L’offrande du mandala

Lama Denys Rinpoché

La pratique de l’offrande du mandala vise à développer les bienfaits et l’intelligence immédiate. Elle est accomplie dans de nombreux rituels ou cérémonies et constitue également un des préliminaires à la pratique du vajrayana qu’il convient traditionnellement d’effectuer au moins cent onze mille fois.

Le contexte

Après la réflexion sur les quatre réalités fondamentales qui changent, révolutionnent notre perspective, qui nous détournent des activités samsariques pour nous orienter vers l’éveil, nous nous sommes engagés dans les pratiques préliminaires spéciales.

Par la connexion du refuge nous nous en sommes remis profondément aux Trois Joyaux, nous avons établi le lien de base avec la source de la transmission, la lignée et l’enseignement. Ensuite nous avons vu les pratiques de Vajrasattva, en tant que purification, déblaiement des tendances négatives de l’esprit. Cette pratique nettoie le «récipient», nous fait être un réceptacle clair, limpide, transparent. Ce processus trouve son amplification ou son développement dans la pratique du mandala.

Qu’allons-nous faire de ce réceptacle pur ?

Il sert de support et d’inspiration pour une offrande. La pratique du mandala est centrée sur la notion d’offrande, de don, qui est une façon de se dédier aux enseignements et d’abdiquer ainsi nos attitudes égotiques. Cette dédicace entière, cette abdication complète sont les préliminaires indispensables pour la quatrième des pratiques préliminaires, le guru-yoga qui est le coeur de la transmission. Sans ce sens de dédicace et de non-ego, la pratique du guru-yoga peut s’engager dans des déviations.

La pratique de l’offrande du mandala est une pratique très agréable. Autant la pratique de purification peut être parfois difficile, autant ici nous faisons appel à tout ce qui existe de beau et d’agréable, à toutes les qualités et les richesses tant extérieures qu’intérieures. L’idée générale est le don de notre univers, entendu que nous-mêmes en faisons partie. C’est un don total aux Trois Joyaux et aux trois sources de tout ce que nous avons, de tout ce que nous sommes, de tout ce qui constitue notre monde. Les trois joyaux qui sont eux-mêmes, ultimement, trikaya, ouverture, clarté et sensitivité.

Les quatre types d’offrandes

Cette pratique est structurée au travers d’une représentation symbolique qu’on appelle «le mandala de l’univers»et s’opère à différents niveaux, relatif et ultime.

Traditionnellement on distingue quatre types d’offrandes.

1 – les offrandes extérieures, substantielles.

Ce sont les sept offrandes traditionnelles sur l’autel mais aussi celles faites au sangha de nourritures, vêtements, logement ou tout autre bien matériel nécessaire. Ceci peut englober toutes les formes de dons dont chacun peut avoir besoin, y compris le don de la protection, de l’affection… toute cette dimension d’offrande et de don à un niveau concret.

2 – les offrandes intérieures.

Ce sont des offrandes mentales de sensations agréables ou de tout ce que l’esprit peut concevoir de beau, d’expériences sensorielles agréables. On offre tout ce qui peut exister de beau en les trois temps. C’est une forme d’offrande qui peut être pratiquée à tout moment.

3 – L’offrande secrète.

C’est l’offrande de nous-même, de notre corps, de notre parole, de notre esprit. Elle se fait plus particulièrement dans un certain nombre de pratiques, comme la pratique du «don du corps»dans la tradition de Tcheu. C’est aussi l’offrande de la joie, du bonheur, de la félicité qui viennent de l’union spirituelle.

4 – L’offrande ultime

La quatrième offrande est ce qu’on appelle «l’offrande d’ainsité», qui est l’offrande de tout ce qui existe, de tout ce qui est, tel que c’est, dans l’expérience de mahamudra. Dans l’expérience pure de mahamudra, chaque situation, chaque expérience devient offrande, ce qu’on appelle l’offrande d’ainsité ou «la grande offrande».

Le double développement

Tout ce processus nous permet d’accomplir ce qu’on appelle le double développement : celui de karma positif ou de bienfaits, et celui de sagesse ou d’intelligence primordiale. On apprend d’abord à agir d’une façon non-égotique, non-égocentrée ; c’est le premier niveau du don, l’abandon de nos fixations dans chaque situation, dans chaque activité – savoir donner, savoir abandonner. Sur la base de cet apprentissage de non-fixation se révèle petit à petit l’expérience directe et immédiate qui est le développement d’intelligence primordiale.

La fonction de l’offrande du mandala est de nous faire pratiquer ce double développement au niveau relatif et au niveau ultime, sous la forme d’une offrande totale et universelle. Le premier de ces deux développements, celui de bienfaits, se situe au niveau relatif, et le second, celui de d’intelligence première, au niveau ultime. Dans le don, l’abandon total, se trouve la présence de l’éveil.

Il est dit que de toutes les pratiques qu’on peut faire pour développer du karma positif, la plus importante est celle des offrandes et de toutes les offrandes, la pratique de l’offrande du mandala est la forme la plus vaste et la plus belle.

Ce texte est la transcription d’enseignements de Lama Denys donnés dans le cadre de la transmission des ngoeundros, les «pratiques préliminaires».

 

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