Les cheveux dans le yaourt

Commentaire sur le Sutra du Cœur de Péma Karpo.

« La forme est vide » : l’agrégat de la forme est vide d’essence (d’en soi) c’est sa vacuité. Cette nature essentielle (de la vacuité) apparaissant comme forme : « la vacuité est forme » et c’est pourquoi : « autre que forme il n’est de vacuité » et aussi « autre que vacuité il n’est de forme ». Prenons un exemple, une analogie : dans un récipient propre du yaourt pur est versé et donné à une vieille personne dont la vue est voilée par des artefacts. Du fait de ceux-ci elle voit le yaourt plein de filaments comme des cheveux qu’elle souhaite enlever. Dans cette même situation une personne dont la vue n’est pas affectée ne voit pas de cheveux et la personne qui souffre de cette maladie oculaire ne percevra plus de cheveux non plus, si elle guérit de sa maladie. Ainsi, pareillement, « la forme est vide », c’est-à-dire « la forme est vide d’essence (d’en soi) » correspond, en voyant le pur yaourt, à ne pas y apercevoir de filaments.

La forme aperçue (habituellement) est comme l’expérience de la personne qui a des artefacts oculaires et qui aperçoit des filaments dans le pur yaourt.

Ce qui signifie que nous percevons des formes là où il n’y en a pas vraiment.

« L’absence de forme autre que la vacuité et de vacuité autre que la forme » est comme l’absence (de l’expérience) de filaments hors du yaourt pur ou hors des filaments du yaourt pur (ce bien sûr dans les limites de l’exemple, pour cette personne il n’est pas de cheveux sans yaourt ni de yaourt sans cheveux).

Extrait du Sutra du Cœur II de Lama Denys © Guésar

 

<<Retour à la revue