Bien vivre les émotions

Lama Denys Rinpoché

« Dans la réalisation véritable de Mahamudra, les passions de l’esprit, au lieu de le troubler et de le souiller, l’embellissent. Les dispositions négatives ne sont plus à rejeter, elles se transmutent d’elles-mêmes en connaissances primordiales. »

Kyabdjé Kalou Rinpoché
La Voie du Bouddha

Il existe une très vieille transmission au sein de la tradition qu’est la voie du Bouddha, celle de « bien vivre ses émotions », plus particulièrement dans la perspective des lignées de Mahamudra-Dzogchen.

Nous avons tous des émotions. Elles sont la texture de la vie, certains disent même : « le sel de la vie ! ». Le mot émotion contient la notion de mouvement et habituellement, les émotions sont des élans intérieurs qui nous émeuvent et nous emportent.

Les émotions sont fondamentalement bonnes pour autant qu’elles soient bien vécues, sinon elles deviennent ce que l’on nomme des passions.

Nous pouvons donc considérer qu’il y a plusieurs types d’émotions.

Émotions de participation et émotions conflictuelles

La qualité de l’émotion, qu’elle soit bonne ou conflictuelle, dépend de la façon dont elle est vécue. Les émotions ne sont jamais mauvaises en elles-mêmes ; c’est notre relation à l’émotion qui va permettre de vivre cette situation énergétique de façon saine ou malsaine.

Les émotions de participation

C’est dans une présence de totale participation, lorsque l’on vit pleinement l’énergie d’une situation, que l’on peut dire que l’émotion est positive : une émotion saine qui, dans son intensité, participe de la santé fondamentale de la vie.

Nous éprouvons cette intensité lorsque nous nous ouvrons et que nous nous laissons toucher, par exemple, par la beauté d’un paysage ou d’une musique, ou dans l’expérience d’un ravissement amoureux. C’est une sorte d’oubli de soi qui permet une possibilité d’ouverture et de communion intime. Au cœur de cette participation, en la pleine expérience de cette présence, est une énergie vive dont l’intensité a une qualité émotionnelle. Cette énergie peut rayonner en soi, et même venir en nos yeux sous forme de larmes.

En cette expérience prédomine tout ce qu’il y a de sain et de positif dans les émotions. L’amour et la compassion authentiques sont de telles émotions ; elles ont la qualité d’une profonde présence et d’une absence de dualité.

Les émotions conflictuelles

Les émotions conflictuelles sont celles que nous évoquons le plus souvent lorsque nous parlons des émotions. Nous les nommons aussi les passions : ce sont des émotions qui sont une relation duelle et conflictuelle entre le moi et quelque chose qui lui est autre. Elles sont répertoriées en trois catégories de base qui sont traditionnellement nommées « les trois poisons de l’esprit » : l’attraction, la répulsion, l’indifférence. Ces trois émotions de base se déclinent ensuite en six : la colère-haine, l’avidité, la bêtise, le désir-attachement, la jalousie et l’orgueil.

La tradition du Bouddha les reconnaît comme les six émotions conflictuelles de base qui sont caractéristiques des six mondes (les six états de la conscience habituelle).

La genèse des émotions

Les émotions conflictuelles émergent d’un processus mental. Certaines émotions naissent de pensées simples ou banales alors qu’il en est d’autres auxquelles nous prêtons une attention particulière. En raison de nos imprégnations – les samskara – nous nous investissons davantage dans certaines de ces représentations, et ce d’autant plus qu’elles nous touchent particulièrement. La situation nous affecte et nous y mettons un affect : ça marche dans les deux sens. Une simple situation devient alors une émotion qui nous mobilise et nous transporte.

Plus on s’investit dans une situation émotionnelle et plus l’on réagit, plus on la nourrit. La réaction consiste autant à abonder dans son sens qu’à vouloir la chasser ou la fuir. Nous touchons ici un point fondamental. Le cœur du travail avec les émotions ne consiste pas à vouloir chasser ou refouler les émotions. En effet, l’énergie employée à réprimer l’émotion est celle-là même qui la nourrit. Une émotion refoulée se nourrit de l’énergie du refoulement et revient avec force.

