Vivre le Dharma au quotidien

Kyabdjé Kalou Rinpoché

L’attitude intérieure

Le point crucial de la pratique du dharma, le cœur des enseignements est l’esprit. Si nous avons un corps et une parole, ceux-ci viennent de l’esprit : l’esprit développe la forme d’un corps et ce corps développe la faculté vocale.

Le dharma, le cœur des enseignements, est l’esprit. Si nous avons un corps et une parole, ceux-ci viennent de l’esprit : l’esprit développe la forme d’un corps, et ce corps développe la faculté vocale. La racine de ce que nous sommes et de tout ce que nous faisons est l’esprit, il nous dirige et les pratiques que nous faisons sont dirigées vers lui. Aussi, dans toutes nos activités, le plus important est le travail que nous faisons avec cet esprit et l’état d’esprit dans lequel nous sommes et agissons ; ainsi la motivation est-elle primordiale.

La motivation juste est la bienveillance, la bonne volonté, la compassion, c’est-à-dire bodhicitta. Même si, dans les apparences des faits et gestes extérieurs, on se comportait suivant le dharma mais agissait avec une mauvaise motivation, on serait à côté de la voie juste.

Pour prendre un exemple : je suis ici aujourd’hui en train de vous parler, assis sur un grand siège, énonçant des paroles qui viennent des grands maîtres du passé. C’est une situation du dharma et j’ai tous les attributs d’un lama. Mais si je portais en moi une motivation intéressée souhaitant acquérir de la gloire, des riches ses, ou quoi que ce soit de personnel, bien que les apparences du dharma soient là, cette situation n’aurait rien à voir avec sa pratique authentique.

Notre attitude intérieure est donc déterminante en toute circonstance, c’est ce qu’il y a de plus important.

Une histoire célèbre illustre cela :

Un homme qui, animé d’une motivation pure, construisit une petite «tsa-tsa» (une tsa-tsa est une sorte de tout petit stupa, c’est un tout petit édifice d’argile modelé dans un moule et consacré).

L’acte positif, la réalisation de cette tsa-tsa établit une connexion qui le conduisit vers l’éveil.

Après l’avoir faite, il laissa cette tsa-tsa au bord de sa route. Un passant la vit et, animé d’une motivation également pure, jugea qu’il était impropre de laisser ainsi une tsa-tsa sur le bord de la route, à tout venant ; il la posa donc sur un mur.

Ce geste positif effectué avec cette motivation fut aussi pour lui une cause qui le conduisit vers l’éveil.

Un troisième personnage arriva ensuite. Il pleuvait, et il pensa qu’il serait dommage que cette tsa-tsa exposée à la pluie soit détruite ; aussi, avec une motivation extrêmement pure, pour la protéger, il posa dessus une vieille chaussure qui était là. Ce geste fut aussi pour lui une cause qui le conduisit vers l’éveil.

Puis un nouveau personnage arriva, qui toujours avec un état d’esprit très positif, estima que poser une vieille chaussure sur quelque chose d’aussi sacré qu’une tsa-tsa était vraiment impropre et, indigné, il enleva la chaussure ; ce geste, là encore, fut une cause qui le conduisit vers l’éveil.

L’histoire s’appelle «Une tsa-tsa et beaucoup d’éveil» ; elle illustre le fait que notre attitude intérieure, notre motivation, sont déterminantes en toute circonstance. C’est cette motivation juste qu’il faut apprendre à cultiver. Avec elle, toutes les situations deviennent source de pratique, source d’éveil et moyen de progresser vers la réalisation.

Quel que soit le temps que vous puissiez consacrer à la pratique du dharma : un an, un mois, une semaine ou un jour, la motivation avec laquelle vous le faites est extrêmement importante. Il convient que ce soit avec bodhicitta, l’esprit de l’éveil ; c’est-à-dire en vous disant que vous allez le faire pour le bien de tous les êtres. Cette attitude intérieure comme base de toutes les pratiques est essentielle.

L’activité dans les six perfections

Bodhicitta est souvent appelé la pierre philosophale, car il transforme toutes activités en l’or de la pratique du dharma. Ainsi, en cultivant la motivation juste qu’est bodhicitta, toutes les activités de la vie quotidienne deviennent pratique du dharma dans l’application des six perfections.

