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Les quatre caractéristiques fondamentales de l’enseignement du Bouddha བཀར་བཏགས་ཀྱི་ཕྱག་རྒྱ་བཞི་
L’enseignement du Bouddha a quatre caractéristiques fondamentales qui méritent d’être connues de tout bouddhiste.
བཀར་བཏགས་ཀྱི་ཕྱག་རྒྱ་བཞི sont les quatre marques distinctives de la parole du Bouddha; la présence de ces quatre marques caractérise l’enseignement du Bouddha.
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འདུས་བྱས་ཐམས་ཅད་མི་རྟག་པ་ tout ce qui est composé est impermanent
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- འདུས་བྱས་ཐམས་ཅད་མི་རྟག་པ་ tout ce qui est composé est impermanent.
- འདུས་ regrouper, composer
- བྱས་ faire
- འདུས་བྱས་ཐམས་ཅད་མི་རྟག་པ་ tout ce qui est composé est impermanent.
Ce qui a été regroupé, ce qui est composé, ce qui est composite, tous les composites, sont impermanents, se décomposent.
La première de ces caractéristiques est l’impermanence. Cela comporte des implications macrocosmiques et microcosmiques, dans l’univers et jusqu’à notre personne qui est transitoire et impermanente.
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ཟག་བཅས་ཐམས་ཅད་སྡུག་བསྔལ་བ་ toute souillure de la saisie est souffrance
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- ཟག་བཅས་ཐམས་ཅད་སྡུག་བསྔལ་བ་ toute souillure de la saisie est souffrance
- ཟག་བཅས་ est difficile à bien traduire, souvent traduit par souillé mais ཟག་པ་ a le sens de fuite, expansion, perte.
- ཟག་བཅས་ཐམས་ཅད་སྡུག་བསྔལ་བ་ toute souillure de la saisie est souffrance
Le sens ici le plus profond est d’entendre ཟག་བཅས་ comme ce qui est associé à la saisie, ཟག་པ་ comme saisie, traduction qui n’est pas la plus courante mais la plus pertinente en termes de sens.
ཟག་བཅས་ sont les souillures passionnelles, les souillures de la saisie.
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- ཟག་བཅས་ཐམས་ཅད་ tout ce qui est dans la saisie cognitive, est dukkha སྡུག་བསྔལ་བ་.
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Tout ce qui est souillé est douloureux, tout ce qui est soumis à la corruption de la saisie duelle, à la corruption des émotions passionnelles est souffrance.
Cette deuxième caractéristique est très importante : la conscience duelle est souffrance.
Tout ce qui est souillé par la cognition duelle est samsarique.
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ཆོས་ཐམས་ཅད་སྟོང་ཞིང་བདག་མེད་པ་ tout phénomène est vide, dépourvu d’entité propre
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- ཆོས་ཐམས་ཅད་སྟོང་ཞིང་བདག་མེད་པ་ tout phénomène est vide, dépourvu d’entité propre, sans soi.
- ཆོས་ཐམས་ཅད་ tout phénomène
- སྟོང་ཞིང་ (ou སྟོང་ཉིད་) étant vide
- བདག ego, moi, entité
- མེད་པ་ dépourvu de
- ཆོས་ཐམས་ཅད་སྟོང་ཞིང་བདག་མེད་པ་ tout phénomène est vide, dépourvu d’entité propre, sans soi.
La vacuité est le vide d’ego, la vacuité de l’ego, son insubstantialité.
C’est cette troisième caractéristique, susceptible de différentes interprétations, qui va être à l’origine de différentes perspectives et écoles philosophiques du Dharma.
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Les quatre écoles philosophiques
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Le Dharma en tant que philosophie opérative, libératrice, comprend différents points de vue, perspectives, complémentaires, qui sont les Sautrāntika, les Vaibhashika, les Cittamatra, les Madhyamaka,
Ces perspectives sont plus substantialistes ou plus spiritualistes, ou considèrent un substrat substantiel ou spirituel་.
Dans le Mahayana, on suit particulièrement les Cittamatrin « rien que l’esprit », c’est- à -dire que toute expérience est l’esprit.
La perspective du Madhyamaka, est la perspective du non appui, du non appui conceptuel, et de l’évacuation de tous les types de conception tels que résumés dans les niṣprapañca, སྤྲོས་བྲལ་ en tibétain, l’au-delà des conceptions et de leurs huit catégories fondamentales.
Lorsqu’on parle de substantialiste, il y a toujours un substrat. Toute la question est de savoir quel est le substrat ou de quoi est fait, est constitué, ce qu’on nomme le substrat, le substrat étant ce qui est au fond.
Substrat vient du latin « sternere, substratum » ce qui est étendu dessous, au fond.
Au fond du fond, qu’y a-t-il ?
Il y a là des écoles qui penchent pour un substrat substantiel, que l’on peut dire d’une certaine façon matérialiste.
Certaines écoles bouddhistes, particulièrement Vaibhāṣika, Sautrāntika ont un caractère substantialiste, matérialiste, par opposition aux écoles du Grand Véhicule qui ont un substrat spirituel, « tout est esprit ». Le fond est l’esprit.
