La prière qui apaise les souffrances

Pema Wangyal Rinpoché

Comment la prière peut-elle aider, secourir ceux qui souffrent de la maladie, la faim et autres maux ? Pema Wangyal Rinpoché enseigne que nous sommes tous reliés et puisque c’est l’esprit qui fait l’expérience de la souffrance, qu’elle soit physique ou mentale, les pensées positives de nos prières peuvent contribuer à la soulager.

Le pouvoir de la prière : transformer les poisons mentaux et enrayer ainsi la souffrance

Chacun sait que deux personnes sensibles peuvent communiquer mentalement lorsqu’elles sont « en phase». La prière procède de ce plan subtil. Qu’elle prenne la forme de mots, de mantras chantés ou de silence, d’une simple pensée ou d’un souhait émis du fond du coeur, elle puise son pouvoir dans les profondeurs de l’esprit. Plus ce dernier se rapproche de sa simplicité naturelle, plus le pouvoir dynamique et l’efficacité de la prière augmentent. L’état dans lequel se trouve l’esprit influence profondément l’action. Multiplier les pensées positives permet de transformer ce qui est négatif.

Prier en utilisant des mantras transmis par les êtres éveilles véhicule une grande force, car chaque syllabe, chaque mot, chaque phrase, et même leur mélodie sont consacrés par de puissantes bénédictions.

A quoi sert la prière ? Elle est d’une aide précieuse lorsqu’on souhaite la disparition de la souffrance. On a sans peine une conscience aiguë de la souffrance dès que celle-ci se manifeste ouvertement ; il est alors naturel de désirer sa disparition. Mais l’important est d’en reconnaître les causes et de souhaiter qu’elles aussi s’effacent au plus tôt. A l’origine de l’absence générale de sécurité dans le monde se trouvent les cinq poisons de l’esprit. Extérieurement, ils provoquent toutes sortes de catastrophes ; intérieurement, ils engendrent des perturbations mentales. La prière a le pouvoir d’apaiser ou de transmuter ces poisons et d’enrayer ainsi la souffrance.

Quatre grands fleuves de souffrance et autres fléaux

Les enseignements du Bouddha parlent de quatre grands fleuves de souffrance qui emportent les êtres : la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort. Chacun traverse ces quatre expériences au cours de son existence.

En Occident, la naissance n’est généralement pas considérée comme une expérience négative. Pourtant, à y regarder de plus près, il est difficile de nier les sensations douloureuses que la plupart des êtres rencontrent au cours de la période périnatale. La première angoisse est de trouver une matrice. Ensuite, pour réussir à se maintenir neuf mois dans ce refuge, il faut avoir établi dans les vies passées un rapport étroit avec sa future mère, ce qui n’est pas simple. La troisième étape, celle du travail et de la naissance, est le plus souvent vécue comme une souffrance intense, tant pour la mère que pour l’enfant ; le choc est d’ailleurs si violent que la conscience préfère l’oublier.

Le deuxième grand fleuve de souffrance est la maladie. Toute pathologie revêt un aspect général lié à ses causes, les émotions perturbatrices, et des aspects particuliers liés à ses effets. Le trait principal de la maladie consiste dans la difficulté de trouver rapidement des remèdes efficaces.

Personne ne doute que la vieillesse ne soit la plupart du temps une expérience pénible… Les forces s’étiolent, les sens s’engourdissent, les facultés déclinent et le moindre geste exige une énergie qui se fait rare.

En ce qui concerne le quatrième fleuve de souffrance, la mort, on notera, pour être bref, que peu d’êtres semblent y prendre plaisir…

D’autres afflictions sont dites mineures ; mais sont-elles pour autant moins éprouvantes que les précédentes ? Nombreux sont les êtres qui vivent dans la précarité ou le dénuement : exclus, sans amitié, sans abri, ils ne possèdent même pas le strict minimum… D’autres, qui jouissent de grandes richesses et d’une position sociale élevée, vivent en permanence dans la peur des voleurs et l’obsession de perdre leur rang. Ceux qui sont entourés de leurs proches et de leurs amis craignent d’en être un jour séparés. A l’inverse, nombreux sont ceux qui vivent dans l’appréhension de se trouver en face de ceux qu’ils redoutent ou détestent.

Les enseignements citent encore trois grands fléaux – la guerre, la famine et les épidémies – lesquels affligent les êtres depuis toujours.

Le secours de la prière face à la souffrance omniprésente

Dans vos prières, pensez à souhaiter du fond du cœur la disparition des quatre grands fleuves afin qu’aucun être n’ait jamais à traverser de telles expériences. Envoyez des pensées positives à tous ceux qui souffrent. Puissent toutes les formes de peur, de douleur et de désastre, naturels ou non, s’évanouir !

Les cinq poisons, surtout l’aversion, l’attachement et l’ignorance, entravent la prière et les pensées bienveillantes. Certains exercices constituent la meilleure manière de se préparer pour que la prière soit efficace et source d’effets bénéfiques : l’expiration permet d’expulser les énergies polluées et de dénouer les noeuds dans les canaux subtils ; il est ensuite important de rechercher l’équilibre et l’apaisement de l’esprit en alternant concentration sur le souffle et détente. Puis, essayez de ressentir la présence des êtres éveillés. Leur lumière vous emplit et vous purifie. Avec ces techniques pour prélude, vos prières et souhaits auront plus de force.

Une autre méthode très efficace consiste à associer la prière et la respiration dans la pratique de tonglen. N’oubliez pas de conclure en dédiant toutes vos pensées positives à la paix dans l’univers.

Certes, la tâche semble gigantesque et l’on peut se demander comment des pensées peuvent être d’un secours quelconque face à une souffrance omniprésente. A tout instant, dans un endroit ou un autre du globe, des gens meurent de faim, d’autres sont massacrés ou succombent à la maladie. Comment les pensées peuvent-elles aider ?

Chacun de nous est intimement lié à tous les êtres de l’univers. C’est pour cela qu’il importe de penser au bien de tous. Les pensées d’amour et de compassion émise par un esprit concentré, clair et libre de tension, sont extrêmement puissantes. Lorsque les êtres sont torturés par la faim, la guerre ou l’impossibilité de communiquer, c’est leur esprit qui fait l’expérience de la souffrance, qu’elle soit physique ou mentale. Un corps sans esprit ne souffre pas. A la mort, l’esprit se sépare du corps ; chacun sait qu’un cadavre ne ressent pas la douleur. Puisque c’est l’esprit qui perçoit la souffrance, les pensées positives peuvent contribuer à la soulager.

Les résultats des prières sont fonction de la force mentale et de l’habileté acquises grâce à un entraînement constant. Nombreuses sont les traditions qui ont reconnu chez les sages les plus remarquables la capacité d’apaiser ou de prendre la douleur d’autrui. Cette faculté est accessible à tous, c’est une simple question de pratique : on ne peut donner la paix à autrui que si on l’a trouvée en soi-même.

Extrait du livre Diamants de sagesse, Ed. Padmakara, St-Léon-sur-Vézère, 1996

Exergue 1 : On ne peut donner la paix à autrui que si on l’a trouvée en soi-même.

Exergue 2 : Quatre grands fleuves de souffrance emportent les êtres : la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort.

Exergue 3 : Chacun de nous est intimement lié à tous les êtres de l’univers. C’est pour cela qu’il importe de penser au bien de tous.

 

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