Méditation pour le moment de la mort
Méditation pour le moment de la mort
Parmi les différentes méditations susceptibles d’être pratiquées au moment de la mort, nous avons choisi la pratique de Powa. Il en existe différentes variantes. Dans le vajrayana, elles sont généralement associées à des exercices yogiques qui demandent un entraînement particulier. Le Powa que nous présentons ici est celui du Mahayana. Sa simplicité le rend accessible à tous.
Le texte qui suit est de Djamgœun Kontrul le Grand, extrait de son commentaire sur la pratique de L’entraînement de l’esprit (lodjong) en sept points. La pratique complète de ces exercices demande une direction spirituelle. Ceux qui la souhaitent pourront la trouver auprès d’un Lama qualifié.
Puisse ce texte être une inspiration et un encouragement sur la voie.
Texte-racine
Les instructions du Powa du Mahayana sont les cinq forces associées à une posture physique (dont le rôle est) important.
Lorsqu’une personne qui a pratiqué ces enseignements (de l’entraînement de l’esprit lodjong) est atteinte d’une maladie fatale, elle appliquera ces cinq forces :
- – la force des semences de vertu,
- – la force des souhaits,
- – la force de l’arrêt,
- – la force de la motivation
- – la force de l’entraînement.
La force de la semence de vertu
D’abord, en donnant tout ce que l’on a, d’une façon générale dans la direction du Lama et des Trois joyaux, et plus particulièrement là où l’on pense que ce pourra être le plus bénéfique, on fait en sorte de n’avoir ni fixation ni le moindre attachement ; c’est la force de la semence de vertu.
La force des souhaits
(Ensuite), ceux qui le peuvent font la prière aux sept branches, ou en cas d’impossibilité, on fera des souhaits, l’esprit complètement absorbé uniquement en eux :
Par le pouvoir de toutes les vertus accumulées dans les trois temps,
Puissé-je en toutes mes naissances ne jamais oublier le précieux esprit de l’éveil (bodhicitta) !
Puissé-je le mettre en pratique et le développer de plus en plus !
Puissé-je rencontrer de nouveau le parfait Lama qui expose son enseignement !
Précieux Lama, Trois joyaux, accordez-moi votre grâce qu’il en soit ainsi.
Telle est la force des souhaits.
La force de l’arrêt
Elle consiste à se dire :
La fixation de l’ego m’a fait souffrir en d’innombrables naissances.
Maintenant, elle me fait expérimenter les souffrances de la mort.
En vérité absolue, le moi et l’esprit n’ayant pas d’existence propre,
Ne sont pas sujets à mourir.
Fixation de l’ego, toi qui penses :
« Je suis malade, je meurs », sois détruite à jamais !
Une telle prise de conscience est la force de l’arrêt.
La force de la motivation
Elle consiste à se dire :
« Au moment de la mort, dans le bardo et en toutes naissances, je ne quitterai jamais le double aspect du précieux esprit de l’éveil » (c’est-à-dire bodhicitta aux niveaux relatif et ultime).
Telle est la force de la motivation.
La force de l’entraînement
Elle consiste à éveiller en nous les deux aspects de l’esprit éveillé auxquels nous nous sommes entraînés auparavant.
Telle est la force de l’entraînement.
Comme adjuvant, la posture physique est importante
On prend la posture de méditation, en sept points ou, si on ne le peut pas, on s’allonge sur le flanc droit, la main droite sur la joue. L’auriculaire fermant la narine droite, l’on fait en sorte que l’air circule par la gauche. Puis, après avoir développé une attitude d’amour et de compassion, elle est appliquée aux alternances du souffle en pratiquant tonglèn (prendre et donner). Après (cette méditation), on reconnaît que samsara et nirvana, naissances et morts, etc., sont des apparences de l’esprit, et que l’esprit en lui-même n’a aucune existence propre. On reste au repos en cet état, sans que notre esprit ne se fixe sur quoi que ce soit. C’est dans cet état qu’on laissera la respiration aller autant qu’elle le pourra…
Il y a de très nombreuses instructions sur la mort dont on fait grand cas, mais il fut enseigné qu’il n’en est pas de plus merveilleuse que celle-ci.
Le texte présenté ici a été traduit par le comité Lotsawa. Une traduction complète de ce commentaire est parue en français sous le titre : « L’alchimie de la souffrance » (Editions Yiga Tcheu Dzinn)