Et que trouve-t-on entre les deux ?
C’est là qu’interviennent les Madhyamaka ; ils disent qu’il y a un problème cognitif, un problème conceptuel et que, selon la façon dont on envisage la question, finalement « tout est matière » ou « tout est esprit », est un même processus cognitif erroné.་
Dans ce processus cognitif, on suppose un tout qui est le substrat. Dans un cas, ou lui met une étiquette rouge et dans l’autre cas on lui met une étiquette bleue.
C’est ce que les Madhyamaka vont exposer de bien des façons et ils vont réfuter les différentes possibilités de conception pour amener à l’expérience du fond dans le non appui conceptuel. C’est ni blanc, ni noir, ni « blanc et noir », ni « ni blanc ni noir » ensemble.
C’est le tétralemme qui laisse dans l’épochè ou dans la suspension conceptuelle, dans lequel le fond du fond se découvre dans une réalité qui n’est ni matérielle, ni spirituelle, dans le sens d’un spiritualisme duel, mais qui est la claire lumière, l’énergie fondamentale de toute expérience et de toute cognition, transcendant les huit catégories.
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བྱེ་བྲག་སྨྲ་བ les Vaibhāṣika
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བྱེ་བྲག་སྨྲ་བ་ les Vaibhāṣika, école substantialiste, les énonciateurs des particularités
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བྱེ་བྲག་ les particularités
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སྨྲ་བ་ dire
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C’est la première école philosophique, substantialiste, atomiste.
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མདོ་སྡེ་པ་ les Sautrāntika
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མདོ་སྡེ་པ་ les Sautrāntika, substantialistes
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Ce sont ceux qui suivent les Sutras.
C’est aussi une perspective substantialiste mais plus élaborée que celle des Vaibhāṣika avec la réfutation même de l’atomisme.
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སེམས་ཙམ་པ་ les Cittamātrin
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སེམས་ཙམ་པ་ les Cittamātrin ou Vijñānavādin, ou Yogācārin, « rien que l’esprit », école du Mahāyāna développée par ཐོགས་མེད་ Asaṅga et son frère དབྱིག་གཉེན་ Vasubandhu.
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C’est la troisième école philosophique.
Le point de vue du Cittamatra སེམས་ཙམ་པ་ est « rien que l’esprit ». Les trois mondes sont esprit, perspective que l’on dit aussi Vijnanavadin, (Vijnana (conscience) vadin (ceux qui enseignent ou qui pratiquent la conscience avec l’intelligence des huit consciences).
Environ au quatrième siècle, ce fut la grande émergence du Mahāyāna avec Asanga. Il y a eu un premier Abhidharma, l’Abhidharmakosa qui est l’Abhidharma des deux premières perspectives philosophiques et ensuite Asanga constitua un nouvel Abhidharmasamuccaya.
La grande distinction entre les deux Abhidharma porte finalement sur cette question de la substance et du substrat.
Asanga et Vasubandhu vivaient tous les deux du côté du Pakistan vers Lahore, région qui se trouvait déjà sur les routes de la soie et dans les zones hellénistiques. Vasubandhu avait d’abord critiqué la vision du Mahayana défendue par Asanga et finalement ce dernier l’a convaincu de se rallier à son point de vue.
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དབུ་མ་པ་ les Mādhyamika
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དབུ་མ་པ་ les Mādhyamika, (Mādhyamaka la Voie du milieu), école du Mahāyāna
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Ils enseignent que tout objet de connaissance est vide d’existence inhérente.
C’est la voie du milieu, qui est le milieu entre les extrêmes, ni dans l’éternalisme ni dans le nihilisme, ni dans l’unicité, ni dans la multiplicité, ni dans l’allée, ni dans la venue, ni dans la création, ni dans la cessation. C’est celle du non appui conceptuel.
Ils se divisent à leur tour en plusieurs écoles.
Il y cette distinction entre རང་སྟོང་ et གཞན་སྟོང་
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རང་སྟོང་ vide de soi
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རང་བཞིན་གྱིས་སྟོང་པ་ met en évidence que les phénomènes n’existent pas de façon indépendante, telle que l’on a l’impression qu’ils existent, comme des entités ou des choses ayant une réalité en soi. Ils n’existent qu’en interdépendance dans le jeu de facteurs multiples qui les font émerger.. Ils sont ainsi vides de soi རང་སྟོང་.
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རང་རྒྱུད་པ་ Svātantrika (continuum mental, continuité en soi) tous les phénomènes sont dépourvus de réelle existence mais avec une existence inhérente, naturelle, du point de vue de l’objet.
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ཐལ་འགྱུར་པ་ Prāsaṅgika, les Conséquentialistes. ཐལ་བ་ conséquence
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Le deuxième point de vue est dit གཞན་སྟོང་ ; il signifie que la nature des phénomènes est vide d’autre གཞན་སྟོང་. Les deux points de vue sont complémentaires ; il est important de le savoir d’autant plus que cela a soulevé de nombreuses polémiques qui se poursuivent d’ailleurs.
