La puissance du Guru Yoga

XIIème Gyalwang Drukchen

« Guru Yoga » est un terme sanscrit qui, en tibétain, se dit lama neldjor et qui renvoie au Guru, au lama. Dans le mot « lama », le premier La veut dire «qui est au sommet » tandis que ma est une particule d’opposition, d’objection. « Lama» est donc le sommet au-delà duquel il n’y a plus rien ; rien ne peut recouvrir ce qui demeure au niveau le plus élevé. Il ne s’agit pas d’un homme ou d’une femme juchée très haut sur le toit ou sur un trône ni même d’une personnalité de rang social élevé qui jouirait d’une haute considération. En principe, quand on dit «lama », cela ne renvoie pas à une personne physique, au corps humaine du Guru, c’est une référence à la réalisation intérieure insurpassable qui, seule, qualifie le Maître pour enseigner et guider les autres. En sanscrit, le mot originel est « Guru ». C’est un terme qui évoque une charge, un poids, celui de toutes les qualités. En d’autres termes, le Guru est aussi celui qui porte le fardeau des êtres. Il doit entièrement supporter la charge qui provient de ses disciples et assumer cette responsabilité. Cette signification du mot Guru revient à dire qu’il s’agit d’un véritable père spirituel ou d’une véritable mère spirituelle et, en devenant son ou sa disciple, nous devenons comme son fils ou sa fille. Nous nous en remettons à ses conseils : mais il n’est pas non plus un simple conseiller, car le lien établi avec le Maître authentique est très spécial… En tibétain, le deuxième mot, yoga, se dit « neldjor ». «Nel » désigne le fondement et « djor » veut dire « approcher ». Le Guru yoga consiste donc à approcher le Guru fondamental. Toute la pratique doit être accomplie dans ce sens-là. L’expression même « Guru yoga » ou « lama neldjor » et très puissante, car elle évoque l’énergie de la rencontre avec le fondement. Ce foncement peut être compris de plusieurs façons. Il est le fondement de la connaissance de tous les phénomènes, qui est la vacuité. Dans le Mahayna, le fondement de la connaissance est l’Amour ; dans le Théravada, c’est l’éthique, la discipline. Et dans le Vajrayana, c’est la conscience elle-même : rencontrer le Guru fondamental consiste ainsi à réaliser le Mahamoudra fondamental de toute chose. Quand on parle du Guru ou du Maître spirituel, on fait habituellement référence à trois niveaux : le Maître extérieur, le Maître intérieur et le Maître spirituel au niveau secret. Le Guru intérieur est la compréhension de l’enseignement, la compréhension de la nature de l’esprit, qui équivaut à la compréhension de la nature des phénomènes. Le Guru secret est la réalisation elle-même. Pour simplifier, considérons les deux niveaux intégrer et extérieur : le Maître intérieur est le véritable Guru, il est le plus important, le Guru ultime, tandis que le Maître extérieur est le Guru relatif. Ici encore, les deux sont en union, dans une relation d’interdépendance. Dans cette perspective, le Guru est le Mahamudra et le Mahamudra est le Guru. Même si, d’un point de vue relatif, on établit une séparation, en essence, ils ne sont pas distincts.

Extrait de « la méditation du Dragon » Ed. Claire Lumière, 2001

 

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