas les racines conditionnées de la vertu, même si vous réalisez que les apparences sont esprit.

3. Évitez même le plus petit acte négatif, même si vous ne craignez pas les enfers.

4. Ne dénigrez aucun enseignement, même si vous n’avez aucun espoir d’éveil.

5. Ne soyez ni vaniteuse ni fanfaronne, même si vous atteignez des états d’absorption supérieurs.

6. Ne cessez pas d’éprouver de la compassion pour les êtres, même si vous comprenez que vous et autrui n’êtes pas deux.

7. Entraînez-vous en pratiquant dans des lieux solitaires, même si vous réalisez que le cycle des existences et le nirvana ne sont pas deux.

Noble dame Tsogyal demanda au Corps d’émanation Maître :

– A propos du moyen secret de prendre refuge, de quelle façon protège-t-il et de quels bienfaits est-il doté ?

Maître Padma répondit :

– Ayant pris refuge en la vue, vous être protégée à la fois de l’éternalisme et du nihilisme. Les liens que sont les vues erronées et les fixations sont écartés, le dharmata lumineux est parfait, et les accomplissements incessants du corps, de la parole et de l’esprit seront atteints.

Si l’on a pris refuge en la méditation, la vue protègera aussi la méditation. Les obstacles créés par les fixations profondes et les tendances habituelles sont écartés, l’unité non dualiste est développée, et les accomplissements que sont la confiance et la libération primordiale seront atteints.

Ayant pris refuge en l’action, vous êtes protégée contre les conduites incorrectes et les vues du nihilisme. Les obstacles de l’hypocrisie et de la folie sont dissipés, et l’accomplissement qui transmue chaque expérience en réalisation sera atteint.

Noble dame Tsogyal demanda au Maître Padma :

– Quelle est la pratique même de la prise de refuge au sens secret ?

Le maître répondit :

– La vue, naturellement à l’aise, doit être libre de passion et sans partialité ni vues extrêmes.

La méditation doit être libre de fixation sur la matérialité et les points de référence. Elle ne peut être exprimée par quelque mot que ce soit.

Ne fixez donc pas votre esprit sur l’extérieur, ne le focalisez pas sur l’intérieur, restez en l’état naturel, libre de toute référence.

Restez sans distraction en l’état d’expérience incessante, tout en mangeant, vous promenant, étant allongée ou assise.

Les sentiments de plénitude ou d’exaltation, l’appréhension de la vacuité, de la félicité ou de la clarté, sont des expériences temporaires. Elles ne devraient pas être vues comme merveilleuses.

Lorsque vous constatez que votre esprit est agité, obscur, ou somnolent, profitez de cette situation pour vous entraîner. Rien de ce qui peut advenir alors ne doit être mal pris.

Noble dame Tsogyal demanda :

– Quelle est la méthode pour prendre ce vœu de refuge secret ?

Le maître répondit :

– Prosternez-vous devant le lama, effectuez des circumambulations, présentez vous à lui avec des fleurs. Le disciple doit prendre la posture, jambes croisées, et avec compassion faire vœu de cultiver l’esprit d’éveil pour son bien et celui d’autrui.

Ensuite, dirigeant votre regard fermement vers le ciel, sans ciller, laissez votre conscience — vive, éveillée, brillante, et omnipénétrante — libre de la fixation sur celui qui perçoit et ce qui est perçu. Ceci même est la vue fondée sur la confiance, la méditation fondée sur l’expérience, et l’action fondée sur le compagnonnage ! Notez bien ceci et méditez comme on l’a indiqué ci-dessus.

C’était l’explication de la manière de prendre le refuge secret.

Le Corps d’émanation Maître Padma dit :

– Telles sont mes instructions en lesquelles les enseignements extérieurs, intérieurs et secrets, les vues élevées et inférieures, et les véhicules du mantra et de la philosophie sont condensés en une seule racine : la manière de prendre le refuge aux sens extérieur, intérieur et secret.

Si vous vous y conformez, vous vous tournerez vers la pratique du dharma, votre pratique du dharma deviendra la voie, et votre voie fructifiera. Princesse de Khartchèn, c’est ainsi que vous devez comprendre.

Ceci termine les enseignements sur la pratique de la prise de refuge comme voie.

(1)Voir le passage concernant les trois corps de bouddha dans le texte de Lama Denis Teundroup de ce dossier

Ce texte est extrait de Dakini teachings, Padmasambhava’s oral instructions to Lady Tsogyal, instructions recueillies par Yeshe Tsogyal et traduites du tibétain par Erik Pema Kunzang. © 1990 Erik Hein Schmidt. Traduit en français et reproduit par la revue Dharma avec l’aimable autorisation de Shambhala Publications, Inc., 300 Massachussetts Ave., Boston, MA 02115.

 

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