La méthode : les instructions de l’ami de bien

NOUS AVONS la potentialité de l’éveil, la nature de bouddha. Après une suite d’existences successives dans le samsâra dépourvu de commencement, nous avons déjà obtenu la précieuse existence humaine, support essentiel de l’éveil, et rencontré la condition essentielle qu’est l’ami de bien.

– Quel défaut nous a alors empêchés de nous éveiller ?
– C’est d’être resté sous l’emprise de quatre obstacles.

– Quels sont ces quatre obstacles ?
– Ce sont :

1)    L’attachement aux activités de cette vie,
2)    L’attachement aux bonheurs du devenir,
3)    L’attachement aux bonheurs de la paix [du nirvâna],
4)    La méconnaissance des moyens de réalisation de l’état de bouddha.

– Qu’est ce qui élimine ces obstacles ?
– C’est l’écoute et la mise en pratique des instructions de l’ami de bien.
– Quelles sont ces instructions ?

Plan Résumé
(stance 6)

1)    Les méditations sur l’impermanence,
2)    Les maux du samsâra et fruits du karma,
3)    Les méditations sur l’amour compassion
4)    L’enseignement sur bodhicitta résument
En quatre points les paroles de l’ami de bien

– Ce sont donc :

1)  Les instructions de méditation sur l’impermanence.
2)  Les instructions sur les maux du samsâra, associées à celles sur le karma.
3)  Les instructions sur l’amour et la compassion.
4)  Et les instructions sur le développement du sublime esprit d’éveil.
■ Les méditations sur l’impermanence sont le remède à l’attachement aux expériences de cette vie.

■ Les méditations sur les maux du samsâra et sur le karma sont le remède à l’attachement aux bonheurs du devenir.

■ Les méditations sur l’amour et sur la compassion sont le remède à l’attachement aux bonheurs de la paix1« La paix » fait ici référence à « la paix du nirvâna »..

■ Les enseignements sur le développement du sublime esprit d’éveil sont le remède à la méconnaissance des moyens de réaliser l’état de bouddha.

Ils commencent par ceux sur l’entrée en refuge et se terminent par les méditations sur les deux modalités du non-soi. L’exposé des cinq chemins et des dix terres peut aussi être compris dans les enseignements de l’esprit d’éveil.

Ainsi, aucun des enseignements du mahâyâna n’échappe à ces instructions, tous exposent le support de l’esprit d’éveil, son sens, ses rituels, ses préceptes, ses bénéfices, ses fruits…

Toutes ces instructions viennent et dépendent de l’ami de bien.

Ceci est exprimé dans Le Noble Sûtra de l’Etablissement du Tronc :

L’ami de bien est la source de tous les enseignements vertueux.
(…)
L’omniscience dépend des instructions de l’ami de bien.

Chapitre 4 – Les méditations sur l’impermanence (remède à l’attachement aux activités de cette vie)

D’une façon générale, tout ce qui est composé est impermanent.
C’est ce qu’enseigna le Bouddha lui-même :

Moines, tout ce qui est composé est impermanent.

– De quelle façon est-ce impermanent ?
– Ce qui a été accumulé finalement s’épuise, ce qui a été érigé finalement s’écroule, ce qui s’est rencontré finalement se sépare, ce qui est venu à la vie finalement meurt.

C’est exprimé ainsi dans Le Traité Énoncé Intentionnellement :

Tout ce qui a été accumulé finalement s’épuise,
Tout ce qui a été érigé finalement s’écroule,
Tout ce qui s’est rencontré finalement se sépare,
Tout ce qui est nait finalement meurt.

– Comment méditer sur l’impermanence ?

Plan Résumé
(stance 7)

1) Classification, 2) méthode de méditation,
3) Et bienfaits de cette méditation,
Ces trois points résument complètement
Les méditations sur l’impermanence.

I – La classification : les différents aspects de l’impermanence

■ L’impermanence comprend deux aspects :

– L’impermanence de « l’univers-habitacle »
– L’impermanence des « vivants-habitants »

■ L’impermanence de l’univers elle-même comprend deux aspects :

– l’impermanence grossière
– l’impermanence subtile

■ L’impermanence des vivants comprend elle aussi deux aspects :

– l’impermanence des autres
– notre propre impermanence

II – Les méthodes pour méditer sur l’impermanence

1. L’impermanence de l’univers

1.1. L’impermanence grossière

De bas en haut, depuis le mandala du vent jusqu’aux quatre niveaux de stabilité du mental, il n’est rien qui soit par nature permanent, stable, ferme ou immuable. Un jour le feu détruit [le monde] jusqu’au premier niveau de stabilité du mental, puis l’eau le détruit jusqu’au deuxième niveau, puis le vent le détruit jusqu’au troisième.

