Habitant et habitacle
Lama Denys Rinpoché
Dans la voie du Bouddha, le sentier qui mène à l’éveil peut être envisagé comme une thérapie sacrée. Il s’agit de réaliser l’interdépendance qui nous relie à tous les phénomènes. Dans cette compréhension et plus encore dans cette expérience de “l’inter-être”, il devient possible de renouer des liens harmonieux avec notre environnement, de réconcilier habitant et habitacle.
La quatrième Noble Réalité de l’enseignement du Bouddha, la voie qui mène à l’éveil, peut aussi être nommée “la thérapie sacrée”. Elle consiste à réincorporer notre nature par la dissolution, la purification de l’ego qui sépare et divise ; c’est la pratique et l’expérience de la présence, simple et immédiate. Elle se découvre, se reconnaît et se cultive dans la voie d’union ou de réintégration qu’est le yoga, avec son triple apprentissage : discipline de compassion (shila), expérience de présence (samadhi), et compréhension de l’intelligence en soi (prajña).
Le rôle du Grand Médecin (le nom souvent donné au Bouddha) est un soin personnel car il est individuel dans la mesure où il touche notre personne profonde, fondamentale et totale. Il agit sur notre personne authentique dont les trois dimensions sont aussi celles de l’éveil, l’ouverture, la clarté et la sensitivité traditionnellement exprimées comme les Trois Corps du Bouddha.
Le thérapeute primordial, ce grand médecin rétablit la circulation de l’énergie entre habitant et habitacle, entre l’habitant du cœur et l’habitacle du corps. Puis cette circulation passe de cellule en corps, d’habitant en habitacle. Tous les habitacles que sont corps, peaux, foyer, maison, couple, famille, tribu, environnement, bioniche, écosystème, biosphère, etc. sont intégrés dans une imbrication de cellules ou dans une interpénétration d’atomes-univers. Atomes-univers est la même notion que cellules et corps en imbrication : un atome est un univers qui est en même temps l’atome d’un univers d’un ordre supérieur, comme la cellule est cellule d’un corps qui lui-même est cellule d’un corps d’un ordre supérieur. L’inter-être est une formulation de la vision de l’interdépendance : habitant/habitacle non deux.
Le thérapeute primordial libère les blocages qui entravent le flux harmonieux de la boucle que nous formons avec l’ensemble de notre environnement : la boucle du “moi-non-moi”, habitant-habitacle de notre domaine de vie. Cela signifie que le moi est fait de non-moi. Le moi est moi du fait du non-moi, et le non-moi est non-moi du fait de moi. Je suis fait de ce qui est autre que moi : comme mon corps dépend de mon environnement, l’habitant qu’est ce corps dépend de sa bioniche. On peut expliquer cela de nombreuses façons qui, dans leur diversité, désignent la même réalité. La vie que je suis est ici et là. Et “là”, c’est-à-dire la bioniche autour de moi, est tout aussi importante pour ma vie que celle que je vis en moi habituellement ; c’est la même vie qui est une. C’est cette notion d’inter-être dont parle souvent Thich Nhat Hanh. C’est une formulation de la vision de l’interdépendance, tout simplement.
L’art de rétablir la libre circulation des flux naturels peut aussi se nommer « écologie sacrée » : l’harmonisation des terriens dans leur biosphère, la réintégration harmonieuse de l’homme dans son milieu. Il s’agit simplement de retrouver une relation saine avec son propre corps, le corps du souffle et le corps de l’environnement. Il s’agit de redécouvrir le lien charnel qui nous unit à la Terre et aux éléments et dans l’intelligence de l’unité, respecter la diversité, la variété, que ce soit celle des humains ou celle du vivant, la bio-diversité. Il s’agit aussi de retrouver l’amour de la Terre-Mère. “Aime la Terre comme toi-même, car tu es Terre : de la Terre tu es venu et à la Terre tu retourneras.” Cette Terre qui, labourée, continuera à soutenir la vie des enfants et de leurs enfants pour les générations à venir. Il est ainsi vital pour l’espèce humaine que nous développions un lien émotionnel avec la Terre-Mère, avec la nature.
