Donner et recevoir

Ani Pema Chödrön

Ani Péma Chödrön est une moniale américaine, l’une des meilleures étudiantes de Trungpa Rinpoché, qui la nomma en 1986 directrice de Gampo Abbey, monastère bouddhiste pour hommes et femmes en Nouvelle Écosse. Cette causerie a été donnée durant un mois de retraite au printemps 1989 ; l’enseignement est simplement énoncé, terre à terre, et vivant.

« Tout ce qui est dit ici est ma compréhension très limitée de ce que mon maître, Chögyam Trungpa, Rinpotché, m’a montré, avec compassion et grande patience. »

Ce matin, je vais parler de tonglèn, la pratique de « Donner et recevoir ». Certains d’entre vous l’ont déjà faite, d’autres non, mais c’est toujours comme la première fois.

La pratique de tonglèn est en relation avec l’absence de crainte. Lorsque vous l’effectuez durant un certain temps, vous assistez à l’ouverture de votre cœur. Vous commencez à réaliser que la crainte est en rapport avec le désir de protéger votre cœur : vous sentez que quelque chose va blesser celui-ci, et c’est pourquoi vous le protégez. Dans les enseignements bouddhistes, dans les enseignements Shambhala, et dans toute tradition qui enseigne comment vivre bien, nous sommes encouragés à cultiver l’absence de peur. Comment faisons-nous cela ? La méditation assise est certainement une voie, car elle nous amène à nous connaître si complètement et avec tant de douceur.

J’avais fait la pratique de samatha durant peut-être sept ans, lorsque je m’engageai dans celle de tonglèn pour la première fois. Je fus éberluée de voir comment j’utilisais subtilement mon calme mental pour essayer d’éviter d’avoir mal, pour essayer d’éviter la dépression, le découragement ou les mauvais sentiments quels qu’ils soient. Fondamentalement, sans que je le sache, j’espérais secrètement que la pratique me permettrait de ne plus jamais souffrir. Lorsque vous faites tonglèn, vous invitez la douleur. C’est ce qui vous ouvre les yeux, bien que ce soit le sujet de samatha – voir la peine, voir le plaisir, voir toutes choses avec douceur et perspicacité, sans juger, sans rejeter, en s’y ouvrant davantage. Bien que ce soit ce que nous pratiquons constamment, tonglèn place ceci sur le chemin ; j’ai réalisé que je n’avais jamais fait cela auparavant. Tonglèn demande beaucoup de courage ; et donne aussi beaucoup de courage. Vous pouvez débuter avec un dé à coudre de courage et une immense aspiration à vous ouvrir à votre monde et à être utile à vous-même et à autrui. Vous savez que cela signifie que vous allez là où tous vos boutons vont éclore et où les choses vont devenir dures pour vous, mais quoi qu’il en soit, vous souhaitez être capable de fonctionner dans toute situation et être utile. Vous avez pour le mieux un dé à coudre de courage, juste assez pour faire tonglèn, peut-être parce que vous ne savez pas dans quoi vous vous engagez, mais c’est souvent comme cela dans la vie ! Quelque chose d’étonnant advient. Par le souhait de faire cette pratique, vous trouvez, après quelque temps – quelques jours, quelques mois ou quelques années – que vous avez une tasse de thé de courage ; d’une certaine façon, en pratiquant, vous éveillez votre cœur et votre courage. Lorsque je dis « éveillez votre cœur », je veux dire que vous ne voulez plus cacher sa partie la plus tendre. Trungpa Rinpotché parlait souvent du fait que nous avons tous un point faible et que la négativité, le ressentiment et toutes ces choses adviennent lorsque nous essayons de le cacher. C’est une logique très positive : c’est parce que vous êtes tendre et profondément touché que vous mettez ainsi un bouclier. C’est parce que vous êtes tendre et avez le cœur chaleureux, parce que vous avez une certaine qualité d’ouverture, que vous vous protégez.

