Le vinaya : Au-delà de faire et ne pas faire, une philosophie sociale du bouddhisme

Dzogchèn Peunlop Rimpoché

Les trois corbeilles : Vinaya, Sutra et AbiDharma

Le Canon entier, ou enseignements du Bouddha, le hinayana, le mahayana et le vajrayana, sont classés en trois corbeilles, nommément le Vinayapitaka, le Sutrapitaka et l’AbiDharmapitaka. Comme nous le savons, le Seigneur Bouddha tourna la roue du Dharma trois fois, et le vinaya appartient au premier tour : le hinayana, qui eut lieu au Parc des Gazelles de Sarnath à Bénarès. Le vinaya lui-même concerne la discipline ou les préceptes des moines et des moniales, des novices, des pratiquants laïcs, des fidèles. Cependant, comme nous allons le voir, dans le Vinayapitaka, le Bouddha ne traita pas uniquement des préceptes monastiques, mais aussi du développement de l’harmonie sociale dans la société prise dans son ensemble.

Le Bouddhisme est-il une religion ou une science ?

En général, mon sentiment est que le bouddhisme n’est pas une religion mais plutôt une philosophie pure, une science intérieure de l’intelligence, une science humaine traitant de notre esprit et nos émotions, du développement de la pureté fondamentale, l’énergie positive fondamentale que tous les êtres possèdent : notre bonté fondamentale. Lorsque nous parlons de religion, il y a l’idée de vénérer quelqu’un ou quelque chose, mais dans le bouddhisme, il n’y pas lieu d’adorer le Bouddha. La science intérieure de l’intelligence étudie la cause et les effets du karma, comment les situations se perpétuent d’elles-mêmes. Le bouddhisme traite de l’éradication de la cause de la souffrance.

Pour faire ainsi, nous devons tout d’abord réaliser ce qu’est la souffrance elle-même, puis en rechercher la cause, de sorte à pouvoir l’abandonner. En étudiant et en méditant avec cette approche scientifique, nous développons foi ou confiance en le fait que nous avons cette énergie positive, la nature de Bouddha, que nous avons la force de travailler avec l’ego. Je préfère utiliser le mot « confiance » plutôt que celui de foi.

Le vinaya doit être en rapport avec l’époque, la société et le pays

Les moines ont deux cent cinquante trois préceptes et les moniales en ont plus de trois cents. Chaque précepte est né d’une situation où un disciple du Bouddha avait fait quelque chose de mauvais, résultant en une mauvaise réputation ou en une perturbation sociale parmi les villageois. Lorsque cette situation était rapportée au Bouddha par Ananda ou un autre de ses proches étudiants, bien que, dans sa sagesse, il en eût déjà connaissance, le Bouddha disait :

« A partir de maintenant, nous ne pouvons plus faire cela. »

Cela montre que nombre des préceptes sont reliés à la culture contemporaine indienne de l’époque du Bouddha Sakyamuni et peuvent conséquemment ne pas sembler très pertinents pour la société d’aujourd’hui.

Ce point de vue est aussi supporté par un enseignement très important que le Bouddha donna avant de partir en nirvana. Ses étudiants lui demandèrent : « Comment notre société et nos règles du vinaya pourront-elles continuer quand vous serez parti en parinirvana ? » Et le Bouddha répondit : « Vous le ferez en accord avec l’époque et la société. » Cet enseignement a été noté dans de nombreux textes et commenté par de nombreux commentateurs du vinaya : « Le vinaya doit être en rapport avec les époques, la société et le pays. » C’est pourquoi, lorsque le bouddhisme entra dans un nouveau pays comme le Tibet, il changea sa forme extérieure et ne garda pas l’ancienne forme indienne du Bouddhisme.

Tantrayana et pratique symbolique

Il est aisé de constater que le sutrayana est ainsi une science, une philosophie pure, plus qu’une religion. Cependant, lorsque nous en arrivons au tantrayana, au début, la forme extérieure semble suggérer une différence de perspectives. Nous ne pouvons néanmoins pas dire que les pratiques tantriques soient une religion parce que, quand nous étudions réellement la philosophie du tantra, nous découvrons que les enseignements sont très symboliques et métaphoriques. Il y a de nombreuses divinités et protecteurs, mais tout est pratique symbolique, possédant un sens plus grand au-delà de la forme extérieure. Ensuite, lorsque nous entrons profondément dans la philosophie tantrique, nous découvrons que c’est aussi une science pure plus qu’une religion.

