L’utilité de l’apprentissage spirituel

Jamgœun Kongtrul Lodreu Tayé

Les fruits que sont les existences supérieures divines et humaines sont inconsistants. Considère-les ainsi ! Quand bien même obtiendrions-nous l’éveil des Auditeurs (shravakas) ou des bouddhas pour eux-mêmes (pratyekabouddhas), celui-ci n’est pas l’ultime au-delà de la souffrance. C’est pourquoi nous ne devons aspirer qu’à la réalisation du complet et parfait état de bouddha. Pour obtenir celui-ci, il convient de s’en remettre à la Bodhicitta relative qu’est l’entraînement de l’esprit en l’amour et la compassion, et à la pratique de la Bodhicitta ultime qui est de demeurer absorbé en l’état de non-conceptualisation par delà toute projection de l’esprit. Il n’est pas d’autres moyens qui ne s’appuient pas sur ces deux bases.

Le Noble Nagarjuna a dit :

Si moi-même ou d’autres personnes de ce monde
Aspirent à obtenir l’insurpassable éveil,
La racine en est Bodhicitta,
Une compassion stable comme la reine des montagnes,
Qui rayonne jusqu’aux confins des Orients,
Et la sagesse primordiale libérée de la dualité.

Quels que soient le karma positif et la connaissance primordiale accumulés, la racine de l’obtention de l’au-delà qu’est le Nirvana sans demeure comprenant toutes les qualités du Mahayana est exclusivement la Bodhicitta. Celle-ci naît grâce à la pratique de l’Amour et de la Compassion, et ultimement même lorsqu’on a obtenu l’état de Bouddha, il n’est rien d’autre à faire que d’œuvrer pour le bien d’autrui avec une compassion non intentionnelle.

Chez un débutant, la Bodhicitta ultime ne peut se développer véritablement, mais s’il s’entraîne en la Bodhicitta relative, celle-ci se développera avec certitude ; celle-ci s’étant développée, il comprendra spontanément la Bodhicitta ultime.

De bien des points de vue, il faut initialement méditer avec persévérance sur la Bodhicitta relative dont le résultat nous conduira à la véritable Bodhicitta.

En aspirant à ces instructions, la racine de la méthode d’entraînement est, selon l’acarya Shantideva :

Quiconque aspire à protéger promptement soi et autrui
Doit pratiquer le saint secret
De l’échange de soi-même avec autrui.

Extrait de « L’apprentissage spirituel » © Karma Ling, 2e volume 1995

 

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