Milarépa

Milarépa, en allant méditer au nord du Tibet, arrive dans un village et rencontre un groupe de paysans qui moissonnent, dirigé par une jeune fille. Il leur mendie un peu de nourriture et la jeune fille l’invite à se rendre chez elle. Il y rencontre la mère, acariâtre et grincheuse, qui ne veut pas le recevoir. Plein de bonté pour elle, Milarépa lui montre la situation dans laquelle elle se trouve et lui donne des conseils pour pratiquer le Dharma. La vieille femme s’adoucit et offre de nombreuses offrandes. La jeune fille, réjouie de recevoir le grand yogi, lui demande de parler de la lignée de transmission des enseignements et de sa pratique. Il explique donc son ascendance spirituelle, la façon de s’en remettre à un maître, et les premières instructions pour entrer dans la voie. A chacun de ses chants, la confiance de la jeune fille grandit.

« La base non fabriquée est la grande vacuité, La voie non fabriquée est la grande transparence,
Le fruit non fabriqué est le mahâmudra.
Le yogi possède ces trois : base, voie et fruit.
La jeune femme veut-elle posséder ces trois : base, voie et fruit ? »

Ainsi chanta Mila.

La jeune fille dit :

« Si la base, la voie et le fruit sont ainsi, quels secrets intrépides avez-vous ? »

En réponse Mila chanta ce chant :

« L’absence de dieux et de démons est le secret de la vue,
L’absence de distraction et de méditation est le secret de la méditation,
L’absence d’espoir et de crainte est le secret du fruit.
Le yogi possède ces trois secrets. La jeune femme veut-elle réaliser ces trois secrets ? »

Ainsi chanta Mila.

Avec une grande foi, la jeune fille toucha ses pieds. Elle fit la requête d’instructions de méditation et lui offrit cette supplique :

« Ô Précieux Jetsün, ô Suprême yogi,
Le jour je suis occupée par le travail,
La nuit, je sombre dans le sommeil de l’ignorance.
Du matin au soir, je suis esclave de la nourriture et des vêtements,
II n’y a pas de temps pour pratiquer le Dharma.
Je fais requête d’un enseignement pour atteindre l’état de Bouddha,
Je fais requête d’un enseignement pour atteindre l’illumination. »

Ainsi chanta-t-elle.

En réponse, Jetsun chanta ce chant des quatre analogies et des cinq significations :

« Ô jeune femme Pèldarbum, Écoute, femme fortunée, dotée de foi,
Lève les yeux vers le ciel,
Et médite, libre de limites et de centre.
Lève les yeux vers le soleil et la lune,
Et médite, libre de luminosité et d’obscurité.
Regarde les montagnes,
Et médite, libre de changement.
Regarde le lac
Et médite, libre des pensées discursives. »

Ainsi chanta Mila

La jeune femme ayant médité offrit plus tard l’examen de son esprit.

« Ô Précieux Jetsiin, ô suprême Yogi,
Je peux méditer sur le ciel,
Mais lorsque des nuages s’élèvent, comment dois-je méditer ?
Je peux méditer sur le soleil et la lune
Mais lorsque des planètes et des étoiles se meuvent, comment dois-je méditer ?
Je peux méditer sur les montagnes,
Mais lorsque les arbres fruitiers s’épanouissent, comment dois-je méditer ?
Je peux méditer sur le lac,
Mais lorsque des vagues s’élèvent, comment dois-je méditer ?
Je peux méditer sur mon esprit,
Mais quand les pensées discursives surgissent, comment dois-je méditer ? »

Ainsi chanta t-elle.

Jetsün chanta ce chant pour dissiper ses obstacles :

« Ô jeune femme Pèldarbum,
Écoute femme fortunée, dotée de foi,
Si tu peux méditer sur le ciel,
Les nuages sont des manifestations du ciel,
De nouveau examine ces manifestations,
De nouveaux examine ton esprit.
Si tu peux méditer sur le soleil et la lune,
Les étoiles et les planètes sont des manifestations du soleil et de la lune.
De nouveau, examine ces manifestations,
De nouveau examine ton esprit.
Si tu peux méditer sur les montagnes,
Les arbres fruitiers sont des manifestations de la montagne.
De nouveau, examine ces manifestations,
De nouveau examine ton esprit.
Si tu peux méditer sur ton esprit,
Tes pensées discursives sont des manifestations de ton esprit,
De nouveau examine la racine des pensées discursives,
De nouveau examine ton esprit. »

Ainsi chanta Mila.

La jeune fille ayant médité, d’excellentes expériences se développèrent ; plus tard le maître la vit, chanta à nouveau et lui donna des instructions orales qu’elle médita ; puis elle devint une merveilleuse yogini, détentrice de la lignée orale.

 

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