La destruction par le feu ne laisse aucune cendre, pas plus que n’en laisse la combustion du beurre. La destruction par l’eau ne laisse aucun résidu, pas plus que n’en laisse la dissolution du sel dans l’eau. Après la destruction par le vent, il ne reste rien, comme lorsque des cendres sont emportées par le vent.

Il est dit dans Le Trésor de l’Abhidharma :

Détruit sept fois par le feu, une fois par l’eau,
Encore sept fois par l’eau, puis sept fois par le feu,
Et finalement, détruit par le vent.

Le quatrième niveau de stabilité mentale n’est détruit ni par le feu ni par l’eau ni par le vent ; mais les vivants qu’il contient meurent et transmigrent, et ce niveau se détruit de lui-même.

L’impermanence est leur palais
Qui se détruit avec ses habitants.

Ainsi, comme s’est exprimé dans Le Sûtra sollicité par le maître de maison Virâdatta, il est évident que notre monde actuel sera détruit par le feu :

Après un kalpa cet univers
Qui a la nature de l’espace redeviendra espace.
Même les plus grandes montagnes,
Seront détruites et consumées complètement.

1.2. L’impermanence subtile

L’impermanence subtile comprend trois aspects :

1) l’impermanence dans l’alternance des quatre saisons,
2) l’impermanence dans le lever et le coucher du soleil et de la lune,
3) l’impermanence dans l’instant.

A) L’impermanence dans l’alternance des quatre saisons est perceptible dans différents changements:

• Quand arrive le printemps la terre se ramollit et devient rougeâtre, plantes et arbres bourgeonnent.
• En été, la terre s’humidifie et se pare de vert, les feuilles des plantes et des arbres poussent.
• À l’arrivée de l’automne, la terre se durcit et prend une couleur ocre, les fruits des plantes et des arbres mûrissent.
• Sous l’influence de l’hiver la terre gèle et devient grisâtre, les plantes et les arbres sèchent et deviennent cassants.

B) L’impermanence est aussi perceptible dans le lever et le coucher du soleil et
de la lune :

• Sous l’influence de l’aube, le monde s’illumine.
• Sous l’influence du crépuscule il s’enveloppe d’obscurité.

C) L’impermanence est finalement visible dans l’instant :

Le monde de l’instant antérieur n’est plus là l’instant suivant ; semblable au courant d’une cascade, l’impression de sa constance n’est due qu’à l’apparition d’éléments semblables aux précédents.

2. L’impermanence des vivants qui habitent l’univers

2.1. L’impermanence des autres

Tous les vivants des trois mondes sont impermanents, comme l’exprime Le Noble et Immense Déploiement :

Les trois sphères de l’existence sont impermanentes
Comme les nuages d’automne.

2.2. Notre propre impermanence

Nous-mêmes n’avons pas le pouvoir de demeurer toujours et un jour, il nous faudra partir. Nous pouvons en prendre conscience de deux façons :

1) en examinant notre propre condition,
2) par rapprochement avec la situation d’autrui.

A. L’EXAMEN DE SOI (DE NOTRE PROPRE MORT)

■ La méditation en quatre points

Nous méditerons sur :

1) la mort,
2) les caractéristiques de la mort,
3) l’épuisement de la vie,
4) la séparation.

1) Une méditation sur la mort est d’avoir présent à l’esprit : « Je ne resterai pas longtemps en ce monde et vais le quitter pour une autre vie. »

2) Une méditation sur les caractéristiques de la mort est d’avoir présent à l’esprit : « Ma vitalité s’épuisera, ma respiration cessera, mon corps deviendra cadavre et mon esprit s’en ira errer ailleurs. »

3) Une méditation sur l’épuisement de la vie est d’avoir présent à l’esprit : « Depuis l’an dernier jusqu’à maintenant, une année s’est écoulée et ma durée de vie a diminué d’autant ; depuis le mois dernier jusqu’à hier soir, un mois s’est écoulé et ma durée de vie a diminué d’autant ; depuis hier jusqu’à aujourd’hui, un jour s’est écoulé et ma durée de vie a diminué d’autant ; et entre l’instant passé et maintenant, un instant s’est écoulé et ma durée de vie a diminué d’autant. »
Dans L’Entrée dans la pratique de Bodhisattva (II,39), il est dit :

Les nuits, les jours ne demeurant pas,
Cette vie décline constamment
Et ce qu’il en reste s’étant épuisé, elle n’existera plus.
Quel est mon semblable qui ne mourra ?

