Notice biographique – Kalou Rinpoché

Kyabjé Kalu Rinpoché, Kalu Rangjung Kün­khyab (1904-1989) naquit au Tibet oriental, dans la province du Kham. Il semblait prédisposé à devenir un être exceptionnel. Sa naissance fut accompagnée de signes extraordinaires et il montra, dans son enfance, des qualités altruistes et intellectuelles hors du commun.

Son père, yogi accompli et médecin célèbre, était le disciple direct des trois grands maîtres initiateurs du mouvement « d’unité dans la diversité » – « Rimé » en tibétain –, un courant spirituel qui fleurit durant le xixe siècle tibétain, prônant le dépassement des partis pris intellectuels par un retour à la source de tous les enseignements dans l’intériorité de l’expérience méditative. Parmi ces trois grands sages, Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé fut sans doute, par le rayonnement de son activité, le principal artisan du vaste ­renouveau spirituel que ce mouvement Rimé inspira à l’ensemble de la tradition tibétaine. Kyabjé Kalu Rinpoché fut reconnu comme son éma­nation spirituelle, son trülku, et devint l’un de ses principaux héritiers spirituels : ce que sa vie et son approche universaliste illustrèrent largement.

À treize ans, il fut ordonné moine au monastère de Pelpung, le principal monastère Kagyü du Tibet oriental, siège du Taï Situpa. Il y poursuivit ses études et obtint très jeune le titre de « Docteur en sciences tradi­tionnelles ».
À seize ans, il fit la retraite de trois ans des lamas et reçut de Lama Norbu Töndrup, un être parfaitement réalisé qui devint son principal maître spirituel, ou lama source, les différentes transmissions des écoles anciennes et nouvelles, et plus particulièrement celle des « Cinq enseignements d’or » de la lignée Shangpa dont il devint le principal détenteur.

Après cette retraite, tout en commençant à mettre ses talents au service de ses compatriotes, il continua d’étudier et de pratiquer auprès de nombreux lamas réalisés des différentes lignées et traditions tibétaines.
À vingt-cinq ans, il choisit de se consacrer totalement à la pratique et devint un yogi errant. Il pratiqua ainsi dans des retraites himalayennes, en ermite solitaire, pendant douze ans.

Puis, vers trente-sept ans, la renommée de sa réalisation le fit appeler comme « maître de méditation des retraites de trois ans » – « drupön » en tibétain – du monastère de Pelpung. Il exerça cette activité pendant de nombreuses années durant lesquelles il forma un grand nombre de disciples.

À quarante ans, différents voyages et pèlerinages au Tibet central lui offrirent l’occasion de transmettre les Cinq enseignements d’or à de nombreux lamas renommés du Tibet central et, en plusieurs endroits, de vivifier enseignements et monastères des traditions Jonang et Shangpa. Il poursuivit ensuite ses activités au Kham, dans le Tibet oriental.

À cinquante et un ans, en 1955, les troubles politiques dus à l’invasion chinoise au Kham le firent revenir au Tibet central ; et, en 1957, il partit pour le Bhoutan, invité comme abbé d’un grand monastère et comme chapelain de la famille royale.

En 1966, Kyabjé Kalu Rinpoché s’établit en Inde, à Sonada, où il fonda le monastère et les centres de retraite qui devinrent sa résidence principale et le siège de la tradition Shangpa Kagyü. C’est à cette époque, vers 1968, que les premiers Occidentaux qui devinrent par la suite ses disciples, l’y rencontrèrent.
Patriarche de la tradition Shangpa, devenu l’un des maîtres spirituels les plus hautement tenus en estime par toutes les traditions tibétaines, particulièrement réputé pour sa réalisation et son enseignement des yogas spirituels et des ultimes pratiques du Mahâmudrâ et du Dzogchen, il fut, durant les années qui suivirent, invité par Sa Sainteté le Karmapa, hiérarque de la lignée Kagyü, pour enseigner aux princes trülkus, détenteurs de sa lignée. À l’insti­­gation de Sa Sainteté le Dalaï-Lama, il enseigna également à nombre de geshés de son collège monastique et de ses collèges tantriques. C’est sur les encouragements des deux Saintetés qu’il partit à la découverte de l’Occident.

En 1971, il accepta l’invitation de disciples occidentaux et fit son premier voyage en Europe et en Amérique du Nord. En réponse au grand intérêt que rencontrèrent ses enseignements, il fonda un premier centre du dharma au Canada et forma un groupe de médi­tation à Paris.

Lors de son second voyage, en 1974, le même intérêt suscita la création de nombreux centres du dharma en Europe et en Amé­rique, dont il confia la responsabilité à un premier groupe de disciples lamas.
C’est au cours d’un troisième voyage, en 1976-1977, qu’il fonda en France le premier centre occidental pour la retraite de trois ans. À la même époque, il fit venir une quinzaine de lamas qui assu­rèrent l’enseignement dans les différents centres qu’il avait fondés.

Lors de nouveaux voyages, en 1980 puis en 1982-1983 et durant les années qui suivirent, il continua d’enseigner et de fonder ainsi d’autres centres du dharma et de retraite dans le Sud-Est asia­tique et dans diverses parties du monde : son activité était devenue mondiale.

Globalement, entre 1971 et 1989, il réalisa une dizaine de longs voyages, dont plusieurs tours du monde, et fonda une centaine de cen­­tres du dharma et une vingtaine de centres pour la retraite de trois ans dont il confia la responsabilité à plus de trente lamas, disciples ayant accompli la retraite de trois ans.

Dans le monde entier, sa bonté et sa simplicité alliées à la profondeur de ses enseignements et à sa capacité à conduire les disciples vers la réalisation, touchèrent d’innombrables êtres. Maître parfait, détenteur de l’ultime réalisation dans la plus pure discipline monastique, altruiste et tantrique, enseignant infatigable du dharma en général et des lignées Karma Kagyü et Shangpa en particulier, il contribua largement à la diffusion de la sagesse du bouddhisme en Occident grâce au rayonnement de son influence spirituelle et à l’ampleur de son activité.

Le 10 mai 1989, il s’assit en posture de méditation. Sa respiration s’arrêta et, physiquement mort, il resta en samâdhi durant trois jours, son esprit se fondant en la claire lumière absolue, l’ultime libération.

Kyabjé Kalu Rinpoché laisse derrière lui un immense héritage spirituel que ses principaux disciples et héritiers spirituels perpétuent aujourd’hui. Ils se sont réunis pour coopérer en un réseau international, le Shangpa Network : www.shangpa.net.

Une renaissance de Kalu Rinpoché a été reconnue par Sa Sainteté le Dalaï-Lama et par Khentin Taï Situpa en un jeune enfant né le 17 septembre 1990. Yangsi Kalu Rinpoché a terminé une retraite de trois ans en 2008, et réalise en 2010, une première visite d’enseignements en Europe. Il est membre d’honneur du Shangpa Network.