Vue, méditation et action

Lama Denys

Le retrait de ce que l’on superpose au fondement
donne la certitude de la vue juste,
Ne pas se distraire de son expérience et la préserver
est l’essentiel de la méditation,
Toujours s’exercer à en pratiquer le sens
est l’action suprême ;
Puissé-je acquérir la certitude de la vue,
de la méditation et de l’action.
Les Souhaits de Mahamudra, Randjoung Dordjé.

D’une certaine façon, la pratique de mahamudra est quelque chose de très, très facile car tout ce dont il s’agit est la nature de notre esprit, notre nature la plus intime qui a toujours été avec nous, qui ne nous a jamais quitté, qui nous est plus intime que nous le sommes à nous-mêmes. Mais nos habitudes mentales sont fort compliquées, fort complexes et constituent tout un réseau, un enchevêtrement de fixations et de voiles.

La vue juste, la façon juste de comprendre est de se rendre compte que le cheminement consiste à retirer, à dissoudre, à purifier un certain nombre d’illusions, de projections que l’on surimpose à la réalité foncière, à l’esprit pur. Le pur esprit, luminosité-vide, claire lumière, omniprésent, immanent, est masqué, voilé par le processus de saisie dualiste dans lequel on projette… L’esprit habituel constitue son existence par le type de relation qu’il entretient avec ses projections ; la vision juste est simplement de comprendre que tout ce qu’il y a à faire est d’arrêter ce mécanisme projectif constitutif de la dualité, d’arrêter de surimposer à l’esprit.

Ce retrait par rapport aux projections dualistes est ce qui s’opère dans le repos du mental discursif qui est la pratique de mahamudra. La méditation essentielle est de ne pas être distrait de cette expérience qui est celle du retrait des projections dualistes ; dit autrement : c’est rester constamment dans l’expérience d’immédiateté qui est l’absence de fonctionnement projectif dualiste.

Toujours s’exercer dans cette méditation, cette disposition essentielle est de toutes les formes d’activité la plus importante.

 

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