La « Voie du Bouddha » constitue à la fois une introduction générale au cheminement spirituel et un excellent manuel à l’usage des étudiants et des pratiquants du bouddhisme. C’est un ouvrage de référence donnant une vue globale de la tradition yogique du bouddhisme tibétain et de sa pratique

Plan résumé:
Préface du Dalaï-LamaAvant-propos de Denys RinpochéNote d’édition

Remerciements

Notice biographique – Kalou Rinpoché

1.L’UNITÉ DES DIFFÉRENTES TRADITIONS

2.L’ESPRIT ET SES TRANSFORMATIONS
2.1 L’esprit, la réalité et l’illusion
2.2 Les transformations de l’esprit – Vies, morts et renaissances

3. LA VOIE DE LA LIBÉRATION
3.1 Présentation : Les différentes approches du Dharma
3.2 Le hînayâna, voie de la discipline
3.3 Le mahâyâna, voie de l’ouverture et de la compassion – Du hînayâna au mahâyâna
3.4 Le vajrayâna, voie de la transmutation
3.5 Mahâmudrâ et Dzogchen, la voie immédiate de l’auto-libération

4. LA PRATIQUE DU DHARMA DANS LA VIE QUOTIDIENNE
4.1 Vivre le dharma au quotidien
4.2 L’étude et la pratique du dharma
4.3 Postface

Plan détaillé:

1. L’UNITÉ DES DIFFÉRENTES TRADITIONS

1.1. L’esprit au cœur de toutes les traditions spirituelles.

Comprendre notre véritable nature.

1.2. L’unité fondamentale des différentes traditions

La réalisation de l’esprit comme origine de toutes les traditions
La complémentarité des différentes traditions

1.3. Le dharma du bouddha

La science intérieure
La transmission des paroles et de l’esprit

2. L’ESPRIT ET SES TRANSFORMATIONS

2.1. L’ESPRIT, LA RÉALITÉ ET L’ILLUSION

2.1.1. Qu’est-ce que l’esprit ?

Le paradoxe fondamental
En quête de l’esprit

2.1.2. Un esprit et deux états

L’éveil et l’illusion

2.1.3. La nature de l’esprit

La vacuité-ouverture
La clarté, luminosité-lucidité
La « capacité sans limite »
Une brève présentation

2.1.4. Les voiles de l’esprit

Le voile de l’ignorance
Le voile de la propension fondamentale
Le voile des passions
Le voile du karma
Le dharma : une pratique de dévoilement

2.1.5. Le jeu de l’illusion

Le karma
Le samsâra
Les karmas et la liberté

2.1.6. Les six mondes

Les états infernaux
Les états d’esprit avide
La condition animale
La condition humaine
L’état des dieux jaloux
Les états divins

2.1.7. La double réalité

Les deux réalités
Karma, interdépendance et vacuité

2.2. LES TRANSFORMATIONS DE L’ESPRIT – Vies, morts et renaissances

2.2.1. L’esprit après la mort

Une vie ou des vies
La mort et l’éternité de l’esprit

2.2.2. Naissance et mort : continuité de l’illusion

Qui meurt, qui naît ?
Les cinq constituants de l’individualité

2.2.3. De vie en vie : transitions et bardos

Bardo
Les quatre grands bardos

2.2.4. Le bardo du moment de la mort

La dissolution externe
La dissolution interne

2.2.5. Le bardo de la vacuité

Les luminosités et les divinités

2.2.6. Le bardo du devenir

Le corps et le monde mental
Le moment de la renaissance

2.2.7. Le bardo de la naissance à la mort

La gestation
Pendant la vie

2.2.8. Les huit consciences et les cinq principes élémentaires

Les modifications des éléments dans l’esprit et les bardos

2.2.9. Les douze facteurs interdépendants et les bardos

2.2.10. Les pratiques du moment de la mort

Les pratiques libératrices dans les différents bardos
Souhaits pour renaître en un champ d’éveil

2.2.11. La vie humaine et ses problèmes

Les trois formes de mal-être
Les principales souffrances humaines

2.2.12. L’existence humaine : bien l’utiliser

2.2.13. De l’urgence de la pratique

2. LA VOIE DE LA LIBÉRATION

3.1. Présentation : Les différentes approches du Dharma

3.1.1. Les trois cycles de l’enseignement

Les cycles et les yânas
Les particularités de chaque yâna

3.1.2. Les trois véhicules : complémentarité et unité

Trois méthodes
Complémentarité et progression

3.2. Le hînayâna, voie de la discipline

3.2.1. La voie de la discipline

La discipline des engagements, et la méditation

3.2.2. Le refuge et les Trois joyaux

La confiance
Bouddha
Dharma
Sangha
Entrer en refuge

3.2.3. Le karma et la discipline extérieure

Le karma négatif
Le karma positif

3.2.4. Les composantes et les résultantes des actes

Différences qualitatives et quantitatives
Les composantes et les résultantes

3.2.5. Le karma de la méditation

3.3. Le mahâyâna, voie de l’ouverture et de la compassion – Du hînayâna au mahâyâna

3.3.1. Bodhicitta et l’engagement de bodhisattva

Les différents aspects de bodhicitta
L’engagement de bodhisattva

3.3.2. La compassion

Les trois niveaux de la compassion
Tonglèn
L’amour universel

3.3.3. La vacuité, cœur de la compassion

De la compassion à la vacuité
La vacuité : le double non-soi
De la vacuité à la compassion

3.3.4. Le double développement

Le développement de bienfaits
Le développement d’intelligence immédiate

3.3.5. Les six vertus parfaites

Le don, la générosité
La discipline
La patience
L’effort
La méditation, stabilité de l’esprit
La perfection de compréhension

3.3.6. Shamatha-Vipashyanâ.

La méditation
Méditations analytiques et contemplatives
Samatha, vipashyanâ et Mahâmudrâ
La pratique de samatha
Aperçu pratique
Le sentier de samatha
La pratique de vipashyanâ

3.3.7. Les étapes de la réalisation

Les cinq voies

3.3.8. L’éveil et les trois corps du bouddha

L’éveil des bouddhas
Les qualités de l’esprit, de la parole et du corps des bouddhas
Les Trois corps des bouddhas

3.4. Le vajrayâna, voie de la transmutation

3.4.1. La voie de la transmutation

Spécificité du vajrayâna
L’enseignement secret

3.4.2. Le guide et la direction spirituelle

Le lama père-mère spirituel
Les niveaux de relation au guide

3.4.3. La transmission et l’influence spirituelle

La continuité de la lignée
Le rôle du lama source ou lama racine

3.4.4. Les Trois racines

Le lama
Le yidam
Le dharmapâla
Les refuges extérieurs, intérieurs et absolus

3.4.5. La progression du vajrayâna

Voie progressive et voie immédiate
Les étapes de la progression

3.4.6. Les pratiques préliminaires communes

La précieuse existence humaine
L’impermanence et la mort
Les défauts du samsâra
La causalité du karma

3.4.7. Les Ngöndro

Le refuge et les prosternations
La purification de Vajrasattva
L’offrande des mandalas
Le yoga du lama ou guru-yoga

3.4.8. La pratique d’un yidam

Déité relative et déité ultime
Les deux phases de la méditation d’un yidam

3.4.9. Les pratiques yogiques ultérieures

Les Cinq enseignements d’or

3.5. Mahâmudrâ et Dzogchen, la voie immédiate de l’auto-libération

3.5.1. Mahâmudrâ et Dzogchèn

Mahâmudrâ
La voie de mahâmudrâ

3.5.2. Transmission et réceptivités

La pépite d’or
Les trois types de réceptivité

3.5.3. Ngotrö : la présentation de la nature de l’esprit

Voir l’esprit et sa nature
Une relation personnelle

3.5.4. La pratique de mahâmudrâ

Les préliminaires à une session
L’esprit d’immédiateté, la présence d’instantanéité
Les trois points essentiels
Les Trois corps en l’esprit
Intégration et transmutation des pensées et des émotions

3.5.5. Les expériences et la réalisation

Reconnaître, cultiver, stabiliser
Les quatre yogas de Mahâmudrâ
Conclusion

4. LA PRATIQUE DU DHARMA DANS LA VIE QUOTIDIENNE

4.1. Vivre le dharma au quotidien

La motivation juste
Le non-attachement
Les six perfections ou vertus parfaites au quotidien
Une journée de pratique: l’entraînement du coeur-esprit

4.2. L’étude et la pratique du dharma

Comment écouter le dharma
Pratiquer dans la vie ordinaire
Pratiquer en relation avec un centre du dharma
Pratiquer en retraite
La retraite de trois ans
Étude du tibétain
La discipline monastique
Au-delà des attachements
Les ancêtres de la lignée : Les différents styles de pratique

4.3. Postface

La Voie du Bouddha comme manuel d’étude
Le cycle « La voie du Bouddha » structuré autour du livre
La transmission complète en français

Glossaire des termes essentiels et des noms propres

Editer

Les astérisques * signalent d’autres mots répertoriés dans le glossaire.

A

Abhidharma (sk) – chos mngon pa (tib) : « collection de la réalité », l’une des trois collections d’enseignements du Bouddha* qui constitue, avec le vinaya* et les sûtras, le Tripitaka ou les Trois corbeilles contenues dans le Kangyur*.

Adzom Drukpaa ‘dzom ‘brug pa (tib) : (1842-1924), encore nommé Natso Rangdröl (tib : sna tshogs rang grol), il fut l’un des principaux disciples de Mipam Rinpoché*.

Agrégats (cinq) – voir « cinq constituants de l’individualité ».

Akanishta‘og min (tib) – akanista (sk) : nom du domaine du dharma­dhâtu, sphère de la réalité, qui est le champ pur de Vajradhâra*.

Ami spiritueldge ba’i bshes gnyen (tib) – kalyn.amitra (sk), syn : ami de bien, ami de vertu, guide. La relation au guide varie selon le véhicule*. Dans le hînayâna*, le maître est un précepteur qui donne des vœux et instructions. Dans le mahâyâna*, il devient un ami spirituel, un conseiller personnel au niveau intérieur. Dans le vajrayâna*, il est le lama*, source d’inspiration et de transmission, la présence même du Bouddha. Pour le troisième sens, voir aussi « dévotion » et « influence spirituelle ».

Amitâbha‘od dpag med (tib) – amitabha (sk) : il est, parmi les cinq  vic­­torieux (tib : rgyal ba – sk : jina) symbolisant les cinq familles* de ­bouddhas, celui qui représente la famille du lotus. Chenrézi* (Avalokitesvara) est son émanation ; tous deux résident en Déwachen* (Sukhâvatî).

Amourbyams pa (tib) – maitrı (sk) : voir « compassion », « bonté » et ­­
« Chenrézi ».

Ânandakun dga’o (tib) – ananda (sk) : cousin et fidèle serviteur du bouddha Shâkyamuni*. Doué d’une extraordinaire mémoire, il fut prié, un an après le parinirvâna, lors du Concile de Râjagriha, de citer tous les discours prononcés par le Bouddha. Ainsi naquirent les sûtras de la première compilation du Canon.

Âryadeva‘phags pa’i lha (tib) – aryadeva (sk) : (début du iiie siècle), l’un des Six ornements*. Il fut le principal disciple de Nâgârjuna* auprès duquel il étudia le mâdhyamaka. Il composa en particulier les ­Quatre cents (sk : Catuhsataka).

Asanga
thog med (tib) – asanga (sk) : (c. 310-390), l’un des Deux su­prêmes maîtres* indiens (tib : mchog gnyis) et des Six ornements*. Né à Purushapura (aujourd’hui Peshawar), la capitale du Gandhâra, il résida douze ans à l’université de Nâlandâ*. Auteur de l’Abhi­dharmasamuccaya, frère de Vasubandhu*, il fut avec celui-ci l’un des fondateurs de l’école yogâchâra. Il demeure célèbre pour sa pratique de Maitreya*. Celui-ci lui apparut après douze ans de retraite et lui donna des enseignements sur le mâhayâna* qu’il retranscrit sous la forme des Cinq traités de Maitreya (tib : byams chos sde lnga).

Atishajo bo rje (tib) – atisa (sk) : (980-1054), Dipankara Atisha (tib : jo bo rje mar me mdzad), grand maître et érudit indien supérieur de l’université de Vikramashîla*. Il séjourna douze ans en Indonésie, auprès de Suvarnadvipa (Serlingpa) qui lui enseigna les pratiques de l’entraînement de l’esprit (lojong*). Invité au Tibet en 1042, il y demeura les douze dernières années de sa vie, n’ayant de cesse d’y cultiver ces pratiques. Récipiendaire des deux grandes lignées de transmission de la parole du Bouddha, celle de La vaste activité (tib : rgya chen spyod rgyu) de Maitreya*-Asanga* et celle de La profonde vision (tib : zab mo’i lta rgyud) venue de Manjushrî*-Nâgârjuna*, il instaura au Tibet la tradition des enseignements graduels, avec Le Flambeau de la voie vers l’éveil (tib : byang chub lam sgron – sk : bodhipathapradıpa). Cet ouvrage devint le prototype des Lamrim (tib : lam rim), les traités qui présentent d’un point de vue didactique les étapes de la voie de l’éveil. Atisha composa plus de cent ouvrages inclus dans le Tengyur* et aida à la traduction en tibétain de nombreux autres. Il fonda la lignée Kadam*, composante fondamentale de la deuxième diffusion du bouddhisme au Tibet et des formes qu’elle prit dans les écoles Kagyü*, Sakya* et Gélug*. Voir aussi « Kadam ».

