LA PRATIQUE DU DHARMA DANS LA VIE QUOTIDIENNE CONTEMPORAINE

4.1. Vivre le dharma au quotidien

«Celui qui réfléchit et agit égoïstement
Est un être du monde ordinaire.
Celui qui pense et œuvre pour le seul bien d’autrui
Est un pratiquant du dharma.»
Jamgön Kongtrül Lodrö Tayé,L’Entraînement de l’esprit en sept points.

Le point crucial de la pratique du dharma, le cœur des enseignements est, comme nous l’avons évoqué, l’esprit1Voir supra Un esprit et deux états. et sa nature. Si nous avons un corps et une parole, ceux-ci procèdent de l’esprit : l’esprit produit la forme d’un corps et celui-ci contient la faculté vocale. La racine de ce que nous sommes et de tout ce que nous faisons est l’esprit ; il est l’origine et l’aboutissement de ­toutes les pratiques. Aussi, dans toutes nos activités le plus important est-il l’état d’esprit, l’intention qui nous fait agir ; la motivation est primordiale. 

La motivation juste

Le point crucial de la pratique du dharma, le cœur des enseignements est, comme nous l’avons évoqué, l’esprit et sa nature. Si nous avons un corps et une parole, ceux-ci procèdent de l’esprit : l’esprit produit la forme d’un corps et celui-ci contient la faculté vocale. La racine de ce que nous sommes et de tout ce que nous faisons est l’esprit ; il est l’origine et l’aboutissement de ­toutes les pratiques. Aussi, dans toutes nos activités le plus important est-il l’état d’esprit, l’intention qui nous fait agir ; la motivation est primordiale.

La motivation juste est la bienveillance, la bonne volonté, la compassion, c’est-à-dire bodhicitta2Voir supra Bodhicitta et l’engagement de bodhisattva et supra La compassion.. Si dans les faits et gestes extérieurs, nous nous comportions et agissions suivant le dharma tout en ayant une mauvaise motivation, nous serions à côté de la voie juste.

Prenons un exemple : je suis ici aujourd’hui en train de vous parler, assis sur un grand siège, énonçant des paroles héritées des grands maîtres du passé. C’est une situation du dharma et j’ai tous les attributs d’un lama ; mais si je portais en moi une motivation intéressée et désireuse de gloire, de richesses, ou de quoi que ce soit de personnel, bien que les apparences du dharma soient là, cette situation n’aurait rien à voir avec sa pratique authentique.

Notre attitude intérieure, notre motivation sont donc déterminantes, c’est même ce qu’il y a de plus important en toute circonstance.

Une tsa-tsa et beaucoup d’éveil

Il était une fois un homme qui, animé d’une motivation pure, construisit une petite « tsa-tsa » (une tsa-tsa est une sorte de stûpa miniature en argile, modelé dans un moule et consacré). L’acte positif que fut la confection de cette tsa-tsa établit une connexion qui le conduisit vers l’éveil. Lorsqu’elle fut achevée, il la déposa au bord de la route. Un passant la vit et, animé d’une motivation également pure, jugea impropre de la laisser ainsi sur le bord de la route, exposée à tout venant ; il la plaça donc sur un mur. Ce geste positif effectué avec cette motivation fut pour lui aussi une cause d’éveil. Un troisième personnage vint à passer. Il pleuvait, et il pensa qu’il serait dommage que cette tsa-tsa soit détruite en restant exposée à la pluie ; aussi, avec une motivation extrêmement pure, pour la protéger, il la couvrit avec une vieille chaussure qui se trouvait là. Ce geste-là fut, pour lui encore, une cause d’éveil. Puis, quelqu’un d’autre arriva, et toujours avec un état d’esprit très positif, estima que poser une vieille chaussure sur un objet aussi sacré qu’une tsa-tsa était vraiment inconvenant et indigne ; il enleva donc la chaussure. Ce geste fut, une fois encore, une cause d’éveil.

L’histoire s’appelle « Une tsa-tsa et beaucoup d’éveil » ; elle illustre que notre attitude intérieure, notre motivation, est déterminante en toute circonstance. C’est cette motivation juste qu’il faut apprendre à cultiver quoi qu’il arrive. Avec elle, toutes les situations deviennent sources de pratique, sources d’éveil et moyens de progrès spirituel.

