Sa Sainteté le Dalaï Lama et le Tibet

  1. Sa Sainteté le Dalaï Lama et le Tibet
    1. Biographie de Sa Sainteté le Dalaï Lama
    2. Le Tibet menacé de disparition
    3. Les bureaux du gouvernement tibétain dans le monde

Biographie de Sa Sainteté le Dalaï Lama

Né le 6 juillet 1935 dans un petit village du nord est du Tibet, Tenzin Gyatso est reconnu, alors qu’il n’a pas trois ans, comme la réincarnation de ses treize prédécesseurs (le premier Gyalwa Guendune Droup naquit en 1351), manifestation terrestre de Tchènrézi, bodhisattva de compassion.

« Dalaï » est un mot mongol signifiant océan et « Lama », un équivalent tibétain du terme indien guru qui désigne un maître spirituel. Accolé l’un à l’autre, les deux termes sont souvent traduits librement par « Océan de sagesse ». Mais « Dalaï Lama » est avant tout un titre, celui de chef spirituel – figure religieuse la plus éminente du monde bouddhiste – et de chef temporel du Tibet – chef du gouvernement.

A quatre ans, Tenzin Gyatso est intronisé à Lhassa, capitale du Tibet, afin d’assumer plus tard la direction de son peuple. Dès l’âge de six ans, il devient moine et reçoit une éducation de haut niveau pour le former à ses fonctions religieuses et le préparer à diriger le pays.

En 1949 la Chine envahit le Tibet, et le peuple tibétain réclame la remise des pleins pouvoirs à l’adolescent. Très vite et malgré tous ses efforts pour un dialogue ouvert, il comprend qu’une entente entre la Chine et le Tibet sera difficile. Mais il refuse toute lutte armée, certain que les conséquences seraient catastrophiques pour les Tibétains. Par ailleurs le bouddhisme appelle à une non-violence absolue. Cependant les résistances s’organisent ; les attaques des combattants de la liberté se multiplient, aussitôt suivies de répressions sans pitié de la part des Chinois. C’est dans ce climat très tendu que Tenzin Gyatso passe avec succès son doctorat en études bouddhistes et reçoit ainsi le titre universitaire le plus élevé : guéshé lharampa.

Quelques jours plus tard les Chinois lui tendent un piège. Craignant pour la vie de son chef, le peuple tibétain se regroupe autour du palais d’été du Dalaï Lama, le Norbulingka. Les Chinois préparent une attaque contre la foule et un bombardement de la ville. Le Dalaï Lama doit se résigner à fuir, espérant ainsi éviter un massacre… qui eut lieu malgré tout. Le pandit Nehru l’accueille chaleureusement et lui offre l’asile politique en Inde ainsi qu’aux 80 000 Tibétains fuyant les persécutions.

Aujourd’hui le Dalaï Lama réside toujours à Dharamsala, village situé dans les Himalayas indiens, d’où il dirige le gouvernement en exil et continue à enseigner le bouddhisme. De là, il s’efforce de rallier les autres pays et l’ONU à la cause du Tibet. Il ne retournera dans son pays que lorsqu’il pourra y garantir le bonheur des Tibétains. En décembre 1989 il reçoit le Prix Nobel de la Paix en hommage à son combat pacifique.

Il a déclaré publiquement qu’il n’assumerait aucune position officielle dans un Tibet libre afin de faciliter l’instauration et le développement d’une démocratie saine. Loin d’être un doux rêveur, son attitude réaliste et pratique le prouve, le Dalaï Lama croit à l’édification d’un monde plus paisible, plus humain et plus beau.

Le Tibet menacé de disparition

Jusqu’en 1900, le Tibet est réputé pour être le pays le plus fermé du monde. Sa situation géographique – il est entouré au Sud, à l’Est et à l’Ouest par les Himalayas – n’y est pas étrangère. Le Toit du monde est en fait le pays le plus inaccessible qui soit.

A partir de 1910, les Chinois tentent plusieurs intrusions et finissent par l’envahir en 1949 dans le but officiel de le délivrer des « oppresseurs impérialistes ».

Le monde entier entend dire que la liberté du Tibet est menacée. Seules l’Inde et la Grande Bretagne protestent auprès de la République Populaire de Chine.

