Atisha et la transmission de lodjong

« L’apprentissage spirituel en sept points » est le texte le plus renommé et utilisé dans la lignée de transmission de l’apprentissage spirituel (lodjong). Il regroupe un ensemble de techniques méditatives et de conseils de comportement destinés à entraîner l’esprit à la compassion et à l’intelligence immédiate. Ces pratiques ont été introduites au Tibet par Atisha Dipankara (980-1054) qui fut l’un des principaux acteurs de la seconde diffusion du Bouddha-dharma au pays des neiges.

Atisha naquit au Bengale où il étudia les tantras pendant une douzaine d’années. Vers trente ans, il prit l’ordination monastique et prononça les vœux de bodhisattva. Il étudia le mahayana sous la direction de trois maîtres du yogacara madhyamaka, et d’un quatrième du madhyamaka prasangika. Il reçut à nouveau des enseignements du vajrayana à l’université de Vikramasila, notamment de Naropa, puis embarqua pour l’île de Sumatra. Il y séjourna douze ans auprès de Serlingpa dont il reçut les pratiques de “Lodjong”, l’entraînement de l’esprit à la compassion. De retour en Inde en 1025, il séjourna de nouveau à Vikramasila.

À l’invitation du roi du Gougué (Tibet de l’Ouest), Tchangchoup Ö, et du traducteur tibétain Rinchen Zangpo, il accepta de se rendre au Tibet en 1042, avec vingt-quatre compagnons. Dans une vision Tara lui annonçait sa rencontre avec son disciple principal en la personne d’un laïc nommé Drömteunpa. Cette rencontre décisive le dissuada finalement de repartir pour l’Inde et les deux hommes se rendirent au Tibet central. Ils ne se quittèrent pratiquement plus jusqu’à la mort du maître à Nyéthang en 1054. Surnommé le “Seigneur du Refuge”, Atisha eut une grande influence sur le Dharma renaissant sur le toit du monde. Il réaffirma la discipline monastique, enseigna le mahayana et le vajrayana en rectifiant les mauvaises interprétations des tantras. Son œuvre est immense avec plus de 200 ouvrages, originaux et traductions, qui figurent dans le corpus tibétain.

Drömteunpa (1005-1064) étudia auprès d’Atisha pendant douze ans. Il est considéré comme l’initiateur de l’école kadampa. Il fonda le monastère de Rating où il enseigna la voie progressive (lam rim). Ses trois principaux disciples furent Potawa (1031-1105), Tchengawa (1038-1103) et Poutchoungwa (1031-1036). Guéshé Potawa eut comme disciple Guéshé Langri Thangpa (1054-1123) qui composa le traité “Les Huit Stances sur l’entraînement de l’esprit” et Sharawa (1070-1141) qui eut lui-même comme disciple Tchékawa Yéshé Dordjé (1101-1075)

Ce dernier reçut d’abord des enseignements nyingma et kagyu avec Rétchoungpa, avant de suivre la voie kadampa. Inspiré par le traité “Les Huit Stances sur l’entraînement de l’esprit”, il pratiqua intensément lodjong durant six ans et en obtint de grandes réalisations. Guéshé Tchékawa décida alors de diffuser cet enseignement jusque-là tenu secret et composa par écrit le fameux texte des préceptes de l’entraînement de l’esprit en sept points. De l’école kadampa, cet enseignement passa ensuite aux pratiquants de l’école kagyupa naissante par Gampopa qui fit converger les voies du lam rim et du mahamoudra, puis à ceux de l’école guélougpa ainsi qu’aux autres écoles : sakyapa, nyingmapa et beunpo.

Ce manuel de pratique est devenu depuis lors une référence incontournable utilisée dans l’ensemble des écoles tibétaines.

Compilé par Alain Lepoutre et Khristophe Lanier.

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