Gampopa rencontre Milarépa

Un jour Gampopa fut stimulé en entendant parler des miracles de Milarépa. Simplement en entendant le nom du Lama, il brûla de dévotion et partit à sa recherche.

Arrivant à Trode Tachigang il vit une femme en train de tisser et lui demanda : « Savez-vous où demeure le vénérable Milarépa qui connaît l’esprit d’autrui et peut effectuer différents miracles ? » La femme lui répondit : « Je vais vous mener auprès d’une femme qui saura vous renseigner. »

Elle le conduisit près d’une vieille femme habillée de coton et portant un grand châle qui lui dit : « Vous ne pourrez y aller ce soir. Mais restez donc aujourd’hui chez moi. » Elle l’invita à l’étage de sa maison et lui dit : « J’étais hier en présence du grand vénérable et ce dernier dit :

 » Un moine Kadampa de la province centrale de U va venir me voir. Quiconque le guidera à ma rencontre n’aura plus à craindre de renaître dans les états d’existences infortunés. ” Ma fille est une pratiquante disciple du vénérable. Elle vous conduira là-bas. »

Le lendemain matin la fille arriva en présence de Gampopa. Rinpoché pensa : « S’il savait que je devais venir, c’est que je dois être un réceptacle approprié. » Il pensa qu’il n’aurait aucune difficulté à recevoir les instructions orales et en éprouva de l’orgueil. Mais Milarépa percevant sa vanité ne lui accorda pas d’audience avant une quinzaine de jours.

Sebenrepa lui donna un bol et un peu de bois et le conduisit dans une grotte et lui dit : « Le Lama savait que vous, Moine de U, étiez en route. Il a l’intention de vous donner les instructions orales, ne soyez pas triste de rester là et priez ! »

Quinze jours passèrent avant qu’on ne vienne chercher Gampopa pour rencontrer le Maître à Trode Tachigang.

Quand Gampopa arriva, il vit le vénérable assis sur un gros rocher et lui offrit de l’or. Le vénérable dit : « L’or et ce viel homme ne vont pas ensemble. Utilisez-le pour les provisions dont vous aurez besoin pour votre pratique. Quel est votre nom ? »

Gampopa répondit : « Mon nom est Seunam Rintchène : Précieux bienfaits. »

« Bienfaits, tu viens grâce à un immense développement de bienfaits et tu seras précieux pour tous les êtres. » Milarépa répéta cela trois fois.

Milarépa tenait une coupe crânienne remplie de bière dont il offrit les restes à Gampopa en lui disant : « Bois ! »

Gampopa considéra qu’il était moine et qu’il ne pouvait boire, surtout devant tous ces gens.

Le vénérable répondit : « Ne pense pas tant ! Bois ! »

Gampopa pensa : « Le lama sait » et but tout le reste sans rien laisser.

Alors Milarépa comprit qu’il serait un détenteur de la lignée et un réceptacle approprié pour toutes les instructions orales sans exception et dit : « Sebenrepa et Retchoungpa, venez ici tous les deux. Nous devrions chanter un chant pour accueillir ce moine. »

Et Milarépa chanta ce chant, accompagné de ses deux disciples :

Je me prosterne devant les Seigneurs Gurus.

À l’Est réside la blanche lionne des neiges.
Bien que son lait soit une nourriture sans égale,
Seul Indra peut le boire.

Au Sud réside le tigre au pelage rayé.
Bien que ses prouesses physiques soient sans égale,
Seul Dombi Heruka peut le chevaucher.

À l’Ouest se trouve le palais divin de Tushita.
Bien qu’un regard sur lui soit inégalable,
Seul le noble Asanga peut le voir.

Au Nord se trouve la vésicule biliaire du poisson blanc.
Bien que son goût amer soit sans égal,
Seule la reine des nagas
Tsugna Rintchène peut la manger.

La voie des méthodes de Naropa est profonde.
Bien que ce soit un raccourci sans égal,
Seul le Seigneur Marpa peut la parcourir.

Bien que la lignée de l’écoute de Marpa
Soit sans tâches,
Et donne naissance aux expériences et réalisations d’une façon sans égale,
Seul, moi, Milarépa, l’ai pratiquée.

Ces quelques mots de l’expérience de Milarépa,
Bien qu’ils pointent l’essentiel d’une façon sans égale,
Je les enseignerai à toi seul, Moine de U.

L’or et le vieil homme ne vont pas ensemble.
Il n’y a pas de foyer où faire bouillir le thé (1).

Mon fils, si tu souhaites de tout cœur
pratiquer le divin dharma,
Ne recherche pas les joies de cette vie,
pense à la suivante.

Si tu désires détenir le siège de la lignée Kagyu,
Ne t’attache pas aux mots mais regarde leur sens.
Toi, le moine, garde cela à l’esprit.

Milarépa chanta ce chant de bienvenue pour le moine.

1. Gampopa a offert aussi du thé à Milarépa en plus de l’or.

 

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