La générosité

Par exemple, si, là où nous trouvons, il y a des gens qui sont dans le besoin, qui sont pauvres, il convient de les aider en pratiquant la générosité, en leur faisant des dons. Si l’on peut, plus particulièrement, aider quelqu’un qui en a besoin et qui pratique le dharma, c’est un don encore plus profond et plus précieux, car, en plus, on aide cette personne à aller vers l’éveil.

Il y a les quatre formes de dons : de choses matérielles, d’amour, de protection, et du dharma que nous pouvons pratiquer à chaque instant. En pratiquant ces dons, on ne s’appauvrit pas mais s’enrichit. Le don développe un karma positif qui est source de bien-être et de riches ses ; c’est quelque chose de très réel.

J’ai toujours donné et utilisé tout ce que j’avais pour le dharma. Quand je suis arrivé du Tibet, je n’avais presque rien et le peu dont je disposais je l’ai donné pour aider des moines. Néanmoins, j’ai eu la possibilité de construire un monastère où vivent aujourd’hui plus de cent moines dont je puis assumer la charge, que je puis aider. J’ai pu aussi construire des stupa et faire beaucoup de choses, cela ne vient pas de ce que j’ai fait du commerce, ou que j’ai eu des activités lucratives à droite ou à gauche, c’est une vertu du dharma, une vertu du don.

Aussi longtemps que l’on est fixé sur ses possessions, on en veut toujours plus et on est toujours dans un état d’insatisfaction et de manque. C’est en sachant donner qu’on découvre la possibilité d’être vraiment satisfait, en étant satisfait on est en possession de tout ce que l’on souhaite.

Il y a un proverbe qui dit :

« C’est en possédant que l’on manque,
C’est en cessant de s’attacher que l’on est satisfait. »

Le désir et l’attachement peuvent prendre différentes formes. Ce peut être le désir d’un homme pour une femme, ou celui d’une femme pour un homme : ils se rencontrent, ils s’unissent, des passions naissent, viennent des problèmes, cela dure un certain temps, puis une autre relation, etc. ; les situations de désir et les problèmes se répètent cycliquement. Ce peut être aussi l’attachement que l’on éprouve pour ses biens ou pour ses proches. Le désir fait que l’on est toujours insatisfait : si l’on a une maison on en souhaite une autre, si l’on a deux maisons on souhaite une troisième résidence secondaire, si l’on a mille dollars, on en veut dix mille, on en veut cent mille, un million, un milliard. Notre esprit est insatiable.

A l’époque du Bouddha Sakyamuni vivait un moine qui se trouva en possession d’un joyau merveilleux qui, lorsqu’on l’en priait, accordait tout l’or, l’argent et les pierres précieuses demandées.

Il se rendit donc auprès du bouddha, lui expliqua son embarras et le pria de lui désigner la personne à qui il convenait d’offrir le joyau. Le bouddha lui désigna le roi du lieu, monarque fort riche et puissant. Il lui fit l’offrande et le roi l’accepta mais en demanda la raison. Le moine alors s’expliqua :

Le roi trouva la chose bien étrange, considérant qu’il n’y avait peut-être pas sur terre plus riche que lui. Pour être éclairé, il se rendit auprès du bouddha et lui demanda la raison qui l’avait fait désigner au moine, alors que celui-ci demandait quel pauvre serait le mieux loti avec ce joyau.

L’insatisfaction permanente peut faire du plus riche le plus nécessiteux !

Il est essentiel de développer une attitude de contentement qui consiste à être satisfait de ce qui est et de ce que l’on a, d’être heureux avec ce que l’on a maintenant, et par là même de ne pas s’engager constamment dans des comportement de désir. Autrement, on peut avoir une maison qui soit toute en or et toutes les richesse du monde, on ne fera que s’y attacher et lorsqu’on mourra sans emporter une seule parcelle de tout cet or, on ne gardera que l’attachement qui nous fera renaître en un état d’esprit avide.

Si l’on sait aussi utiliser les richesses dont on dispose pour pratiquer le don en aidant les gens qui pratiquent le dharma et ceux qui en ont besoin, on développe par là une activité positive énorme qui, en des naissances ultérieures nous permettra d’avoir des conditions de vie encore plus heureuses et riches. Aider à la réalisation d’un projet dédié au dharma apporte des bénéfices et des intérêts bien supérieurs à ceux que verse une banque ! dans la mesure où c’est quelque chose qui apporte des bienfaits tant pour cette vie que pour toutes les vies ultérieures.