Imaginez un ballon que l’on essaie de mettre sous l’eau : plus vous l’enfoncez, plus il remonte avec force éclaboussures ! Le jeu de jokari illustre tout à fait ce phénomène : avec une raquette, vous tapez sur la balle et plus vous tapez fort, plus elle va loin, mais plus elle revient violemment !

Habituellement, nous avons peur des émotions. Lorsque nous sentons une émotion, nous éprouvons une sorte de panique qui induit des comportements réactifs et inintelligents. En fait, il s’agit d’abord de comprendre que les émotions sont une partie intégrante de notre vie, qu’elles sont normales et bonnes si nous savons les accueillir.

Bien vivre les émotions

Pour entrer dans l’intelligence de cette expérience, il s’agit de bien comprendre ce processus de rejet que nous appliquons d’une façon générale lorsque nous sommes dans une situation passionnelle. Nous voudrions bien rester calme sans être perturbé par cet intrus. Nous aimerions pouvoir nous protéger et ne pas être contaminés par ce démon passionnel.

Le secret est d’apprendre à faire exactement le contraire ! Cela consiste à accueillir l’émotion et à faire disparaître « moi », le soi en tant que sujet-observateur. Dans un premier temps, nous apprenons à nous détendre et à découvrir une attitude de profonde relaxation de l’observateur, du sujet qui se laisse partir. En rester là serait suffisant mais c’est très difficile car nous sommes complètement dépendants de nos émotions, nous sommes « accros » ! Malgré tout, nous pouvons découvrir cette possibilité de façon très simple et immédiate, juste en laissant tomber ! C’est dans cette attitude de non-fixation que le caractère conflictuel de l’émotion se défait : en se détendant dans ce lâcher-prise, l’énergie de l’émotion rayonne et diffuse. La nature même de l’émotion change radicalement car son énergie a une intelligence extrêmement vive qui se vit de façon non égotique alors que si l’émotion est possédée, cette intelligence devient celle de l’ego utilisant cette énergie.

Il s’agit de découvrir que nous sommes possédés par nos émotions dans la mesure où nous les possédons ; le fait même d’être possesseur – en prise avec ses émotions – fait que nous sommes possédés.

Le travail de dépossession

La pratique de « bien vivre les émotions » est un travail de dépossession qui permet de délivrer l’émotion du possesseur en décrochant. C’est souvent malheureusement trop simple pour être cru !

L’apprentissage de cette pratique consiste à développer une qualité de relation toute simple par rapport aux pensées et aux émotions. Cela peut sembler curieux de s’entraîner à avoir la simple expérience d’une pensée ou d’une émotion mais c’est pourtant très difficile !

L’expérience consiste à voir sans jugement, tout simplement, ce flot de pensées qui défilent dans notre esprit. Nous apprenons à voir cela en une vision neutre et bienveillante, sans chercher à évaluer ou à réagir, avec une qualité de simple vision dégagée.

C’est là un des points fondamentaux de la pratique de samatha-vipasyana : la pratique fondamentale de la contemplation, base de tous les exercices spirituels. La simple vision est ce que l’on nomme aussi « l’observateur abstrait » . C’est un terme technique de la pratique qui exprime justement cette qualité d’être que nous expérimentons lorsque nous sommes et observons dans cette simplicité.

Il s’agit d’une expérience très simple qui n’a rien à voir avec une attitude romantique. L’observation abstraite n’est pas une observation massive mais une simple contemplation. Nous ne nous investissons pas dans le regard mais dans cette qualité abstraite : « c’est vu ! » . Alors cet observateur abstrait – c’est nous ! – s’intègre à notre expérience, devient notre expérience en apprenant à se relaxer, non pas au sens où « je me relaxe » mais plutôt dans le sens de la relaxation du « je » . C’est en fait un état de présence dans lequel l’observateur est abstrait, sans le sentiment d’être observateur de ce qui se vit. C’est une simple présence.

