Le dialogue interreligieux monastique

Révérend Père Bernard de Give

Bernard de Give est très actif dans le domaine du dialogue interreligieux et les personnes qui ont pu profiter de sa participation à diverses rencontres:à Karma Ling ont toujours apprécié son ouverture d’esprit, son humour, sa gentillesse, et aussi son érudition et sa grande connaissance de sa propre tradition.

Après l’étude sur le non-moi du christianisme qu’if nous a proposée précédemment, -voici maintenant un bref historique du dialogue interreligieux monastique, principalement depuis Vatican II, puis un récit de voyage. Ce voyage, qu’il nous a relaté en détail, témoigne de sa simplicité et de son dynamisme… malgré son grand âge. Nous lui sommes très reconnaissant de nous avoir communiqué ces textes, accompagnés de nombreuses photographies ; malheureusement, en raison des impératifs éditoriaux de la revue, nous ne pouvons en publier qu’une petite partie

Il serait prétentieux de majorer le rôle des moines dans le mouvement qui, depuis une trentaine d’années, rapproche le christianisme, et en particulier l’Église catholique, des grandes religions orientales. Mais il serait objectivement injuste d’oublier la part considérable que moines et moniales prennent dans ces efforts de compréhension mutuelle. Pour faire bref, on se contentera de rappeler quelques points de repère.

Lors du congrès des abbés de l’Ordre de saint Benoît, à Rome en 1959, le Père abbé Cornélius Tholens, fondateur du monastère de Slangenburg aux Pays-Bas, émit le vœu de créer un Secrétariat de l’Ordre pour l’implantation dans les pays de mission. C’est ce qu’on désigna par le sigle A.I.M., qui se lisait alors Aide à l’Implantation Monastique, par la suite Aide Inter-Monastères, et plus récemment, en Amérique, Alliance for International Monasticism. Dom Théodore Ghesquière, abbé de Saint-André à Loppem, près de Bruges, contribua efficacement à la réalisation de ce projet. Le secrétariat général de l’A.I.M. fut confié au Père abbé Robert de Floris, qui eut bientôt l’aide de Sœur Pia Valeri, du monastère de Béthanie, Loppem. Le but de l’A.I.M. était de contribuer à l’implantation et au développement des monastères dans les pays du Tiers Monde. Il n’était pas, au premier chef, constitué en vue du dialogue interreligieux.

Cependant, les organisateurs ne tardèrent pas à se montrer attentifs à la situation de tant de fondations, notamment en Asie, dont tout l’entourage est la sphère d’influence de l’hindouisme et du bouddhisme, pour ne rien dire ici de l’islam. L’importance du monachisme dans le dialogue avec les religions non chrétiennes est bien mise en relief dans une lettre que le cardinal Serge Pignedoli envoyait à l’Abbé primat Dom Weakland le 12 juin 1974 : « Historiquement, le moine est la figure la plus représentative de /’homo religiosus de tous les temps et, comme tel, il représente un point d’attraction et de référence pour les chrétiens et les non-chrétiens. La présence du monachisme au sein de l’Église catholique est déjà, en elle-même, comme un pont jeté vers toutes les religions. Si nous devions nous présenter à l’hindouisme et au bouddhisme, pour ne pas parler des autres religions, sans l’expérience monastique, nous serions difficilement considérés comme des hommes religieux (1) ». Ce message confirma les responsables de l’A.I.M. dans leur orientation. Ils s’étaient donné beaucoup de peine pour réunir des collaborateurs compétents qui, se rencontrant avec les supérieurs d’Asie, étudieraient les rapports souhaitables avec les grandes religions non chrétiennes. Ceci donna lieu aux importants congrès de Bangkok (1968), marqué par la mort accidentelle de Thomas Merton, et surtout de Bangalore (1973), où l’on eut l’avantage d’avoir comme interlocuteurs des représentants qualifiés des principales traditions asiatiques (2). Un autre congrès, sur le thème de la pauvreté, eut lieu à Kandy (Sri Lanka) en 1980.