Il faut attendre 1959 – après l’exil du Dalaï Lama – pour que l’ONU vote une résolution demandant à la Chine de respecter les droits de l’homme au Tibet et son droit à l’autodétermination. Les deux autres résolutions votées en 1961 et 1965 restent également lettres mortes.

Sur les six millions de Tibétains dénombrés en 1949, plus d’un million ont été exterminés. Les pires tortures ont cours. Beaucoup de prisonniers ont déjà passé plus de la moitié de leur vie en prison. Les exécutions sommaires ne se comptent plus. Les femmes sont aujourd’hui stérilisées ou avortées de force. On a des témoignages précis sur des infanticides. Les autorités chinoises procèdent à des transferts de population. Le peuple tibétain, sa culture, sa richesse humaine et spirituelle sont en voie de disparition. Amnesty International a publié en mai 1992 un rapport sur les répressions chinoises au Tibet depuis 1987 dénonçant les graves violations des droits de l’homme qui y sont commises.

Dès 1949, le Dalaï Lama n’a cessé d’appeler à un règlement pacifique de la question du Tibet par la négociation. Et depuis son exil, il multiplie les démarches pour permettre au Tibet de retrouver sa liberté.

En 1987, de Washington, il propose un plan de paix en cinq points et en 1988, devant le Parlement Européen de Strasbourg, il précise et élabore ces propositions pour servir de base à des négociations sincères avec le gouvernement chinois.

En mars 1989, l’état de siège est instauré à Lhassa avec imposition de la loi martiale qui sera levée officiellement en 1990. Mais toute agitation indépendantiste et manifestation même pacifique est prétexte à la répression.

En 1989, le Dalaï Lama reçoit le prix Nobel de la Paix et son action est enfin mise en lumière. Différents chefs d’États le reçoivent dont Vaclav HAVEL, Richard Von WIESZACKER, George BUSH, John MAJOR, Bill CLINTON, François MITTERRAND, Nelson MANDELA.

Quant à la France, il a fallu attendre 1982 pour que le pays des droits de l’homme accepte d’accorder un visa d’entrée au chef tibétain en exil, et 1990 pour que les parlementaires constituent un groupe d’études sur les problèmes du Tibet.

En juin 1992, un contact direct avait été rétabli avec Pékin, mais le gouvernement chinois a gardé une position dure et inflexible, accompagnée de conditions préalables à toute négociation. Le Dalaï Lama admet avoir été aussi loin que possible afin de faciliter un dialogue sincère, utile et substantiel. C’est aux Chinois désormais d’avancer des propositions réellement significatives. En 1996 le peuple tibétain commémore le 37e anniversaire de son soulèvement. Ni la propagande ni la répression n’ont amoindri son aspiration à une vie de liberté, de paix et de dignité.

Le thème du Tibet commence peu à peu à sortir de la marginalisation politique et devient l’objet d’une plus grande attention internationale. Des représentants du gouvernement en exil sont présents dans plusieurs pays. Des gouvernements et des parlementaires ont envoyé des missions sur place et ont adopté des résolutions1. Des conférences internationales ont été consacrées à la discussion des violations des droits de l’homme et au statut légal du Tibet.

Néanmoins la situation du peuple tibétain reste dramatique. La Chine utilise le Tibet pour y fabriquer ses armes atomiques et y stocker des déchets nucléaires2. La déforestation anarchique pratiquée met en danger le système écologique entier de notre planète. Un génocide culturel est en cours : dans 10 ans, le peuple tibétain ne sera plus en mesure de se perpétuer, si la politique de contrôle des naissances se poursuit parallèlement aux transferts massifs de colons chinois3.

En juin 1993, la Conférence des droits de l’homme placée sous l’égide de l’ONU à Vienne l’a prouvé : les pressions des représentants chinois auprès des organisateurs pour empêcher le Dalaï Lama de s’exprimer ont révélé à quel point le gouvernement chinois dénie tout droit de parole aux Tibétains4. Les Prix Nobel de la paix invités à cette conférence ont été solidaires du Dalaï Lama et certaines personnalités politiques ont eu le courage d’exprimer leur indignation. Peut-on espérer que le Tibet, « Pays des Trésors » puisse grâce à la solidarité de tous recouvrer dans la paix sa liberté ?

