Notre responsabilité dans l’environnement

Vénérable docteur Rewata Dhamma

    1. Notre responsabilité

La perspective bouddhique de l’environnement est une relation individuelle avec le monde naturel. Il nous faut voir comment vivent les choses et comment sont-elles reliées entre elles.

Le concept d’environnement couvre exactement tout ce qui est associé avec l’organisme, et inclut les autres organismes et la part non vivante du monde dans lequel la vie se produit. « Environnement » a ici, approximativement, le même sens que « entourage ». Dans des pays industriels, la pollution provenant des industries et de l’agriculture est néfaste aux gens et à leur environnement ; de sorte qu’aujourd’hui on parle de crise de l’environnement.

Nous avons participé à la constitution de l’environnement, c’est le nom du produit naturel qui a évolué et s’est développé pendant des temps innombrables et sous l’action de causes inconcevables. De plus, le monde naturel lui-même est conditionné par des causes incommensurables dans un passé indéfini ; il y a ainsi un processus d’évolution. Cette évolution, qu’elle soit ou non reconnue, se produit constamment. La perspective bouddhique de l’environnement est une relation individuelle avec le monde naturel et notre transformation du monde. Nous voulons voir comment vivent les choses, et comment elles sont reliées entre elles. C’est dans ce contexte que le bouddhisme expose l’ensemble des choses selon leurs interconnexions. Dans l’enseignement de l’origination en interdépendance, rien n’est créé et rien n’existe en dehors du flux d’interrelations : les choses n’existent pas indépendamment les unes des autres. Ce flux n’est pas un processus statique, mais un mouvement dynamique avec un potentiel illimité dans l’univers illimité.

Notre responsabilité

Le mot environnement peut se référer aux êtres humains et au monde naturel extérieur. Parmi les êtres vivants, la vie humaine est la plus précieuse et porte aussi la responsabilité la plus grande, celle de préserver l’harmonie, non seulement dans la société humaine mais aussi pour tous les êtres évoluant dans leur monde naturel. Lorsque nous parlons de la crise de l’environnement, nous ne pensons pas seulement à la pollution et à d’autres changements dans l’environnement naturel, mais aussi aux changements dans la société humaine.

Il est un proverbe birman qui dit :

« Lorsque vous vivez avec des pêcheurs, devenez pêcheur ; et lorsque vous vivez avec des chasseurs, devenez chasseur. »

Cela signifie que notre éthique et notre état d’esprit sont très influencés par notre société. Le bouddhisme nous invite à vivre en harmonie avec les autres êtres vivants, à éprouver générosité et compassion envers tous les êtres vivants. C’est un moyen pour établir une société harmonieuse. Si nous laissons se développer avidité, aversion et illusions, nous transmettons ces énergies non seulement aux autres êtres vivants mais encore à la planète où nous vivons. Si nous voulons établir une société meilleure et plus harmonieuse, nous devons d’abord prendre le chemin de l’éveil. Ce chemin demande d’écarter l’avidité, l’aversion et la sottise. Aussi longtemps que nous sommes dans ces états mentaux, la société ne peut évoluer harmonieusement. Tout ce que nous voyons de nos jours, la violence et les crimes dans la société humaine, est dû à ces perturbations mentales. Les enseignements du Bouddha ne sont pas faits pour plaire à une divinité ou à un super-être mais sont la voie de la purification de l’esprit humain. Si l’état mental de la société humaine est malsain, il affectera alors l’environnement naturel. Comme dit le Bouddha, l’univers entier est un faisceau d’interdépendances. Aussi, ne devrions-nous pas détruire notre environnement naturel pour rien. Le Bouddha mentionna souvent sa gratitude pour les arbres et les plantes. Après son éveil sous l’arbre de la bodhi, il resta sept jours à observer l’arbre sous lequel il fut éveillé.

Le monde naturel est le support du développement spirituel de l’être humain ; il fait partie de notre vie. Pour tout, nous dépendons de notre environnement, nous ne pouvons exister sans lui. Si nous le détruisons, cela signifie que nous détruisons notre propre maison ou notre propre planète. Nous devrions non seulement prendre soin de notre développement mental mais aussi préserver le monde naturel.

Ainsi, chaque personne se doit de cultiver l’environnement et la société humaine. Toute situation que nous expérimentons maintenant est un résultat de notre propre karma. Toutes les sortes d’actions ont des conséquences qui dépassent de beaucoup celles que nous pouvons facilement comprendre. Tous les changements de l’environnement, bons ou mauvais, sont aussi produits de notre karma. Nous devrions donc être concernés, développer des karmas favorables, de façon à tracer notre chemin spirituel et à améliorer notre environnement.

Ce texte est extrait du numéro de février 1991 de la revue Middle Way, publiée par The Buddhist Society (58, Eccleston square, London SW1V 1PH), que nous remercions pour cette aimable autorisation de reproduction.

 

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