Avalokitesvara
 : voir « Chenrézi ».

B

Bardobar do (tib) – antarabhava (sk), syn : entre-deux, intervalle, passage. Les bardos sont les états que la conscience* traverse. La succession des bardos constitue le samsâra*. Il existe quatre grands bardos : de la naissance à la mort (tib : skye shi bar do), du moment de la mort (tib : ‘chi kha bar do), de la vacuité (tib : chos nyid bar do) et du devenir (tib : srid pa bar do) auxquels s’ajoutent le bardo du rêve (tib : rmi lam bar do) et le bardo de la méditation (tib : bsam gtan bar do). Voir aussi « samsâra » et « douze facteurs ».

Base, voie, fruit
gzhi lam ‘bras bu (tib) – hetu marga phala (sk) : ce sont les trois états de la réalité et de la voie de la réalisation. La voie du Bouddha considère d’abord la réalité de la base qui est celle des phénomènes habituels, duels et conflictuels, c’est la réalité du début du cheminement ; puis la réalité de la voie, c’est l’enseignement de la réalité ; et, finalement, la réalité du fruit, la réalité éveillée de la réalisation, non duelle, absolue, libre d’illusions et harmonieuse. La réalité de la base est relativement vraie et relativement illusoire alors que la réalité du fruit est absolument réelle. La base est le fruit voilé, le fruit est la base dévoilée. Base, voie et fruit sont les étapes du cheminement, de son début à son terme ; étapes au cours desquelles l’éveil* et sa transmission, autrement dit les Trois joyaux* ou trois dimensions de l’éveil, sont respectivement, voilés puis semi-dévoilés et enfin libres de tout voile*.

Bodhicaryâvatâra
spyod ‘jug (tib) – bodhicaryavatara (sk) : L’Introduction à la vie de bodhisattva est le plus célèbre ouvrage de Shântideva*. Long poème en neuf chapitres d’une grande beauté, il expose la voie des bodhisattvas* : les différents aspects de bodhicitta* ainsi que les six pâramitâs*. Il fut commenté par de nombreux érudits tibétains.

Bodhicitta (sk) – byang chub kyi sems (tib), syn : cœur-esprit éveillé, l’éveil du cœur-esprit. C’est l’attitude d’ouverture du cœur et de l’esprit*, l’attitude de bonté* orientée vers le bien d’autrui et fondée sur l’amour* et la compassion*. Elle a deux niveaux : relatif et ultime. Le premier se vit d’abord en aspiration puis en application. Bodhicitta se développe formellement dans le vœu de bodhisattva, l’engagement des vaillants qui ont le courage de s’éveiller. Voir « compassion », « mahâyâna » et « tonglen ».

Bodhisattvabyang chub sems dpa’ (tib) : voir « bodhicitta ».

Bonne-Étoilelegs pa’i skar ma (tib) – sadhujyoti (sk) : moine serviteur du bouddha Shâkyamuni*, mécréant et défiant.

Bonté
 : la bonté peut se dire en quatre dimensions qui sont les ­quatre vertus illimitées : la compassion, l’amour, la joie et l’équanimité. Ce sont les quatre bras du Seigneur de bonté Chenrézi*. Voir aussi « ouverture, clarté, bonté ».

Bouddha
sangs rgyas (tib) – buddha (sk) : le sens du mot bouddha varie selon ses emplois. Le bouddha Shâkyamuni* est le bouddha historique, la personne réalisée à l’origine de l’enseignement qui nous est transmis aujourd’hui. La nature de bouddha* est la nature fondamentalement bonne et saine de notre esprit que le cheminement spirituel permet de dévoiler. L’état de bouddha* est l’état des personnes ayant pleinement réalisé cette nature de bouddha. Voir aussi « gnose », « éveil », « nature de bouddha ».

Bouddha Shâkyamunish’akya thub pa (tib) – sakyamuni (sk) : ve siècle av. J-C. (c. 566-486 ou 559-478 av. J-C), fils du roi Shuddhodana et de la reine Mahâmâyâ, il naquit à Lumbinî et reçut le nom de Siddhartha Gautama. Il est, dans le mahâyâna*, considéré comme le quatrième bouddha de notre ère, corps d’émanation (nirmânakâya*) œuvrant pour le bien des êtres en douze actes*, depuis sa descente du ciel de Tushita* jusqu’à son parinirvâna, en passant par l’atteinte du plein éveil* et la mise en mouvement de la roue de l’enseignement, lequel est encore pleinement transmis aujourd’hui.

Brahmâtshangs pa (tib) – brahma (sk) : grand dieu dont l’état correspond à un des niveaux du monde de la forme pure.

C

Chakrasamvara‘khor lo sdom pa (tib) – cakrasamvara (sk) : nom d’une des principales déités (yidams) de l’anuttarayogatantra. Il figure parmi les déités des cinq tantras (tib : rgyud sde lha lnga) de la lignée Shangpa Kagyü*.

Champ pur
 : domaine de l’esprit pur, état spirituel libéré du samsâra et des dispositions du karma.

Chandrakîrtizla ba grags pa (tib) – candrakırti (sk) : (c. 600-650), l’un des principaux exposants du mâdhyamaka de l’École prâsangika. Ses plus célèbres ouvrages sont L’Introduction au mâdhyamaka (tib : dbu ma la ‘jug pa – sk : madhyamakavatara) et Les mots clairs (tib : tshig gsal – sk : prasannapada).

Cheminement spirituel : voir « base, voie, fruit » et « développement-dévoilement ».

Chenrézispyan ras gzigs (tib) – avalokitesvara (sk) : son nom tibétain se comprend comme « vision d’amour clairvoyante ». Il est le bouddha de la bonté*, de l’amour*-compassion*. Sa pratique, très répandue au Tibet et en Occident, condense l’essentiel de toutes les méditations du vajrayâna*. Il est aussi le patron et le protecteur du Tibet où plusieurs grands maîtres parmi lesquels Kundün le Dalaï-Lama* et le Gyalwang Karmapa*, sont considérés comme ses émanations.

Chokgyur Dechen Lingpa
mchog gyur bde chen gling pa (tib) : (1829-1870), grand tertön, révélateur d’enseignements issus de Padmasambhava* (Guru Rinpoché), il fut avec Kongtrül*, Khyentsé* et Mipam Rinpoché*, l’un des principaux artisans du mouvement Rimé*.

Cinq constituants de l’individualité
phung po lnga (tib) – pañcaskandha (sk) : l’individualité, le moi/soi. L’ego est une saisie*, une polarisation, décrite en cinq constituants ou composants : formes, sensations, perceptions, formations et conscience*. Les deux pôles de la polarisation sont le sujet* et ses objets, la conscience* et les formes qu’elle perçoit. La relation de saisie entre les deux pôles se structure dans les sensations (tib : tshor ba – sk : vedana), les perceptions (tib : ‘du shes – sk : samjña) et les formations. Voir « conscience » et « sujet-objet-relation ».

Cinq élémentskhams nga (tib) – pañcadhatu (sk) : les cinq éléments – terre, eau, feu, vent, espace – sont les constituants de tout le cosmos, le monde macrocosmique, microcosmique et relationnel. Ce sont les cinq constituants extérieurs du monde, de l’habitat, et les cinq constituants intérieurs des corps des habitants. Le niveau relationnel, avec ses émotions, se comprend aussi dans l’intelligence des cinq éléments reliés aux cinq familles* de bouddhas. Les cinq éléments constituent ainsi le corps, le souffle et l’esprit. Voir « cinq familles de bouddhas ».

Cinq familles de bouddhas – les cinq familles de bouddhas sont les cinq dimensions ou qualités de l’expérience éveillée. Elles se nomment : vajra, ratna, padma, karma et bouddha et sont l’énergie libérée qui, possédée, au niveau habituel, correspond aux cinq passions*, respectivement : agression, orgueil, désir, jalousie et stupidité. Dans leur libération, les cinq passions sont transmutées en les cinq expériences premières ou sagesses* qui sont celles des cinq familles, respectivement : semblable au miroir, de l’équanimité, du discernement, de l’activité toute accomplissante et du domaine de la réalité. Voir aussi « trois familles de bouddhas ».

Cinq sagesses, syn : cinq expériences premières, cinq expériences primordiales, cinq gnoses*. Voir « cinq familles de bouddhas ».

Cinq voieslam lnga (tib) : les étapes du cheminement sont résumées dans les cinq voies de la réalisation : la voie du développement (tib : tshogs lam – sk : sambharamarga), la voie de la jonction (tib : sbyor lam – sk : prayoga­marga), la voie de la vision (tib : mthong lam – sk : darsana­marga), la voie de l’accoutumance (tib : sgom lam) et la voie de la non-étude (tib : mi slob lam – sk : asaiksamarga).

Claire lumière‘od gsal (tib) – prabhasvara (sk), syn : nature fondamentale de l’esprit, gnose, expérience première. À la fin du bardo* de la mort, tous les êtres font l’expérience de la claire lumière mais les êtres ordinaires ne la reconnaissant pas, sombrent dans une période d’inconscience. Pour une personne ayant de son vivant reconnu et stabilisé la nature de l’esprit, c’est le moment où la claire lumière fille, expérimentée durant la vie, s’unit à la claire lumière mère, fondamentale. C’est alors l’état de bouddha*.

Clartégsal ba (tib) – svara (sk) : voir « ouverture, clarté, bonté ».

Compassionsnying rje (tib) – karuna (sk) : la compassion est l’empathie, la bonté* ou l’amour* qui constitue l’attitude de cœur et d’esprit essentielle du mahâyâna*. Son fondement est une disposition d’esprit non égoïste, altruiste, aspirant au bien de tous les vivants. Il existe trois niveaux de compassion : en référence aux vivants, en référence à la réalité et sans référence. Cette dernière est l’immense bonté (tib : thugs rje chen po – sk : mahakaruna), l’empathie sans séparation, non duelle. Karunâ (compassion) et prajnâ (compréhension) sont les deux pôles complémentaires du mahâyâna, la voie universelle. Voir « compréhension » et « mahâyâna ».

Compréhensionshes rab (tib) – prajña (sk) : la compréhension, prajnâ, et la compassion*, karunâ, sont les deux qualités complémentaires de la voie universelle, le mahâyâna*. La compréhension est aussi le troisième élément du triple apprentissage*. La compréhension supérieure ou perfection de compréhension (prajnâpâramitâ) est la reconnaissance de la nature* de la réalité et de l’esprit*. Elle est la sixième vertu qui transforme en perfections les cinq premières. Voir aussi « six vertus » et « mahâyâna ».

Confiance
dad pa (tib) – sraddha (sk) : au cœur de la voie est la ­confiance. ­Celle-ci a de nombreux aspects et niveaux. Elle se vit comme souhait du cœur à cheminer vers l’éveil* et consiste fondamentalement à faire confiance à la réalité* en soi, à la nature de bouddha* qui est la nature de l’esprit*. La confiance est ce qui permet de lâcher les fixations d’où procèdent illusions* et passions*. Elle donne l’orientation d’éveil, la motivation, l’aspiration et l’inspiration de l’influence spirituelle*. Dans la confiance, se vit la non-peur* en laquelle, les saisies* dépassées, s’actualise la présence de l’éveil, le trikâya*. Il faut bien distinguer confiance et croyance : la croyance est la fixation sur une vérité conceptuelle ou formelle alors que la confiance est ce qui permet de se libérer de ses fixations sur les noms et les formes. Il existe principalement trois formes de confiance : la confiance de l’admiration (tib : dang ba’i dad pa – sk : abhiprasanna), qui accompagne la découverte des qualités des Trois joyaux* ; la confiance de l’aspiration (tib : ‘dod pa’i da pa – sk : abhilasa) qui permet de s’engager sur la voie du développement-dévoilement* ; enfin la confiance de la certitude (tib : yid chas pa’i dad pa – sk : abhisampratyaya), fondée sur l’expérience authentique des enseignements. Voir aussi « influence spirituelle » et « dévotion ».

Consciencernam shes (tib) – vijñana (sk) : la conscience est l’expé­rience de ­l’esprit habituel, l’illusion duelle. C’est la saisie* cognitive. La conscience est l’expérience duelle que le sujet* fait d’un objet dans la relation de conception. La conception fait co-naître le sujet et l’objet en interdépendance. Sur la voie, la conscience duelle s’ouvre finalement en gnose* ou expérience première comme la vague émergée de l’océan y retourne et s’y fond, comme l’espace contenu dans un pot fusionne avec l’espace total quand le pot disparaît. Voir « sujet-objet-relation ». Voir aussi « huit consciences ».

Conscience fondamentale
 : voir « karma » et « huit consciences ».

Constituants de l’individualité (cinq)
 : voir « cinq constituants de ­l’individualité ».

Contemplation : voir « méditation ».

Corps, parole, esprit : voir « personne » et « Trois joyaux ».

Cycle des existences
 : voir « samsâra ».