Le temps était venu de donner une structure officielle aux initiatives en ce domaine. C’est ainsi que vit le jour, au début de 1978, une sous-commission de l’A.I.M., désormais connue sous le nom de D.I.M., Dialogue Interreligieux Monastique. Une branche d’Amérique du Nord (États-Unis et Canada) s’intitula N.A.B.E.W.D. (North American Board for East-West Dialogue). Récemment, pour mieux marquer son caractère monastique, on l’a nommée Monastic Interfaith Dialogue. C’est aussi l’appellation que la Grande-Bretagne préfère au mot D.I.M., qui sonne mal en anglais. Ce n’est pas le lieu de détailler les activités de ces groupes, qui se subdivisent en commissions régionales (France, Belgique, Allemagne, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Suisse romande, Péninsule ibérique, Italie…).

Chacun de ces groupes réfléchit aux aspects doctrinaux du dialogue, tâche d’établir des contacts et d’assurer des publications (bulletins et articles en diverses revues). Bien qu’on ait occasionnellement recours à des compétences non monastiques, le D.I.M. est constitué de moines et moniales au sens strict : Bénédictins, Trappistes, Camaldules. Une modification récente des structures (1993) vise à donner une plus large autonomie au D.I.M. (ou M.I.D.) qui ne sera plus une sous-commission de l’A.I.M., mais dont le secrétaire général dépendra directement du Père Abbé primat de l’Ordre de saint Benoît et de l’Abbé général des Trappistes. Le détenteur actuel de ce poste est le Père Pierre de Béthune, prieur de Clerlande en Belgique. Nous tâchons de sensibiliser nos monastères à cette ouverture « œcuménique » vers les monachismes des traditions non chrétiennes. Ce qui y contribue, c’est ce mouvement d’échange de moines qui se développe avec tant de fruits depuis quelques années. L’un de ces projets, sous le titre de Intermonastic Hospitality Program, concerne les séjours de moines et moniales tibétains en Amérique du Nord, tandis que moines et moniales des États-Unis et du Canada vont, en retour, les visiter en Inde. Par ailleurs, sous le titre d’Échanges spirituels, des séjours d’un genre un peu différent sont organisés entre moines d’Europe et moines Zen du Japon (3).

Nous partageons la conviction du Père Le Saux (Abnishiktânanda) :

« Si tous vivent au fond d’eux-mêmes, aussi intimement conscients qu’ils le peuvent de l’Esprit qui est en eux – quel que soit le nom ou la forme sous lesquels il se fait connaître – une merveilleuse communication s’établit entre eux, au-delà des mots, au niveau de l’Esprit – et par le milieu qu’est l’Esprit… C’est une pareille communion de vie et découverte de l’Esprit l’un en l’autre qui donne son élan au mouvement œcuménique, et à ses pionniers l’audace d’aller de l’avant en prenant des initiatives prophétiques (4). »

UN GRAND ECHANGE SPIRITUEL

Moines chrétiens et moines bouddhistes se rencontrent en Inde

Dharamsala – Asirvanam, 15-29 novembre 1992

L’Esprit du Seigneur emplit l’univers. Et s’il anime la vie intérieure des es religions, il pousse aussi les uns vers les autres ceux qui, par leur vie monastique, aspirent à réaliser l’idéal de leur tradition spirituelle.

Depuis une quinzaine d’années on assiste donc à un rapprochement, un intérêt réciproque, voire une amitié, entre moines catholiques et moines tibétains. On peut rappeler à ce propos les rencontres organisées sous le litre d’échanges spirituels entre nos moines de divers pays d’Europe et les différentes branches du bouddhisme Zen au Japon (5).

Jusqu’ici de pareils échanges n’eurent pas lieu à cette échelle entre nos monastères européens et ceux des Tibétains en Inde. Seulement à titre presque individuel, qu’il soit permis de rappeler mes propres contacts depuis 1979 (6).

Deux bénédictins anglais, dom Aldhelm Cameron-Brown, abbé de Prinknash, et le Père Francis Baird, firent en 1988, sous l’égide du D.I.M., le tour de quarante-huit monastères tibétains à travers l’Inde (7).

