Un précepte sur le Mahamudra

Tangtong Gyalpo

« Écoute fils, sage et vénérable Delek Pel !
Auparavant, ton esprit était embrumé par l’obscurité de l’ignorance
Et ton intention de pratiquer le Dharma
Était mêlée aux huit dharmas mondains.
Afin d’accomplir le but des vies futures,
Remets-t-en à ces conseils sur la pratique.

Abandonne complètement tout intérêt en cette vie.
Rejette tout attachement aux huit dharmas mondains.
Romps définitivement avec tous les désirs de paraître et la suffisance.
Tranche les liens avec ceux qui te sont proches ou lointains.
Coupe la racine de l’illusion s’accrochant à un moi.
Lâche prise sur toutes pensées d’attente ou de crainte.
Réprime l’attachement à la nourriture et aux vêtements.
N’aie pas de grands désirs, sois modeste.
Accepte l’épreuve du renoncement.
Rejette au loin l’attachement, l’aversion et la rivalité.
Bannis toutes préoccupations médiocres et toute fourberie.
Laisse à jamais la convoitise et l’hypocrisie.
Respecte strictement les trois vœux et tes engagements.
Abandonne ton orgueil, ton arrogance et ta colère.
Même si tout le monde te méprisait, cultive la patience.
Ne te préoccupe pas des ennemis extérieurs,
Et vaincs la haine que tu as en toi-même.
Abandonne les pensées de thésaurisation et d’avarice.
Appuie-toi sur les pensées bienveillantes et sur la compassion
Qui sont en toi.
Dans l’activité du monde, comme dans la pratique du Dharma
Prends comme témoin ta propre conscience.
Si tu ne réalises pas maintenant tes aspirations,
N’espère pas le faire plus tard, ce ne sera qu’espoir vain.

Demeure détendu en l’état, naturel.
Extirpe les racines de ta confusion.
Regarde en ton esprit sans distraction.
Maintiens fermement une vigilance sans faille.
Si tu ne reconnais pas ta propre nature,
Bien que tu sois tendu jusqu’à en souffrir,
Tu ne récolteras que des émotions perturbatrices.

Si tu ne perçois pas la Claire Lumière lorsque tu dors,
Même si je t’indique la nature de l’esprit,
Tu n’en tireras que peu de profit.
Si tu ne reconnais pas la Claire Lumière lors du bardo,
Je frémis à la pensée des souffrances du moment de l’agonie.
Si tu ne réalises pas la maîtrise de l’esprit,
Tu peux méditer pendant un kalpa
Ce ne sera que vaine fatigue.

Après qu’une première pensée ait cessé
Et avant qu’une suivante n’apparaisse, oh surprise !
Est un état lumineux au-delà de tous concepts,
N’ayant ni fondement ni point d’appui !
Cette fraîche conscience de l’instant présent
Est ton propre esprit, le Dharmakaya, libre de toute élaboration.
Toute apparence est ton esprit,
Et ton esprit lorsqu’il est libre de toute élaboration, est Dharmakaya.
Ainsi, les pensées sont l’irradiation du Dharmakaya,
Créant en la vacuité d’incessantes apparences.

Prête bien attention à ce qui survient et ce qui apparaît,
Reste détendu et abandonne toi.
Si tu reconnais ta propre nature,
Expérimente la encore et encore.
Reste sans rien fabriquer et sans distractions.
Cet état libre d’allée et venue
Et des notions de création, stabilité, cessation
Est le Mahamudra.
L’intégrer en toutes les circonstances, sans distractions, est indispensable.
Agir naturellement détendu, sans contrainte, est indispensable.
Pratique ainsi !

Je sillonne le royaume sans direction fixe.
Ni le yogi, libre d’attache,
Ni le soleil qui tourne autour des quatre continents
N’ont le loisir de traîner en route !

Traduction comité Lotsawa

 

<<Retour à la revue