D

Dagpo Kagyüdvags po bka’ rgyud (tib) : Considérée comme Marpa Kagyü, c’est l’une des deux principales lignées Kagyü*. Elle est issue de Dagpo Lhajé ou Gampopa*. La lignée Dagpo Kagyü remonte à Marpa Lotsâwa* (1012-1097), grand traducteur tibétain qui fit trois voyages en Inde et étudia auprès de Nâropa* (1016-1100), mahâsiddha indien, lui-même disciple de Tilopa*. Il eut pour disciple principal Mila­repa* (1040-1123), l’un des plus célèbres yogis et poètes du ­Tibet. Parmi les disciples principaux de Milarepa, Gampopa (1079-1173), aussi appelé Dagpo Lhajé (tib : dvags po lha rje), érudit de la tradition Kadam*, réunit la lignée du Mahâmudrâ* de Marpa et Milarepa et la lignée Kadam d’Atisha*, fondant ainsi la lignée Dagpo Kagyü*. Les quatre principaux disciples de Gampopa constituèrent à sa ­suite, les quatre branches majeures de l’école. Les deux plus connues sont la ­branche Karma Kagyü ou Kamtsang Kagyü, issue de Düsum Khyenpa, le 1er Karmapa (1110-1193), et la branche Drikung Kagyü fondée par Kyobpa Jigten Sumgön (1143-1217). Le troisième disciple de Gampopa, Pagmo Drupa (1110-1170), fonda la lignée Pagdru ­Kagyü. Ses huit disciples principaux furent à l’origine des huit lignées de la ramification secondaire, parmi lesquelles l’école Drukpa ­Kagyü, fondée par Ling Repa (1128-1189), est la plus connue. Outre la lignée des Karmapas, la lignée Karma Kagyü est composée d’autres lignées de trülkus comme celles des Khentin Taï Situpas* et des Shamarpas*. Voir aussi « Kagyü » et « Shangpa Kagyü ».

Dalaï-Lamata la’i blama (tib) : la lignée des Dalaï-Lamas remonte à Gendün Drupa (1391-1474), l’un des plus proches disciples de Jé Tsongkhapa (1357-1419) à l’origine de l’école Gélug*. Il fonda le monastère de Tashi Lhünpo à Shigatsé. Le continuateur de son œuvre fut Gendün Gyatso (1475-1542), puis Sönam Gyatso (1543-1588). C’est ce dernier qui reçut de l’empereur mongol Altan Khan, le titre de talé-lama (tib : ta la’i bla ma) ou dalaï-lama, signifiant « océan » et se référant à sa sagesse. Le titre s’appliqua de manière posthume à ses deux prédécesseurs. Un arrière-petit-fils d’Altan Khan, Yönten Gyatso (1589-1617), fut le 4e Dalaï-Lama. Son successeur Lobzang Gyatso (1617-1682) demeure connu comme le grand cinquième qui s’appuya sur ses alliés mongols pour sortir victorieux des luttes d’influences entre provinces et écoles tibétaines. Ils l’établirent alors comme autorité suprême du Tibet, dont il fut largement l’unificateur et l’organisateur. Il fit notamment construire l’actuel Potala à Lhasa. La lignée des Dalaï-Lamas s’est poursuivie sans interruption depuis, jusqu’à l’actuel quatorzième détenteur du titre : Sa Sainteté Tenzin Gyatso né en juillet 1935. L’invasion chinoise du Tibet l’a contraint à l’exil en Inde en 1959. Les Dalaï-Lamas sont considérés comme des émanations de Chenrézi*, le bouddha de la compassion*, qui est aussi le patron et le protecteur du Tibet.

Damémabdag med ma (tib) : épouse de Marpa*, son nom signifie « sans ego ».

Darma Dodédar ma ldo sde (tib) : fils de Marpa* et Daméma*.

Déité : voir « yidam » et « vajrayâna ».

Denys Rinpoché : principal héritier spirituel occidental de Kyabjé Kalu Rinpoché, voir la postface.

Dessaisie, syn : non-saisie, non-fixation. C’est l’état d’ouverture* de la conscience dans le relâchement de la saisie* de ses objets. L’ouverture de la conscience est la diminution de la polarité sujet-objet* de la saisie dualiste.

Deux développementstshogs gnyis (tib) – divisambhara, sambhara­dvaya (sk) : les deux développements sont le développement de vertus* ou de bienfaits et le développement de gnose* ou d’expérience non duelle. Ils sont concomitants aux deux dévoilements*. Le développement de vertus (tib : bsod nams tshogs – sk : punyasambhara) est en lien avec la dissolution du voile des passions alors que le développement de gnose (tib : ye shes tshogs – sk : jñanasambhara) correspond à la dissolution du voile de l’illusion. Voir aussi « deux dévoilements ».

Deux dévoilementssgrib sbyang (tib) : les deux dévoilements sont la dissolution du voile* de l’illusion duelle et la dissolution du voile des passions* conflictuelles. Illusions duelles et passions conflictuelles sont interdépendantes : un moins d’illusions duelles est un moins de passions conflictuelles ; et inversement, un plus de passions conflictuelles est un plus d’illusions duelles, de polarité sujet-objet. En outre, moins d’illusion est plus de réalité. Voir aussi « deux développements ».

Deux suprêmes maîtres indiens
mchog gnyis (tib) : il s’agit de Nâgârjuna* et d’Asanga*.

Développement-dévoilement – bsags sbyang (tib) : le développement-dévoilement résume toute la voie, tout le cheminement du dharma, de la base*, la conscience* duelle, au fruit, la gnose* non duelle ou esprit* éveillé. Il s’opère dans le triple apprentissage* qui est celui de la discipline*, de la méditation* et de la compréhension*. Dans le développement-dévoilement, la dissolution des voiles est concomitante au développement de la réalité et des qualités que le dévoilement révèle. Un moins d’illusion est un plus de réalité. Dans une image traditionnelle, les voiles* sont des nuages qui, se dissipant, révèlent l’ouverture de l’espace baignée par la clarté et la chaleur du soleil ; clarté et chaleur étant ici des métaphores pour les qualités éveillées d’intelligence et de bonté. L’espace et le soleil étaient là dès l’ori­gine mais voilés par des nuages adventices. Ainsi, la base est le fruit voilé par les illusions de la conscience duelle et conflictuelle, alors que le fruit est la base dévoilée, dotée de toutes les qualités éveillées. Cette dynamique du développement-dévoilement est aussi celle de la vacuité*-plénitude dans laquelle le vide d’illusions est un plein de réalité. L’absence ou le vide des illusions de la conscience duelle est le plein ou la perfection des qualités de l’esprit éveillé. Le vide de dualité – la vacuité – correspond à la plénitude des qualités de non-dualité. Dit autrement : la libération des saisies dualistes révèle la présence des ressources que sont les qualités éveillées alors que la saisie des qualités-ressources dégrade celles-ci en obstacles. Voir aussi « deux dévoilements » et « deux développements ».

Dévoilementsgrib sbyang (tib) : voir « deux dévoilements », « développement-dévoilement » et « voiles ».

Dévotionmos gus (tib) : la dévotion est la confiance*, l’attitude de respect et d’admiration qui suscite l’inspiration envers le maître. Elle permet la transmission de l’influence spirituelle* conduisant à la réalisation. Une vision consiste à considérer le maître dans son essence comme étant le représentant vivant de l’enseignement, l’incarnation des bouddhas du passé, du présent et du futur, sans qui le dharma serait lettre morte. Voir aussi « lama source » et « ami spirituel ».

Déwachenbde ba can (tib) – sukhavatı (sk) : domaine d’Amitâbha* et de Chenrézi*. Les pratiques et les souhaits qui leur sont associés y ­dirigent l’esprit au moment de la mort et permettent d’y renaître, libéré du samsâra*. Voir aussi « champ pur ».

Dharma
(sk) – chos (tib) : voir « Trois joyaux » et « réalité ».

Dharmakâya : voir « trikâya ».

Dharmakîrtichos kyi grags pa (tib) – dharmakırti (sk) : (c. 600-660), ­l’un des Six ornements*, logicien, qui élucida et amplifia l’œuvre de Dig­nâga*. Il est l’auteur des Sept traités (tib : tchad ma sde bdun), ouvrages de logique.

Dignâgaphyogs kyi glang po (tib) – dignaga (sk) : (IVe-Ve siècles), l’un des Six ornements* et des plus illustres logiciens du mahâyâna*. Son ouvrage le plus célèbre est sans doute le Compendium de la connaissance valide (tib : tshad ma kun las btus pa, ou tshad ma mdo – sk : pramanasamuccaya).

Disciplinetshul khrims (tib) – sıla (sk) : premier élément du triple apprentissage* et deuxième des six vertus*. On distingue différents niveaux de la discipline : extérieur, intérieur, secret et fonda­mental. Ceux-ci sont complémentaires et successifs. Voir « triple apprentissage ».
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Donbyin pa (tib) – dana (sk) : le don, la générosité, est la première des six vertus fondamentales du mahâyâna. Voir aussi « six vertus ».

Dorjé Denpardo rje gdan pa (tib) – vajrasana, abhaya (sk) : l’un des lamas source de Khyungpo Neljor*.

Double non-soi : voir « vacuité ».

Douze actesmdzad pa beu gnys (tib) : ce sont les douze actes du Bouddha suprême nirmânakâya. Voir aussi « bouddha Shâkyamuni ».

Douze facteursrten ‘brel yen lag bcu gnyis (tib) – dvadasangapratıtya­samutpada (sk) : ce sont les douze facteurs interdépendants coproduisant le samsâra*. Ils exposent l’apparition de la conscience* et de ses expériences avec, dans l’ordre : ignorance*, formations kar­miques, conscience*, nom et forme, six domaines, contact, sensations, soif, saisie*, devenir, naissance puis vieillissement et mort*. Voir aussi « samsâra » et « bardo ».

Dromtönpa
‘brom ston pa (tib) : (1004-1064), le principal disciple d’Atisha*.

Düsum Khyenpadus gsum mkhyen pa (tib) : (1110-1193), 1er Karmapa*, disciple de Gampopa*. Voir aussi « Dagpo Kagyü ».

Dzogchenrdzogs chen (tib) – mahasandhi (sk) : la Grande perfection. Un nom pour l’ultime pratique spirituelle fondée sur la présence d’instantanéité.

E

Effortrtsol ba (tib) – vınya (sk) : voir « six vertus ».

Egobdag (tib) – atman (sk), syn: moi, ego. Voir « cinq constituants de l’individualité » et « vacuité ».

Eléments (cinq)
 : voir « cinq éléments ».

Emotions : voir « six passions ».

Enseignements graduels
lam rim (tib) : ce sont les enseignements de la voie progressive. Voir aussi « Atisha ».

Entraînement spirituel : voir « lojong ».

Espritsems (tib) – citta (sk) : esprit est un terme générique se comprenant au niveau pur et impur. L’esprit a deux facettes qui sont deux états d’une même réalité* : l’état naturel de l’esprit, la nature de l’esprit, la nature de bouddha ou gnose*, et l’état habituel, l’esprit souillé ou conscience*. La gnose est l’état pur, non duel, libre de voiles et pourvu de nombreuses qualités. La conscience est l’état impur, duel, voilé, conditionné et pourvu de nombreuses souffrances. Le cheminement consiste à découvrir la nature véritable de l’esprit ou gnose, déjà présente en nous, par le développement-dévoilement*. Voir aussi « conscience », « gnose » et « développement-dévoilement ».

Etat de bouddha : voir « bouddha », « éveil » et « nirvâna ».

Eveil – byang chub (tib) – bodhi (sk) : l’éveil se comprend dans la métaphore le reliant au sommeil. L’éveil est l’état libre du sommeil de l’ignorance* et de ses illusions* semblables aux rêves. Il est l’état en lequel toutes les impuretés à éliminer ont été complètement purifiées (tib : byang ou sangs) et en lequel toutes les qualités à réaliser ont été parfaitement réalisées (tib : khong du chub pa ou rgyas) ; c’est ainsi l’éveil, la parfaite purification et réalisation (byang chub) ou l’état de bouddha* (tib : sangs rgyas). Voir aussi « gnose » et « trikâya ».

F

Facteurs (douze) : voir « douze facteurs ».

Familles de bouddhas : voir « cinq familles de bouddhas » et « trois familles de bouddhas ».

Fixation, syn : saisie. Voir « cinq constituants de l’individualité », « dessaisie » et « vacuité ».

Fruit : voir « base, voie, fruit ».

G


Gampopa
sgam po pa (tib) : (1079-1153), encore nommé Dagpo Lhajé (tib : dvags po lha rje), ce qui signifie « le médecin de Dagpo ». Après la mort de sa femme et de ses enfants, Gampopa devint moine dans la tradition Kadam*, puis rencontra Milarepa* dont il fut le principal disciple. La montagne de Gampo d’où lui vient son nom, est située dans la région de Dagpo au sud-est du Tibet. C’est là que Gampopa passa dix ans en retraite solitaire et qu’il fonda ensuite l’ordre monastique Dagpo Kagyü*, sa transmission fusionnant le courant spirituel Kadam et celui de Mahâmudrâ* reçu de Milarepa. Il eut pour principal disciple Düsum Khyenpa, le 1er Karmapa*. Son plus ­célèbre ouvrage est Le Précieux Ornement de la libération (tib : dvags po thar rgyan), lamrim qui constitue le manuel fondamental des études traditionnelles Kagyü*. Voir aussi « Dagpo Kagyü ».

