Le chant spontané de la bannière blanche

Chogyam Trungpa Rinpoché

La nuit dernière, j’ai rêvé que mon seul père guru, Padma Trime.

portait une bannière blanche marquée d’un hung bleu, qui flottait au vent.

Il montait un cheval blanc déchaîné, chevauchant à la surface de l’océan.

Comme je me réveillais, avec une mémoire douce-amère,

j’ai écrit ce chant en souvenir :

Père incomparable, Seigneur guru :

Lorsque vous chevauchez le cheval blanc de la dharmatà,

Vous ne vous laissez pas abattre par les vagues de la vérité relative ;

Avec une vue pénétrante authentique,

Vous déployez la bannière du hung qui existe par lui-même.

Quand vous volez dans l’espace de la béatitude et de la vacuité,

Votre port est celui du garuda blanc ;

Vous ne vous laissez pas abattre par les vues extrêmes ;

Alors que vous vous élancez, toutes les apparences sont les centaines de danses du dharmakaya.

Lorsque vous résidez dans le palais de la lignée de la Pratique,

Votre port est celui de Vajradhara ;

Vous chantez les chants du Mahamudra ;

Les trois mondes sont remplis de détenteurs de la lignée ultime.

Quand vous êtes dans les hautes terres de l’absence de peur,

Votre allure est celle d’un haut pic glacier ;

La tempête de neige de la sagesse est omnipénétrante ;

Vous courtisez les nuages blancs de la compassion.

Quand vous errez dans la jungle du samsara,

Votre allure est celle d’un tigre ;

Vous arrachez d’un coup de dents la tête de la bête de la fixation de l’ego ;

Vous consommez les entrailles des espoirs et des craintes.

Me rappelant votre allure, père,

Moi, votre fils, m’éveille d’un rêve dans la félicité et la vacuité,

Le ganachakra du suprême Mahamudra.

Comme est délicieuse cette glorieuse et perpétuelle jouissance !

Puisse ce chant d’une saveur unique, la musique de la réalisation, Libérer les êtres des trois mondes.

Rain of Wisdom © Shambala Publication.

 

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