Dans la pratique de samatha particulièrement, vous voyez très clairement votre armure. Vous voyez comment vous emprisonnez votre cœur. Cela met déjà les choses en lumière et fait naître du respect pour l’intelligence et pour le sens de l’humour que vous avez peut-être. Tonglèn va plus loin parce que vous invitez réellement en vous non seulement vos propres conflits non résolus, la confusion, la douleur, mais aussi ceux des autres. Et cela va encore plus loin. Habituellement, nous essayons d’écarter les mauvais sentiments, et lorsque nous en avons de bons, nous voudrions qu’ils durent toujours. Dans tonglèn, pourtant, non seulement souhaitons-nous inspirer en nous les choses douloureuses, mais nous voulons aussi expirer au dehors les sentiments de bien-être, de paix et de joie. Nous voulons les donner, les partager avec les autres. Tonglèn est à l’opposé de l’approche conventionnelle. Habituellement lorsqu’on médite et commence à se relier avec quelque chose de plus vaste, éprouvant un sentiment d’inspiration et de plaisir, la méditation marchée elle-même semble être une intrusion. Avoir à nettoyer les toilettes et à parler avec les gens semble entrer dans notre bonheur. L’approche de tonglèn est, « Si vous l’éprouvez, partagez-le. Ne vous fixez pas dessus. Donnez-le. »

Le bouddhisme du mahayana parle de bodhicitta, ce qui signifie « le cœur éveillé, ou « le cœur courageux ». Bodhicitta a les qualités de douceur, de précision, et d’ouverture, ayant la capacité de seulement laisser aller et ouvrir. Spécifiquement, le propos de tonglèn est d’éveiller et de cultiver bodhicitta, pour ouvrir votre cœur et cultiver votre courage. C’est comme d’arroser une plante qui peut fleurir. Vous pouvez ressentir que vous n’avez que ce petit dé à coudre de courage, vous pouvez avoir l’impression que vous n’avez pas de courage du tout, mais le Bouddha a dit, « Foutaise! Tout le monde possède bodhicitta« . Ainsi, peut-être n’est-ce qu’une petite graine de sésame de bodhicitta, mais si vous faites la pratique, c’est comme arroser cette graine, qui grandit et fleurit. Ce qui se passe réellement est que ce qui était là tout le temps se découvre. Faire tonglèn balaye la poussière qui recouvrait le trésor qui avait toujours été là.

Traditionnellement, bodhicitta est comparé à un diamant qui a été recouvert par dix tonnes de boue durant deux mille ans. Vous pouvez le découvrir à tout moment et il sera toujours un joyau, notre héritage. On dit aussi que bodhicitta est comme un lait très riche et crémeux, qui a la potentialité de devenir du beurre. Il vous faut le travailler un peu pour obtenir le beurre à partir de la crème. Il faut le baratter. Bodhicitta est aussi comparé à une graine de sésame pleine d’huile de sésame. Il vous faut la broyer un peu pour obtenir l’huile, mais celle-ci est déjà présente. Parfois, on dit que bodhicitta est comme un précieux trésor reposant sur le côté de la route avec quelques chiffons sales posés dessus. Les gens – peut-être de très pauvres gens mourant de faim – marchent juste à côté tout le temps. Tout ce qu’ils ont à faire est d’ôter les chiffons, et c’est là. Nous faisons tonglèn de sorte à ne pas être comme des aveugles, marchant continuellement près de ce joyau qui est juste là. Ne nous sentons pas comme des indigents ou des miséreux : juste là dans notre cœur se trouve ce que chacun souhaite, l’ouverture, la chaleur courageuse, et la clarté. Tout le monde l’a, mais personne n’a le courage de la laisser mûrir.

