Chants de Milarépa

Chants de Milarépa

Voici un chant de Milarépa, le célèbre yogi, ascète et poète du XIème siècle. Disciple de Marpa et maître de Gampopa, il est à l’origine de la lignée Kagyu et incarne pour tous les pratiquants l’obtention de l’ultime réalisation en une seule vie.

Près de la source argentée

Beau jeune homme paré de confusion,

Cette vie n’est qu’impermanence et illusion.

Face à Yama Raja gouverneur de la mort,

Vous le riche ne savez où payer la rançon.

Le brave n’a pas de lieu où donner de l’épée,

le timoré nul trou où fuir tel un renard.

À ce moment chacun s’effarouche en sa chair.

Effrayé par cela, j’ai gagné un site austère.

Dans l’ermitage de l’esprit qui ne crée rien,

J’ai disposé les poutres de la constante énergie,

Ancré les piliers de vérité sur des bases immuables.

Dans l’épanouissement et l’achèvement de la voie,

La lune, le soleil, les étoiles se sont levés.

Sur le sol couleur de paix mentale,

J’ai dessiné le mandala de la vue pénétrante,

Arrangé le bouquet d’un esprit

bienheureux et clairvoyant.

Possédant tous les ornements des dix vertus,

Entouré du rude fossé de la vacuité,

Voici l’ermitage du yogi que je suis.

CHANT DES BARDO  *  (1)

(Milarépa chante en réponse à la requête de Gampopa lui demandant les instructions sur le bardo)

Hommages aux vénérables Lamas ;

Prenant spécialement refuge en celui de toutes bontés,

Fils Je réponds à ta requête

Par ce chant des bardo :

 

D’une façon générale,

Les êtres des six mondes et les Bouddhas du nirvana,

Les deux, en substance fondamentale, ont une nature identique.

C’est le bardo1 de la vue.

 

Les (aspects) blanc et rouge et l’indicible

Esprit en lui-même,

Les deux, dans l’indissociabilité de l’état naturel sont identiques.

C’est le bardo de la méditation.

 

Les apparences illusoires

Dans la multiplicité de leurs manifestations

Et notre propre esprit (dont la nature) est incréée,

Les deux, dans la non-dualité de l’état inné, sont identiques.

C’est le bardo de l’activité.

 

Les rêves du sommeil de la nuit dernière

Et au réveil, la reconnaissance de leur fiction,

Les deux, sont semblables à une illusion et donc identiques.

C’est le bardo des rêves.

 

Les cinq types d’agrégats au niveau impur

Et au niveau pur les Victorieux des cinq familles

Les deux, dans la non-conceptualisation

De la phase de perfection, sont identiques.

C’est le bardo du cheminement deKyérim etDzorim.

 

Les tantra-pères venant des moyens adroits (ûpaya)

Et les tantra-mères venant de la connaissance transcendante (prajnâ),

Les deux, (dans l’état) inné de la troisième initiation, sont identiques.

C’est le bardo des points essentiels.

 

Pour son propre bien, le Dharmakâya immuable

Et pour le bien des autres, les deux Corps formels libres d’entrave,

Les deux, dans l’indissociabilité de l’état naturel, sont identiques.

C’est le bardo des trois Corps de Bouddha.

 

Au niveau impur la matrice du corps d’illusion

Et au niveau pur ses aspects divins,

Les deux, dans la Claire lumière du bardo, sont identiques.

C’est le bardo du fruit.

Ainsi chanta Milarépa

 

* Extrait du « bka’ brgyu mgyurmtsho », traduction du comité Lotsawa.

(1) Dans tout ce chant, Milarépa utilise bardo dans son sens littéral « d’intervalle » et, comme il apparaît à chaque stance, d’intervalle constitué par un doublet de termes dont il faut réaliser l’identité essentielle.[retour]

 

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