Quel que soit le temps que vous puissiez consacrer à la pratique du dharma (un an, un mois, une semaine ou un jour), la motivation avec laquelle vous le ferez est l’essentiel. Il convient que ce soit bodhicitta, l’esprit d’éveil ; c’est-à-dire une motivation tournée vers le bien de tous les êtres. Cette attitude intérieure est fondamentale en tant que base de toutes les pratiques.

Bodhicitta est « la pierre philosophale » qui transforme toute activité en l’or de la pratique du dharma. Ainsi, en cultivant la motivation juste qu’est bodhicitta, toutes les activités de la vie quotidienne, quelles qu’elles soient, deviennent pratiques du dharma dans l’application des six perfections.

Le non-attachement

Aussi longtemps que nous restons attachés aux possessions, nous en voulons toujours plus et sommes dans un état d’insatisfaction et de manque constant. C’est en donnant que nous découvrons la possibilité d’être vraiment satisfaits, et dans cette satisfaction, se trouve la capacité de jouir de tout ce qui est souhaité. Il y a un proverbe qui dit :
De la possessivité naît le manque,
Du non-attachement, la satisfaction.

Le désir et l’attachement peuvent prendre des formes variées, par exemple le désir d’un homme pour une femme, ou celui d’une femme pour un homme : ils se rencontrent, ils s’unissent, des passions naissent, et des problèmes s’ensuivent ; cela dure un certain temps, puis une autre relation débute, etc. ; les situations de désir et les problèmes se répètent cycliquement. Ce peut être aussi l’attachement pour des biens ou pour les proches. Les désirs ne procurent qu’insatisfaction : si vous avez une maison, vous en souhaitez une deuxième ; ayez-en deux, vous voudrez une troisième résidence secondaire. Si vous possédez mille dollars, vous en voulez dix mille, cent mille, un million, un milliard… l’esprit est insatiable.

Le roi et le joyau d’abondance

À l’époque du bouddha Shâkyamuni, un moine se trouva en possession d’un joyau merveilleux qui, lorsqu’on l’en priait, procurait tout l’or, l’argent et les pierres précieuses demandées. « Je suis moine, pensa l’heureux propriétaire, et n’ai nul besoin de toutes ces richesses. Mieux vaudrait donner ce joyau à un pauvre. Mais ils sont si nombreux ; pourquoi favoriser l’un plutôt que l’autre ? Le Bouddha est omniscient ; lui me dira à qui le donner. » Il se rendit donc auprès du Bouddha, lui expliqua son embarras, et le pria de lui désigner la personne à qui il convenait d’offrir le joyau. Le bouddha Shâkyamuni lui conseilla le roi du lieu, monarque fort riche et puissant. Il lui fit l’offrande, que le roi accepta tout en demandant la raison d’un tel présent. Le moine lui expliqua :
« Je pensais qu’il me fallait donner ce joyau à un pauvre mais, ne sachant lequel choisir, je m’en remis au bouddha Shâkyamuni qui m’avisa de vous l’apporter. »

Le roi trouva la chose bien étrange, considérant qu’il n’y avait peut-être pas sur terre plus riche que lui. Pour être éclairé, il se rendit auprès du bouddha Shâkyamuni et lui demanda pourquoi il l’avait désigné au moine, alors que celui-ci demandait quel pauvre serait le mieux loti avec ce joyau.

« C’est vrai, répondit le bouddha Shâkyamuni, il n’est sans doute pas de plus riche que toi sur terre ; mais il n’est sans doute pas non plus de cupidité plus grande que la tienne. C’est pourquoi j’ai dit au moine de te donner ce joyau. »

L’insatisfaction peut faire du plus riche le plus nécessiteux !

Ainsi est-il essentiel d’avoir du contentement, d’être satisfait de ce qui est et de ce que nous avons, d’être heureux avec ce que nous possédons maintenant ; et, par conséquent, de ne pas nous engager constamment dans des comportements de désir. Autrement, même si nous avons une maison toute en or et toutes les ri­chesses du monde, nous ne ferons que nous y attacher et, à l’heure de la mort, sans emporter une seule parcelle de tout cet or, nous ne garderons que l’attachement, qui nous fera renaître en un état d’esprit avide.