Gélug
dge lugs (tib) : l’école Gélug (littéralement « tradition de la vertu ») est l’une des quatre principales écoles tibétaines. Elle fut fondée au xve siècle par Tsongkhapa Lobsang Drakpa (1357-1419) dans l’inspiration de la tradition Kadam*. Le monastère de Ganden près de Lhasa érigé en 1409 donna son premier nom à l’école qui fut ensuite connue comme celle des Gélugpas. Les lignées des Dalaï-Lamas* et des Panchen-Lamas appartiennent à cette école.

Geshé Bendge bshes ‘ban (tib) : un grand maître Kadampa* des XIe et XIIe siècles.

Gnoseye shes ou ye nas shes pa (tib) – jñana (sk), syn : intelligence ou expérience non duelle, première, primordiale, immédiate, éveillée. La gnose est l’état cognitif de l’expérience première, absolue, c’est-à-dire non duelle ; l’immédiateté primordiale. C’est la nature de l’esprit*, l’esprit éveillé, pur. C’est l’expérience d’éveil*, le nirvâna* ; autrement dit, la réalité du fruit, le fruit du cheminement. Voir aussi « trikâya » et « conscience ».

Gönkarmgon dkar (tib) : aspect de Gönpo Chadrupa.

Gönpo ChadrupamGon po phyag drug pa (tib) : nom de l’aspect de Mahâkâla à six bras, protecteur du dharma (dharmapâla), en particulier dans les lignées Shangpa Kagyü* et Gélug*. Le protecteur d’expérience primordiale à six bras est une émanation courroucée de Chenrézi*, le bouddha de la compassion. Il se manifeste sous forme dynamique et puissante pour subjuguer les illusions et les obstacles qui ne peuvent l’être autrement.

Guhyasamâjagsang ba ‘dus pa (tib) – guhyasamaja (sk) : un nom de la déité (yidam) et d’un tantra de la lignée père dans l’anuttarayoga. Il fait partie du mandala des déités des cinq tantras (tib : rgyud sde lha lnga) de la lignée Shangpa Kagyü *.

Gunaprabhayon tan ‘od (tib) – gunaprabha (sk) : l’un des Six ornements*.

Gyeltsen (lama)rgyal mtshan (tib) : neveu et assistant de Kyabjé Kalu Rinpoché* durant toute sa vie. Il est le père de sa renaissance, Yangsi Kalu Rinpoché.

H

Hayagrîvârta mgrin (tib) – hayagrıva (sk) : un nom de la déité (yidam) pratiquée dans différentes écoles. Dans la lignée Shangpa*, son origine remonte à Kyergangpa qui en reçut la révélation de Padmasambhava* (Guru Rinpoché).

Hevajra
kye rdo rje (tib) – hevajra (sk) : un nom de la déité (yidam) et d’un tantra de l’anuttarayoga. Il fait partie du mandala des déités des cinq tantras (tib : rgyud sde lha lnga) de la lignée Shangpa Kagyü *.

Hînayânatheg pa dman pa (tib) – hınayana (sk), syn : voie de la discipline étroite ou petit véhicule. Son approche est celle du renoncement, du non-attachement* au monde et aux passions*. L’accent y est mis sur la discipline* extérieure.

Huit consciences – les huit consciences sont : la conscience fondamentale (tib : kun gzhi rnam shes – sk : alayavijñana), la conscience* individuelle ou souillée (tib : nyon yid – sk : klistamanas) et les six consciences correspondant aux différentes facultés sensorielles. Cinq concernent les sens externes : vision, audition, odorat, goût et toucher. Le ­sixième sens est le sens interne, le mental.

I

Ignorancema rig pa (tib) – avidya (sk) : l’ignorance fondamentale est l’incapacité foncière de l’esprit* habituel à connaître sa vraie na­ture*. Le voile de l’ignorance, inhérent à notre existence, est le point de départ de la dualité, la racine de toutes les illusions* et la source de toutes les passions* et souffrances*. Voir aussi « esprit », « sujet-objet-relation » et « voiles ».

Illusion‘khrul pa (tib) – bhranti (sk) : sous l’emprise de l’ignorance*, l’esprit* s’engage dans les illusions. La plus fondamentale, racine de toutes les autres, est la saisie* duelle en termes de sujet-objet-relation* : aux qualités d’ouverture*, de clarté et de bonté* de l’esprit éveillé se substituent le sujet, l’objet et leurs relations. C’est ce qu’on nomme le voile* de la propension fondamentale ou de l’illusion. Voir aussi « ignorance », « esprit » et « voiles ».

Impermanence – l’impermanence est une réalité universelle, la pre­mière des caractéristiques de l’enseignement du Bouddha : « Tout ce qui est composé se décompose. » Notre précieuse existence humaine est transitoire, de même que tous les phénomènes du monde macrocosmique et microcosmique. Que ce soit au fil des cycles cosmiques, des ères, des années, des saisons, des alternances diurnes et noc­turnes ou d’instant en instant, rien n’est stable, fixe ou permanent. Le monde est un réseau hyper complexe d’événements en perpétuelle interaction et en perpétuel changement. La compréhension de la réalité de la mort et de l’impermanence est la deuxième des quatre notions fondamentales*, l’aiguillon qui nous dirige vers l’essentiel dès maintenant. Voir aussi « quatre notions fondamentales ».

IndrabodhiIndra bhuti (tib) – indrabhuti (sk) : l’un des quatre-vingt-­quatre mahâsiddhas de l’Inde, roi d’Oddiyâna*.

Influence spirituellebyin rlabs (tib) – adhisthana (sk) : l’influence spirituelle est l’inspiration que le disciple reçoit en présence du lama. Le lama source* réunit l’influence spirituelle de l’ensemble des êtres réalisés depuis le bouddha Vajradhâra*. Voir aussi « lama source », « voie d’immédiateté » et « dévotion ».

Intégration : la pratique d’intégration est l’incorporation des pra­tiques et expériences d’éveil dans la vie quotidienne. En particulier, c’est l’intégration des trois dimensions de l’intelligence première ou ­gnose* : l’ouverture*, la clarté et la bonté*, dans toutes les circonstances de la vie. Elle consiste à cultiver l’état de présence qu’est l’observateur abstrait*.

J

Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé‘jam mgon kong sprul blo gros mtha’ yas (tib) : (1811-1899), extrêmement brillant durant sa jeunesse, reconnu comme trülku par le 11e Situpa Pema Wangchuk Gyelpo (1886-1952), il lança, avec d’autres grands maîtres, parmi lesquels Jamyang Khyentsé Wangpo*, Mipam Rinpoché*, Chokgyur Dechen Lingpa* et Patrul Rinpoché*, un grand mouvement connu sous le nom de Rimé*(littéralement « non sectaire » ou « d’unité dans la diversité »). Il s’agit d’une approche impartiale, fondée sur l’expérience spirituelle et son unité foncière dans les différentes traditions, au-delà des formulations propres à chacune.
Elle a créé un renouveau spirituel et a préservé l’existence de lignées* menacées de disparition. Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé joua un rôle essentiel dans de très nombreuses lignées en compilant leurs transmissions et en assurant ainsi leur pérennité. Il laissa un immense héritage sous la forme de cinq trésors :

– L’Encyclopédie des connaissances traditionnelles (tib : shes bya mdzod) en quatre volumes (en cours de traduction en anglais et en ­français),
– Le Trésor des précieux termas (tib : rin chen gter mdzod) en soixante-trois volumes,
– Le Trésor des tantras Kagyü (tib : bka’ brgyud sngags mdzod) en huit ­volumes,
– Le Trésor des instructions essentielles des huit lignées de pratique (tib : gdams ngag mdzod) en dix volumes,
– Le Trésor des vastes paroles (tib : rgya chen bka’ mdzod) en dix volumes : ses écrits personnels.

Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé eut plusieurs émanations dont les plus connues furent : Pelpung Kongtrül, Pelden Khyentsé Özer (1904-1953) qui devint un maillon de la transmission de la lignée Kamtsang Kagyü, Shechen Kongtrül Pema Drimé (1901-1960) qui fut le lama racine du Vidyadhara Trungpa Rinpoché (1939-1987) et Kyabjé Kalu Rinpoché* qui fut plus particulièrement considéré comme l’émanation de l’activité éveillée de Jamgön Kongtrül. À la troisième génération, fut connu Pelpung Kongtrül Chökyi Sengé Tenpè Gocha (1954-1992), disciple du 16e Karmapa qui enseigna en Occident.

Jamyang Khyentsé Wangpo‘jam dbyangs mkhyen brtse dbang po (tib) : (1820-1892), émanation de l’Omniscient Jigmé Lingpa (1730-1793), une des figures les plus éminentes de la tradition Nyingma*. Il fut un grand maître Nyingmapa* et Sakyapa*, inspirateur et dirigeant du mouvement Rimé*. Il eut ensuite différents trülkus reconnus dans plusieurs écoles, en particulier :

– Dilgo Khyentsé Rabsel Dawa (1910-1992) qui enseigna et fonda en Occident des centres rattachés à l’école Nyingma. Il fut ami, maître et disciple de Kyabjé Kalu Rinpoché*.

– Beru Khyentsé ou Pelpung Khyentsé, Karma Jamyang Khyentsé Özer (1896-1945) dont le trülku est Beru Khyentsé Rinpoché (né en 1947), disciple du 16e Karmapa. Il enseigna en Occident et réside actuellement à Bodhgaya.

Jangchub Chölingbyang chub chos gling (tib) : monastère Kagyü* situé au Bhoutan, dont Kyabjé Kalu Rinpoché* prit la direction en 1957 à l’invitation de la famille royale et à l’instigation du Karmapa*. Kyabjé Kalu Rinpoché y resta plusieurs années, développant le monastère et faisant construire deux centres de retraite avant de partir pour l’Inde où il fonda le monastère de Sonada.

Jonangjo nang (tib) : nom d’une école dont le point de vue philoso­phique et les pratiques remontent à Yumo Mikyö Dorjé (xie siècle), un grand maître du Kâlachakra. Celui-ci établit, en conformité avec ses enseignements, la perspective du grand mâdhyamaka ou yogâchâra-mâdhyamaka-shentong qui, au-delà des divergences entre la dialectique prâsangika et l’expérience yogâchâra, est une synthèse des deux grandes perspectives philosophiques du mahâyâna.
Künpang Tujé Tsöndrü (1243-1313), un détenteur de la lignée, établit son siège dans la province de Tsang au monastère de Jonang qui donna son nom à l’école. En 1320, Yönten Gyatso (1260-1327) y reçut Dölpo ­Sherab Gyeltsen (1292-1361) qui diffusa largement la perspective du mâdhyamaka shentong dans les provinces de Ü et Tsang et composa sur ce thème de nombreux ouvrages dont L’Océan du sens définitif (tib : ri chos nges don rgya mtsho).
Par la suite, la lignée* compta parmi ses maîtres, Jonang Kunga Drölcho (1495-1566), qui reçut des révélations de ­Niguma* ; et l’Omniscient Jetsün Drölwé Gönpo, connu sous le nom de Târanâtha (1575-1634), qui fonda le monastère de Taten ­Püntsoling. Au xviie siècle, des troubles politiques causèrent la disparition des monastères Jonang qui devinrent Gélug*, mais la transmission et la pratique des enseignements se poursuivit au sein d’autres lignées, notamment au sein de la lignée Shangpa* Kagyü.

Joyaux (trois)
 : voir « trois joyaux ».

K

Kadampabka’ gdams pa (tib) : l’école Kadam remonte à Atisha* (980-1054). Son disciple Dromtön (1005-1064) fonda en 1056 le monastère de Radreng (ou Reting) au nord de Lhasa, qui devint la source de sa transmission. Malgré la large et rapide diffusion des enseignements Kadampa, l’école disparut au xve siècle notamment parce que les Kadampa, pour la plupart ermites, ne construisirent pas de monastères. Elle influença néanmoins profondément les autres écoles : les Gélug­pas* qui se disent les « nouveaux Kadampas » et la lignée Dagpo* Kagyü. Depuis Gampopa*, la lignée Dagpo Kagyü est à la conflu­ence du courant spirituel Kadam et de celui de Mahâmudrâ*.

Kagyübka’ brgyud (tib) : l’école Kagyü (littéralement « la tradition de la parole du Bouddha ou tradition orale »), l’une des quatre princi­pales écoles tibétaines, compte deux branches principales : la branche Shangpa* Kagyü (tib : shangs pa bka’ brgyud) et la branche Marpa* Kagyü (tib : mar pa bka’ brgyud) datant toutes deux du xie siècle. ­Cette dernière s’est poursuivie à travers la transmission Dagpo Kagyü* (tib : dvags po bka’ brgyud) issue de Dagpo Lhajé ou Gampopa*, au xiie siècle. Voir aussi « Dagpo Kagyü » et « Shangpa Kagyü ».

Kâlachakra
dus ‘khor (tib) – kalacakra (sk) : un nom de la déité (yidam) issue d’un tantra de l’anuttarayogatantra. Les enseignements du Kâla­chakra tantra (littéralement « cycles du temps ») ont été requis par le roi de Shambhala et jouent un rôle fondamental dans les perspectives et les pratiques du vajrayâna*.

Kamtsang Kagyükam tshang bka’ brgyud (tib) : voir « Dagpo Kagyü ».

