Préface de Sa Sainteté le Dalaï-Lama
(traduite de l’anglais)
Pensant aux ancêtres de la tradition Kagyü, nous vient le souvenir de Marpa Lotsâwa et des épreuves qu’il endura pour obtenir les enseignements bouddhiques d’Inde. Nous avons aussi celui de Gampopa qui consolida la tradition et instaura l’ordre monastique ; et surtout celui du grand yogi Milarepa renommé et admiré entre tous pour son engagement authentique dans la pratique spirituelle et sa vie de sainteté. Il demeure pour tous un exemple vivant, bien que peu nombreux soient ceux qui furent comme lui, avant ou depuis.
À notre époque, Kalu Rinpoché eut une même simplicité dans sa détermination à pratiquer. Il se distingua en passant une douzaine d’années de sa jeunesse en retraite de méditation, puis il consacra le reste de sa vie à guider les autres et à préserver les diverses traditions bouddhiques. Après la tragédie qui s’abattit sur le Tibet dans les années cinquante et la fuite de nombreux Tibétains qui s’exilèrent en Inde ou ailleurs, il devint une grande source d’inspiration non seulement pour l’école Kagyü mais pour toutes les traditions du bouddhisme tibétain, alors engagées dans une lutte pour préserver leur héritage spirituel.
Durant les dernières années de sa vie, sans avoir rien perdu de son énergie, il répondit à maintes invitations à voyager et à enseigner en Occident. En conséquence, il attira de nombreux disciples, puis fonda des centres du dharma et particulièrement des centres de retraite où il supervisa nombre de retraites de trois ans.
Ce livre, La Voie du Bouddha, contient une anthologie d’instructions données par Kalu Rinpoché à partir de sa propre expérience. Il couvre toute l’étendue des pratiques bouddhiques, depuis l’analyse fondamentale de la nature de l’esprit jusqu’à ses ultimes raffinements dans les pratiques de Mahâmudrâ.
Un dicton bouddhique dit : « Accorde moins d’importance à la personne qu’à ce qu’elle enseigne » ; aussi ce livre vient-il à propos car il est un hommage à Kyabjé Kalu Rinpoché qui n’est plus parmi nous. Si le lecteur suit le dicton qui s’ajoute au précédent : « Accorde moins d’importance aux paroles de l’enseignement qu’au sens qu’elles expriment », et s’il les met vraiment en application, alors son dessein de grande compassion sera accompli.
Le 25 mai 1992
Le Dalaï-Lama