Les étapes de l’apprentissage

Il y a plusieurs étapes dans l’apprentissage.

D’une façon générale, il est utile de découvrir quelle est son émotion dominante. Est-ce que nous sommes plutôt orgueilleux, plutôt jaloux, ou plutôt dans le désir ou la colère, l’avidité ou la bêtise ? Peut-être s’agit-il de la combinaison d’une émotion dominante et d’une sous-dominante…

Dans l’apprentissage, l’attention est fondée sur une maxime célèbre : « Applique la pratique à ton plus gros problème ». Supposons que nous soyons très coléreux. Il s’agit avant tout de le reconnaître et de l’accepter. De toute façon, ne pas accepter ce que nous sommes n’est pas très réaliste ! La pratique est foncièrement réaliste et il s’agit d’être réaliste afin de discerner déjà dans notre constitution notre type dominant. Cela peut apporter dans nos vies une lucidité et une vigilance particulières.

Examinons d’abord les situations dans lesquelles nous nous trouvons de toute façon. Une émotion est là ou arrive. S’en suit le crescendo émotionnel qui se manifeste si l’on est deux, deux avec soi-même ou deux avec l’autre en face car l’émotion construit son crescendo dans le jeu des projections. La pratique va être dépolarisation. Il s’agit de sentir l’émotion émerger, de l’accueillir, et, dans l’expérience de son ressenti, de découvrir la capacité d’être en quelque sorte transparents. En se relâchant dans cette forme de détente, l’émotion retombe et une partie de son énergie se décharge. Ce qui reste est alors une forme d’intelligence et de sensibilité qui permet une réponse appropriée, harmonieuse et non conflictuelle.

La discipline de l’apprentissage

Il s’agit tout d’abord de bien comprendre que discipline et apprentissage sont en quelque sorte synonymes. Suivre un apprentissage, c’est être un disciple et cela nécessite de suivre la discipline.

Il y a dans cette discipline des aspects extérieurs, intérieurs et fondamentaux. Ce que nous venons de développer procède de la discipline fondamentale. La mise en pratique de cette discipline nécessite habituellement un cadre, qui est celui de la discipline extérieure, et une méthode, qui est une certaine approche de la discipline intérieure.

La discipline extérieure

La discipline extérieure est un cadre qui permet d’éviter un certain nombre de situations trop difficiles ou trop intenses et par là-même ingérables. Tant que nous n’avons pas réalisé la capacité de transmuter les poisons, il est prudent de ne pas en consommer, tout simplement. La sagesse est d’éviter les situations qui sont pathogènes, induisant de la violence que ce soit vis-à-vis de soi ou des autres.

Cette discipline extérieure se développe autour d’un certain nombre de repères au niveau du corps, de la parole et de l’esprit. C’est en fait la base de l’éthique du Dharma puisque l’éthique est l’évitement des situations violentes qui génèrent souffrances aux autres et à soi-même. Il existe d’ailleurs un principe général, une éthique universelle, que nous nommons souvent la Règle d’Or. Qu’est-ce que la Règle d’Or ? « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’il te soit fait. » Ce principe existe finalement dans toute forme d’éthique religieuse, humaniste ou agnostique. Tous autant que nous sommes, nous recherchons le bien-être, le bonheur et souhaitons éviter la souffrance et le mal-être.

« Ne fais pas à l’autre la violence dont tu ne voudrais pas toi-même être la victime. » : c’est très simple et ce simple principe a une extension immense.

Ainsi, la discipline extérieure s’exprime dans ce que l’on nomme traditionnellement les « dix actes positifs » et, à l’inverse, les « dix actes négatifs » qui sont des repères aux niveaux du corps, de la parole et de l’esprit.

Au niveau du corps,

• éviter de tuer, ce qui est évidemment la forme de violence fondamentale : prendre la vie, éliminer ce qui nous gêne, tuer ce que nous voulons consommer, ou laisser tuer dans l’indifférence,

• éviter de prendre ce qui n’est pas donné ;

• éviter de vivre une sexualité erronée, empreinte d’agressivité ;

Il s’agit donc simplement de protéger la vie, de savoir être généreux et de vivre une sexualité saine et harmonieuse.