Kangyurbka’ ‘gyur (tib) : « la traduction des paroles du Bouddha » est un recueil, le plus souvent en cent huit volumes, qui constitue la base du canon bouddhique dans la tradition tibétaine. Le Kangyur est divisé en plusieurs sections dont les principales sont les Trois corbeilles ou Tripitaka (tib : sde snod gsum) et les tantras (tib : rgyud)

Karak Gomchungkha rag sgom chung (tib) : maître Kadampa* du xie siècle, il fut le disciple de Gönpapa (âranyaka), abbé du monastère de Radreng, et de Potowa (tib : potoba, 1031-1105), célèbre yogi. Il reçut les enseignements Dzogchen* et réalisa le corps d’arc-en-ciel.

Karma (sk) – las (tib) : karma a le sens d’action. Il est la causalité en laquelle une cause engendre un effet, une graine semée produit un fruit. Les activités de la conscience* duelle génèrent des em­preintes, des impressions qui subsistent dans la conscience profonde ou conscience fondamentale* ; ces impressions s’expriment ensuite comme tendances ou propensions dualistes qui forment et condi­tionnent la conscience duelle, « moi et mon monde ». Ainsi le karma met en forme, « informe » la conscience duelle dans ses trois dimensions de sujet-objet-relation*. Il est le créateur de toutes les expé­riences que la conscience vit. On distingue trois types de karmas souillés : le karma positif, négatif et d’immobilité. Parmi ces types de karmas, on différencie encore le karma inducteur du karma complémentaire et enfin le karma individuel du karma collectif. Voir aussi « samsâra » et « douze facteurs ».

Karma Rangjung Trinlé Künkhyab Zangpokarma rang byung ‘phrin las kun khyab bzang po (tib) : nom monastique de Kyabjé Kalu ­Rinpoché* qui lui fut donné par le 11e Taï Situpa à Pelpung à l’âge de 13 ans. Il signifie littéralement « excellente activité de la nature omniprésente ». Voir aussi la notice biographique.

Karmapakarma pa (tib) : Karmapa signifie « celui qui met en œuvre l’activité éveillée ». Le 1er Karmapa Düsum Khyenpa (1110-1193) était le disciple de Gampopa* (1079-1153) et fonda le monastère de Tsurpu qui allait devenir le siège monastique de tous ses successeurs. Avant sa mort, il indiqua le moment et les circonstances de sa prochaine naissance, créant ainsi la première lignée spirituelle dé­­finie par trülkus ou renaissances.
A sa suite, la succession des Karmapas constitua le cœur de la lignée Karma Kagyü ou Kamtsang Kagyü. Du deuxième, Karma Pakshi (1206-1283) au cinquième, Deshin Shekpa (1384-1415), les Karmapas furent les guides spirituels de l’empereur de Chine. Le 3e Karmapa Rangjung Dorjé* (1284-1339), accompli et érudit remarquable, joua également un rôle important dans la lignée Nyingma*.
Le 16e Gyalwang Karmapa Rangjung Rigpé Dorjé (1924-1981) contribua à la préservation de l’école Karma Kagyü en prenant la route de l’exil en 1959, peu avant le Dalaï-Lama*. Il fonda son siège à Rumtek, au Sikkim. Sa notoriété lui valut d’être considéré comme hiérarque de l’école Kagyü* dans son ensemble. Le 17e Gyalwang Karmapa Orgyen Trinlé Dorjé fut reconnu par Khentin Taï Situpa* et par Sa Sainteté le Dalaï-Lama en la personne d’un enfant de huit ans intronisé au monastère de Tsurpu en septembre 1992. Il réside en Inde depuis sa fuite du ­Tibet en 2000. Les Karmapas sont, comme les Dalaï-­Lamas, reconnus comme des émanations de Chenrézi, le bouddha de la compassion. Voir « Kagyü ».

Khampakhams pa (tib) : les Khampas sont les habitants du Kham, qui est, avec l’Amdo, l’une des deux principales régions du Tibet oriental.

Khyungpo Neljor
khyung po rnal ‘byor (tib) : (978-1128 ou 990-1139), initiateur tibétain de la lignée Shangpa* Kagyü, contemporain de Marpa* le Traducteur. Il commença par étudier et pratiquer les traditions Bön et Dzogchen* avant de se mettre en quête d’enseignements vers l’Inde. Il y effectua sept voyages successifs. Parmi les cent cinquante maîtres qu’il rencontra, les cinq principaux furent : les dâkinîs de connaissance primordiale Niguma* et Sukhasiddhi* et les maîtres Râhula*, Maitrîpa* et Abhayâ ou Vajrâsana (Dorjé Denpa en tibétain).
Il réalisa les Cinq enseignements d’or et les Cinq ultimes, l’aboutissement ultime des cinq principaux tantras de l’anuttarayogatantra, par le sâdhana des Déités des cinq tantras (tib : rgyud sde lha lnga) qui regroupe en un seul mandala : Guhyasamâja*, Mahâmâyâ*, Hevajra*, Chakrasamvara* et Vajrabhairava*. Cette pratique issue du Tantra de l’océan de joyaux (tib : rin chen rgya mtsho’i rgyud) lui fut transmise par Abhayâ ; elle constitue la base du système initiatique Shangpa.
De retour au Tibet, Khyungpo Neljor établit son siège à Shang Shong (tib : zhang zhong), dans la vallée de Shang (tib : shangs), à l’ouest de la province du Tsang, d’où le patronyme « Shangpa » de l’école. Il vécut, dit-on, jusqu’à l’âge de cent cinquante ans. Il fonda plus de cent monastères, enseignant sans relâche et manifestant sa réalisation par de nombreux miracles. Voir aussi « Shangpa Kagyü ».

Kongtrül Rinpoché I : voir « Jamgön Kongtrül Rinpoché ».

Kyabjé Kalu Rinpoché, ou Kalu Rangjung Künkhyab : voir la notice biographique.

Kyergangpaskyer sgang pa (tib) : (fin XIIe-début XIIIe siècle), lama de la lignée Shangpa*.

L

Lamabla ma (tib) – guru (sk) : un lama est un maître, directeur spirituel ou guide dans le vajrayâna.

Lama source : lama source de l’inspiration et des transmissions dans le vajrayâna*. Il est celui qui nous introduit personnellement à la nature de l’esprit. Voir aussi « dévotion » et « influence spirituelle ».

Lawapala ba pa (tib) – lva va pa (sk) : l’un des quatre-vingt-quatre mahâ­siddhas de l’Inde. Lawapa et Indrabodhi* (ou Indrabhûti), le roi semi-légendaire d’Oddiyâna*, sont parfois considérés comme une seule et même personne. Dans d’autres transmissions, Lawapa est le maître d’Indrabodhi et de Virûpa*. Niguma* déclara qu’il était avec elle, le seul détenteur des enseignements qu’elle transmit à Khyungpo Neljor*.

Lignée : la lignée de transmission est la continuité ininterrompue de maître à disciple qui véhicule les enseignements, leur esprit, leur expérience et leurs lettres. Voir aussi « influence spirituelle ».

Lojongblo sbyong (tib), syn : entraînement spirituel, entraînement de l’esprit. Un des plus célèbres lojongs est L’Entraînement de l’esprit en sept points. Il s’agit d’une présentation de l’entraînement spirituel exposant le cœur de la voie universelle du mahâyâna* sous forme de maximes concises et parlantes. Tout le cheminement* spirituel peut être envisagé comme un entraînement, un processus d’apprentissage et de transformation : la transformation de l’esprit* habituel, duel et conflictuel, la conscience*, en un esprit éveillé, non duel et harmonieux, la gnose*. Au cœur de cet entraînement est le développement de bodhicitta*, l’esprit d’éveil, l’ouverture du cœur-esprit. Voir aussi « bodhicitta » et « tonglen ».

Loka : voir « six lokas ».

M

Mahâmâyâsgyu ‘phrul chen mo (tib) – mahamaya (sk) : un nom de la déité (­yidam) et d’un tantra de l’anuttarayogatantra. Il fait partie du mandala* des déités des cinq tantras (tib : rgyud sde lha lnga).

Mahâmudrâphyag rgya chen po (tib) – mahamudra (sk) : Grande union, Grand sceau, Grand symbole. Un nom de l’ultime pratique spirituelle fondée sur la présence d’instantanéité.

Mahâyâna
thegs pa chen po (tib) – mahayana (sk), syn : la grande voie, le grand véhicule ou voie universelle. Son approche consiste à développer la compréhension* et la compassion* pour libérer tous les vivants. Voir aussi « bodhicitta », « six vertus » et « tonglen ».
Maître : voir « ami spirituel », « lama » et « lama source ».

Maitreyabyams pa (tib) – maitreya (sk) : littéralement « amour », nom du bodhisattva* destiné à devenir le prochain bouddha* qui se manifestera au début du prochain cycle cosmique, lorsque l’enseignement du bouddha Shâkyamuni* se sera éteint. Il fut la déité* d’élection d’Asanga*.

Maitrîpamee tri pa (tib) – maitrıpa (sk) : (1007-1078), l’un des quatre-vingt-quatre mahâsiddhas de l’Inde. Grand érudit de l’université de  Nâlandâ* puis de Vikramashîla*, contemporain d’Atisha*, il fut l’un des principaux maîtres de Marpa* et de Khyungpo Neljor*.

Mal-êtresdug bsngal (tib) – duhkha (sk), syn : dysharmonie, souffrance. Voir « trois formes de mal-être ».

Mandaladkyil ‘khor (tib) – mandala (sk) : le mandala est une structure ou système cognitif symbolique dont la pratique intègre et trans­forme l’expérience. Le mandala est la matrice cognitive en laquelle la conscience* se transmute en gnose* par la libération de la saisie*.

Manjushrî‘jam dpal dbyangs (tib) – mañjushrı (sk) : le bouddha* de la sagesse et de l’intelligence.

Mârabdud (tib) – mara (sk) : il est le seigneur du monde des passions*, le démon qui les sous-tend et les anime.

Marpa Kagyümar pa bka’ brgyud (tib) : nom de la lignée* introduite au Tibet par Marpa* le Traducteur au xie siècle. Voir aussi « Dagpo Kagyü ».

Marpa Lotsâwa ou Marpa Lodrakpamar pa chos kyi blo gros ou mar pa lo tsa ba (tib) : (1012-1097), initiateur tibétain de la lignée Marpa Kagyü, aussi appelé Marpa le Traducteur (tib : mar pa lo tsa’ ba). Il accomplit le voyage jusqu’en Inde trois fois afin de parfaire sa ­compréhension et son expérience auprès de maîtres indiens, dont le principal fut Nâropa*. Après son premier voyage, son compagnon de route, jaloux, fit tomber dans le Gange les livres que Marpa rapportait. D’abord très affecté, celui-ci réalisa ensuite que les enseignements vivaient en lui. Dès son retour, il commença à enseigner. Après son deuxième voyage, il traduisit de nombreux textes et enseigna plus largement. Il s’installa comme fermier et se maria. Il devint ensuite le maître de Milarepa* et effectua à un âge déjà avancé son dernier voyage au cours duquel il reçut des instructions approfondies de Maitrîpa* sur le Mahâmudrâ* dans la lignée* issue de Saraha*. Voir aussi « Dagpo Kagyü ».

Méditationting nge ‘dzin (tib) – samadhi (sk) : la méditation est le deu­xième élément du triple apprentissage*. La notion de méditation recouvre tous les exercices spirituels de la voie*, qu’ils soient conceptuels et analytiques ou contemplatifs. Dans ce cas, on utilise aussi le terme « contemplation ». La méditation ouvre à l’expérience profonde de la réalité*, elle est le moyen de sa réalisation. Voir « shamatha-vipa­shyanâ », « six vertus », « tonglen », « Mahâmudrâ » et « Dzogchen ».

Milarepami la ras pa (tib) : (1040-1123), maître et poète mystique tibétain, il fut le principal disciple de Marpa* et le maître de Gampopa*. Après avoir exercé la magie noire, le jeune Mila, pris de remords, décida de se tourner vers le dharma. Son premier maître nyingmapa* du Dzogchen*, Rongtön Lhaga, l’envoya trouver Marpa. Celui-ci lui imposa toutes sortes d’épreuves afin de purifier son karma négatif, avant de consentir enfin à lui donner les enseignements. Vêtu d’un simple vêtement de coton (d’où son nom, repa signifiant « vêtu de coton »), il devint ensuite ermite et atteint l’éveil après neuf années de pratique.

Mipam Rinpochémi pham rgya mtsho (tib) : (1846-1912), Mipam Gyatso fut l’un des plus célèbres maîtres de l’école Nyingma* et l’un des principaux artisans du mouvement Rimé* avec Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé*, Khyentsé Rinpoché* et Dechen Chokgyur Lingpa*.

Monde : voir « six lokas ».

Mort : voir « impermanence » et « quatre notions fondamentales ».

N

Nâgârjunaklu sgrub (tib) – nagarjuna (sk) : l’un des Deux suprêmes ­maîtres indiens*, des Six ornements* et des quatre-vingt-quatre mahâ­­s­iddhas, il fut le fondateur du mâdhyamaka. Selon la tradition, il aurait vécu six cents ans mais son activité le situe principalement aux IIe et IIIe siècles. Né dans la contrée de Vidarbha, au sud de l’Inde, d’une famille de brahmanes, il reçut très jeune l’ordination monas­tique du mahâsiddha Saraha*, à Nâlandâ*.
Il étudia toutes les sciences traditionnelles ordinaires et spéciales, le Tripitaka et les quatre classes de tantras et devint rapidement l’abbé de l’université. Médecin de grand talent, il guérit Mucilinda, roi des nâgas, qui, en remerciement, lui remit les textes du Prajnâpâramitâsûtra en cent mille vers, lesquels lui avaient été confiés par Ânanda, le principal disciple du bouddha Shâkyamuni*, pour être révélés dans le futur : c’est de là que lui vient son nom Nâgârjuna. Cent quatre-vingts ouvrages lui sont attribués dans le canon tibétain. Il composa de nombreux textes fondés sur les Prajnâpâramitâsûtra mais ses ouvrages les plus fondamentaux sont consacrés au mâdhyamaka, notamment les Six collections de la logique (tib : dbu ma rigs tshogs drug).

