1. La première mise en mouvement de la roue du Dharma. འཁོར་ལོ་ཏང་པོ་ Les quatre nobles réalités ཡང་དག་པའི་བདེན་པ་བཞི་

Quand on commence la voie, on étudie les quatre nobles réalités qui furent le premier enseignement du Bouddha au parc des Gazelles, la première mise en mouvement de la roue du Dharma.

Le Bouddha les enseigna à ses quatre anciens condisciples d’ascèse qui l’avaient abandonné lorsqu’il avait arrêté ses pratiques ascétiques mortifères. Tout d’abord, en le voyant arriver, ils se dirent qu’ils ne le reconnaîtraient pas, lui, le mécréant qui avait arrêté l’ascèse, mais lorsque le Bouddha s’approcha, impressionnés par sa radiance, ils lui rendirent hommage et finalement, reconnurent sa réalisation, et demandèrent qu’il leur explique la réalité qu’il avait trouvée, réalisée.

C’est alors qu’il enseigna ces quatre nobles réalités qu’on nomme aussi quatre nobles vérités. ཡང་དག་པའི་བདེན་པ་བཞི་

Question : བདེན་པ་ a-t-il le sens de vérité ou réalité ?

Réponse DR : Cela est souvent traduit par vérité mais cette traduction est très discutable car une vérité est quelque chose qui a tendance à être compris comme une croyance, alors que la réalité est quelque chose de factuel ; la vérité elle, est plus conceptuelle, mais le fil entre les deux, la délimitation, peut être ténue. Ce qui est important est de comprendre que ce n’est pas une vérité comme un axiome qui serait posé comme un a priori mais que c’est une réalité fondamentale, que c’est réel, factuel.

    1. སྡུག་བསྔལ་གྱི་བདེན་པ་ la réalité de la souffrance

Il y a trois formes de souffrance.

      1. ཁྱབ་པ་འདུ་བྱེད་ཀྱི་སྡུག་བསྔལ་ la souffrance inhérente

La souffrance est inhérente à l’individualité. Le fait d’être séparé, limité, amène cette forme subtile mais réelle de souffrance, d’être, d’exister, de l’individualité.

      1. འགྱུར་བའི་སྡུག་བསྔལ་ la souffrance du changement

C’est le bonheur, qui, en disparaissant, amène une souffrance. La perte d’un bien-être, d’une satisfaction, est encore une souffrance subtile qui est associée au manque, à la perte, à la disparition, au changement.

      1. སྡུག་བསྔལ་གྱི་སྡུག་བསྔལ་ la souffrance de la souffrance

Ce sont les souffrances habituelles, du corps de l’esprit, physiques, psychologiques, spirituelles

Question : Quand on parle de la souffrance de la souffrance, parfois on en rajoute une couche, car on souffre et de plus on souffre de souffrir

Réponse DR : On n’a pas envie de souffrir, on se révolte contre la souffrance, on se fâche contre la souffrance qui nous fait souffrir et cela rajoute à la souffrance. La souffrance, et c’est en relation avec l’origine de la souffrance, la deuxième noble réalité, vient de la façon dont la situation est expérimentée. La souffrance naît dans la saisie duelle, se développe, s’amplifie dans la saisie cognitive duelle, et comme on peut le voir dans la phénoménologie opérative, la souffrance est proportionnelle à la saisie duelle. Plus il est de saisie, plus il est de souffrance, et inversement, moins il est de saisie, moins il est de souffrance. Il y a un point délicat et important, à la limite, dans une saisie égale à zéro, il y a une souffrance égale à zéro, il peut rester, dans certains cas, une forme d’intensité, même d’intensité douloureuse, mais qui n’est pas souffrance, qui ne fait pas souffrir. Quand vous avez très mal, c’est intéressant comme méditation !

    1. ཀུན་འབྱུང་བདེན་པ་ la réalité de l’origine de la souffrance

L’origine de la souffrance est dans ཟག་བཅས་, la saisie, qui est à l’origine des illusions et des passions.

Parfois on met plus en avant les illusions, les passions, mais la racine des illusions, des passions est la saisie cognitive.

    1. འགོག་པའི་བདེན་པ་ la réalité de la cessation

La cessation, l’arrêt de la souffrance, qui, elle-même a son origine dans la saisie, est la libération de la saisie duelle, qui amène la cessation de la souffrance et de ses mondes de conscience conditionnés du samsara.

    1. ལམ་གྱི་བདེན་པ་ la réalité de la voie

La réalité du chemin est présentée dans le Mahayana dans la forme du triple apprentissage བསླབ་པ་གསུམ, les trois entraînements.

La voie est un triple entraînement :

      1. ཚུལ་ཁྲིམས་ཀྱི་བསླབ་པ་ l’entraînement à la discipline

      1. ཏིང་ངེ་འཛིན་གྱི་བསླབ་པ་ l’entraînement à la méditation

      1. ཤེས་རབ་ཀྱི་བསླབ་པ་ l’entraînement à la compréhension

C’est l’intelligence transcendante, la compréhension transcendante, qui transcende les illusions.

ཚུལ་ཁྲིམས་, ཏིང་ངེ་འཛིན་, ཤེས་རབ་ correspondent quoiqu’inversés à la vision, la méditation, l’action.

 

<<Retour