     4) Pour méditer sur la séparation, nous pensons : “Mes proches, mes relations, mes richesses et mon corps actuels, qui sont pour moi si importants, ne m’accompagneront pas toujours et bientôt j’en serai séparé.”
Dans L’Entrée dans la pratique de Bodhisattva, il est dit :

Que n’ai-je pas pris conscience de devoir tout quitter et partir !

■ La méditation en neuf points

Il est aussi possible de méditer sur la mort suivant une méthode en neuf points, laquelle comprend l’examen :

1) de la certitude de notre mort,
2) de l’incertitude de son moment,
3) du fait que rien ne nous accompagnera à ce moment-là.

1) Il y a trois raisons à la certitude de la mort :

1) personne n’y a échappé,
2) le corps est un composé,
3) la durée de vie s’épuise d’instant en instant.

a) Notre mort est une certitude car personne auparavant n’y a échappé (1) :

Le Maître Ashvaghosha a dit :

Je doute fort que vous puissiez voir
Ou entendre parler de quelqu’un
Qui soit né et qui ne soit pas mort,
Que ce soit sur cette terre ou dans les mondes supérieurs.

Les Rishis eux-mêmes, dotés de pouvoirs miraculeux et de connaissances véritables illimitées, ne purent trouver un moyen de s’en délivrer, ou de se sauver en un lieu où l’on ne meurt jamais. Puisque tous sont morts, est-il besoin de préciser qu’il en sera de même pour nous ?

Ainsi, il est dit :

Les rishis détenteurs des cinq connaissances véritables,
Bien que capables de voler loin dans les cieux,
Ne purent s’en aller en un domaine où l’on ne meurt pas.

Mais ce n’est pas tout : les êtres sublimes comme les bouddhas-par-soi, les grands auditeurs et les arhats finissent eux mêmes par abandonner leurs corps. Inutile alors de mentionner les vivants ordinaires que nous sommes.

Dans Le Traité Énoncé Intentionnellement, il est dit :

Si les bouddha-par-soi, et les auditeurs des bouddhas,
Doivent abandonner leur corps,
Que dire des hommes ordinaires ?

Qui plus est, le parfait bouddha lui-même abandonna un corps d’émanation orné des signes et des marques de réalisation ; si même ce corps de nature adamantine a été laissé, que dire du nôtre ?

Ceci fut exprimé par le Maître Vîra (Ashvaghosha) :

Corps adamantin orné des signes et des marques de réalisation,
Le corps de tous les bouddhas est impermanent ;
Que dire de celui des autres personnes,
Inconsistant comme le cœur du bananier ?

b) Notre mort est une certitude car le corps est un composé (2) :

Puisque tout composé est impermanent, tout composé est sujet à la destruction.

Dans Le Traité Énoncé Intentionnellement, il est dit :

Hélas, tous les composés sont impermanents,
Ils naissent puis se détruisent.

Ainsi, notre corps qui n’est pas non composé mais composé est impermanent et mourra certainement.

c) Notre mort est certaine car la durée de vie s’épuise d’instant en instant (3) :

Chaque instant qui passe nous rapproche de la mort. Bien que cela ne soit pas manifeste, on peut l’illustrer par des comparaisons. Notre vie passe très rapidement, semblable à une flèche décochée par un archer adroit, une cascade dans une gorge étroite, ou au chemin d’un condamné conduit au lieu d’exécution.

■ Dans le premier exemple, la flèche décochée par l’archer adroit traverse l’espace d’un seul trait et sans s’arrêter un seul instant, atteint rapidement sa destination. Ainsi notre vie ne s’arrête pas même un instant et très vite la mort est là.

La corde à peine relâchée :
La flèche décochée par l’habile archer,
Atteint sans délai  et rapidement sa cible.
Ainsi en est-il de la vie des hommes.

■ Dans le deuxième exemple, l’eau dévale une pente abrupte sans s’arrêter un seul instant. De même, il est clair qu’on ne peut suspendre [le cours de] la vie humaine.

Il est dit dans Le Dhâranî Pinacle des Précieux Recueils :

Amis, cette vie passe, rapide
Comme les flots tumultueux dévalant une falaise.
Les personnes puériles qui n’en sont pas conscientes,
Avec arrogance  s’enivrent de plaisirs sensoriels stupides.

Et dans Le Traité2tshoms en tibétain ; fait référence au Traité énoncé intentionnellement (ched du brjod pa’i tshoms). :

[La vie] s’écoule semblable au cours d’un fleuve
Qui ne s’inverse jamais.