De cette façon, le bouddhisme est comme une claire boule de cristal qui n’a pas de couleur propre mais qui, lorsqu’elle est placée sur une feuille de papier rouge, reflète le rouge et semble rouge, et lorsqu’elle est mise sur une feuille de papier blanc, semble blanche. Différentes cultures, différents pays, différents langages sont comme différentes feuilles de papier coloré ; la forme du bouddhisme change avec chacune. En regardant en arrière dans l’histoire, nous voyons que, lorsque le bouddhisme entra au Tibet ou en Chine, tout fut traduit en tibétain ou en chinois, et la structure de la société bouddhiste fut adaptée au pays. Alors, des personnes comme Milarépa pratiquèrent dans la solitude du Tibet, sans aucune connaissance de la culture sanscrite ou indienne, et atteignirent la réalisation complète. C’est pourquoi, lorsque le bouddhisme s’installa dans différents pays, en Europe ou en Amérique du Nord, il dut se transformer, s’adapter. Le vinaya enseigne que nous pouvons voir que la culture n’est pas l’essence du bouddhisme. Le bouddhisme est libre de nationalité, libre de citoyenneté et libre de langage.

Les points distinctifs du bouddhisme

L’un des points principaux qui distinguent le bouddhisme d’autres religions ou philosophies est le fait que le Bouddha dit : « Vous pouvez devenir comme moi. » Je pense que c’est un point très important parce que, dans d’autres religions, si quelqu’un dit qu’il veut devenir Allah, ou qu’il veut devenir un dieu, ce peut être le plus grand péché que l’on puisse commettre ; défier Allah, Krishna ou quelqu’un d’autre. Mais le Bouddha dit : « Vous pouvez devenir comme moi. Vous avez toutes les qualités que j’ai ». Le fait que tous les êtres possèdent les énergies positives est le point le plus spécifique du bouddhisme, et il fut enseigné dans le Sutrapitaka de la conduite des bodhisattva.

HINAYANA

Les droits individuels

L’ensemble des enseignements du Bouddha, dans les trois yana, les règles du hinayana, des conduites de bodhisattva et les activités de la voie des tantra sont tous connectés avec le bien-être mondain et social.

Lorsque le Bouddha présenté le vinaya, son but principal fut la préservation et la promotion de la cause réelle de l’harmonie sociale. Se basant sur cette vue, il établit ses structures principales, insistant sur les droits et les avantages de l’individu. Nous pouvons voir, dans le vinaya, comment le bouddha protégea les droits de l’individu, par exemple, en assurant que les décisions majeures ne pouvaient être prises en l’absence d’un membre de la communauté monastique. Dans le vinaya, il est dit que, même si tous les membres sont présents, si l’un deux est somnolent et se réveille après que la décision soit prise, alors la décision est invalide. Même s’il est présent, il doit être conscient de la situation. En cas de désagrément, une décision est prise à la majorité. A partir de l’âge de vingt ans, on peut devenir moine ou moniale et avoir les mêmes droits, incluant le droit de vote.