Les six perfections ou vertus parfaites au quotidien

– La première perfection est celle du don, dont nous avons énoncé les quatre formes3Voir supra Les six vertus parfaites. : de choses matérielles, d’amour, de protection, et du dharma, que nous pouvons pratiquer à chaque instant. Il faut aider les gens dans le besoin, les pauvres, avec générosité, leur faire des dons. Si nous pouvons aider plus particulièrement quelqu’un qui pratique le dharma, c’est un don encore plus profond et plus précieux, car il aide en outre cette personne à aller vers l’éveil. Le don développe un karma positif qui est source de bien-être et de richesses ; c’est quelque chose de très réel.

Personnellement, j’ai toujours donné et utilisé tout ce que j’avais, pour le dharma. Quand je suis arrivé du Tibet, je n’avais d’ailleurs presque rien et le peu dont je disposais, je l’ai donné pour aider des moines. Néanmoins, j’ai eu la possibilité de construire un monas­tère où vivent aujourd’hui plus de cent moines dont je peux assumer la charge et que je peux aider. J’ai pu aussi construire des stûpas et faire beaucoup de choses, non pas grâce à du commerce ou à des activités lucratives diverses, mais par une vertu du dharma, la vertu du don.

Utiliser les richesses à notre disposition pour aider les pratiquants du dharma et tous ceux qui en ont besoin constitue une activité positive énorme. Aider à la réalisation d’un projet dédié au dharma apporte des bénéfices et des intérêts bien supérieurs à ceux que verse une banque, puisque cet acte positif procure des bienfaits tant pour cette vie que pour toutes les vies ultérieures !

Parmi tous les dons, celui du dharma, de l’enseignement, est le plus profond, mais sa valeur dépend de la motivation avec laquelle il est fait. Il faut percevoir les êtres auxquels il est adressé comme nos parents, considérer que depuis des temps sans commencement ils ­errent dans le samsâra, éprouvant des souffrances incommensurables, et percevoir que s’ils persistent dans cette voie, ils continueront d’y errer et d’y souffrir sans fin. C’est à partir de la profonde ­compassion fondée sur cette perception qu’il faut souhaiter leur transmettre les enseignements qui pourront les aider à se dégager de leurs peines et à atteindre l’éveil. Ce n’est qu’avec une telle motivation qu’il est possible de pratiquer le don du dharma de façon juste ; lorsqu’elle est possible, c’est, parmi toutes les formes de dons, la plus précieuse et la plus efficace. Mieux vaut alors un tel don du dharma authentique que des dons matériels à un grand nombre de personnes. Pourquoi ? Parce que la générosité matérielle, bien qu’extrêmement utile, n’a qu’une portée limitée car éphémère : au mieux elle aidera quelque temps dans cette vie la personne qui en bénéficiera, alors que le don du dharma aide aussi bien en cette vie qu’en toutes les existences ultérieures. En outre, si par le don du dharma une personne peut arriver à l’éveil, cette seule personne pourra à son tour aider un nombre incommensurable d’autres êtres. C’est pourquoi le don du dharma a une portée et une envergure plus vastes.

– La deuxième perfection ou vertu parfaite est celle de la discipline. Il est possible à chaque instant de s’entraîner à abandonner les dix actes négatifs et à cultiver les dix positifs. Développer cette discipline extérieure avec une motivation juste, qui est la discipline intérieure, permet que tout, sans exception, devienne pratique du dharma.

La vie apporte toutes sortes de difficultés extérieures, mais les plus gros problèmes sont intérieurs : ils proviennent de nos passions, de nos attitudes agressives et colériques, de nos désirs et attachements, et aussi de notre aveuglement mental. Il nous faut donc, dans toutes les situations de notre vie, pratiquer la discipline du travail avec ces passions. C’est le niveau le plus intérieur de la discipline, il se développe dans la pratique de la méditation assise et en action.

