Établir les deux traditions comme une seule

Chakya Chogden

Dans ces quelques stances, le grand pandit Chakya Chogden, après avoir rendu hommage au Bouddha Sakyamuni à Nagarjuna et à Asanga, montre que les approches de ces deux derniers, qui sont à la base des vues rangtong et shentong, ne sont pas contradictoires, mais complémentaires. Alors que le Madhyamika de Nagarjuna présente la réalité ultime comme vacuité, le Madhyamika Yogachara d’Asanga la présente comme sagesse primordiale.

Maître tout-puissant, la méthode que vous enseignez
Est d’éviter les voies de la permanence et du nihilisme
Et de suivre la Voie du Milieu avec habileté et conviction.
Devant vous, qui dissipez les ténèbres de l’ignorance, je me prosterne.

Tous les phénomènes, depuis le commencement, n’ont pas d’existence réelle,
Mais ils existent en dépendance mutuelle. Par ce discours,
Vous dissipez avec habileté les deux vues extrêmes de la permanence et du nihilisme.
Noble Nagarjuna, à vos pieds je m’incline avec respect.

L’aspect entièrement imaginaire n’a jamais existé.
L’aspect parfaitement établi a toujours existé,
Et l’aspect dépendant est l’union des deux vérités.
Par cet exposé, vous dissipez les deux vues extrêmes.
Noble Asanga, à vos pieds je m’incline avec respect.

Les deux nobles et suprêmes philosophes expliquent les soutras de la prajnaparamita
De façon différente : en termes de vacuité de soi et de vacuité d’autre.
Cependant, leur explication du sens définitif du dernier cycle d’enseignement
N’est pas différent et est présenté dans ce qui suit.

Sans le support d’une immense accumulation de mérites,
Mais avec la conviction, acquise par le raisonnement,
Que tous les phénomènes sont par nature vacuité,
En laissant l’esprit reposer dans l’équanimité, sans aucune référence,
Les trois kayas se manifestent spontanément. Ceci est la tradition de Nagarjuna.

La clarté-vacuité, simple connaissance libre de sujet et objet,
Est la mode d’être naturel de tout phénomène.
En unissant à cette compréhension une accumulation de mérites sans limites
Les trois kayas se manifestent spontanément. Ceci est la tradition d’Asanga.

Aux érudits habiles en raisonnements prouvant que la nature
De tous les phénomènes transcende toute fabrication conceptuelle,
L’espace naturel de l’esprit est enseigné comme l’esprit adamantin ultime.
Ceci est le deuxième enseignement de Nagarjuna.

Le noble Asanga enseigne que la sagesse non dualiste,
Libre de toute fabrication conceptuelle, qui se connaît et s’éclaire d’elle-même,
Est la nature ultime, la nature de Bouddha.
Ceci est le sens définitif des deux cycles d’enseignements.

Ce texte a été cité par Khenpo Tsultrim Rinpoche pendant son enseignement lors de l’Assemblée Gèsar 2001 à l’Institut Karma Ling. Extrait de Hymne au Dharmadhatu Marpa Institute, 2002.

 

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