De nos jours, le monde a réellement besoin de gens qui veuillent laisser mûrir leur cœur, leur bodhicitta. Il y a tant de dévastation et de détresse ; les gens sont assaillis par des armées de tanks, leurs maisons sont soufflées, des soldats frappent à leurs portes au milieu de la nuit, les emportent, les torturent, tuent leurs enfants et leurs chers. Ils meurent de faim. Les temps sont durs ! Nous qui vivons dans le giron du luxe avec nos pitoyables petits problèmes psychologiques, nous avons l’énorme responsabilité de laisser notre clarté et notre cœur, notre chaleur et nos capacités mûrir, de nous ouvrir ; et c’est contagieux. Avez-vous remarqué que si vous allez vous asseoir à la salle à manger, et si une autre personne présente se sent bien, si vous percevez cela, d’une certaine façon cela vous envahit aussi, vous vous sentez bien, comme si elle vous aimait ? Mais si vous allez à la salle à manger et si l’autre personne qui est là se sent vraiment minable, vous vous demandez, « Qu’est-ce que j’ai fait ? » ou, « Sapristi, j’aurais mieux fait de tenter quelque chose pour que cette personne se sente bien ». Que vous ayez un mal de tête, une attaque de déprime, ou que quoi que ce soit vous arrive, si vous vous sentez chez vous dans votre monde, c’est contagieux ; cela fait une pause pour les autres. Nous pouvons nous donner des pauses les uns aux autres en souhaitant travailler avec nos propres craintes et nos propres sentiments inadéquats, notre propre dépression matinale etc.

Pratiquer samatha est une façon de montrer votre désir de voir les choses clairement et sans jugement. Faire tonglèn est un geste vers le mûrissement de votre bodhicitta pour votre propre bonheur et celui des autres. Votre propre bonheur irradie, donnant aux autres de l’espace pour qu’ils se relient à leurs propres joie, intelligence, clarté et chaleur.

La pratique de tonglèn consiste essentiellement à souhaiter ressentir la peine, sur l’inspiration : vous souhaitez reconnaître les souffrances du monde. A partir de ce jour, vous allez cultiver votre bravoure et votre souhait, pour percevoir cette partie de la condition humaine. Vous inspirez de sorte à pouvoir réellement comprendre ce que disait le Bouddha dans la première noble vérité : la vie est souffrance. Qu’est-ce que cela signifie ? Avec chaque inspiration, vous essayez de trouver en reconnaissant la vérité de la souffrance, pas comme une faute que vous auriez commise, pas comme une punition, mais comme une part de l’existence humaine. Avec chaque inspiration, vous explorez l’inconfort de la condition humaine, qui peut être reconnu et célébré plutôt que fui. Tonglèn met cela directement en œuvre.

L’essence de l’expiration est l’autre part de l’existence humaine. Avec chaque expiration, vous ouvrez. Vous vous reliez à un sentiment de joie, de bien-être, de satisfaction, de tendresse, avec tout ce qui est frais et propre, sain et bon. C’est l’aspect de la condition humaine que nous souhaitons voir devenir l’ensemble de la condition humaine, cette part que nous voudrions avoir au menu de tous les jours. Si nous pouvons finalement dissiper nos problèmes, le menu serait : « Rien que du bonheur. Pas de souffrance ici ». Toutes les choses auxquelles vous pensez vous apporteraient un bonheur durable, peut-être une douceur un peu amère, quelques petites larmes, mais jamais de cette lourde confusion, pas de coins sombres, pas de portes closes que vous ne voulez pas ouvrir, pas de monstres sous le lit, pas de pensées regrettables, pas de rage, ni de désespoir, pas de jalousie – définitivement pas. C’est l’expiration, la partie que vous aimez. Vous vous reliez à cela, et vous expirez de sorte à ce que cela se répande et soit expérimenté par tout le monde.

Le minimum nécessaire pour faire tonglèn est d’avoir éprouvé de la souffrance et d’avoir éprouvé du bonheur. Même si vous n’aviez eu qu’une seule seconde de souffrance dans votre vie, vous pouvez faire tonglèn. Même si vous n’avez eu qu’une seconde de bonheur, vous pouvez faire tonglèn. Ce sont les préalables. En d’autres termes, vous êtes un être humain qui éprouve peine et plaisir, exactement comme tous les autres. Cependant, si vous étiez juste comme tous les autres, vous inspireriez la bonne partie, et expireriez la mauvaise. Parfois, cela peut avoir un certain sens. Mais cette voie, la voie du guerrier, est beaucoup plus audacieuse : vous cultivez un cœur intrépide, un cœur qui ne se ferme en aucune circonstance ; il est toujours totalement ouvert, de sorte que vous pouvez être touché par n’importe quoi.

