Réflexions sur l’impermanence et la mort

Nagarjuna

L’existence soumise à de nombreux maux
Est encore plus éphémère qu’une bulle ballottée par le vent.
Quelle notable merveille que d’inspirer après avoir expiré
Et de se réveiller du sommeil !

Sache que le corps dénué d’unité substantielle,
Sujet à la destruction, à l’anéantissement,
A la décomposition et à la dissection,
Finalement se dessèche, se putréfie, devient poussière et ordures.

Alors que les masses de la Terre, du Mont Suméru et des océans
Sont embrasées et consumées par les rayons de sept soleils
Au point que leurs cendres mêmes disparaissent,
Pourquoi s’interroger sur les humains si frêles ?

Ainsi tout est impermanent et dépourvu de soi,
Sans refuge ni protecteur ni lieu d’attache.
O grand homme, développe le dégoût du cycle sans essence
Pareil en cela au bananier.

Comme il est plus difficile pour un animal d’obtenir un état humain
Que pour une tortue de passer la tête dans l’ouverture d’un joug de bois flottant sur l’océan,
Grâce au pouvoir propre à une existence humaine,
Exerce-toi au saint Dharma et rends ta vie fructueuse.

Celui qui, né humain, agit de façon incorrecte,
Est encore plus stupide
Qu’une personne qui remplirait de vomissures
Un vase d’or serti de joyaux.

Extrait de « La lettre à un ami du supérieur Nagarjuna » © Collection Dharma, Saumane, 1981.

 

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