– La troisième perfection est la patience. Avec nos voisins, notre famille, notre conjoint, surviennent souvent des conflits, des heurts, des paroles vives, de l’agressivité ou de la colère. C’est un problème réel et grave, car ces attitudes sont de nature à gâcher tout ce qui a pu être fait de positif. L’agressivité est à l’origine de beaucoup de souffrances. Prenons pour exemple la vie de couple : si votre mari ou votre femme est agressif(ve), ayez de la patience, sachez supporter, passer outre, ne pas répondre à l’agressivité par la colère. Si vous vivez ensemble, c’est dans l’espoir d’être heureux, mais si vous vous engagez dans des luttes conjugales, elles sont sources de douleurs et de problèmes qui sont contraires à la proposition initiale. Actuellement, la situation mondiale est difficile, beaucoup de personnes redoutent un conflit, et même une troisième guerre mondiale qui, si elle devait avoir lieu, serait quelque chose de terrible. Néanmoins, l’issue d’une telle guerre se jouerait en l’espace de quelques années, de quelques mois, peut-être de quelques jours ou moins ; elle ne durerait pas très longtemps, alors que si vous êtes en conflit avec votre conjoint(e) c’est pour toute votre vie ! Si votre conjoint(e) est agressif(ve) envers vous, c’est parce qu’il (elle) pense que vous êtes mauvais(e) et que lui (elle) est bon(ne), il (elle) pense qu’il (elle) est dans le vrai et que vous êtes dans l’erreur. Il est important de voir que la responsabilité est partagée. Pour faire du bruit il faut deux mains, une main toute seule ne suffit pas ! Quoi qu’il en soit, essayez de vivre dans l’harmonie conjugale ; faites en sorte que cette situation ne soit pas source de dispositions d’esprit conflictuelles et d’actes négatifs, mais au contraire, qu’elle soit utilisée pour des choses positives.

– Considérons ensuite la perfection de la méditation avec ses différentes formes : la prise de conscience des quatre idées fondamentales, la pratique de shamatha-vipashyanâ, la contemplation, les pratiques de lojong et de tonglen, le sâdhana d’un yidam, celui de Chenrézi qui regroupe l’essentiel de toutes les méditations du vajrayâna ; elles permettent de travailler en toute situation.

Une journée a vingt-quatre heures ; si vous pouvez consacrer une demi-heure par jour, ou même moins, à la pratique de la méditation assise, vous en tirerez des bienfaits et des bénéfices incommensurables. En méditant ainsi, vous apprendrez à développer un état d’esprit bienveillant et à éviter les états d’esprit malveillants.

– La perfection de l’effort ou de l’énergie est indispensable en toute pratique. Vous connaissez beaucoup de choses : vous savez conduire une voiture, prendre un avion ; tout ce que vous êtes capables de ­faire au niveau habituel, vous l’avez appris, et cela vous a demandé du temps. Considérez le nombre d’années pendant lesquelles vous êtes allés à l’école, avez appris un métier, pour un intérêt limité à cette vie. Il est important dans le dharma de comprendre que progresser vers l’éveil et arriver à l’état de bouddha ne peut pas se faire sans énergie, sans efforts. Quelle que soit la pratique, il faut d’abord en écouter le sens puis l’appliquer avec énergie. Il nous faudrait pouvoir consacrer à la pratique du dharma encore plus de temps et d’efforts qu’à nos études mondaines, car ses bienfaits ont une portée beaucoup plus étendue, dépassant le cadre limité de cette seule vie.

– Enfin il y a la perfection de compréhension ou d’intelligence immédiate. Il est important de comprendre que toutes les choses auxquelles nous aspirons, toutes les situations sur lesquelles habituellement nous nous fixons n’ont pas de réalité véritable ; elles sont fondamentalement comparables à une illusion, un mirage, elles sont irréelles. Si nous comprenons les caractéristiques éphémères et évanescentes de nos désirs continuels, ils deviendront beaucoup moins prégnants. Les souffrances et les passions ont leur source dans notre esprit, dont le fondement est vacuité. Comprenant cela, nous réaliserons que les passions sont elles aussi fondamentalement vides, irréelles et la compréhension de leur absence de solidité, de leur irréalité nous permettra d’avoir vis-à-vis d’elles une attitude beaucoup plus libre et dégagée.

Finalement, si vous comprenez le sens de la contemplation de Mahâ­mudrâ et si vous pouvez ensuite l’appliquer, elle vous amènera à la réalisation de l’intelligence immédiate, primordiale, qui est ce qu’il y a de plus utile et de plus merveilleux.

