La prise de la pensée d’éveil

Shantideva

Je me félicite du bien fait par tous les êtres, grâce auquel ils échappent aux souffrances des lieux de tourment ; que ces infortunés soient heureux ! (…)

Je supplie, les mains jointes, les bouddhas de toutes les régions : qu’ils allument le flambeau du dharma pour les égarés qui tombent dans le gouffre de la douleur. (…)

Puissé-je être pour les malades le remède, le médecin, l’infirmier, jusqu’à la disparition de la maladie ! (…)

Puissé-je être pour les pauvres un trésor inépuisable, être prêt à leur rendre tous les services qu’ils désirent !

Tous mes corps, tous mes biens, tout mon mérite passé, présent, futur, je les abandonne sans regret, pour que le but de tous les êtres soit atteint.

Le nirvana, c’est l’abandon de tout ; et mon esprit aspire au nirvana. Puisque je dois tout abandonner, mieux vaut le donner aux autres. (…)

De la même façon que les bouddhas précédents ont saisi la Pensée de l’Éveil et s’y sont entraînés peu à peu, je fais naître en moi la Pensée de l’Éveil pour le bien du monde et je pratiquerai dans leur ordre tous les exercices qui y préparent. (…)

Comme un aveugle qui trouve un joyau dans un tas d’ordures, ainsi s’est levée en moi, je ne sais comment, cette Pensée de l’Eveil. (…)

Pour la caravane humaine qui suit la route de la vie, affamée de bonheur, voici préparé le banquet du bonheur où tous les arrivants pourront se rassasier.

Aujourd’hui, en présence de tous les Protecteurs, je convie le monde à l’état de bouddha et, en attendant, au bonheur. Que les dieux, les asuras et tous autres se réjouissent!