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གཞན་སྟོང་ vide de quelque chose d’autre
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ཡོངས་གྲུབ་གཞན་སྟོང
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ཡོངས་གྲུབ་ la perfection (la troisième catégorie des Cittamatra)
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གཞན་སྟོང་ vide de quelque chose d’autre
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ཡོངས་གྲུབ་གཞན་སྟོང་ la perfection non duelle, la claire lumière en soi, vide de dualité, l’altérité
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Ces deux points de vue རང་སྟོང་ et གཞན་སྟོང་ se complètent.
L’approche du Mahamudra et du Dzogchen est une approche གཞན་སྟོང་ pour faire simple, bien que certains tenants རང་སྟོང་ disent que c’est aussi རང་སྟོང་.་ et ils ont raison. Il s’agit de ne pas être exclusif ni d’un côté ni de l’autre et de comprendre que ce sont deux points de vue complémentaires
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མྱ་ངན་ལས་འདས་པ་ཞི་བ་ au-delà des souffrances est une paix
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- མྱ་ངན་ལས་འདས་པ་ཞི་བ་ au-delà des souffrances est une paix
- མྱ་ངན་ la souffrance
- ལས་ de, འདས་པ་ au-delà, passé, dépassé
- མྱ་ངན་ལས་འདས་པ་ nirvana, l’au-delà de la souffrance
- ཞི་བ་ la paix
- མྱ་ངན་ལས་འདས་པ་ཞི་བ་ au-delà des souffrances est une paix
Au-delà de la maladie est un état de santé. Il est un état de santé fondamentale avant la maladie. Il est un état de paix, de bonté, de santé fondamentale avant les dérèglements que sont les différentes souffrances.
Question : Par rapport à cette quatrième affirmation qu’on retrouve dans le protocole de la Pleine Présence, certaines personnes disent « Mais ça, c’est une croyance ». Comment faire pour bien présenter cette affirmation afin que ce ne soit pas dogmatique, même si on a certitude personnelle ?
Réponse DR : Dans un contexte thérapeutique, il est clair que l’on est sain avant d’être malade. S’il n’y avait pas un état de santé, il n’y aurait pas de maladie, ou on serait toujours malade. La santé est l’état d’harmonie naturelle lorsque les choses opèrent naturellement, harmonieusement, et cet état d’harmonie naturelle est perturbé par des interférences, des perturbations, des dérèglements, qui sont justement les maladies. La maladie est un dérèglement, une perturbation.
La maladie existe par rapport à la santé. S’il n’y avait pas la santé, il n’y aurait pas la maladie ; c’est logique et d’une certaine façon, trivial. Il en est de même s’il n’y avait pas de contradiction entre l’état de santé, l’état d’équilibre qu’est la santé et l’état de déséquilibre qu’est la maladie. Le déséquilibre ne peut se comprendre que par rapport à l’équilibre, comme un manque d’équilibre. Ce qui est dit, c’est qu’il y a une harmonie fondamentale, naturelle, qui est ce que l’on est et ce qui est fondamentalement, sans les perturbations et sans les dérèglements qui viennent de la conscience souillée des émotions et des illusions.
Question : Cela fait-il référence à ce qu’on appelle le Tathagatagarbha ?
Réponse DR : Le Tathagatagarbha དེ་བཞིན་གཤེགས་པའི་སྙིང་པོ་ est cette nature de Bouddha, nature de Bouddha qui est la nature de Bouddha éveillée, la nature fondamentale simplement, on peut dire la Nature avec un grand N, la Nature absolue.
Question : La substance énergétique et spirituelle est-elle la même chose ?
Réponse DR : C’est une bonne question, profonde et délicate. Substance vient de « substare » c’est ce qui se tient en dessous c’est en ce sens-là qu’il faut entendre substance, ce qui est en dessous, ce qui est au fond. La substance n’est pas le superficiel mais est le profond, ce qui est en dessous du superficiel, ce qui supporte. Dans la philosophie bouddhiste, il y a différentes perspectives qui justement traitent le sujet de la substance de différentes façons. Il y a une approche matérialiste dans les deux premières perspectives philosophiques Vaibhāṣika, Sautrantika. Il y a ensuite une approche qu’on dit idéaliste qui serait spiritualiste avec une substance spirituelle, « tout est esprit ». Il y a la perspective du Madhyamaka qui se tient à l’écart des deux extrêmes qui sont le matérialise et le spiritualisme. Il y a une vision de l’esprit, la nature de l’esprit pneumatique, qui est une notion qu’on retrouve en Occident. Le pneuma c’est le souffle, le souffle esprit, en tibétain on dit ལུང་སེམས་དབྱེར་མེད་ le souffle et l’esprit indissociables, l’indissociabilité du souffle et de l’esprit, ce qui donne l’idée que l’esprit est un dynamisme cognitif, une énergie cognitive et de ce point de vue souffle, énergie et esprit convergent effectivement et se comprennent comme une même réalité.
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