Une journée de pratique: l’entraînement du coeur-esprit

Comment faire concrètement chaque jour ?
Il est important de commencer la journée en récitant simplement la formule du refuge, c’est le début de toutes les pratiques et notre première connexion quotidienne avec le dharma. Se tourner ainsi vers l’éveil et les Trois joyaux donne une orientation d’éveil à notre journée. Nous le faisons tous les jours, sans interruption. En même temps, avec une bonne motivation, nous faisons dif­férentes offrandes traditionnelles aux Trois joyaux : eau, fleur, encens, etc. Nous développons ensuite en nous l’esprit d’éveil, bodhicitta, nous nous souvenons de tous les êtres qui souffrent dans le samsâra et nous pensons : « Puissé-je faire quelque chose pour les aider véritablement. Aujourd’hui tout particulièrement, je vais être attentif à avoir un état d’esprit positif, et j’essaierai d’aider autrui en ­toutes les circonstances de cette journée. » De la sorte, chaque matin, nous imprimons en notre esprit une motivation de bienveillance et de bonté. Portons ainsi bodhicitta en nous tout au long de la journée et essayons au mieux de l’appliquer en toute situation ; il est la pierre philosophale qui transforme tous nos faits et gestes, même les plus banals, tous les travaux ordinaires, en véritables pratiques du dharma4Cette transformation, son intégration et l’entraînement associé sont développés dans les pratiques de l’entraînement du cœur-esprit (lojong).. Il consacre toutes nos activités.

Lorsque quelque chose d’heureux, de souhaité, nous arrive, soyons-en contents et, dans une attitude d’esprit positive, reconnaissons cette situation comme une bénédiction venue de l’influence spirituelle du lama et des Trois joyaux. Si quelque chose de difficile ou d’indésirable nous échoit, considérons-le comme le résultat d’un karma négatif antérieur et pensons : « Puissé-je être capable de purifier ce karma négatif. » Ainsi, quelles que soient les circonstances que nous traversions, nous saurons les accepter et les intégrer à notre pratique. Elles deviendront toutes la base d’un état d’esprit positif tourné vers l’éveil.

D’une façon générale, la meilleure façon d’aider notre famille et nos enfants est d’agir en sorte que leur esprit se tourne vers le dharma et sa pratique. Mais, quand bien même cela ne fonctionnerait pas comme nous le souhaiterions, sachons les aimer et les aider autant que nous le pouvons.

Vis-à-vis de notre famille, de nos conjoints, de nos possessions, de nos biens, soyons attentifs à ne pas avoir d’attachement, à ne pas nous fixer sur les situations et les choses, affirmant : « C’est à moi, ce doit être comme ça. » Une telle attitude n’est pas profi­table au simple niveau extérieur, et elle est intérieurement source de conflits et de souffrances. En toute situation le non-attachement est essentiel ; choses et situations n’ont qu’une valeur relative, et sont fondamentalement illusoires.

Au terme d’une journée, apprenons à considérer ce que nous avons fait de positif, faisons-en dédicace, en souhaitant que cela contribue à l’éveil et au bonheur de tous les êtres ; regrettons aussi les attitudes négatives que nous avons pu avoir et décidons de veiller ultérieurement tout particulièrement aux points délicats sur lesquels nous n’avons pas réussi à être positifs.

La dédicace permet aux bienfaits des actions positives de s’amplifier et de ne pas se perdre. Une mauvaise pensée, un moment de colère, ou une autre tendance négative peuvent contrebalancer les bons effets de toute une série d’actions positives, alors qu’une fois dédiées, leurs bienfaits ne peuvent être détruits. Laissée à ­elle-même, une goutte d’eau risque de s’évaporer rapidement tout comme les bienfaits d’un acte. Faire dédicace d’un bienfait est comme verser cette goutte d’eau dans l’océan : elle subsistera aussi longtemps que l’océan ne sera pas asséché.

En résumé, si le matin nous prenons refuge et développons bodhi­citta, si nous faisons le soir une dédicace comme il vient d’être dit, et si, entre les deux, nous sommes attentifs à vivre avec une motivation toujours bienveillante et des actions justes, évitant les attitudes agressives et malveillantes, et ne nous fixant pas sur les choses, c’est l’essentiel.

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