Le don du dharma, de l’enseignement, est le don essentiel, mais sa valeur dépend de la motivation avec laquelle on le fait. Il faut percevoir les êtres auxquels on l’adresse comme nos parents, se dire que depuis des temps sans commencement ils errent dans le samsara, éprouvant des souffrances incommensurables, et percevoir que s’ils persistent sur cette voie ils continueront à y errer et y souffrir sans fin. C’est à partir de la profonde compassion venant de cette perception qu’il faut souhaiter leur transmettre les enseignements qui pourront les aider à se sortir de leurs peines et à atteindre l’éveil. Ce n’est qu’avec une telle motivation qu’il est vraiment possible de pratiquer le don du dharma. Lorsqu’on peut le faire ainsi, c’est de toutes les formes de dons la plus profonde, la plus précieuse et la plus efficace. Mieux vaut alors un vrai don du dharma que des dons de choses matérielles à un grand nombre de personnes. Pourquoi ? Parce que la générosité matérielle, même si elle extrêmement utile, n’a qu’une portée limitée car transitoire. Au mieux elle aidera la personne qui en bénéficie quelques temps dans cette vie, alors que le don du dharma aide aussi bien en cette vie qu’en toutes les existences ultérieures. De plus, si par le don du dharma une seule personne peut arriver à l’éveil, cette personne pourra à son tour aider un nombre incommensurable d’autres êtres. C’est pourquoi le don du dharma a une portée et une ampleur plus grandes.

La discipline

La deuxième perfection est celle de la discipline. Il est possible à chaque instant d’apprendre à abandonner autant qu’on le peut les dix actes négatifs et à cultiver, autant qu’on le peut, les dix positifs. Développer cette discipline extérieure associée à la motivation juste qui est la discipline intérieure, permet que tout sans exception devienne pratique du dharma.

Dans la vie, on peut rencontrer toutes sortes de difficultés extérieures, mais les principaux problèmes sont intérieurs, c’est-à-dire qu’ils viennent de passions, de nos attitudes agressives, colériques, de nos désirs, attachements, et aussi de notre aveuglement mental. Il nous faut donc apprendre la discipline qui permet de travailler avec ces passions, avec les émotions, dans toutes les situations de notre vie. C’est la discipline de pratique, qui permet de développer la méditation assise et en action.

La patience

La troisième perfection est la patience. Avec nos voisins, notre famille, notre conjoint, il y a souvent des conflits, des heurts, des paroles vives issus de l’agressivité, de la colère. C’est un problème réel et grave ; ces attitudes sont de nature à gâcher tout ce que l’on peut faire de positif, et l’agressivité est une émotion à l’origine de beaucoup de souffrances.

Quelle que soit la situation, que votre mari ou votre femme soit agressif, ayez de la patience, sachez le supporter, passer outre, ne répondez pas à l’agressivité par la colère. Dans un couple, si l’on se marie c’est dans l’espoir d’être heureux, mais si l’on s’engage dans des luttes conjugales, ces luttes sont sources de douleurs et de problèmes qui vont à l’encontre de la motivation initiale. Actuellement, la situation mondiale est difficile ; beaucoup redoutent un conflit, une troisième guerre mondiale. Si elle avait lieu ce serait, bien sûr, quelque chose de terrible, néanmoins l’issue d’une telle guerre se jouerait en l’espace de quelques années, de quelques mois, peut-être de quelques jours ou moins, elle ne durerait pas très longtemps alors que si vous êtes en conflit avec votre conjoint c’est pour toute votre vie ! C’est bien pire ! Si votre conjoint est agressif envers vous c’est parce qu’il pense que vous êtes mauvais et que lui est bon. Il pense être dans le vrai et vous dans l’erreur. Il est important de voir que les difficultés viennent de part et d’autre. Pour faire du bruit il faut deux mains, une main toute seule n’en fait aucun. Quoi qu’il en soit, essayez de vivre dans l’harmonie conjugale, que cette situation ne soit pas source de dispositions d’esprit conflictuelles et d’actes négatifs ; mais, au contraire, que cette situation soit utilisée pour des choses positives.