Il faut signaler également l’intermonastic Hospitality Program qui, organisé par le N.A.B.E.W.D. (North American Board for East-West Dialogue), invita à plusieurs reprises aux États-Unis et au Canada des moines et des moniales du Tibet exilés en Inde tandis qu’en retour un bon nombre de moines et moniales d’Amérique du Nord partaient visiter des monastères tibétains. Ces échanges qui débutèrent en 1982 en sont, dix ans après, à leur cinquième phase, qui vient de se terminer (8). Mais l’on peut dire que l’expérience que nous décrirons ci-dessous est une première dans l’histoire du dialogue intermonastique. Il ne s’agissait plus de simples visites, mais d’un dialogue officiellement organisé entre des représentants des diverses branches du monachisme tibétain masculin et féminin et des moines et moniales catholiques de l’Inde et de l’Europe. C’était aussi la première fois que les monastères de l’Inde s’engageaient ainsi en corps dans ce dialogue et l’accueil extrêmement généreux de nos frères et sœurs du monachisme tibétain permit des échanges d’une rare qualité. Cette rencontre a été fortement encouragée par le Conseil pontifical pour le dialogue entre les religions et par Mgr Patrick D’Souza, évêque de Varanasi et président pour le dialogue interreligieux de la Conférence épiscopale de l’Inde. L’Union des supérieurs bénédictins de l’Inde a pris en mains et confié au Père Cletus, moine d’Asirvanam, l’organisation pratique de la rencontre ; celle-ci fut assumée du côté européen par le Père Mayeul de Dreuille, assistant de l’Abbé Président de la Congrégation de Subiaco.

Il y a trois ans, Taï Sitou Rinpoché, un des quatre régents de l’Ordre Karma-Kagyu, abbé de Palpung au Tibet oriental, faisait en Italie un pèlerinage pour une paix active. À la tête d’une dizaine de lamas, il fut reçu plusieurs jours à Camaldoli, visita Assise et fut accueilli à Rome par Sa Sainteté le Pape (9). À l’issue de cette rencontre, il invita les moines chrétiens à venir eux-mêmes le visiter en Inde. C’est l’origine de notre session en novembre 1992. Nous étions cinq à venir d’Europe : le Père Francis Baird de Prinknash, le Frère Maximilien de la Pierre-qui-Vire, Suédois, docteur en médecine qui aida plusieurs mois Mère Teresa à Calcutta, l’abbé Henry Eikhlein, de Birmanie, séjournant à l’abbaye de Bellefontaine, Sœur Marie-André Houdart, bibliothécaire de la Faculté de Théologie de Louvain-la-Neuve, et le Père Bernard de Give, de l’abbaye de Scourmont. De Rome partaient dom Mayeul de Dreuille et le chanoine Francis Tiso, Américain de naissance, se consacrant à un ministère à Isernia, en Italie ; c’est un des bons connaisseurs du bouddhisme tibétain ; il a défendu une thèse à Columbia University sur la biographie de Milarépa. De l’Inde elle-même, venaient sept moines et cinq moniales de la Fédération bénédictine.

JOUR D’ARRIVÉE A ASIRVANAM

Mardi 24 novembre

La température est estivale, il fait assez chaud l’après-midi. Il y a des renards dans les environs et des chacals qu’on entend parfois crier la nuit. L’Inde a des fruits succulents. Nous sommes allés voir, à quelques kilomètres d’ici, le banyan-tree, qui est le second de l’Inde, le premier se trouvant à Calcutta. Celui-ci couvre de ses rejetons trois acres (1,2 ha) l’arbre-mère étant mort. Il constitue maintenant tout un bois, avec ses troncs, ses branches verticales rejoignant la terre. C’est le séjour d’une colonie de petits singes, gracieux et plutôt timides.

