Tathata

Nan Shan

Autrefois les maîtres ont employé le terme d’ainsité
ou siccité, tathata.
Lorsque l’on a compris la nature vide de l’esprit,
reprendre une attitude objectivante
en cherchant à voir la bouddéité dans les phénomènes
est une erreur,
car les objets sont vides de nature propre,
ils sont, du point de vue du Bouddha,
juste comme un rêve.
La bouddhéité est vue dans les objets
par un esprit illuminé,
mais dès lors les objets ne sont plus des objets,
mais soi-même.
Ce n’est, à vrai dire,
ni soi-même ni les objets,
c’est dharmakaya,
le corps unique du Bouddha sans naissance.
C’est à partir de ce corps que l’on parle d’ainsité
pour nommer ce qui échappe
à toute qualification, à toute connaissance,
et qui pourtant, sans substance,
est plus réel que le réel,
immuable, saint et vénérable.
Dès lors qu’il y a non-pensée,
non-discrimination, vacuité,
fluidité, pureté, vigilance,
que l’on soit assis, debout, couché,
tout phénomène est l’ainsité.
Si ces paroles vous semblent inaccessibles,
lorsque vous serez assis face au mur,
Brûlant l’encens, les jambes croisées,
Un matin de printemps,
Alors que le jour se lève,
au chant d’un oiseau, joyeux,
voyez par vous même, c’est cela

Extrait de Au sud des nuages, Les deux océans, 2001.

 

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