Il existe une peinture classique de la roue de la vie, avec Yama, le Seigneur de la mort, tenant la roue. Au centre est la passion, représentée par un coq, l’agressivité par un serpent, et l’ignorance par un cochon. Les rayons de la roue forment six espaces, en forme de parts de tarte, que l’on appelle les six classes d’êtres. Les royaumes inférieurs sont l’état infernal, l’état des esprits avides (aussi très douloureux), et le monde animal, qui est empli de peur et d’ignorance, puisque dans cette condition vous n’avez de contact qu’avec ce qui est juste sous votre nez. Les mondes supérieurs sont ceux des hommes, des dieux jaloux et des dieux. Dans chacun de ces six mondes, se tient le Bouddha, ce qui signifie nous-mêmes. Nous pouvons ouvrir nos cœurs au point d’entrer dans le royaume des enfers, des esprits avides, des dieux jaloux, des dieux, où que ce soit. Nous pouvons être là avec le cœur complètement ouvert et sans peur.

C’est le souhait du bodhisattva. Lorsque nous prenons formellement l’engagement du bodhisattva, on nous donne la pratique de tonglèn à effectuer. Cela signifie que nous souhaitons vraiment être suffisamment sans peur pour aider les autres ; nous sommes conscients d’avoir nous-mêmes beaucoup de craintes, mais nous souhaitons que nos cœurs soient totalement éveillés.

Inspirant, expirant, de la façon que j’ai décrite, telle est la technique pour devenir capable de l’éveil, d’être comme un bouddha dans n’importe quel monde qui existe. Si vous commencez à vous demander comment sont ces mondes, vous remerciez simplement votre bonne étoile de ne pas y être ; mais si vous y étiez, vous pourriez y être avec un cœur ouvert. L’essence de la pratique est le souhait de partager plaisir, bonheur et joie de la vie sur l’expiration, et le souhait de ressentir votre peine et celle des autres entièrement dans l’inspiration. C’est l’essence de la pratique, et si vous ne recevez jamais d’autres instructions, ce pourrait être suffisant.

Passons maintenant à l’instruction. Le premier pas s’appelle « aperçu de bodhicitta ultime », ce qui signifie fondamentalement « juste l’ouverture ». Le second pas est le travail avec la qualité abstraite de la douleur en l’imaginant comme noire, lourde, chaude, et en inspirant cela ; et c’est aussi le travail avec la qualité abs traite du plaisir en l’imaginant blanc, lumineux, frais, et en l’expirant. Ma compréhension de cette étape est qu’avant d’entrer dans la matière substantielle et difficile, vous travaillez avec les principes abstraits de la souffrance et du plaisir, les synchronisant avec l’inspiration et l’expiration. Le premier pas est simplement l’espace ouvert. Ensuite vous commencez à travailler avec ce que l’on appelle la pratique relative – la nature humaine, notre situation quotidienne – inspirant la douleur, expirant le bonheur, inspirant le noir, expirant le blanc. Ensuite, vous entrez dans la troisième étape, qui est vraiment le cœur de la pratique. Ici, vous imaginez une situation vécue particulière, et vous vous reliez avec sa souffrance. Vous l’inspirez, la ressentant complètement. C’est l’opposé de l’évacuation. Vous souhaitez complètement reconnaître et ressentir la douleur – votre propre douleur, celle d’un ami cher, ou la peine d’un étranger – et sur l’expiration vous laissez le sentiment d’ouverture et d’aération, le sentiment d’espace, sortir.

