La femme et le bouddhisme

Bokar Rinpoché

Tara est une divinité féminine, plus encore, c’est une femme devenue déesse. Le statut de la femme dans le bouddhisme semble avoir souvent été inférieure à celui de l’homme. Nous avons vu, par exemple, dans l’histoire de Lune de Sagesse – la future Tara – que les moines, en toute sincérité, n’hésitaient pas, pour son propre bien, à lui conseiller de faire des souhaits pour obtenir une existence masculine dans sa future naissance. On trouve d’autres exemples de ce mode de pensée. Ainsi Shantidéva, dans son très renommé Chemin vers l’Éveil, écrit-il :

« Que tous les êtres féminins arrivent au sexe masculin ! »…

Pour comprendre de tels souhaits, il est néanmoins indispensable de se replacer dans le contexte de l’Inde ancienne : la situation de la femme était socialement très inférieure ; dépendant entièrement de l’homme, elle n’avait guère de liberté ni de pouvoir de décision ; vouée avant tout aux tâches de la famille et de la maison, elle ne possédait qu’un accès limité au dharma. Dans ces conditions, il était effectivement préférable d’être homme plutôt que femme. Shantidéva ne considérait certainement pas la femme comme inférieure mais sa position comme peu favorable à une pratique spirituelle.

Ce qui était dû aux circonstances n’a cependant pas de valeur en dehors de ces circonstances. Le bouddhisme, en réalité, ne fait pas de différence entre hommes et femmes, moins aujourd’hui que jamais , les créditant tous les deux du même potentiel spirituel et des mêmes capacités à le réaliser.

Bokar Rinpoché ; Extrait de « Tara – Le divin au féminin » ; © Ed. Claire Lumière.

 

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