Les quatre écoles tibétaines

Tout d’abord il faut distinguer lignées et écoles.

Une lignée, une lignée yogique, une lignée de transmission yogique, est une lignée de maître à disciple : un maître transmet une initiation, des instructions à son disciple. Les meilleurs disciples qui ont une expérience, une réalisation deviennent maîtres et transmetteurs à leur tour. Il y a ainsi une filiation, ininterrompue de maîtres et de disciples ; c’est ce que l’on nomme une lignée, une lignée de transmission.

Les écoles sont quelque chose de beaucoup plus institutionnel. Au fil de l’histoire tibétaine se sont constitués de grands monastères, de grands fiefs monastiques qui ont donné lieu à de grandes institutions avec de grands fiefs immobiliers comprenant plusieurs monastères. Au sein de ces grands ensembles, que l’on nomme finalement des écoles, il y a différentes lignées qui sont transmises. Les écoles sont des institutions temporelles, qui, en leur sein, sont le réceptacle de différentes lignées.

Il y a des lignées sans école mais chaque école a une ou plusieurs lignées. Les écoles sont ce qui a eu tendance à opérer avec le système des tulkus, un système de transmission en quelque sorte de charges ecclésiales et aussi un système aristocratique de transmission de fiefs et de charges.

Ce système est compliqué et a soulevé d’ailleurs des polémiques car il implique un certain nombre de croyances, plutôt populaires, mais pour être simple et concis, il y a eu au moment de l’exode des tibétains et pour des raisons largement diplomatiques un regroupement qui a été fait de façon un peu plus précise et concrète que cela ne l’était au Tibet, en quatre grandes écoles

Ces quatre écoles sont les suivantes.

    1. རྙིང་མ་པ་ les Nyingmapa

    • རྙིང་མ་པ་ Les anciens

Chez les Nyingmapa les ramifications nombreuses sont largement associées aux grands monastères, chaque grand monastère ayant eu tendance à être une institution qui a abrité une forme de transmission, de tradition.

    1. བཀའ་བརྒྱུད་ les Kagyu

    • བཀའ་བརྒྱུད་ les Kagyu, la lignée du བཀའ་ qui est la parole du Bouddha.

Dans les Kagyu, il y a deux grandes classifications.

      1. མརཔ་བཀའ་བརྒྱུད་ les Marpa Kagyu

    • མརཔ་བཀའ་བརྒྱུད་ Marpa Kagyu

Il y a les མརཔ་བཀའ་བརྒྱུད་ Marpa Kagyu, qui viennent de Marpa le traducteur, et il y a les ཤངས་པ་བཀའ་བརྒྱུད་ Shangpa Kagyu qui viennent de Khyungpo Neljor.

      1. ཤངས་པ་བཀའ་བརྒྱུད་ les Shangpa Kagyu

    • ཤངས་པ་བཀའ་བརྒྱུད་ Shangpa Kagyu

Chez les Kagyu de nombreuses personnes ne connaissent que les Karma Kagyu et les Kagyu sont représentés par le Karmapa, le Gyalwang Karmapa, qui est à proprement parler le détenteur de la ligné Karma Kagyu.

On compte de nombreuses lignées chez les Kagyu. Chez les Marpa Kagyu, on en distingue quatre grandes, huit mineures, et beaucoup de ramifications.

    1. ས་སྐྱ་ les Sakya

    • ས་སྐྱ་ les Sakya

Les ས་སྐྱ་ Sakya, littéralement terre grise ; ce nom vient de l’origine du monastère, d’un lieu : Sakya.

      • ས་ terre

      • སྐྱ་ grise

    1. དགེ་ལུགས་པ་ les Gelugpa

    • དགེ་ལུགས་པ་ les Gelugpa

Les དགེ་ལུགས་པ་ sont des descendants des བཀའ་གདམས་པ་ Kadampa.

Il y a les anciens Kadampa, et même récemment les nouveaux Kadampa.

    1. Autres

A ces quatre grandes écoles, Kundun le Dalaï Lama, a ajouté il y a  quelques années, les Bön Po བོན་པོ་, qui ne sont pas à proprement parler bouddhistes mais qui sont la cinquième école tibétaine.

      1. བོན་པོ་ les Bön Po

    • བོན་པོ་ les Bön Po,

Les Bön Po ne sont pas à proprement parler bouddhistes mais sont la cinquième école tibétaine.

      1. ཇོ་ནང་པ་ les Jonangpa

    • ཇོ་ནང་པ་ les Jonangpa

Il y a aussi une tendance à ajouter une sixième école : les Jonangpa ཇོ་ནང་པ་ qui viennent dans le sillage de Jetsun Taranatha.

Il y a donc quatre grandes écoles classiques et deux autres que l’on peut ajouter.

Question : Pourquoi les Bön Po ne sont-ils pas bouddhistes ?

Réponse DR : Ils ne le sont pas parce que la tradition Bön vient du guide Bön, Tonpa Shenrab Miwoche, et dans une lignée spécifique, qui n’est pas une filiation procédant du Bouddha Sakyamuni. Certes, il peut y avoir toutes sortes de discussions, et il est vrai qu’au Tibet, certaines fois, entre les bouddhistes et les Bön, pour trouver la différence, il faut vraiment être sagace et observateur. . Il y a dans les niveaux contemporains du Bön, une convergence très profonde avec le bouddhisme : ainsi les bouddhistes Nyingmapa enseignent-ils, comme les Bön Po, le Dzogchen, le Nyingtig ;.la différence ne réside que dans la formulation. Si on prend certains ouvrages comme Les Sphères du cœur de Sherab Gyaltsen et le Nyingtig Mapu, de Jamgön Kongtrül, on constate que le plan est identique. Quoique l’origine des Bön Po soit différente, certaines hypothèses leur attribuent une source tibétaine, et peut-être une influence perse de Zoroastre avec la lumière et le feu sacré, éléments qu’on retrouve dans le Dzogchen. Khyungpo Neldjor lui-même était Bön Po et bouddhiste. Ainsi il y a eu des échanges, une très large fusion et bien que les Bön Po aient gardé leur individualité, il est tout à fait juste de les considérer comme la cinquième école tibétaine. Toutefois on ne peut parler de cinquième école bouddhiste : cela leur déplairait car c’est comme si vous disiez à des Nyingmapa qu’ils sont Gelugpa par exemple. Chacun a son identité, mais ce ne serait pas fondamentalement erroné.

Question : Les Bön Po seraient-ils en accord avec les quatre caractéristiques d’un enseignement du Bouddha qui sont le point commun des écoles bouddhistes. ?

Réponse DR : C’est un bon point de discussion et ce serait un bon sujet de débat à avoir avec des Bön Po.

 

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