La pratique de la non violence et l’harmonie sociale

En même temps, le Bouddha encourageait l’individu, si nécessaire, à abandonner ses droits propres et à pratiquer la théorie de la non-violence ou les préceptes de non-violence du hinayana pour la cause de plus grands bienfaits sociaux. A cet égard, le Bouddha introduisit les dix actions positives, pour dépasser les dix actions non vertueuses ou malsaines. Les trois actions malsaines de l’esprit sont : 1) la malveillance, 2), la convoitise et 3), les vues erronées, qui sont principalement de ne pas se référer à la loi du karma, les causes et les effets. Ce sont les causes de trois actions malsaines : 1) tuer, 2) voler, 3) l’inconduite sexuelle, et des quatre actions malsaines de la parole, qui sont : 1) mentir, 2) diviser ou causer des schismes, 3) les mots blessants, 4) le bavardage qui soulève des émotions. Cette pratique de la non-violence est la méthode principale pour promouvoir le développement de l’harmonie sociale et protéger l’atmosphère paisible de la société, en même temps, c’est la sauvegarde des droits et des avantages de l’individu. Par cet aspect, la philosophie du bouddhisme du vinaya, qui se développa d’abord en Inde, se développa ensuite dans d’autres contrées. Les bouddhistes parlent toujours d’aider les êtres. Mais il est possible que cela puisse seulement rester au niveau d’une belle perspective. pour matérialiser cette théorie, le Bouddha introduisit comme méthode plus avancée la prise de l’ordination en présence d’au moins deux autres moines ou moniales. De cette façon, l’on crée un engagement très fort envers eux, quasiment comme le samaya dans la terminologie tantrique. Il est simple et aisé de garder un engagement pur envers ces deux personnes que l’on considère comme étant frères et soeurs du Dharma. Cette unité fondamentale est fondée sur l’essence du coeur spirituel, son propos est de se connecter avec ce coeur spirituel primordial.

C’est l’idée fondamentale du Bouddha, comment mettre sa vision en pratique, tout d’abord en s’en remettant à un travail en petit groupe, qui grandit de plus en plus, s’engageant vers une plus grande communauté qui, pour l’Inde, n’était pas très nombreuse. En général, le vinaya insiste sur le maintien d’une bonne relation avec l’ensemble du monde humain parce que les êtres humains sont plus précieux que les autres êtres ;

Selon les règles du vinaya, tuer un humain est l’une des quatre « chutes », l’acte négatif le plus sérieux, mais tuer un animal est une faute, une activité négative moins importante. Cela montre que, si nous considérons le vinaya strictement du point de vue des règles, bien que le but sot la libération individuelle, il y a une grande signification derrière ces règles. Il y a ainsi un intérêt social dans le vinaya, mais il est davantage dirigé vers les humains qu’envers les autres êtres.

MAHAYANA

D’abord, le Bouddha introduisit la pratique de la non-violence, puis, graduellement, il introduisit la pratique des six perfections. Nous pouvons regarder brièvement comment chacune des perfections oeuvre pour le bien des êtres.

Tout d’abord, la générosité a le sens de partager sa richesse avec ceux qui n’en ont pas : un partage de richesse équitable.

Deuxièmement, la discipline promeut l’harmonie sociale par la pratique des dix actes vertueux, fondamentalement en évitant la violence ; c’est une pratique pour les moines et les moniales aussi bien que pour les laïcs. La patience consiste à tolérer la violence et les critiques des autres. Si l’on ne réagit pas à la critique ou à la violence d’une autre personne, alors elle peut se calmer. Réagir avec violence à la violence d’une autre personne ne résout rien : en fait, cela crée de plus grands problèmes. Ainsi, voit-on clairement comment la patience aide à apporter l’harmonie dans la société.

La quatrième perfection est l’énergie, l’endurance dans la pratique du Dharma. Travailler dur pour le bien de la société est la pratique de l’énergie.

Cinquièmement, la méditation est la purification de notre esprit, le rendant clair, de sorte à apporter des bienfaits aux autres et développer la santé mentale.

Puis finalement, la connaissance transcendante, la prajnaparamita, est la source ou la base de toute l’harmonie sociale car elle traite de l’absence d’ego et essaye de dépasser la puissante perspective égocentrique, cause des plus grands problèmes sociaux. Bien que les paramita comme telles n’apparaissent pas dans le vinaya, leur saveur fondamentale est néanmoins déjà là. Le hinayana traite de l’absence d’ego dans l’individu, alors que le mahayana, avec la pratique de la cinquième et spécialement de la sixième paramita, va au-delà et traite des deux absences d’ego, celle de l’individu et celles des phénomènes. Ainsi, l’accès à la prajnaparamita rend capable de comprendre et de pratiquer ce qui est juste et utile pour la société. D’abord, on pense aux autres, ce que l’on peut faire pour les autres, plutôt que pour soi, le « je », ou « moi ». De cette façon, la pratique des six perfections est regardée du point de vue du bien-être de la société, plutôt que du point de vue de la libération individuelle.