L’énergie

La perfection de l’énergie est indispensable à toutes les pratiques. Vous avez appris beaucoup de choses, vous savez conduire une voiture, prendre un avion, tout ce que vous savez faire au niveau du monde vous l’avez appris, cela vous a demandé du temps. Considérez le nombre d’années pendant lesquelles vous êtes allé à l’école, avez étudié un métier, pour un objectif limité à cette vie. Il est important, quand on pratique le dharma, de comprendre que progresser vers l’éveil et arriver à l’état de bouddha n’est pas quelque chose qui puisse se faire sans énergie, sans efforts, sans diligence. Quelle que soit la pratique que l’on fait, il faut d’abord en percevoir le sens puis l’appliquer, la pratiquer, avec diligence. Il nous faudrait pouvoir consacrer à la pratique du dharma encore plus de temps et d’énergie que nous n’en avons utilisé pour nos études mondaines, considérant que ses bienfaits ont une portée qui est, elle aussi, beaucoup plus grande, dépassant le cadre limité de cette seule vie.

La méditation

Ensuite vient la perfection de la méditation. Les pratiques de la méditation : la prise de conscience des quatre idées fondamentales, la pratique de samatha-vipasyana, les pratiques de lodjong et la méditation de tonglen, la méditation sur un yidam, sur Tchènrézi qui regroupe l’essentiel de toutes les méditations du vajrayana, nous permettent de travailler avec toutes les situations.

Si vous pouvez consacrer une demi-heure par jour, ou même moins, à la pratique de la méditation assise, c’est quelque chose qui vous procurera des bienfaits et des bénéfices incommensurables. Essayez de méditer ainsi, en apprenant à développer un état d’esprit bienveillant et à éviter les états d’esprit malveillants.

La connaissance transcendante

Ensuite, il y a encore la perfection de connaissance transcendante. Il est important de comprendre que toutes les choses auxquelles on aspire, toutes les situations sur lesquelles habituellement on se fixe n’ont pas de réalité véritable, elles sont fondamentalement comme une illusion, comme un mirage, irréelles.

Si l’on comprend les caractéristiques éphémères et évanescentes de ce à quoi l’on aspire constamment, les désirs et les fixations deviendront beaucoup plus transparents.

Les souffrances et les émotions conflictuelles ont leur source dans notre esprit dont l’origine, le fondement, est vacuité. Si l’on peut vraiment le comprendre, on réalisera que les passions qui nous nuisent sont fondamentalement vides, irréelles, et la compréhension de leur absence de solidité, de leur irréalité nous permettra d’avoir vis-à-vis d’elles une attitude beaucoup plus libre et dégagée.

Finalement, si vous pouvez comprendre le sens de la méditation du mahamudra et si vous pouvez ensuite l’appliquer, elle vous introduira à l’expérience de la connaissance transcendante ; c’est essentiellement le plus utile, le plus merveilleux.

Jour après jour

Comment faire concrètement chaque jour ?

La première connexion que nous avons avec le dharma est celle du refuge, c’est le début de toutes pratiques et il est important de commencer sa journée en récitant simplement le refuge, en tournant ainsi notre esprit vers l’éveil, vers les Trois joyaux, et cela tous les jours, sans interruption, en faisant au même moment différentes offrandes. Avec une bonne motivation, nous offrons aux Trois joyaux une fleur ou les différentes offrandes traditionnelles. Après avoir pris refuge, nous développons en nous l’attitude d’esprit de l’éveil, bodhicitta, nous reprenons conscience de tous les êtres qui souffrent dans le samsara et nous pensons : “puissé-je faire quelque chose pour aider véritablement tous les êtres qui souffrent. Aujourd’hui, tout particulièrement, je vais être attentif et vigilant et m’efforcer d’avoir un état d’esprit positif, utile à autrui en toutes situations, j’essayerai d’aider en toutes les circonstances de cette journée”. Chaque matin, on imprime en notre esprit une telle motivation de bienveillance et de compassion.

Si l’on porte ainsi bodhicitta en soi tout au long de la journée et essaye de l’appliquer au mieux en toutes situations, c’est cette pierre philosophale qui transforme tout ce que l’on fait, même si ce sont les choses très banales, les travaux ordinaires, n’importe quelle activité, en une véritable pratique du dharma.