Vers midi est arrivé le Père Bede Griffiths. Tous les autres participants sont là dans la soirée et soupent avec nous au monastère, les sœurs et les moniales dans un réfectoire de l’hôtellerie. Le Père Tiso revient de Vrindâvan, sur la Yamunâ, aux environs de Mathurâ, lieu par excellence des souvenirs du jeune Krishna. Vient participer à la réunion une jeune Flamande, Ria Weyens, qui, étant oblate du monastère de Soleilmont, collabora avec Sœur Isabelle à l’implantation des trappistines au Kerala. Nous sommes heureux de voir parmi nous le Père Albert Nambiaparambil, secrétaire pour le Dialogue interreligieux à la Conférence épiscopale de l’Inde. On fait connaissance avec les moines tibétains qui arrivent. Outre les huit personnes venues d’Europe par divers aéroports (Fiumicino, Gatwick, Roissy), onze moines et six moniales catholiques participèrent à la session, représentant les communautés bénédictines de l’Inde. Quatre moines d’Asirvanam prenaient part à tous nos échanges ; pour la liturgie, évidemment, la communauté est au complet. Du côté tibétain, il y avait neuf moines et sept moniales de diverses traditions : Gelugpa, Sakyapa, Kagyupa, Nyingmapa, et même Bônpo. Parmi eux se trouvaient de véritables érudits. Mais la plupart ont de la peine à s’exprimer en anglais. La même remarque vaut pour les moniales, sauf pour deux brillantes exceptions.

PREMIER JOUR DE LA SESSION

Mercredi 25 novembre

La grand-messe solennelle est présidée par Monseigneur Alphonse Mathias, archevêque de Bangalore et président de la Conférence Épiscopale Indienne. Il a soin d’expliquer brièvement, à l’intention des moines et moniales bouddhistes, le sens de chacune des parties de la messe. Cela est fait avec des termes simples et prenants, un modèle du genre. À l’offertoire, la procession apportant les offrandes de fleurs et de fruits est émouvante, moines et moniales du Tibet étant dans le cortège et apportant leurs dons, symbole d’un avenir de confluence parfaite. Reges Tharsis et insulae munera afférent. Reges Arabum et Saba dona adducent. Omnes génies servient ei. Lors du thé qui suivit, l’archevêque, de haute stature, assis au milieu des robes brunes, répondit aux nombreuses questions posées avec intérêt sur la messe. Il dut aussi s’employer à leur faire comprendre pourquoi ils n’avaient pas été admis à recevoir la communion avec les autres. Monseigneur a le tact de ne point brandir des interdictions canoniques, mais de se tourner vers des comparaisons tirées de la psychologie sociale : « De même qu’on peut recevoir avec courtoisie les hôtes d’un jour, mais qu’on ne peut les introduire au cœur même du foyer comme on fait pour des amis intimes ou les membres de la famille… » Tout ceci ne semble pas convaincre ses auditeurs. Il me paraît qu’on aurait pu, sans heurter personne, les renvoyer à leurs propres usages. Va-t-on dans le Vajrayâna admettre d’emblée à telle haute initiation n’importe quel amateur, sans l’avoir fait passer par la prise de refuge, les pratiques préliminaires et une initiation appropriée (ouang) ? On retrouve d’ailleurs des exigences du même ordre dans toutes les grandes voies traditionnelles.

Séance d’ouverture

Le Père Varkey, supérieur d’Asirvanam, remercie les Tibétains pour leur accueil généreux à Dharamsala. Le Père Mayeul, qui a organisé la session, en annonce le programme. Le premier conférencier est le Père Bede Griffiths. On sait que le Dzogchèn est la visée finale, l’expérience ultime selon les Nyingmapa. Il se réclame de Gourou Rinpoché. Loin d’en faire l’apanage de leur école, les Nyingmapa eux-mêmes le considèrent comme une expérience profonde qui déborde le cadre des sectes particulières. Thomas Merton avait déjà remarqué, selon Lobsang Yéshi, « la coïncidence entre ce Dzogchèn et la contemplation chrétienne ». Le Père Bede se situe dans la même ligne. Il y voit « a direct transmission of Suprême Wisdom » et s’emploie à en montrer l’accord avec la tradition mystique du christianisme. Mais aussi, comme on le découvre actuellement, avec les perspectives de la science moderne qui voit dans l’univers et dans le corps humain, non une fragmentation d’êtres matériels séparés mais un complexe d’énergies.

Lobsang Yéshi Rinpoché nous parla à 16h 30 et assumera désormais le rôle de modérateur des débats, ce qu’il fera avec beaucoup d’intelligence et de tact. Ayant été à l’école chez des prêtres catholiques à Calcutta, il manifeste une réelle ouverture à nos doctrines. Le directeur du Sakya Centre de Dehra Dun est Jamyang Lékshé. Il montre que la pauvreté, littérale chez Milarépa, ne se trouve pas dans les monastères. La chasteté, comme partie de la moralité, est « la prunelle de l’œil » de Bouddha. On doit obéissance aux règles, toute infraction étant punie par des coups. Pas de purgatoire en bouddhisme tibétain : le bardo est une attente, pour le choix d’une autre route. L’enfer est simplement « a mental expérience ».