Nâlandânalanda (tib) – nalanda (sk) : elle fut la plus célèbre université boud­dhique de l’Inde ancienne. Fondée au iie siècle, située non loin de Râjagriha, elle connut une influence croissante jusqu’au viiie siècle mais subit ensuite la concurrence d’autres universités telle que Vikramashîla*. Au début du xiiie siècle, elle fut entièrement détruite par les armées musulmanes. Parmi les célèbres maîtres et érudits de Nâlandâ, on compte Nâgârjuna* et son disciple Âryadeva* (IIe et IIIe siècles), Asanga* et son frère Vasubandhu* (ive siècle), Chandrakîrti* (VIIe siècle) ou encore Maitrîpa* (XIe siècle). Sa Sainteté le Dalaï-Lama* explique souvent que « le bouddhisme tibétain » est le bouddhisme de  Nâlandâ et des grandes universités indiennes.

Namkhé Nyingpo ou le bodhisattva Âkâshagarbhanam mhka’i snying po (tib) – akasagarbha (sk) : l’un des huit grands bodhisattvas* (tib : nye ba’i sras chen brgyad) dont le nom signifie littéralement « l’essence de l’espace ».

Nandananda (tib) : demi-frère du bouddha Shâkyamuni*, fils du roi Shuddhodana (père du bouddha Shâkyamuni) et de sa deuxième femme, Mahâprajnâpati, qui éduqua le bouddha Shâkyamuni* après le décès de sa mère Mahâmâyâ.

Naro Bönchungna ro bon chung (tib) : célèbre maître Bönpo qui fut le rival de Milarepa*.

Nâropana’ ro pa (tib) – naropa (sk) : (1016-1100), l’un des quatre-vingt-quatre mahâsiddhas de l’Inde et le maître de Marpa* le Traducteur, initiateur de la lignée Marpa Kagyü*. Nâropa était chancelier de l’université de Nâlandâ* quand il se mit à la recherche de Tilopa*, en quête de la réalisation véritable. Celui-ci lui fit subir douze épreuves majeures et douze mineures, grâce auxquelles il arriva à la parfaite réalisation du Mahâmudrâ*.

Nature de bouddha
de bzhing gshegs pa’i snying po (tib) – tathagatagarbha (sk) : la nature de bouddha est la nature de l’esprit*, la gnose*, la bonté* fondamentale présente en chacun de nous et que le cheminement spirituel permet progressivement de dévoiler jusqu’à la parfaite réalisation.

Nature de l’esprit : voir « esprit », « gnose » et « ouverture, clarté et bonté ».

Niguma (sk) – ni gu ma (tib) : sœur ou compagne de Nâropa*, elle est l’une des deux dâkinîs d’expérience première inspiratrices de Khyung­po Neljor* à qui elle transmit ses six yogas, Mahâmudrâ* et les Cinq enseignements d’or, à l’origine de la tradition Shangpa* Kagyü.

Nirmânakâya : voir « trikâya ».

Nirvânamya ngan las ‘das pa (tib) – nirvana (sk) : le nirvâna est l’état de bouddha, l’état des êtres éveillés. Voir aussi « bouddha » et « éveil ».

Non-attachement, syn : non fixation, non saisie. Le non-attachement est décrit dans La Courte Invocation de Vajradhâra comme « les jambes de la méditation », autrement dit, ce qui nous permet de nous engager vraiment dans le cheminement spirituel. Il ne s’agit pas d’une attitude de rejet, mais d’une liberté d’attachements, liberté des saisies et entraves qui nous possèdent. Voir aussi « quatre notions fondamentales ».

Non-peurmi ‘jigs pa (tib) : la non-peur est la qualité fondamentale du non-soi*. Elle se cultive dans le refuge*, la présence des Trois joyaux* dans leurs dimensions externe, interne et fondamentale. Voir « re­fuge » et « Trois joyaux ».

Non-soi : voir « vacuité ».

Norbu Töndrup (Lama)
nor bu don grub (tib) : lama au monastère de Pelpung au Tibet, il fut, en raison de sa réalisation, nommé drupön (maître de retraite) par le 11e Taï Situpa. Il assuma cette responsabilité durant de nombreuses années. C’est au centre de retraite de Pelpung nommé Tsadra Rinchen Drak, que le jeune Kalu Rinpoché* le rencontra. Lama Norbu Töndrup devint son lama source*, lui donnant les différentes transmissions des écoles anciennes et nouvelles, et plus particulièrement celle des Cinq enseignements d’or de la lignée Shangpa*. Kalu Rinpoché qu’il avait désigné comme son meilleur disciple, devint à sa suite drupön de Tsadra Rinchen Drak. À sa mort, Lama Norbu Töndrup manifesta les signes du corps d’arc-en-ciel, caractéristiques de l’ultime réalisation.

Nyentönpagnyan ston pa (tib) : un maître de la lignée Shangpa*.

Nyingmarnying ma (tib) : « l’école ancienne » désigne l’école boud­dhiste issue de la première diffusion du dharma* au Tibet. Son implantation commença au VIIe siècle mais se développa surtout avec l’arrivée de Padmasambhava* (Guru Rinpoché), à partir du VIIIe siècle.

O

Observateur abstrait : cultiver l’état de présence qu’est l’observateur abstrait consiste à rester dans l’observation abstraite, sans saisie de toutes les expériences, pensées ou émotions*. Voir aussi « intégration » et « shamatha-vipashyanâ ».

Oddiyânao rgyan (tib) – oddiyana (sk) : « orgyen » en tibétain, c’est un pays semi-légendaire, contrée des dâkinîs, royaume du roi Indrabodhi* (ou Indrabhûti) et lieu de naissance de Padmasambhava*. Il est souvent assimilé à la vallée de Swat, au nord-ouest de l’Inde, dans l’actuel Pakistan. Il y est fait mention dans de nombreux enseignement du vajrayâna*.

Ouverture, clarté, bonté : ce sont les trois dimensions de l’esprit éveillé. Voir aussi « trikâya ».

P


Padmasambhava
gu ru rin po che (tib) – padmasambhava (sk) : son nom signifie « né du lotus ». Introducteur du dharma au Tibet au viiie ­siècle, sous le règne du roi Trisong Detsen (790-858), il y diffusa l’enseignement et y cacha d’innombrables trésors destinés aux générations futures. Il est vénéré par les Tibétains comme le second Bouddha dont la venue fut prédite par le premier, Shâkyamuni*.

Pagor Vairochanabai ro tsa na (tib) : l’un des plus grands traducteurs tibétains qui travailla à Samyé, le premier monastère fondé par le roi Trisong Detsen (790-858). Il joua un rôle très important dans la diffusion du Dzogchen* au Tibet dont il reçut les transmissions en Inde de Srî Simha.

Pâramitâs (six) : voir « six vertus ».

Parole : voir « corps, parole, esprit ».

Passions : six, voir « six passions » ; cinq, voir « cinq familles de bouddhas ».

Patiencebzod pa (tib) – ksanti (sk) : voir « six vertus ».

Patrul Rinpochérdza dpal sprul o rgyan ‘jigs med chos kyi dbangpo (tib) : (1808-1887), il fut l’un des maîtres tibétains les plus érudits et accomplis du xixe siècle. Détenteur de nombreuses traditions, il fut aussi l’un des principaux artisans du mouvement Rimé*. Il vécut sa vie durant en yogi errant, composant des commentaires et textes poétiques qu’il aimait signer du sobriquet « vieux chien ». Les Occidentaux le connaissent comme l’auteur du Chemin de la grande perfection, guide des pratiques préliminaires et du vajrayâna* en général.

Pelpungdpal spungs (tib) : principal monastère Kagyüpa* au Tibet oriental, siège du Taï Situpa*. Voir aussi « Situpa ».

Perfections (six) : voir « six vertus ».

Personnegang zag (tib) – pudgala (sk) : la personne est corps, parole-souffle et esprit. Elle est individuelle lorsque sa réalité est celle de la conscience* habituelle. Elle est alors constituée d’un corps, d’une parole et d’un esprit habituels et vit l’ensemble de ses expériences en mode duel, sujet-objet-relation*. La personne devient authentique et éveillée lorsque les corps, parole-souffle et esprit habituels deviennent les corps, parole-souffle, esprit éveillés, que sont les trois corps ou trikâya* : dharmakâya, sambhogakâya et nirmânakâya. Leur intégration est celle de l’ouverture, de la clarté et de la bonté*. Voir aussi « cinq constituants de l’individualité », « conscience » et « karma ».

Poisons (trois)
 : voir « trois poisons ».

Prâjna : voir « compréhension » et « triple apprentissage ».

Pratiques du moment de la mort
 : ce sont les pratiques spécifiques qui, si elles ont été maîtrisées, amènent la libération, au moment de la mort, dans les bardos.

Q

Quatre nobles réalitésbden pa bzhi (tib) – caturarya satya (sk) : elles sont le premier enseignement du Bouddha* exposant : la réalité* des souffrances, la réalité de l’origine des souffrances* (l’illusion* et les passions*), la réalité de la cessation des souffrances (l’éveil*, la satisfaction absolue) et la réalité de la voie* qui y conduit (le triple apprentissage). Voir aussi « trois formes de mal-être », « illusion », « éveil » et « base, voie et fruit ».

Quatre nobles vérités : voir « quatre nobles réalités »

Quatre notions fondamentales
blo ldog rnam bzhi (tib) : elles sont l’intelligence de réalités* fondamentales, les prises de conscience nécessaires pour s’engager sur la voie* et cheminer : 1) de la difficulté d’obtenir une précieuse existence humaine libre et qualifiée, c’est-à-dire dotée de toutes les conditions favorables à la pratique de la voie* 2) de l’impermanence* et de la mort 3) de la causalité karmique 4) du caractère insatisfaisant des existences conditionnées. Voir aussi « non-attachement », « impermanence » et « karma ».

Quatre vertus illimitées
 
: voir « bonté ».

Quatre yânas
theg pa (tib) – yana (sk) : l’ensemble des enseignements du Bouddha* est décrit en quatre voies : le hînayâna, le mahâyâna, le vajrayâna et la voie de l’autolibération immédiate. Toutes ces voies conduisent à la même expérience d’éveil*.

R

Raga Asé (Araga)ra ga a’ sras ou a’ ra ga (tib) – araga (sk) : encore nommé Karma Chagmé (ou Karma Araga, 1613-1678). Méditant et accompli des traditions anciennes et nouvelles, il est resté particulièrement célèbre pour ses textes adressés aux ermites en retraite (tib : ri chos zhal gdams) et ceux consacrés à Chenrézi* et Sukhâvatî* (tib : bde ba can gyi smon lam). A sa mort, il manifesta le corps d’arc-en-ciel.

Râhula
ra hu’ la (tib) – rahula (sk) : l’un des lamas source de Khyungpo Neljor*.

Rangjung Dorjérang byung rdo rje (tib) : 3e Karmapa* (1284-1339), il fut un accompli et un érudit remarquable. Avec Longchenpa (1266-1343), il fut un disciple de Kumaraja. Rangjung Dorjé réunit en un seul courant les enseignements du Mahâmudrâ* et du Dzogchen*. Il fut un maillon important dans les lignées Karma Kagyü* et Nyingma*.

Réalitéchos nyid (tib) – dharmata (sk) : la réalité est double : relative et absolue. Toutes les expériences du samsâra* sont des expériences de la réalité relative alors que l’état* de bouddha, l’éveil*, la gnose* est le niveau de la réalité ultime. La réalité relative est relativement vraie (telle que nous l’expérimentons) et relativement illusoire (car nous y sommes victimes de nos illusions*) alors que la réalité absolue est définitivement réelle ou vraie. L’enseignement du Bouddha* ou dharma est l’« enseignement de réalité » parce qu’il expose les modalités de la réalité, l’existence de la réalité absolue – la réalité de ce que nous sommes fondamentalement –, et le moyen de la réaliser. Voir aussi « base, cheminement, fruit ».

Rechungparas chung pa (tib) : (1083-1161), il est, avec Gampopa*, l’un des deux principaux disciples de Milarepa*. Voir « Dagpo Kagyü ».

Refuge
skyabs(tib) – sarana (sk) : le refuge est protection, le lieu de la non-peur*, là où il n’est rien à craindre. Le refuge authentique est la présence des Trois Joyaux* avec leurs qualités éveillées. Voir aussi « Trois joyaux » et « trikâya ».

Relations duelles et conflictuelles
 : les relations duelles sont les relations existant entre les deux pôles sujet-objet de la conscience* duelle. Le sujet*, considérant les objets extérieurs comme des ­choses réelles, éprouve à leur égard de l’attraction, de la répulsion ou de l’indifférence. Ces trois poisons de l’esprit* sont à l’origine d’une infinie variété de relations conflictuelles. Voir aussi « sujet-objet-­relation », « trois poisons » et « six passions ».