■ Dans le troisième exemple, chaque pas rapproche de la mort le condamné conduit vers le lieu d’exécution. Ainsi en est-il de notre vie.

Dans Le Noble Sûtra de l’Arbre il est dit :

Tels les pas du condamné qui marche vers le lieu d’exécution,
Chacun de nos pas nous rapproche de la mort.

Et dans Le Traité :

Semblable au condamné certain de mourir
Dont chaque pas est un pas vers la mort
Ainsi l’homme va sa vie.

2) Il y a trois raisons à l’incertitude du moment de la mort :

4) la durée de la vie est incertaine,
5) le corps est sans substance,
6) les causes de mort sont multiples.

a) La durée de la vie est incertaine (4) :

Bien que la durée de la vie soit fixe dans d’autres mondes de l’univers, pour nous, habitants de Dzambouling, elle est incertaine.

Ce qui est exprimé ainsi dans Le Trésor de l’Abhidharma :

Ici, [la durée de vie ] est incertaine :
De dix ans à la fin [d’un cycle cosmique]
Et au-delà de toute mesure à son début.

À propos de cette incertitude, il est dit dans Le Traité :

Certains meurent dans le ventre de leur mère,
Certains à la naissance,
D’autres alors qu’ils marchent à quatre pattes,
D’autres encore  quand ils savent gambader…
Qui dans la vieillesse, qui dans la jeunesse,
Qui dans la fleur de l’âge,
Les uns après les autres, tous nous devons partir.

b) Le corps est sans substance (5) :

Le corps n’est constitué que de trente-six substances impures et il n’y a, en lui, aucun principe solide et fixe.

Dans L’Entrée dans la pratique de Bodhisattva, il est dit :

Dissèque d’abord avec l’intellect cette couche de peau
Et  sépare la chair du squelette
Avec le scalpel de la compréhension profonde.
Ouvre même les os, observe jusqu’à la moelle
Et vois par toi-même s’il y a en cela une substance.

c) Les causes de mort sont multiples (6) :

Il n’est même rien qui ne soit susceptible de devenir une cause de mort, pour soi-même ou pour autrui.

Dans La Lettre à un Ami, il est dit :

Beaucoup de choses menacent cette vie.
Encore plus instable qu’une bulle d’eau emportée par le vent.
Inspirations et expirations vont et viennent,
Et pouvoir s’éveiller de notre sommeil
Est chaque fois une grande merveille !

3) Trois raisons justifient qu’à la mort rien ne nous accompagnera :

7) les possessions et les richesses ne nous suivront pas,
8) les amis ne nous suivront pas,
9) notre corps ne nous suivra pas.

a) Les possessions et les richesses ne nous suivront pas (7) :

Il est dit dans L’Entrée dans la Pratique de Bodhisattva :

Ayant acquis beaucoup de biens
Et vécu longtemps heureux,
Il me faudra quand même partir,
Dépouillé et les mains vides
Comme si des bandits m’avaient dévalisé.

Ainsi, les biens et les richesses ne nous suivent pas après la mort ; de plus, ils nous portent aussi préjudice dans cette vie comme dans les suivantes. Dans cette vie, on lutte pour les acquérir, les protégeant du vol on souffre d’en être esclave et, après cette vie, le résultat à pleine maturité de ces préoccupations nous conduit dans les existences infortunées.

b) Les amis ne nous suivront pas (8) :

Il est dit dans L’Entrée dans la Pratique de Bodhisattva :

Quand le moment de mourir est venu
Tes enfants ne peuvent te protéger,
Pas davantage ton père, ta mère,
Tes amis ou ceux qui te sont proches ;
Aucun ne peut alors être un refuge.

Ainsi, nos amis et nos proches ne peuvent nous accompagner après la mort ; de plus ils nous portent aussi préjudice en cette vie et les suivantes. En cette vie, nous souffrons de la crainte qu’ils meurent, soient malades ou dans une situation d’échec et, après cette vie, le résultat à pleine maturité de ces préoccupations nous conduit dans les existences infortunées.

c) Notre corps ne nous suivra pas (9) :

■ Les qualités de ce corps ne nous accompagneront pas :

Aussi brave et fort que l’on soit, on ne repoussera pas la mort. Aussi adroit et rapide que l’on soit, on n’y échappera pas. Aussi habile et éloquent que l’on soit, les beaux discours ne nous en libèreront pas. La mort est semblable à la disparition du soleil derrière les montagnes : personne ne peut l’arrêter ni la retarder.