L’année 1994 est marquée au Tibet par l’interdiction de vendre et d’exposer la photographie du Dalaï Lama sur la place publique, y compris les monastères, la campagne anti-Dalaï Lama est en recrudescence. C’est aussi le rappel des enfants tibétains scolarisés en Inde, dont les parents ont confié l’éducation au gouvernement tibétain en exil. Plus de deux cent arrestations sont enregistrées cette année-là.

A partir de 1995, l’ingérence croissante dans les affaires religieuses des Tibétains se confirme, notamment par la détention d’un enfant de six ans, Gedhun Choekyi Nyima, reconnu selon la tradition par le Dalaï Lama comme étant la réincarnation du Xe Panchen Lama5.

En 1996, dans le cadre de sa campagne Chine/Tibet, Amnesty International publie la liste des 738 prisonniers d’opinion tibétains détenus par l’autorité chinoise au Tibet, dont un tiers sont des femmes. Le Gouvernement tibétain en exil a recensé plus de 4000 prisonniers de conscience.

« La raison du plus fort ne saurait être que momentanément la meilleure, aussi puissante soit-elle, tandis que la flamme de la vérité ne s’éteint pas. J’en suis toujours persuadé. »

Sa Sainteté le Dalaï Lama

Les bureaux du gouvernement tibétain dans le monde

En exil, le gouvernement tibétain a été réorganisé selon les principes modernes de la démocratie. L’Administration Centrale Tibétaine (ACT) englobe trois commissions autonomes (élections, services publics et audits), sept départements (religion et culture, affaires intérieures, éducation, finances, information et relations internationales, sécurité et santé), ainsi qu’un conseil de planification. Les ministres sont élus par le parlement, et sont responsables devant lui. La cour suprême de justice sert de cour d’appel et de cour constitutionnelle.

L’ACT a également ouvert des bureaux à New-Delhi, New-York, Tokyo, Londres, Katmandou, Genève, Moscou, Budapest, Canberra, Washington, Paris et prochainement à Pretoria. Ces Bureaux du Tibet sont les agences officielles représentant Sa Sainteté Le Dalaï Lama et le gouvernement tibétain en exil.

Le Bureau du Tibet a été établi à Paris en 1993. Il représente les intérêts tibétains en France, en Espagne, au Portugal, au Bénélux et auprès de l’U.E. Il supervise l’organisation des visites du Dalaï Lama dans ces pays et seconde les communautés tibétaines y résidant. Il sert de bureau de liaison et de source d’informations pour les questions relatives au Tibet et aux tibétains.

Le Représentant du Dalaï Lama a pour mission principale de permettre une meilleure compréhension de la situation au Tibet, et d’attirer l’attention de l’opinion publique sur la situation du peuple tibétain ainsi que sur l’existence et le fonctionnement du gouvernement tibétain en exil.

Maintenant un contact direct avec les gouvernements, les parlements, les organisations non gouvernementales et les associations des droits de l’homme, le Bureau les informe des récents développements au Tibet. Il coordonne ainsi les échanges d’informations et les rend disponibles aux médias.

Le Bureau participe également à la production de programmes de télévision (reportages, documentaires, fictions, news,…) ainsi qu’aux émissions de radio, et articles de presse, de même qu’à la publication d’ouvrages spécialisés et à la rédaction de thèses universitaires ou mémoires scolaires consacrés au thème du Tibet. Ses responsables interviennent également dans les expositions, conférences, meetings et autres manifestations relatives au Tibet.

Enfin le Bureau peut apporter tous conseils pour les donations et les fonds offerts par les particuliers ou les organismes, à Sa Sainteté Le Dalaï Lama, à l’Administration Centrale Tibétaine, et à la Communauté tibétaine en exil. Il s’assure également que toutes les donations recueillies vont directement à leurs bénéficiaires. A travers lui, de nombreux projets pour le Tibet et les Tibétains, dans le domaine de l’éducation, de la santé, du développement culturel et communautaire, ont pu être menés à bien.

 

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