Les trois confiances

Gampopa

L’Ornement de la Libération – Dagpo Targyèn – est le principal ouvrage de Gampopa.

C’est un Lam rim, une exposition progressive de la voie, depuis notre situation actuelle jusqu’à l’éveil. Il est constitué en cinq points : la cause (la nature de bouddha), le support (la précieuse existence humaine), la condition (l’ami spirituel), les moyens d’éveil (ses instructions) et le fruit (l’éveil). Ce chapitre sur les différentes formes de confiance est extrait du chapitre sur les moyens d’éveil.

Pour pouvoir ainsi utiliser cette précieuse existence humaine, il faut de la confiance, car il est enseigné que, sans confiance, aucune qualité positive ne peut naître en nous.

C’est ce qui est dit dans Le Sutra du Dixième Dharma :

Aucune qualité positive
ne se développe
chez les êtres sans confiance,
tout comme aucune pousse
ne germe
d’une graine brûlée.

Et dans Le Sutra de la Multitude des Bouddhas :

Dans le samsara,
ceux qui ont peu de confiance
ne connaîtront pas l’éveil
du bouddha.

Aussi faut-il développer de la confiance. Comme il est exprimé dans Le Noble Sutra du Vaste Déploiement :

Le Bouddha dit : Ananda, applique-toi à avoir confiance !
Telle est la prière du Tathagata.

Qu’est-ce que la confiance ?

On en distingue trois sortes : la confiance de la certitude, la confiance de l’aspiration et la confiance lucide ou de l’inspiration.

La confiance de la lucidité ou de l’inspiration

La confiance de l’inspiration se développe en référence aux trois joyaux. C’est un état d’esprit lucide, d’inspiration et de respect envers le rare et suprême Bouddha qui montre la voie, envers le rare et suprême Dharma qui est la voie et envers le rare et suprême Sangha que constituent les compagnons de route sur cette voie.

La confiance de l’aspiration

La confiance de l’aspiration vient de la prise de conscience du caractère extraordinaire de l’insurpassable éveil. Elle nous fait étudier respectueusement la voie qui conduit à son obtention.

La confiance de la Certitude

La confiance de la certitude s’appuie sur la compréhension de la rétribution des actes et des vérités du « mal-être » et de l’origine du « mal-être ». C’est :

• la certitude que les actes vertueux ont pour résultat les bonheurs du monde du désir ;

• la certitude que les actes non vertueux ont pour résultat les souffrances de ce même monde • la certitude que le karma d’immobilité a pour résultat le bonheur des deux mondes supérieurs de la forme pure et de l’informel ;

• la certitude que la production d’actes et de passions qu’on désigne comme la vérité de l’origine du « mal-être » s’exprime en tant que vérité du « mal-être », par l’obtention des cinq constituants souillés de l’individualité.

Ceci est exprimé dans L’Abrégé de l’Abhidharma :

Avoir confiance
c’est être véritablement convaincu
de l’enchaînement
des actes et de leurs conséquences,
des nobles vérités
et des trois joyaux.
C’est aussi avoir l’aspiration
et la lucidité qui en découlent.

Par ailleurs, dans La Précieuse Guirlande :

A confiance
celui qui ne se détourne
pas du dharma,
que ce soit par attirance,
aversion, crainte ou aveuglement ;
il est l’excellent réceptacle
du suprême accomplissement.

• Ne pas se détourner du dharma par attirance signifie ne pas l’abandonner pour suivre nos désirs ou nos attachements. Par exemple, ne pas l’abandonner si quelqu’un nous disait : « Détourne-toi du dharma et je te donnerai nourriture, richesse, femmes, royaume et maintes faveurs. »

• Ne pas se détourner du dharma par aversion signifie ne pas l’abandonner en s’adonnant à la colère ou à l’agressivité. Par exemple, ne pas l’abandonner même si quelqu’un qui, sous l’emprise de la colère, nous ayant fait beaucoup de mal dans le passé, venait à nouveau nous nuire.

• Ne pas se détourner du dharma par crainte signifie ne pas l’abandonner sous l’emprise de la frayeur. Par exemple, ne pas l’abandonner même si quelqu’un nous disait : « Si tu ne renonces pas au dharma, j’engage trois cents guerriers qui, jour après jour, dépèceront ta chair par morceaux de cinq onces. »

• Ne pas se détourner du dharma par aveuglement signifie ne pas l’abandonner sous l’emprise de l’ignorance. Par exemple, si quelqu’un nous disait: « Le karma n’a rien de vrai, il est faux que les actes aient des conséquences, les trois joyaux n’ont rien de vrai ; à quoi bon pratiquer le dharma ? Abandonne-le ! »

Celui qui a ces quatre dispositions est doté de confiance et est un réceptacle excellent pour la réalisation du suprême accomplissement.

Ces différents types de confiance ont d’immenses bienfaits car ils font naître l’attitude d’esprit caractéristique des êtres qualifiés supérieurs, permettent d’abandonner les états sans liberté, rendent nos facultés vives et claires, protègent notre discipline, dissipent nos passions, mettent hors d’atteinte des démons, font découvrir la voie de la libération, développent d’immenses vertus et font voir de nombreux bouddhas.

Elles nous placent aussi sous l’influence spirituelle des êtres éveillés et sont encore sources de bien d’autres qualités inconcevables.

Ceci est exprimé dans La Dharan de l’Océan des Joyaux :

De la confiance en le Bouddha
et ses enseignements
vient la confiance
en l’activité des bodhisattvas
et en l’insurpassable éveil.
De là se développe l’esprit
des êtres qualifiés supérieurs.

De plus notre confiance fait venir les bienheureux bouddhas qui nous exposent l’enseignement.

C’est ce qu’exprime Le Recueil des Bodhisattvas :

Le bodhisattva qui a confiance
est reconnu
par les bienheureux bouddhas
comme étant un réceptacle
des enseignements.
Devant lui ils se présentent
pour lui exposer parfaitement
la voie des bodhisattvas.

La précieuse existence humaine est donc celle dont le corps est pourvu de ces libertés et de ces qualifications et dont l’esprit possède ces trois types de confiance.

La personne l’ayant est le support pour réaliser l’insurpassable éveil.

Gampopa

Gampopa est né en 1079 dans le Tibet central, il fut disciple de Milarépa ; en lui ont conflué les deux courants spirituels constitutifs de la lignée Kagyupa : le courant Kadampa, qui vient d’Atisha et de Dromteunpa, et le courant du Mahamudra, qui vient de Marpa et de Maitripa.

 

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