Nous avons observé que l’intérêt social dans le vinaya est dirigé davantage vers les humains que vers d’autres êtres. Cependant, lorsque le Bouddha enseigna les conduites de bodhisattva, avec leur intérêt social plus large, il donna des droits égaux à tous les êtres. Ainsi, que l’on tue une fourmi ou un humain, cet acte constitue une faute majeure dans la voie du bodhisattva. De plus, des dix actions non vertueuses, le Bouddha permit aux bodhisattva d’exclure sept de ces actes (les trois du corps et les quatre de la parole) dans des cas particuliers où ce serait d’un plus grand bienfait pour les autres, alors que les trois actions non vertueuses de l’esprit ne peuvent être autorisées car elles ne sont pas utiles pour le bien être commun. Donc, entre les préceptes du vinaya et ceux de la voie des bodhisattva, il y a un sentiment amplifié du bien-être commun.

Par exemple, dans l’une des histoires des vies antérieures du Bouddha, le Bouddha fut un bodhisattva voyageant dans un bateau avec de riches marchands. Un des passagers, un homme mauvais, très envieux de la richesse des autres, essaya de faire un trou au fond du bateau pour tuer tous les passagers y compris lui. Mais le futur Bouddha tua cet homme mauvais. Bien sûr, tuer est une action non vertueuse et inconfortable pour les deux, le tueur et le tué, mais puisque cette intention était pure, le bienfait de cette action fut multiplié pour 90 000 kalpa. Il y a d’autres méthodes du mahayana pour éviter la violence. Par exemple, dans son texte, le Bodhicaryavatara, Santideva dit : « Vous ne pouvez détruire vos ennemis : bien que vous puissiez réussir à en détruire un à un certain endroit, si vous allez ailleurs, vous pouvez vous en faire un autre à cet endroit, et vous aurez encore à lutter pour détruire le nouvel ennemi. De cette façon, l’ensemble du monde peut devenir votre ennemi. » L’analogie que donne Santideva est que, plutôt que de couvrir de cuir toute la surface de la terre, on peut simplement couvrir la plante de ses pieds en portant des sandales de cuir. Il dit aussi que si l’on détruit un seul ennemi, qui est alors sa propre colère, c’est comme détruire tous les ennemis que l’on a dans le monde. C’est une autre pratique de la non-violence.

Nous avons discuté de la pratique de la générosité. La générosité peut être difficile pour quelques personnes. Dans ce cas, elles peuvent appliquer une ancienne pratique des Kadampa mentionnée par Atisa, qui a été utilisée pour engendrer l’aspiration pour la générosité, qui consiste à prendre, disons, un billet d’un dollar dans une main et le donner alors à son autre main, et ainsi de suite, en imaginant qu’on le donne à quelqu’un d’autre. Après cela, on peut commencer à donner des légumes, des biscuits et d’autres choses aux autres, et petit à petit on peut en arriver au point où l’on est capable de donner son propre corps, comme le fit le Bouddha pour une tigresse affamée. Ainsi, nous aussi, après avoir pratiqué la générosité, pouvons atteindre ce niveau.

VAJRAYANA

Dans le tantrayana, des sacrifices encore plus grands sont faits pour le bien des autres. Les quatre actions tantriques de pacification, d’enrichissement, de magnétisation et de destruction, sont faites seulement dans le contexte du plus grand bien social et avec les trois points essentiels nécessaires à toute pratique tantrique : en premier, avoir amour et bodhicitta, deuxièmement, avoir une vue correcte, c’est-à-dire la juste compréhension de la vacuité qui est connectée avec la phase de perfection, l’aspect d’absorption de la méditation tantrique, et troisièmement, le renoncement. Le renoncement est fondamentalement le même que dans la pratique du theravada, renoncer au monde, renoncer à la douleur samsarique et à la souffrance. Dans le renoncement, nous renonçons à un petit monde et allons vers un grand monde de liberté, de libération. Ainsi est-il dit que si la pratique tantrique manque de l’un de ces trois, ce n’est pas une pratique juste.

C’était un bref survol des étapes du hinayana vers le vajrayana en considérant la manière dont ils sont reliés au bienfait et à la construction d’une société meilleure.

Ainsi, les étapes des trois véhicules constituent un procédé d’aide, d’unification de notre monde au sens large. Parfois, je dis en plaisantant : « Ce n’était pas les Nations Unies qui nous ont donnés les droits de l’homme, c’était le Bouddha, il y a deux mille cinq cents ans. »

Le vinaya, au-delà de faire et de ne pas faire.