Rematire ma ti (tib) – remati (sk) : la partenaire de Gönpo Chadrupa* (Mahâ­kâla).

Rimayris med (tib) : orthographe non accentuée de rimé. Voir « rimé ».

Riméris med (tib) : nom tibétain du mouvement impartial ou ap­proche impartiale mettant en évidence l’unité dans la diversité des lignées du dharma. Voir aussi « Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé ».

Roue de la vie
 : voir « samsâra ».

S

Saisie : voir « conscience », « sujet-objet-relation » et « cinq constituants de l’individualité ».

Sakyasa skya (tib) : l’une des quatre principales écoles de la tradition tibétaine, littéralement celle « de la terre claire », fondée par Könchog Gyelpo (1034-1102). Son enseignement spécial est le Lamdré, « la voie et le fruit ».

Samâdhi : voir « méditation » et « triple apprentissage ».

Samantabhadra (sk) – kun tu bzang po (tib) : « Le Tout Bon », il est le bouddha primordial, le dharmakâya, dans la tradition du Dzogchen. Comme Vajradhâra dans la tradition du Mahâmudrâ, il symbolise l’omniprésence dotée de qualités toutes bonnes. Mais, alors que Vajradhâra porte les attributs du sambhogakâya (robes et joyaux), exprimant la richesse et la multiplicité des qualités éveillées, Samantabhadra est généralement nu ; nudité qui exprime la simplicité primordiale naturellement pure du dharmakâya. Samantabhadra est aussi le nom de l’un des huit grands bodhisattvas. Il est alors de couleur jaune, debout ou assis sur un lotus et tient une fleur et un vajra.

Sambhogakâya : voir « trikâya ».

Samsâra‘khor ba (tib) – samsara (sk) : le samsâra est la roue de l’existence (ou roue de la vie) qui comprend les six états d’existence ou six lokas*. Ce sont les six principaux états en lesquels la conscience* transmigre. Le samsâra émerge dans l’enchaînement de facteurs* qui coproduisent en interdépendance l’illusion* séparatrice qu’est la conscience duelle. Ces facteurs sont au nombre de douze et dé­crivent les étapes d’émergence de la conscience – moi et mon ­monde – lors d’un instant de conscience, lors d’une vie ou sur plusieurs vies. Inversement, le samsâra se dissout lorsque la conscience se dissout en la claire lumière* (tib : ‘od gsal – sk : prabhasvara). Mais cette illumination, cette extinction de l’illusion, ne dure qu’un temps si les empreintes karmiques ne sont pas totalement épuisées. La dissolution du samsâra en nirvâna*, de la conscience dans la gnose, se réalise dans le développement-dévoilement* jusqu’au grand épuisement, la fin de l’illusion. Voir aussi « karma », « douze facteurs » et « six lokas ».

Sanghadge ‘dun (tib) – samgha (sk) : voir « Trois joyaux ».

Sangyé Tönpasangs rgyas ston pa (tib) : le septième joyau de la lignée Shangpa* qui diffusa les enseignements.

Sarahamda’ bsnun zhabs (tib) – saraha (sk) : sans doute le plus connu des quatre-vingt-quatre mahâsiddhas indiens. Fabricant de flèches, il vécut au viie siècle et composa trois cycles de chants restés célèbres : les dohâs du roi, de la reine et du peuple. Il est à l’origine de la lignée lointaine du Mahâmudrâ*.

Shâkyaprabhasa skya ‘od (tib) – sakyaprabha (sk) : l’un des Six ornements*.

Shamarpazhva dmar pa (tib) : la lignée de trülkus des Shamarpas, littéralement les « détenteurs de la coiffe rouge », est issue de Drakpa Sengé (1283-1349), le 1er Shamarpa, qui fut un disciple du 3e Karmapa Rangjung Dorjé*. Les Shamarpas jouèrent un rôle important dans la lignée Karma Kagyü* durant les périodes de transition ­entre la mort d’un Karmapa* et la reconnaissance de sa réincarnation. Entre 1792, date de la mort du 10e Shamarpa et 1964, date de l’intronisation du 13e Shamarpa, il n’y eut pas, pour des raisons politiques, de reconnaissance officielle du Shamar trülku. L’actuel détenteur du titre, Chökyi Lodrö, 13e Shamarpa, né en 1952, a été à nouveau reconnu officiellement par le Dalaï-Lama* et intronisé par le 16e Karmapa. Il vit actuellement en Inde et enseigne en Occident. Les Shamarpas sont reconnus comme des émanations du bouddha Amitâbha*.

Shamatha-vipashyanâ
 : shamatha (tib : zhi gnas – sk : samatha) est la pratique de la tranquillité de l’esprit*. Elle apprend à rester tranquille, dans un état où les pensées et les émotions s’apaisent naturellement ; l’esprit y reste posé sans distraction. Vipashyanâ (tib : lhag mthong – sk : vipasyana) est la pratique de la claire vision ou vision supérieure qui amène à faire reconnaître la nature* de l’esprit. L’esprit se reconnaissant lui-même accède alors à l’expérience de Mahâmudrâ*. Voir aussi « méditation ».

Shangpa Kagyüshangs pa bka’ brgyud (tib) : la lignée Shangpa fut établie au Tibet par l’érudit et grand accompli Khyungpo Neljor* (978-1128 ou 990-1139). Mokchokpa (tib : rmog lcog pa, c. 1117-?), son principal disciple, puis à sa suite, Kyergangpa (tib : skyer sgang pa, fin XIIe-début XIIIe), Nyentön Rigongpa (tib : gnyan ston ri gong pa, ­début XIIIe siècle) et Sangyé Tönpa (tib : sangs rgyas ston pa, xiiie ­siècle) constituent, avec Vajradhâra*, Niguma et Khyungpo Neljor, les sept premiers maîtres de la lignée nommés les Sept joyaux. Les instructions transmises d’abord complètement à une seule personne par génération furent diffusées ensuite plus largement par Sangyé Tönpa (1213-1285) et mises par écrit par ses successeurs : Sam­dingpa Shönudrup (mort en 1319), Japa Gyeltsen Bum (tib : ‘jag chen rgyal mtshan ‘bum, 1261-1334), et Serlingpa Tashipel (1292-1365). Sangyé Tönpa eut pour disciple Khedrup Tsangma Shangtön (1234-1309). Cette lignée des Sept joyaux est dite « lointaine ». Deux autres lignées, dites « proche » et « très proche », sont issues de révélations directes des dâkinîs d’expérience première Niguma et Sukhasiddhi. Leurs origines respectives sont d’une part le mahâsiddha Tangtong Gyelpo* (tib : thang stong rgyal po, 1385-1509) avec à sa suite la lignée Tanglug, et d’autre part, Jonang Kunga Drölcho et Târanâtha (Drölwé Gönpo, 1575-1634) avec à leur suite la lignée Jonanglug. Ces différentes lignées ont convergé en la personne de Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé* au xixe siècle qui les transmit à Tashi Chöpel, celui-ci à Norbu Töndrup et ce dernier à Kalu Rangjung Künkhyab qui établit son siège principal au monastère de Sonada en Inde, près de Darjeeling. Les principaux enseignements transmis par la lignée Shangpa consistent en les cinq cycles :

– De Niguma, avec particulièrement les Cinq enseignements d’or (tib : gser chos sde lnga), qui présentent en un ensemble cohérent et concis les plus hautes et profondes méthodes de réalisation,

– De Sukhasiddhi (six yogas et Mahâmudrâ),

– De Maitrîpa (Mahâkâla Chadrupa),

– D’Abhayâ (déités des cinq tantras),

– Et de Râhula (pratique conjointe des quatre déités).

Ces enseignements constituent le cœur de la transmission et des pratiques dans les centres Shangpa pour la retraite de trois ans. Voir aussi « Kagyü ».

Shântidevazhi ba lha (tib) – santideva (sk) : (c. 685-763), il fut l’un des principaux maîtres mâdhyamika de l’école prâsangika à la suite de Buddhapâlita (470-540) et de Chandrakîrti* (c. 600-650). Deux de ses ouvrages, L’Introduction à la vie de bodhisattva (tib : spyod ‘jug – sk : bodhicaryavatara) et Le Compendium des instructeurs (tib : bslab pa kun btus pa – sk : siksasamuccaya) sont parmi les œuvres les plus célèbres du mahâyâna*. Voir aussi « Bodhicaryavatara ».

Shâriputrasha’ ri’i bu (tib) – sariputra (sk) : Shâriputra et Maudgalyâ­yana devinrent disciples du bouddha Shâkyamuni* après la mort de leur maître agnostique Sanjaya. Shâriputra était le plus éminent dans la compréhension* transcendante alors que Maudgalyâyana excellait dans les prodiges. Ils moururent tous deux un an avant le bouddha Shâkyamuni.

Shawaripa
sha ba ri pa (tib) – savaripa (sk) : l’un des quatre-vingt-­quatre mahâsiddhas de l’Inde. D’abord chasseur, il fut converti par une émanation de Chenrézi*. Après douze ans de méditation, il atteint la réalisation de Mahâmudrâ*.

Shîla : voir « discipline » et « triple apprentissage ».

Siddharta
(sk) – don grub (tib) : nom que le roi Shuddhodana donna à son fils, le futur bouddha Shâkyamuni*.

Situpata’i si tu pa (tib) : la lignée des Taï Situpas débute avec Situ ­Drogön Rechen (1088-1158) qui reçut la transmission de la lignée Karma Kagyü* du 1er Karmapa Düsum Khyenpa. Il fut le maître de Gyalsé Pomdrakpa, qui fut à son tour celui du 2e Karmapa, ­Karma Pakshi. La lignée des Situpas passa de Drogön Rechen à Neljor Yeshé Wangpo puis à Rigowa Ratnabhadra, tous deux yogis. Elle passa ensuite à Chökyi Gyaltsen (1377-1448), un disciple de Deshin Shekpa, le 5e Karmapa. Celui-ci fut le premier à porter le titre honorifique de Khentin Taï Situ trülku qu’il reçut de l’empereur de Chine. La lignée continua sans interruption, jouant un rôle capital entre plusieurs ­Karmapas*. Le 8e Taï Situpa, Chökyi Djungné ou encore Chökyi Nyinjé ou Tenpè Nyinjé, fut particulièrement connu ­comme Situ Penchen, « le grand érudit ». Il fonda en 1727 le monastère de Pelpung* qui devint le plus grand monastère Kagyü du Tibet. Le 12e Taï Situpa (15e de la lignée depuis Drogön Rechen), Pema Nyinjé Wangpo, fut reconnu par Sa Sainteté le 16e Karmapa : né en 1954, il vit actuellement en Inde à Sherab Ling et donne fréquemment des enseignements en Occident. Il a reconnu, ainsi que Sa Sainteté le ­Dalaï-Lama, la 17e renaissance du Karmapa, Orgyen Trinlé Dorjé, qu’il a intronisé au monastère de Tsurpu en septembre 1992. Les Situpas sont considérés comme des émanations de Maitreya*, le bouddha de l’amour, qui est le prochain bouddha à venir. Voir aussi « Dagpo Kagyü ».

Six lokas
‘jig rten gyi khams drug (tib), syn : six mondes, six états d’existence, six domaines de la conscience*. Les six lokas sont caractérisés par les six passions*. Les trois mondes inférieurs sont : les états infernaux (tib : dmyal ba – sk : naraka, niraya) caractérisés par la colère-haine, les états d’esprit avide (tib : yi dvags – sk : preta) caractérisés par l’avidité-frustration, les états animaux (tib : dud ‘gro – sk : tiryak) caractérisés par la bêtise-stupidité. Les états supérieurs sont également trois : les états humains caractérisés par le désir-attachement, les états des dieux jaloux (tib : lha ma yin – sk : asura) caractérisés par la jalousie-agressivité et les états divins (tib : lha – sk : deva) caractérisés par la suffisance-orgueil. Voir aussi « six passions ».

Six ornements
rgyan drug (tib) : ce sont les six principaux maîtres bouddhistes indiens : Nâgârjuna* (tib : klu sgrub) et Asanga* (tib : thogs med), respectivement à l’origine des lignées de La profonde vision (tib : zab mo lta rgyud) et de La vaste activité (tib : rgya chen spyod rgyud), sont nommés les Deux suprêmes (tib : mchog gnyis). Les quatre autres sont : Âryadeva* (tib : ‘phags pa lha), Vasubandhu* (tib : dbyig gnyen), Dignâga* (tib : phyogs glang) et Dharmakîrti* (tib : chos grags). Dans certains cas, les Deux suprêmes ne sont pas comptés parmi les Six ornements ; s’y ajoutent alors deux maîtres ayant eu une importance particulière dans la transmission du vinaya* : Shâkyaprabha* (tib : shakya ‘od) et Gunaprabha* (tib : yon tan ‘od).

Six passionsnyon mongs pa (tib) – klesa (sk), syn : émotions conflictuelles. Les six passions sont les six colorations émotionnelles et psychologiques de la conscience* duelle. Elles correspondent aux trois types de relations duelles* entre sujet* et objet (les trois poisons*) et à leurs déclinaisons. La conscience habituelle expérimente ainsi tour à tour, le désir-attachement et l’avidité-frustration issus de l’attraction ; la colère-haine et la jalousie-agressivité issues de la répulsion ; la bêtise-stupidité et la suffisance-orgueil issues de l’indifférence. A un autre niveau, chacune des six passions est plus particulièrement caractéristique d’un des lokas* : humain (désir-attachement), d’esprit avide (avidité-frustration), infernal (colère-haine), des dieux jaloux (jalousie-agressivité), animal (bêtise-stupidité) et divin (suffi­sance-orgueil). Voir aussi « six lokas ».