Au niveau de la parole :

• éviter de mentir, ce qui est une forme de violence et de trahison du caractère sacré de la parole ;

• éviter d’utiliser la parole comme génératrice de dissensions et de disharmonie ;

• éviter de blesser par la parole qui n’est alors plus un instrument de communication mais un vecteur d’agressivité (indépendamment du sens de ce qui est dit) ;

• éviter le bavardage futile qui entretient simplement l’activité du mental fondée sur toutes sortes d’émotions.

Parler vrai et utiliser la parole conciliatrice sont des facteurs d’harmonie ; il est bon d’apprendre à communiquer de façon non violente et appropriée.

Au niveau de l’esprit :

Ce sont les comportements de l’esprit tels qu’ils se développent dans la répulsion, l’attraction et l’indifférence.

• éviter d’avoir un esprit agressif qui entretient des sentiments malveillants, qui souhaite le mal ;

• éviter d’être possessif, d’avoir un comportement de l’esprit fondé sur la saisie, le besoin de s’approprier ;

• éviter de développer et d’entretenir une compréhension et une vision qui ne correspondent pas à la réalité et de se constituer une bulle d’illusions.

Il est donc souhaitable et positif de cultiver la bienveillance, une attitude du cœur qui souhaite ce qui est bon pour tous. De la même façon, il est bon d’entretenir une attitude de non-possessivité, de ne pas être l’esclave de la possessivité. Troisièmement, il s’agit d’apprendre à voir les choses comme elles sont, simplement comme c’est, au-delà des fixations et illusions habituelles.

Ce sont ici les dix repères de la discipline extérieure, qui pourraient constituer une sorte de cadre. Si nous vivons ainsi dans la discipline du corps, de la parole et de l’esprit, nous pourrons alors éviter toutes sortes de situations conflictuelles et nous trouverons ici l’encadrement dans lequel pourra se développer la discipline intérieure puis la discipline fondamentale.

La discipline intérieure

Discipline intérieure et discipline fondamentale sont plus ou moins imbriquées mais un aspect caractéristique de la discipline intérieure est d’apprendre à transformer les projections dans lesquelles nous percevons les bons et les mauvais objets, les objets de désir, de répulsion ou d’indifférence. « Projection » signifie ici que nous nous représentons un objet comme pourvu des qualités que nous estimons, par exemple, désirables. Les qualités que nous transposons sur cet objet viennent de nos propres représentations et ne sont pas forcément dans l’objet lui-même. Pour illustrer cela, nous pourrions trouver bon nombre d’exemples.

Le fait de tomber amoureux est assez caractéristique de ce phénomène : quand nous rencontrons l’être aimé, nous percevons dans cette personne tout ce que nous désirons et nous mettons souvent un certain temps avant de nous rendre compte qu’il y a une différence entre ce que nous avions projeté de façon fantasmatique et la réalité. Nous projetons sur l’autre notre idéal masculin ou féminin et en réalité, nous tombons amoureux de cette projection !

Nous pouvons de différentes façons apprendre à transformer les projections qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Il s’agit, à ce stade, de rentrer à l’intérieur de l’objet de la projection, car la projection se plaque de façon superficielle sur cet objet. Voici un exemple traditionnel très concret :

Dans une situation où une personne éprouve une attirance physique, pour une autre, la transformation consiste à déshabiller le sujet – qui est déjà nu, mais justement ! – de continuer à le déshabiller jusqu’à le dévêtir de sa peau avec le scalpel de l’intelligence. Puis l’exercice se poursuit lentement jusqu’au squelette. Et alors l’on examine ce qu’il reste du désir dans tout cela.