Cette motivation consacre toutes nos activités, et tout ce que l’on fait de positif dans son esprit a un pouvoir multiplié un nombre incalculable de fois.

Lorsque quelque chose d’heureux, d’agréable, de souhaité, nous arrive : soyons en content et développons une attitude d’esprit positive, reconnaissant cette situation comme une bénédiction qui nous vient de l’influence spirituelle du lama et des Trois joyaux.

Si quelque chose de difficile, de douloureux, d’indésirable nous advient, considérons-le comme le résultat d’un karma négatif antérieur et pensons : “puissé-je être capable de purifier ce karma négatif”.

Ainsi, quelles que soient les circonstances que nous traverserons, nous n’en serons pas affligés, nous saurons les accepter, les intégrer à notre pratique, et toutes deviendront la base d’un état d’esprit positif tourné vers l’éveil.

D’une façon générale, si l’on a une famille, des enfants, ce que l’on peut faire de plus précieux pour eux est d’agir en sorte que leur esprit se tourne vers le dharma et sa pratique, mais, quand bien même cela ne fonctionnerait pas comme nous le souhaiterions, sachons les aimer et les aider autant que nous en sommes capables. Vis-à-vis de notre famille, de nos conjoints, de nos possessions, de nos biens, soyons attentifs à ne pas avoir une attitude d’attachement, à ne pas nous fixer sur les situations et les choses, nous disant : “c’est à moi”, ou “ce doit être comme ça”. Une telle attitude n’est pas profitable au simple niveau extérieur et elle est intérieurement source de conflits et de souffrances. Par rapport à tout ce que l’on possède et à toutes situations, le non-attachement est essentiel. Les choses et les situations n’ont qu’une valeur relative, elles sont fondamentalement illusoires, comme un rêve ou la réflexion dans un miroir, ou encore comme une image du cinéma ou de la télévision.

Au terme d’une journée, apprenons à considérer ce que nous avons fait de positif, faisons-en dédicace, souhaitant que cela puisse contribuer à l’éveil et au bonheur de tous les êtres, regrettons les attitudes négatives que nous avons pu avoir et résolvons-nous à veiller ultérieurement tout particulièrement aux points délicats avec lesquels nous n’avons pas réussi à être positifs.

La dédicace permet aux bienfaits des actions positives de s’amplifier et de ne pas se perdre. Après avoir été faite, une action positive peut être endommagée par une mauvaise pensée, un moment de colère, ou une autre tendance négative. Mais une fois qu’elle à été dédiée, ses bienfaits ne peuvent être détruits. Ces bienfaits pourraient être comparés à une goutte d’eau : laissée à elle-même, une goutte d’eau risque de s’évaporer rapidement tout comme les bienfaits d’un acte. Faire dédicace d’un bienfait est comme mettre cette goutte d’eau dans l’océan : aussi longtemps que l’océan ne sera pas asséché cette goutte ne s’épuisera pas.

Il y eut, une fois, deux hommes qui voyageaient ensemble vers le Tibet central. Le premier n’avait, pour toute provision, qu’une poignée de farine de haricots, alors que l’autre avait une grande quantité de farine de blé.

Le premier mélangea sa farine à celle de son compère. Au bout de quelques jours le voyageur nanti pensa que les provisions de son compagnon devaient être épuisées.

Il le lui dit, mais l’autre lui assura qu’il n’en était rien et lui proposa de vérifier.

Vérification faite, il restait toujours de la farine de haricots au milieu de celle de blé, et comme la tsampa de haricots n’était jamais finie, ils durent manger chacun la même part du mélange jusqu’au terme de leur voyage…!

C’est ainsi qu’on obtient autant de bienfaits que quelqu’un d’autre, en participant à ceux-ci et en s’en réjouissant.…!

En résumé, si le matin on prend refuge, développe bodhicitta, et si le soir on fait une dédicace comme on vient de le dire ; et si, entre les deux, on s’efforce avec vigilance de cultiver une motivation et des actions toujours bienveillantes, à éviter les attitudes agressives et malveillantes, et de ne pas se fixer sur les choses ; alors, l’essentiel est accompli.

 

<<Retour à la revue