■ Notre corps physique lui-même ne nous suivra pas :

Dans L’Entrée dans la Pratique de Bodhisattva, il est dit :

Ce corps que tu as acquis à grand peine
Et entretenu avec nourritures et vêtements,
Les oiseaux de proie et les chacals le dévoreront,
A moins qu’il ne soit consumé par le feu,
Qu’il ne pourrisse dans l’eau,
Ou qu’il ne soit enfoui dans un trou :
Il ne te suivra pas.

Ainsi, ce corps ne nous suivra pas après la mort ; de plus, il est une cause de maux dans cette vie et les suivantes. En cette vie, il ne supporte pas la maladie, le chaud, le froid, la faim et la soif ; il redoute les intenses souffrances d’être battu, tué, ligoté ou écorché et ses mauvaises réactions nous conduisent, dans les vies suivantes, en des états d’existence infortunés.

B. L’EXAMEN DE NOTRE PROPRE MORT EN RÉFÉRENCE À AUTRUI

Si nous voyons de nos propres yeux quelqu’un mourir, si nous entendons parler de sa mort ou si cette pensée vient en, nous méditons en transposant tout cela à notre propre personne.

■ Si nous voyons quelqu’un mourir, nous faisons ainsi le rapprochement suivant :

Cette personne de notre entourage qui jusqu’alors jouissait d’une bonne santé, avait bonne mine, se sentait bien et ne pensait pas à la mort se trouve aujourd’hui frappée d’une maladie mortelle. Ses forces s’étant épuisées, elle ne peut même plus s’asseoir. Son teint perd son éclat et devient livide et blafard. Elle souffre. La maladie est pour elle insupportable, sa douleur insoutenable : elle ne supporte même plus les médicaments ni les traitements.

Rituels et services religieux sont inefficaces, elle sait qu’elle va mourir et qu’il n’y a plus rien à faire. Elle est entourée pour la dernière fois de ses proches, elle mange sa dernière nourriture et prononce ses dernières paroles. Nous pensons alors : « Moi aussi je suis de la même nature, sujet à cela dans les mêmes conditions, je ne suis pas au-delà de cet état de choses. »

Ensuite, quand sa respiration a cessé, peu importe alors combien nous avons pu l’aimer ; même si auparavant nous ne pouvions nous passer d’elle dans cette maison, à présent il ne convient pas qu’elle y demeure ne serait-ce qu’une journée. On la dépose sur une civière et aussitôt, la recouvre. On l’attache et les croque-morts l’emportent.

Au moment de sortir, certains s’y agrippent, s’y suspendent, d’autres pleurent, d’autres encore se trouvent mal et s’évanouissent, et d’autres encore leur disent : « Ce corps n’est que terre et pierre, vos réactions sont insensées ! » Une fois que le cadavre a franchi le seuil de la maison, sous aucun prétexte il n’y rentrera à nouveau. Quand nous voyons cela, nous pensons comme auparavant : « Moi aussi (…) »

Enfin le corps est emporté au charnier où il sera rongé par la vermine, dévoré par les chiens et les chacals. Quand nous voyons le squelette éparpillé, nous pensons comme auparavant : « Moi aussi (…) »

■ Si nous entendons parler du décès de quelqu’un, nous procédons ainsi :

En entendant dire : « Untel est mort » ou « A tel endroit se trouve un cadavre », nous pensons comme auparavant : « Moi aussi (…) »

■ Si nous pensons à la mort de quelqu’un, considérant tous ceux qui sont morts dans notre pays, dans notre ville, dans notre entourage, tous ceux, vieux et jeunes, qui faisaient partie de nos amis et de nos proches, nous pensons comme auparavant :

« Moi aussi, [je suis de la même nature, sujet à cela dans les mêmes conditions, je ne suis pas au-delà de cet état de choses ;] avant longtemps il m’arrivera la même chose »

Ceci est exprimé dans un sûtra :

De demain ou de notre prochaine existence,
Nous ignorons ce qui viendra en premier.
Sans s’évertuer à prévoir le lendemain,
Il convient de faire des efforts
En vue de nos existences ultérieures.

III – Les bienfaits des méditations sur l’impermanence

La compréhension de l’impermanence de tout composé va à l’encontre des attachements aux objets de cette vie. De plus, cette méditation ravive notre confiance et stimule notre énergie ; elle est un moyen de se défaire rapidement du désir et de l’aversion et de réaliser l’égalité essentielle des phénomènes.

Ainsi s’achève la section consacrée aux méditations sur l’impermanence,
Quatrième Chapitre du Joyau Magique du Dharma
Ornement de la Précieuse Libération.

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