La confiance indestructible semblable au diamant

Lama Karta

Dans la démarche spirituelle, le degré de confiance est proportionnel à la transformation intérieure. Très relatif et conditionné à la base, il s’amplifie progressivement et parfois subitement en fonction du cheminement personnel. La réalisation de la vacuité conduit à la confiance ultime, indestructible.

Parlant d’indestructibilité, on pensera volontiers à un puissant monarque régnant sans trembler sur son royaume. Ce peut être un seigneur qui maîtrise l’art de la guerre ou un spécialiste issu des plus grandes écoles. Peu importe le domaine de compétence retenu, le principe demeure identique. Mais du point de vue du bouddhisme, et spécialement dans sa tradition tantrique, vouloir se rassurer à coups de diplômes et de gadgets multiples et variés nous rend au contraire plus vulnérable. La confiance infaillible dont nous avons parlé ne se construit nullement par une accumulation d’informations, d’astuces et de trucs. Cette confiance existentielle provient d’une source unique : la prise de conscience du fonctionnement de la vacuité, c’est-à-dire la révélation que la non-existence est possible !

Dans un combat contre un ennemi extérieur, le vainqueur, celui qui a réussi à imposer silence à son adversaire, a tout lieu de se tracasser. Combien de temps l’ennemi affligé se taira-t-il ? Quelles représailles lancera-t-il quand il aura pu remonter à la surface et se réorganiser ? Alors que défaire l’ennemi intérieur représente une victoire sans revanche possible. Une fois réalisée la vacuité, la tyrannie de l’égo aura disparu à jamais.

Paradoxalement, une certitude confiante quant à la non-existence de l’être fait naître un sentiment de pureté et d’indestructibilité. Mais à ce stade, il n’y a plus vraiment de point de référence. Il n’y a plus de théorie, ni concepts, ni principes philosophiques. Malgré le rejet du « moi », ou plutôt en raison de ce rejet même, il n’y a plus qu’une expérience hautement existentielle, suprêmement intime et authentique. Le problème de l’être et du non-être, vécu par les pratiquants, n’est plus une énigme, mais une vérité unique, en mouvement constant !

Ainsi, après avoir porté sur sa vie un regard responsable et s’être informé des causes du bonheur et de la souffrance, l’apprenti guerrier s’est entraîné au silence intérieur. Pour pacifier et transformer ses émotions perturbatrices, il a dû faire face avec méthode et sagesse aux « démons » intérieurs. Une fois passé au-delà de tout conditionnement négatif, sa vision et sa conduite sont devenues vastes et chaleureuses, sans retour. Enfin, éveillé à la nature même de son esprit, le guerrier peut rassembler son courage et réaliser l’aspect illusoire des phénomènes. Intérieurement métamorphosé, purifié par une ardente contemplation de la vacuité, le guerrier peut vivre en paix, armé d’une confiance indestructible. Il n’a plus à peiner, à essayer de déterminer ce qu’il devrait être, et comment le devenir. Il lui suffit d’être, maintenant, simplement d’être.

Exergue : Le guerrier peut rassembler son courage et réaliser l’aspect illusoire des phénomènes.

Extrait de « La voie de la confiance » Ed. Kunchab, Belgique, 2002

 

<<Retour à la revue