Dans le cas d’une situation d’agression, il s’agit là aussi d’entrer dans l’intériorité de la situation et de voir que l’agressivité se construit en se cristallisant sur le mauvais objet. Nous pensons que c’est l’autre qui est mauvais et plus cette situation duelle est solide plus elle génère d’agression. Si une personne nous menace d’un bâton, est-il juste d’en vouloir au bâton qui nous menace, au bras qui tient le bâton ou faut-il blâmer le corps qui anime ce bras, ou encore est-ce l’émotion qui pousse le corps qui anime le bras qui tient le bâton ? Ainsi, nous sommes amené à comprendre que c’est la souffrance et l’ignorance qui sont à la racine de tout cela. Et c’est là une manière très efficace de percevoir, en destructurant l’objet de la projection, la souffrance de l’autre et ainsi de s’éveiller à une dimension de compassion.

Pour remédier à l’indifférence, il est particulièrement utile d’entrer dans la compréhension de l’interdépendance. Etre indifférent, c’est vouloir rester isolé. Ce peut être individuellement, sensoriellement, économiquement ou toute autre forme d’isolationnisme. L’indépendance, le caractère fermé, est toujours une illusion : le « moi » est fait de « non-moi », d’éléments autres que « moi » . Plus nous intégrons cette réalité et plus nous comprenons que soigner le « moi » c’est aussi préserver le « non-moi » puisqu’ils sont interdépendants. C’est même une forme d’égoïsme intelligent : préoccupé de soi, on prend soin de l’autre ; au-delà de l’indifférence, nous devenons profondément concernés par l’autre.

La pratique de Tong Lèn permet également de développer toute cette dimension de compréhension et de compassion. C’est une façon très concrète de rentrer en contact avec l’autre de façon fluide et transparente. Au rythme de notre respiration, nous accueillons dans l’inspir et offrons dans l’expir dans une attitude d’ouverture réelle. Nous découvrons la capacité d’accueillir ce qui est et d’offrir ce que nous sommes.

La discipline fondamentale

A ce niveau, le travail n’est plus de transformer la relation mais d’apprendre à la vivre dans sa simplicité. Alors la relation se détend d’elle-même dans la simple vision. Nous restons posé en observateur abstrait en nous relâchant dans la contemplation de la nature énergétique de l’émotion. Celle-ci se dissout alors comme un flocon de neige sur une pierre chaude, comme l’exprime une image tibétaine. Il est dit également que dans cette simple vision, l’émotion se dénoue d’elle-même comme un nœud de serpent. Ces images évoquent ici la notion d’auto-dénouement. De la même façon, la métaphore du voleur dans la maison vide illustre traditionnellement ce que l’on nomme « auto-libération » dans la tradition de Mahamudra-Dzogchen : le voleur est l’émotion et la maison vide est soi, vide de « moi » . Nous sommes la maison vide dont nous sommes absents et où il n’y a rien à emporter. C’est l’exemple le plus profond d’auto-libération en l’absence même d’observateur.

Pour résumer simplement, la discipline fondamentale consiste à découvrir comment vivre dans l’ouverture et la transparence qui sont les qualités fondamentales de l’esprit. Nous vivons habituellement fermés dans le carcan du « moi » qui s’enferre dans le jeu de ses polarités conflictuelles. Cet enfermement procède d’une situation bloquée alors que l’ouverture est une expérience dégagée, spacieuse. Il ne s’agit pas d’une ouverture mentale dans laquelle nous imaginons de l’espace mais d’une capacité à lâcher les tensions qui nous maintiennent dans un état de repli. L’esprit est naturellement ouvert et transparent tant que nous ne le contraignons pas. L’ouverture est une attitude courageuse et vaillante : nous pouvons faire confiance à la nature et ne plus fonctionner de façon défensive, protectionniste.

En découvrant cette capacité d’ouverture, les peurs nous assaillent et nous devenons vulnérables. Dans la transparence, nous apprenons à accepter cette vulnérabilité en laquelle nous sommes touchés sans heurts ; c’est là le début du courage et de la vaillance authentiques. Ce n’est pas une vulnérabilité procédant d’une attitude auto-destructrice mais d’une sensibilité compassionnée. C’est en dépassant la peur, dans une attitude transparente que peut se développer la compassion véritable.

© Lama Denys. Enseignement donné à Péronnas, nov.1999.

 

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