Six vertus : la pratique de bodhicitta relatif consiste, sur la base de bodhicitta en aspiration, en l’exercice de six vertus : le don (tib : byin pa – sk : dana), la discipline (tib : tshul khrims – sk : sıla), la patience (tib : bzod pa – sk : ksanti), l’effort (tib : rtsol ba – sk : viayana), la méditation (tib : bsam gtan – sk : dhyana) et la compréhension (tib : shes rab – sk : prajña). Voir aussi « mahâyâna » et « développement-dévoilement ».

Soibdag (tib) – atman (sk), syn : moi, ego. Voir « cinq constituants de l’individualité » et « vacuité ».

Sosalingso sa gling (tib) : nom d’un charnier dans lequel Khyungpo Neljor* rencontra Niguma*.

Souffrancesdug bsngal (tib) – duhkha (sk), syn : dysharmonie, mal-être. Voir « trois formes de mal-être ».

Subâhulab bzang (tib) – subahu (sk) : l’un des dix premiers disciples du Bouddha*, fils d’une famille de notables indiens.

Sujet, objet et relation : sujet, objet et relation sont les trois termes interdépendants et simultanés de la conscience* duelle. Ces trois dimensions émergent et se composent dans la conception qui leur donne naissance. Sujet, objet, relation libérés deviennent les trois qualités de l’esprit éveillé (ouverture, clarté, bonté*). Voir aussi « ouverture, clarté, bonté ».

Sukhasiddhi
(sk) – bde ba’i dngos grub (tib): une des deux dâkinîs d’expérience première, inspiratrices de Khyungpo Neljor*. Voir aussi « Khyungpo Neljor » et « Shangpa Kagyü ».

Sukhâvatî : voir « Déwachen ».

T

Taktungurtag tu ngu (tib) – sadaprarudita (sk) : maître resté célèbre pour son énergie et son abnégation extraordinaire dans la quête des enseignements de la prajnâpâramitâ.

Tangtong Gyelpothang stong rgyal po (tib) : (1385-1509), maître tibétain des écoles Nyingma* et Shangpa*. Considéré comme l’incarnation double de Chenrézi* et d’Hayagrîvâ*, il fut à l’origine de la lignée Shangpa « proche ». Il bâtit de nombreux temples et construisit les premiers ponts en fer suspendus dans le Sud-Est du Tibet. Voir aussi « Shangpa Kagyü ».

Tengyurbstan ‘gyur (tib) : « la traduction des commentaires » est un recueil de plus de deux cents volumes réunissant les commentaires du Kangyur* réalisés par de grands maîtres et érudits indiens. Le ­Kangyur et le Tengyur constituent le canon de la tradition tibétaine.

Tenzin Gyatsobstan ‘dzin rgya mtsho (tib), voir « Dalaï-Lama ».

Tilopa (sk) – ti lo pa (tib) : (988-1069), l’un des quatre-vingt-quatre mahâsiddhas de l’Inde à l’origine de la transmission proche de Mahâmudrâ dans la lignée Marpa Kagyü*. Son successeur fut Nâropa*. Voir aussi « Dagpo Kagyü ».

Togmé Zangpothogs med bzang po (tib) : (1295-1369), maître Kadampa*, auteur, entre autres, des Trente-sept pratiques des bodhisattvas et d’un enseignement sur lojong*.

Tonglengtong len (tib) : littéralement « accueillir-offrir », « donner-accepter ». Tonglen est la pratique relationnelle par excellence. Associée au souffle, elle consiste à faire l’échange de soi pour autrui en ouvrant son cœur et son esprit* à une expérience empathique, au-delà des blocages habituels. Elle est le fondement de l’entraînement spirituel, lojong*, dans le mahâyâna*. Voir aussi « compassion ».

Transparence
 : la transparence est l’état de dessaisie* en lequel l’apparent et l’ouverture* fusionnent. Les apparences vécues dans l’espace ouvert sont transparentes, libres de saisie*. La personne* parfaitement transparente est ouverte, claire et bonne, sans blocage.

Trikâya : littéralement « les trois corps ». Le dharmakâya* (tib : chos kyi sku – sk : dharmakaya), le sambhogakâya* (tib : longs spyod rdzogs pa’i sku – sk : sambhogakaya) et le nirmânakâya* (tib : sprul pa’i sku – sk : nirmanakaya) sont respectivement le corps absolu, le corps d’expérience parfaite et le corps d’émanation. Les trois corps sont les trois dimensions concomitantes de l’état d’éveil*, la gnose* première, l’expérience d’intelligence immédiate. Dans l’expérience, ces trois dimensions d’éveil se vivent comme : ouverture, clarté et bonté* qui sont la présence du trikâya. Voir aussi « ouverture, clarté et bonté » et « Trois joyaux ».

Triple apprentissage
 : la voie du développement-dévoilement est un entraînement à l’éveil*, l’intégration* de son expérience dans un triple apprentissage à : la discipline*, shîla (tib : tshul khrims – sk : sıla), l’expérience profonde, samâdhi, encore nommée méditation* ou contemplation (tib : ting nge ‘dzin – sk : samadhi) et la compréhension*, prajnâ, encore nommée intelligence ou connaissance (tib : shes rab – sk : prajña). Le triple apprentissage correspond terme à terme (mais en sens inverse) aux trois dimensions de la voie : vision, méditation et action ; la vision correspondant à la compréhension, la méditation à l’expérience profonde et l’action à la discipline. Ces trois dimensions de l’apprentissage s’appliquent aux enseignements des quatre yânas*. Voir aussi « développement-dévoilement » et « quatre yânas ».

Trois dimensions de la conscience
 : voir « sujet-objet-relation ».

Trois dimensions de la voie
 : voir « triple apprentissage ».

Trois familles de bouddhas
 : les trois familles de bouddhas sont les trois dimensions ou qualités de l’expérience éveillée : amour, pouvoir et intelligence. Elles se nomment padma (représentée par Avalokitesvara*), vajra (représentée par Vajrapâni*) et bouddha (représentée par Vairochana*). E­lles sont l’expression de l’aspect purifié des trois poisons* de l’esprit : attraction, répulsion et indifférence. Voir aussi « cinq familles de bouddhas ».

Trois formes de mal-être
sdug bsngal (tib) – duhkha (sk), syn : insatisfactions, dysharmonies, souffrances. Ce sont les trois formes de mal-être qui caractérisent l’existence cyclique : l’incomplétude inhérente à l’individualité, l’insatisfaction du changement et les souffrances grossières, physiques ou psychologiques (dont les principales sont, pour les hommes, celles de la naissance, de la maladie, de la vieillesse et de la mort). Voir aussi « quatre notions fondamentales ».

Trois joyaux
 : les Trois joyaux sont la présence de l’éveil* aux niveaux : extérieur, intérieur et fondamental. Au niveau extérieur, ce sont le bouddha (tib : sangs rgyas – sk : buddha, l’éveillé et sa nature), le dharma (tib : chos, l’enseignement de réalité) et le sangha (tib : dge ‘dun – sk : samgha, la communauté des pratiquants). Au niveau intérieur, ce sont les trois sources (tib : rtsa ba – sk : mula), le lama, le yidam et le protecteur. Au niveau fondamental, ce sont le dharma­kâya*, le sambhogakâya* et le nirmânakâya* (trikâya). Les Trois joyaux correspondent aussi aux corps, parole-souffle et esprit dans leurs différents niveaux.

Trois poisons de l’esprit
 : ce sont les trois types de relations duelles entre sujet* et objet : l’attraction (relation positive), la répulsion (relation négative) et l’indifférence (relation neutre). De ces trois poisons procèdent les six passions* des six lokas*. De l’attraction procèdent le désir-attachement et l’avidité-frustration (2), de la répulsion procèdent la colère-haine et la jalousie-agressivité (2), de l’indifférence procèdent la bêtise-stupidité ainsi que la suffisance-orgueil (2). Voir aussi « six passions » et « sujet-objet-relation ».

Tushita
dga’ldan (tib) – tusita (sk) : nom de l’état divin dans lequel les bouddhas se trouvent avant de se manifester dans notre monde.

V

Vacuitéstong pa nyid (tib) – sunyata (sk) : la vacuité est le vide d’illusions*, l’interdépendance ou le double non-soi, c’est-à-dire, l’absence de soi* autonome, indépendant, dans la personne, le sujet, et dans les objets, toutes les expériences. Les sois, entités du sujet ou des objets, sont des illusions émergeant dans l’interaction des douze facteurs interdépendants. La vacuité se dit aussi comme l’absence de nature propre de tout phénomène, sujet ou objet. C’est encore le vide de dualité qui est plénitude de la réalité éveillée, l’ainsité. Voir aussi « douze facteurs » et « deux dévoilements ».

Vairochanarnam par snang mdzad (tib) – vairocana (sk) : il est, parmi les cinq victorieux (tib : rgyal ba – sk : jina) symbolisant les cinq familles* de boud­dhas, celui qui correspond à la famille Bouddha.

Vajrabhairava (sk) – rdo rje ‘jigs byed (tib) : un nom de la déité (yidam) et d’un tantra de l’anuttarayogatantra. Il fait partie du mandala* des déités des cinq tantras (tib : rgyud sde lha lnga).

Vajradhâra (sk) – rdo rje chang (tib) : déité du dharmakâya*, l’éveil* primordial, inspirateur des révélations de nombreuses lignées*.

Vajrapâni (sk) – phyag na rdo rje (tib) : « celui qui tient en main le vajra ». Il est le bodhisattva des pouvoirs de l’éveil. Avec Avalokitesvara et Manjushrî, il est l’un des bodhisattvas des trois familles.

Vajrasattva (sk) – rdo rje sems dpa’ (tib) : déité dont la pratique est plus particulièrement associée à la pureté naturelle de l’état vajra et au dévoilement des impuretés de l’esprit*.

Vajrayânardo rje theg pa (tib) – vajrayana (sk), syn : voie* vajra, voie adamantine ou voie des mantras. Elle est la voie de la transmutation des illusions* et des passions*. Leurs énergies duelles et conflictu­elles sont libérées et transmutées en qualités éveillées. La voie du vajrayâna comprend de nombreux yogas : du lama, de la déité*, des canaux, souffles et gouttes essentielles.

Vajrayoginîrdo rje rnal ‘byor ma (tib) – vajrayoginı (sk) : déité* féminine partenaire de Chakrasamvara*. Sa pratique est très importante dans la tradition Kagyü*.

Vasubandhudbyig gnyen (tib) : (c. 350), l’un des Six ornements*, grand érudit des écoles vaibhâshika et sautrântika, auteur de l’Abhidharmakos´a. Il fut ensuite converti au mahâyâna* par son frère Asanga* et fonda avec lui l’école yogâchâra. Il fut également abbé de l’université de Nâlandâ*.

Véhicule : voir « quatre yânas ».

Vertus : six vertus ou perfections voir « six vertus » ; quatre vertus illimitées voir « bonté ».

Vikramashîlarnam gnon tshul (tib) – vikramasıla (sk) : célèbre université monastique du Bihar oriental, fondée par le roi Dharmapâla, vers l’an 800, elle se développa très rapidement et contribua au déclin de Nâlandâ*. Elle fut détruite par les armées musulmanes à la fin du xiie siècle. Atisha* y fut chancelier avant de partir au Tibet.

Vinaya (sk) – ‘dul ba (tib) : « la discipline » est le recueil des instructions et préceptes de la discipline enseignée par le bouddha Shâkyamuni* qui constitue l’une des Trois corbeilles du Kangyur*.

Virûpabi ru’ pa (tib) – virupa (sk) : l’un des quatre-vingt-quatre mahâsiddhas de l’Inde resté célèbre pour ses miracles parmi lesquels celui d’avoir arrêté la course du soleil pour surseoir au paiement de ses dettes de boisson. Il fut le maître de Sukhasiddhi*.

Voie : voir « base, voie, fruit », « cinq voies » et « quatre yânas ».

Voie d’immédiateté ou de l’autolibération
: c’est la transmission directe essentielle de Mahâmudrâ ou de Dzogchen.

Voilessgrib pa (tib) – avarana (sk) : les voiles sont les deux ou quatre enveloppes de l’esprit. Ils se développent l’un sur l’autre, du plus subtil au plus grossier : le voile de l’ignorance puis celui de la propension fondamentale (de l’illusion, de la dualité), celui des passions et celui du karma. Les deux voiles sont celui de la dualité et celui des passions. Voir aussi « deux dévoilements » et « conscience ».

Y

Yâna : voir « quatre yânas ».

Yidamyi dam (tib) – ista-devata (sk) : le yidam est la déité de réalisation, la déité à laquelle notre esprit se voue, s’en remet et se consacre. Elle vit en nous et nous vivons en elle jusqu’à ne plus être deux, au-delà des noms et des formes. La pratique ou sâdhana du yidam est associée à la récitation d’un mantra. Elle implique le corps, la parole et l’esprit, c’est-à-dire la totalité de la personne. Voir aussi « Chenrézi ».