DEUXIÈME JOURNÉE

Jeudi 26 novembre

Le Père John Kurichianil, ancien supérieur d’Asirvanam, est à la tête d’une fondation florissante de rite syro-malabar au Kerala : St. Thomas Bénédictine Monastery (10) C’est un bon exégète. Il nous fait un exposé sur le thème : « La compassion de Dieu dans l’Ancien testament. La révélation du Dieu de compassion dans le ministère de Jésus ». Nous ne songeons pas à mettre en doute la compétence du conférencier, citant avec soin chapitres et versets. Mais quelque chose nous mettait mal à l’aise. Supposez qu’un bouddhiste tombe sur certaines pages de la Bible, il se peut qu’il y remarque des récits qui le choquent. Lui qui se ferait un scrupule de tuer un moustique, le voilà dans un épisode où, sur l’ordre de Yahvé, Israël se livre au massacre de populations cananéennes. Aussi, le Père Bede Griffilhs eut-il la franchise de faire remarquer que le Dieu de l’Ancien Testament n’était pas seulement compassion, mais qu’il revêtait souvent un aspect opposé qui pour nous, les chrétiens, faisait aussi problème. Quant à la seconde partie, que Jésus apparaisse comme un modèle de compassion ne peut faire difficulté pour aucun observateur du dehors. Cette conférence n’en suscita pas moins de multiples questions : Dieu créateur, salut des animaux, Dieu créant la souffrance et le mal.

Après le lunch, on nous fit visiter l’installation de sériciculture du monastère, avec tous les stades du développement (et de l’enveloppement en cocon) des vers à soie. Nyima Tapa, moine de Dolanji (11), nous décrit les traits principaux de la tradition Bön. Bhikshu Karma fait de même pour les doctrines de l’école Nyingmapa.

TROISIÈME JOURNÉE

Vendredi 27 novembre

Le matin, conférence du Père Thomas T.T., sylvestrin, sur « L’humilité dans la Règle de Saint Benoît », sujet qui donne lieu à bien des interventions dans les deux sens, moines bouddhistes et moines chrétiens aimant à faire des interventions sur ce thème.

Cette journée donnera une grande part aux religieuses. D’abord les Tibétaines. Une moniale âgée de Geden Chô’ling retrace l’histoire héroïque de son monastère. Une jeune moniale de Tilokpur (12) parlant bien l’anglais, décrit la situation actuelle de son couvent et leurs usages monastiques. Puis, à la requête des moniales bouddhistes, Sœur lona fait, dans un langage simple et émouvant, le récit de la vie de Marie, mère de Jésus, en suivant pas à pas les évangiles.

Enfin, à la tombée du jour, dans une clairière, célébration de la lumière, chacun et chacune ayant son cierge allumé, avec citations de poètes de l’Orient, chants et prières. La cérémonie était animée par le Père Albert Nambiapa-rambil et le Père Francis Tiso.

Abbaye de Scourmont,

Forges, Belgique.

P. Bernard de Give

1-Lettre publiée par le Bulletin de l’A.I.M., 1974, nû 17, p. 61-62.

2-Les rapports de ce congrès parurent sous le titre : Les moines chrétiens face aux religions d’Asie. Actes du congrès de Bangalore (1973). Publiés par le Secrétariat de l’A.I.M., 7 rue d’Issy, F-92170, Van-ves

3-Pour plus de détails à ce sujet, voir le début de notre article en ce numéro : Un grand échange spirituel et ses premières notes.

4-Cité par Jacques Dupuis S.J. Jésus-Christ à la rencontre des religions, p. 307-308.