En d’autres termes, supposez qu’il y ait quelqu’un dans votre vie que vous ne pouvez supporter, dont la seule pensée induit en vous toutes sortes de sentiments négatifs. Vous décidez de faire tonglèn pour travailler avec un sentiment plus ouvert, brave et doux, dans cette situation spécifique. Ainsi vous pensez à cette personne et viennent à la surface ces sentiments abominables, et lorsque vous inspirez, vous vous reliez à eux – avec leur qualité et leur texture et simplement avec la façon dont ils empoignent votre cœur. Vous n’essayez pas de les résoudre ; vous ressentez simplement la douleur. Ensuite sur l’expiration vous vous relâchez, laissez aller, vous ouvrez, aérez l’ensemble. Mais vous ne vous complaisez pas là longtemps parce que vous inspirez de nouveau, et c’est le retour au sentiment déplaisant. Vous ne vous laissez pas complètement prendre à cela, parce qu’ensuite vous expirez à nouveau – vous ouvrez et relâchez et partagez un sentiment d’espace à nouveau. Peut-être voulez-vous vous accrocher à cette joie, mais alors vous inspirez à nouveau. Peut-être voulez-vous rester dans la douleur, mais alors vous expirez de nouveau. C’est comme quand vous apprenez comment « toucher et laisser » : vous touchez encore et ensuite vous détendez à nouveau. Vous ne préférez pas la douleur au plaisir ni le plaisir à la douleur : vous allez d’arrière en avant continuellement.

Après avoir travaillé avec l’objet spécifique durant un moment, et une fois authentiquement connecté avec la douleur et votre capacité à ouvrir et à laisser aller, vous faites ensuite un pas en avant dans la pratique – vous la faites pour tous les êtres. C’est un point clé de la pratique de tonglèn : votre propre expérience de plaisir et de douleur devient votre manière de reconnaître votre amitié pour tous les êtres, votre manière de partager la joie et la tristesse de tous ceux qui ont vécu, tous ceux qui sont vivants, et de tous ceux qui vivront. Vous reconnaissez que l’inconfort que vous ressentez lorsque vous pensez à cette personne particulière est quelque chose que tous les êtres sentent, et la joie que vous ressentez, le sentiment d’être capable d’ouvrir et de détendre, est aussi légitime pour tous les êtres. Vous inspirez la même peine, mais maintenant vous pensez : « Laissez-moi la ressentir de sorte à ce que personne d’autre sur terre ne doive la ressentir ». En d’autres termes, cela devient utile. « Je suis mauvais, je suis dé primé. OK. Ressentons cela pleinement de sorte à ce que personne d’autre n’ait à le ressentir, de sorte à ce que les autres en soient libérés ». Cela commence à éveiller votre cœur parce que vous faites ce souhait : « Cette peine peut être utile aux autres parce que je peux être suffisamment courageux pour la ressentir pleinement, et que personne d’autre ne la ressente ». Sur l’expiration, vous dites : « Donnons toutes les choses bonnes ou vraies que j’ai déjà ressenties, tout sens de l’humour, tout sentiment de jouir du lever et du coucher du soleil, tout sentiment de joie qui puisse être dans le monde, de sorte à ce que tous les autres le partagent et le ressentent ».

Ainsi, le premier pas est un aperçu d’un certain sentiment d’ouverture et d’espace, le second est le travail avec l’entrée du noir et la sortie du blanc, le troisième la prise de contact avec quelque chose de vrai pour nous, et le quatrième est l’extension de cela jusqu’au souhait de le faire pour tous les êtres.

Une chose intéressante intervient lorsque je donne des instructions pour la pratique de tonglèn : les gens s’endorment. Ce propos est difficile à entendre. Je n’ai jamais donné d’instructions sur la pratique de tonglèn sans remarquer le départ de trois personnes au moins, et l’endormissement probable de tous les autres. Lorsque vous commencerez la pratique, vous vous endormirez probablement beaucoup. Ne considérez pas cela comme un obstacle. Cette pratique vous introduira à l’idée entière que vous pouvez ressentir à la fois la souffrance et la joie, que les deux font partie de la condition humaine.

Si les gens veulent, serait-ce une seconde par jour, faire le souhait d’utiliser leur propre souffrance et leur propre plaisir pour aider les autres, ils sont vraiment capables de faire beaucoup plus. Comme vous devenez intrépides, votre bodhicitta mûrira chaque jour de votre vie, et vous pourrez être d’un grand bienfait pour les autres.

Ce texte a été publié dans « The wisdom of no escape » (Shambala publications, Boston), traduit de l’anglais par Kunsang Pamo et publié dans Dharma avec l’aimable autorisation de l’auteur et de l’éditeur.

 

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