Le corps géant

Thartang Tulkou Rinpoché

Visualisez un corps humain géant. Imaginez-le comme étant vivant et bien réel et essayez de voir cette forme physique avec le plus de détails possibles. Prenez bien le temps de construire une image claire – plusieurs journées ou semaines si nécessaire – jusqu’à ce qu’elle devienne de plus en plus précise, ce qui est important pour la réussite de cet exercice et des suivants.

Une fois que l’image créée est stable, laissez votre conscience (qui est contenue dans un tout petit espace en comparaison des dimensions énormes du corps géant) s’approcher de celui-ci. Examinez le géant en vous plaçant dans toutes les directions et à différentes distances jusqu’à ce que vous entriez en contact avec lui. Etant très petit vous allez pouvoir passer facilement à travers les pores de sa peau pour explorer ses structures internes (gorge, nez, estomac, bouche, yeux, intestins, os, etc.) jusqu’aux cellules puis aux molécules. Examinez alors le monde microscopique des atomes et des particules atomiques. (Les photographies et diagrammes d’un livre de physiques peuvent aider à faire un voyage détaillé à l’intérieur de ces particules.)

Le corps géant est maintenant vu comme un agrégat infiniment complexe de démarcations translucides. Mais ces démarcations ne doivent pas rester de simples lignes dans l’espace. Intensifiez le caractère translucide du corps en rendant ces démarcations très brillantes, vivantes, intangibles et sans résistance à votre présence. Puis ajoutez une qualité de félicité aux démarcations, ce qui permet d’améliorer la qualité de la représentation de manière importante.

Maintenant entrez dans cet espace translucide en vous déplaçant à travers les lignes et en les ouvrant jusqu’à ce qu’elles prennent toutes l’apparence d’un espace totalement libre de toute qualification, de point de vue ou d’idée de quantité.

Le corps a disparu dans un espace vivant et complètement ouvert…

Commentaire

Cet exercice aide à expérimenter une dimension plus ouverte et vivante des apparences. Les apparences sont en général seulement « connues » et sont souvent réduites à des définitions, perdant ainsi leur vitalité et dépendant du « connaisseur » qui les saisie. Un moyen de retrouver la dimension primordiale de ces apparences est d’y projeter des images, des concepts ou des qualités positives. Cet exercice nous amène à découvrir les surfaces solides comme étant l’espace, et cette découverte peut nous conduire vers une conclusion inhabituelle : nous avons compris que les choses peuvent fondamentalement être considérées comme étant l’espace, l’ouverture…

Extrait de Space, Time and Knowledge de Thartang Tulkou Rinpoché © Dharma Editions. Traduit de l’anglais par J.-E. Triau.

 

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