5-Ces échanges se passent alternativement en Europe et au Japon tous les quatre ans, depuis 1979. Les séjours dans les monastères permettent une connaissance mutuelle concrète et en profondeur. On lira l’allocution du Pape Jean-Paul II en conclusion du premier échange dans le Bulletin du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux, 1980, n°43, p. 15. Après le second parut le livre très vivant de Benoît Billot, O.S.B. : Voyage dans les monastères Zen, Paris, Desclée de Brouwer, 1987. Un compte rendu de cet échange avait paru dans le même Bulletin en 1984, n° 55, p. 93-96. Un compte rendu du troisième se trouve dans le Bulletin de 1988, n°67, p. 30-36. Sur le quatrième, voir l’article du Père Michel Fitzgerald, P.B., dans le Bulletin de l’A.I.M., Vanves, 1991, n° 50, p. 120-124. Sur l’ensemble, nous disposons actuellement du dossier constitué par Madame Mitchiko Ishigami-Iagolnitzer, chercheur au CNRS : Dialogue interreligieux monastique au Japon et en Europe, qui regroupe un grand nombre de rapports et interviews réalisés à l’occasion des Échanges Spirituels Est-Ouest de 1979 à 1987. Sciences et Lettres, 38, rue de l’Abbé Carton, F-75014 Paris.

6Un tour de l’Inde monastique dans Collectanea Cisterciensia, t. 41, 1979-2, p. 182-199, et Bulletin de l’AIM, 1979, n°26, p. 48-64. Trois mois chez les lamas tibétains dans le Bulletin de l’AIM, 1980, n°28, p. 55-66. Les monastères tibétains du Karnataka (Inde du Sud) dans Collectanea Cisterciensia, t. 45, 1983, p. 231-241. Les Cahiers du bouddhisme, n°18, octobre 1983, p. 28-41, et dans le, Bulletin de l’AIM, 1985, n° 38, p. 119-126. La résurrection d’un monachisme. Les monastères tibétains de l’Inde et du Népal dans Collectanea Cisterciensia, t. 46, 1984, p. 231-238, et t. 47, 1985, p. 81-97. Les Cahiers du bouddhisme, avril 1985, n°24, p. 16-27, et n°25, juillet 1985, p. 34-52.

7-Voir leur rapport sous le titre Tournée des monastères tibétains de l’Inde dans le Bulletin de l’AIM, 1989, n° 46, p. 83-92.

8-Pour plus de détails sur ces rencontres, on consultera les comptes rendus qu’en publia régulièrement le Bulletin du N.A.B.E.W.D., auparavant à Osage Monastery, 18701 W. Monastcry Road, Sand Springs, OK. 74063, U.S.A. Depuis janvier 1991, Abbcy of Gcthsemani, 3642 Monks Road, Trappist, KY. 40051-6102. Voir aussi le Bulletin du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux 1988-1, n° 67, p. 36-41, sous le titre InlerCe texte parut en français sous le titre Moines et moniales chrétiens en Inde dans le Bulletin de l’AIM, 1987, n° 42, p. 122-125. Sur la Phase V, voir le Bulletin du N.A.B.E.W.D. n° 46, January 1993, p. 1-3.

9-Voir notre article Camaldoli-Assise-Rome, 14-21 septembre 1989 dans le Bulletin de l’AIM, 1989, n° 47, p. 113-117, et dans le Bulletin du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux, 1990-1, n° 73, p. 40-44 et p. 16-17 du même numéro.

10-Sur ma visite à leur monastère en 1983 voir Collectanea Cisterciensia, 1985, p. 87, et Les Cahiers du bouddhisme, n° 25, juillet 1985, p. 42.

11-Voir la brochure Bénédictines in India, réalisée en 1990 par l’Indian Bénédictine Fédération, 72 pages, illustrée. Sur cette fondation, pages 60-61.

12-Sur Tilokpur, voir les articles du Père de Give sur Le monachisme féminin dans le bouddhisme tibétain. Dans Collectanea Cisterciensia, 1987, p. 268-269. Dans Studio Missionalia, vol. 40, 1991, p. 299-300. Ani Pema Tsultrim, la conférencière d’aujourd’hui, fit partie d’un groupe de trois moniales tibétaines qui reçurent l’ordination complète d’un monastère de Chinoises à Hong Kong. Un autre groupe de trois s’y rendit en 1987. Il faut apporter ce complément à l’article de Studia Missionalia, pages 309-310.

 

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