1. L’unité des différentes traditions
1.2 L’unité fondamentale des différentes traditions
«Toutes les traditions spirituelles, bouddhiques et non bouddhiques, diffèrent dans leurs formes pour s’adapter à la réceptivité et aux facultés de personnes variées ; mais toutes œuvrent pour établir les êtres sur le chemin des existences supérieures et de la libération.
Étant toutes issues de l’activité du parfait éveil, sans exception, elles méritent notre confiance.»
Kyabjé Kalu Rinpoché
La réalisation de l’esprit comme origine de toutes les traditions
Plusieurs centaines de traditions se sont manifestées dans le monde, toutes issues de l’activité de l’éveil spirituel provenant de la pleine réalisation de la nature de l’esprit. Elles œuvrent toutes pour le bien des êtres, selon les besoins et les particularités propres à chacun.
Certaines traditions religieuses nous permettent de reprendre naissance dans les premiers états d’existence supérieurs ; d’autres, dans les états divins du monde de la forme pure, ou du monde sans forme. Certaines enfin conduisent jusqu’à l’ultime réalisation spirituelle. Mais toutes nous enseignent les pratiques nécessaires pour ne pas tomber dans les états d’existence inférieurs et pour s’élever vers les supérieurs. Toutes les traditions donnent force spirituelle et pouvoir de transformation. C’est dans ce sens que j’ai confiance en toutes. Il est beau de constater que le christianisme est une voie similaire au bouddhisme par l’importance que tous deux accordent à la confiance, à la compassion, aux offrandes, à la prière, à la générosité et à la discipline de conduite. Je pense que ceux qui aspirent à ces enseignements et ont confiance en eux sont des êtres fortunés, qui pourront ainsi donner à l’existence humaine qu’ils ont obtenue son sens véritable.
Dans le bouddhisme, que ce soit au Japon, au Laos, au Cambodge, au Vietnam, en Thaïlande, en Birmanie, à Sri Lanka, en Corée, en Chine ou au Tibet, tous les enseignements et toutes les pratiques du dharma ont les mêmes fondements, de sorte que les pratiquants des différentes écoles sont tous frères.
Au Tibet plus particulièrement, huit lignées majeures coexistent, mais de nos jours quatre principales demeurent en tant qu’écoles ; ce sont les Sakya, Gélug, Nyingma et Kagyü. Chacune transmet la parole immaculée du Bouddha au travers de lignées d’érudits et d’accomplis qui sont comme de l’or pur. Elles transmettent un dharma authentique, non corrompu, qui peut conduire les êtres à la libération de l’existence cyclique et à l’ultime réalisation spirituelle.
La complémentarité des différentes traditions.
On pourrait se demander, puisque chaque tradition et lignée constitue un enseignement authentique et complet, pourquoi il en existe plusieurs. D’une manière générale, leur variété correspond aux diverses réceptivités et aux inclinations des êtres. Chaque système existe distinctement pour répondre aux besoins et aux aptitudes particulières de personnes différentes, dotées de mentalités qui le sont aussi.
Personnellement, je fus disciple de nombreux maîtres des quatre traditions tibétaines, j’ai instauré avec toutes d’excellentes connexions et nourri une grande confiance en leurs différents enseignements. Parmi mes disciples, il y a de nombreux pratiquants, lamas et moines de ces quatre écoles tibétaines ; de plus, je souhaite que ceux qui suivent mon enseignement aient confiance en toutes les traditions. Je les considère impartialement, chacune étant bénéfique à celui ayant à son égard les affinités spécifiques provenant de connexions antérieures. Toutes insistent sur la discipline découlant du karma, comme moyen d’obtenir un changement radical de nos attitudes habituelles et comme base pour cheminer vers l’état de bouddha. Par ailleurs, chacune possède ses propres recueils d’enseignements et d’instructions pratiques, issus de l’expérience personnelle des maîtres de sa lignée.
D’une façon générale, avoir confiance en toutes les traditions est un signe de compréhension profonde des enseignements ; néanmoins, il est indispensable de s’engager dans une tradition donnée, d’y recevoir des instructions détaillées et d’y être introduit aux pratiques essentielles, et il est alors juste de pratiquer principalement ses enseignements.
Donc, quels que soient l’école et le lama dont nous recevons les enseignements, adoptons cet état d’esprit impartial1« Rimé » ou « Rimay » en tibétain ; à propos du mouvement portant le même nom, voir la notice biographique et le glossaire. et sachons nous consacrer à leur pratique avec une aspiration totale. Autrement, retenant quelques phrases ici et là, prenant de façon étroite certains aspects des enseignements, et jouant le rôle de pratiquants, il sera difficile que nous développions de grands bienfaits.
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