Vous pouvez encore vous demander ce que tout cela a à voir avec « Vinaya, au-delà de faire et ne pas faire » ?

Habituellement, lorsque nous abordons le vinaya, nous considérons seulement une partie spécifique de celui-ci : par exemple, les préceptes des moines et des moniales, et nous pensons que le vinaya n’a rien à voir avec la communauté laïque ou que le vinaya n’a pas de philosophie, que c’est juste un décret : vous ne pouvez pas faire ceci et ne pouvez pas faire cela. Mais si nous considérons attentivement le vinaya, nous voyons qu’il y a une philosophie sociale du bouddhisme parce qu’il traite principalement de la société, la science sociale, et ne parle pas de la vacuité de façon extensive comme le madhyamika, pas plus qu’il ne parle des préceptes tantriques. Il parle simplement de la société, mais en même temps, il a une philosophie. Ce qui manque maintenant est une société bouddhiste pure, une infrastructure sociale du bouddhisme.

Considérons ce qui se passe dans beaucoup de monastères. Je ne critique pas les monastères, mains nous devons considérer les faits : cela ressemble à un système féodal. Il y a une personne à la tête, le patron. Sous lui, il y a une chaîne de peut-être quatre ou cinq personnes, chacune d’elles dirigeant la suivante juste au-dessous ; et il y a finalement le public. Cette structure monastique, en un certain sens, n’est pas très utile. De plus, de nombreuses façons, le programme quotidien et les programmes d’éducation et de rituel sont souvent mécaniques. Vous ne savez pas ce que vous faites, mais vous le faites, comme tourner la même roue jour après jour. Vous faites un rituel durant un jour entier ou peut-être durant des semaines, mais vous n’obtenez jamais une explication de pourquoi vous faites le rituel. Vous pouvez même ne pas savoir à quelle partie du Canon bouddhiste il appartient, les sutra ou les tantra. Mais ce que vous savez est comment le faire, quelle mélodie vous pouvez utiliser pour quelle section, quelles cymbales vous jouez, quelle musique de gyalings vous avez à quel point, et vous pouvez boire le thé.

Quelle est l’utilité de cela ? Nous ne sommes pas dans un monastère pour tuer le temps. Nous cherchons quelque chose de plus, peut-être chercher la libération. A quoi cela sert-il si vous buvez du thé à ce point du rituel ? En quoi cela sert-il pour la libération ? Si vous jouez des gyalings à ce point, à quoi bon si vous ne savez pas pourquoi vous soufflez dans des gyalings ? Si vous n’en connaissez pas le but, l’ensemble de la chose n’a aucun sens.

Cette sorte de structure existe, a été perpétuée durant des siècles, et se poursuit encore, ce qu’on oublie est cet « au-delà », au-delà de faire et ne pas faire. Il y a toujours ces injonctions, mais pas de raison à pourquoi vous devez faire ceci et pas cela.

Il doit y avoir un bon programme à suivre pour le monastère. Comme dit le Bouddha :

« Lorsque vous entrez dans le monastère, il n’y a que deux choses à faire, pratiquer et étudier. »

Si vous êtes introduits à la pratique réelle et à l’étude réelle le jour où vous entrez au monastère, en vous basant sur un bon programme, vous disciplinerez vos émotions, votre ego, et alors il n’est pas nécessaire que qui que ce soit d’autre contrôle votre comportement.

La méthode d’enseignement du Bouddha consiste à se contrôler soi-même. Le Bouddha ne pouvez pas regarder chacun et dire : « Vous ne pouvez pas faire ceci. » Personne n’aime ça, et vous ne pouvez devenir un bon pratiquant de cette façon.

Ce concept fondamental de l’éducation bouddhiste est très avancé, le matériel fondamental que nous avons depuis le Bouddha et ses commentateurs indiens précédents est très avancé. Dans la société bouddhiste originelle, l’emphase était mise sur le fait de développer de la force. Un grand vent attise le feu.

Extrait de « The Profound Path of Peace », n° X, traduction par Ani Djampa, révisée par Npa Mingyour.

 

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