La télévision

Bokar Rinpotché

    1. Offrande
    2. Compassion
    3. Impermanence
    4. L’absence de réalité des apparences
    5. Regarder son propre esprit

De nos jours, en Occident, la plupart des gens passent beaucoup de temps devant la télévision. Ne la regarder qu’à l’occasion n’est pas très nuisible. Par contre, lui consacrer de nombreuses heures est néfaste de plusieurs points de vue :

— D’une part, c’est beaucoup de temps perdu. Deux heures passées à regarder la télévision, ce sont deux heures qu’on aurait pu consacrer à la pratique du dharma, et donc engranger un grand potentiel positif. Ou bien encore ce sont deux heures au cours desquelles on aurait pu s’occuper utilement. Ou bien même ce sont deux heures pendant lesquelles on aurait pu se reposer : mieux vaut dormir et être en paix plutôt que de perdre son temps devant le récepteur.

— D’autre part, la télévision nuit à notre esprit. Nous sommes déjà, de manière habituelle, habités d’une multitude de pensées. Nourrir notre esprit de toutes sortes de nouvelles et de fantaisie ne fera qu’augmenter le flot de nos pensées, et ne nous donnera ni la paix, ni le bonheur.

Pour nous qui pratiquons le dharma, le mieux est de ne pas regarder la télévision, ou, tout au moins, de ne lui accorder que très peu de temps.

Lorsque, néanmoins, il nous arrive de regarder la télévision, faisons-le avec beaucoup de mesure et tâchons de nous en servir comme support de pratique en appliquant les méthodes suivantes :

Offrande

Lorsque l’on voit à la télévision de nombreux paysages, des fleurs, la montagne, la mer, toutes sortes de belles choses, on pense qu’on les offre aux Trois joyaux et à son maître spirituel.

Compassion

Lorsqu’on voit le spectacle de la souffrance, la guerre, la maladie, les querelles, la mort, on pense : “Les êtres souffrent de multiples manières. Puissent-ils tous être libérés de la souffrance et obtenir l’éveil”.

Impermanence

La télévision nous montre les changements qui interviennent dans notre monde, des situations qui s’améliorent et se détériorent successivement. On pense que tous les phénomènes du samsara sont ainsi transitoires et changeants ; bonne ou mauvaise, toute chose se modifie.

En fait, le véritable spectacle, c’est le monde lui-même. La télévision ne nous en offre qu’un modèle réduit, une copie miniature. Il faut savoir appliquer au monde entier les quelques exemples qu’elle nous donne, réfléchir à partir d’eux pour comprendre leur université.

L’absence de réalité des apparences

Ce qui apparaît sur l’écran de télévision présente un certain degré de réalité : on y voit des choses variées, des gens qui agissent, parlent, réfléchissent. En fait, ce n’est qu’un semblant de réalité : en dehors des apparences sur l’écran, il n’y a pas d’hommes, pas d’actions, pas de paroles, pas de pensées. Tous les phénomènes sont de cette même nature, de simples apparences dépourvues de réalité propre, semblables à un rêve.

Regarder son propre esprit

On prend conscience, par moments, que la télévision est l’objet connu par le sujet qu’est notre propre esprit. On tourne alors l’esprit vers lui-même et on le laisse détendu et en paix.

A condition que nous regardions peu la télévision et utilisions ces méthodes, elle ne peut plus guère nous nuire, mais à cette condition seulement.

© Claire Lumière, 1998. Extrait de La journée du pratiquant, reproduit avec l’aimable autorisation de l’éditeur. (Mas de Vinsargues 13116 Cazan)

 

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