Face aux grands problèmes auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés, il convient de rappeler cet élément central qui est que le changement passe par celui des mentalités. Il s’agit d’opérer une révolution de mentalité. Et c’est ainsi que nous avons quatre pensées révolutionnaires : la précieuse existence humaine, l’impermanence et la mort, la responsabilité du karma, et la réalité de dukkha et sa libération. Ces pensées révolutionnent, retournent la mentalité, la recentrent, et c’est d’ailleurs dans une telle méditation que l’on a une véritable action révolutionnaire de non-violence.
La quatrième Noble Réalité de l’enseignement du Bouddha, la voie qui mène à l’éveil, peut aussi être nommée “la thérapie sacrée”. Elle consiste à réincorporer notre nature par la dissolution, la purification de l’ego qui sépare et divise ; c’est la pratique et l’expérience de la présence, simple et immédiate. Elle se découvre, se reconnaît et se cultive dans la voie d’union ou de réintégration qu’est le yoga, avec son triple apprentissage : discipline de compassion (shila), expérience de présence (samadhi), et compréhension de l’intelligence en soi (prajña).
Le rôle du Grand Médecin (le nom souvent donné au Bouddha) est un soin personnel car il est individuel dans la mesure où il touche notre personne profonde, fondamentale et totale. Il agit sur notre personne authentique dont les trois dimensions sont aussi celles de l’éveil, l’ouverture, la clarté et la sensitivité traditionnellement exprimées comme les Trois Corps du Bouddha.
Le thérapeute primordial, ce grand médecin rétablit la circulation de l’énergie entre habitant et habitacle, entre l’habitant du cœur et l’habitacle du corps. Puis cette circulation passe de cellule en corps, d’habitant en habitacle. Tous les habitacles que sont corps, peaux, foyer, maison, couple, famille, tribu, environnement, bioniche, écosystème, biosphère, etc. sont intégrés dans une imbrication de cellules ou dans une interpénétration d’atomes-univers. Atomes-univers est la même notion que cellules et corps en imbrication : un atome est un univers qui est en même temps l’atome d’un univers d’un ordre supérieur, comme la cellule est cellule d’un corps qui lui-même est cellule d’un corps d’un ordre supérieur. L’inter-être est une formulation de la vision de l’interdépendance : habitant/habitacle non deux.
Le thérapeute primordial libère les blocages qui entravent le flux harmonieux de la boucle que nous formons avec l’ensemble de notre environnement : la boucle du “moi-non-moi”, habitant-habitacle de notre domaine de vie. Cela signifie que le moi est fait de non-moi. Le moi est moi du fait du non-moi, et le non-moi est non-moi du fait de moi. Je suis fait de ce qui est autre que moi : comme mon corps dépend de mon environnement, l’habitant qu’est ce corps dépend de sa bioniche. On peut expliquer cela de nombreuses façons qui, dans leur diversité, désignent la même réalité. La vie que je suis est ici et là. Et “là”, c’est-à-dire la bioniche autour de moi, est tout aussi importante pour ma vie que celle que je vis en moi habituellement ; c’est la même vie qui est une. C’est cette notion d’inter-être dont parle souvent Thich Nhat Hanh. C’est une formulation de la vision de l’interdépendance, tout simplement.
L’art de rétablir la libre circulation des flux naturels peut aussi se nommer « écologie sacrée » : l’harmonisation des terriens dans leur biosphère, la réintégration harmonieuse de l’homme dans son milieu. Il s’agit simplement de retrouver une relation saine avec son propre corps, le corps du souffle et le corps de l’environnement. Il s’agit de redécouvrir le lien charnel qui nous unit à la Terre et aux éléments et dans l’intelligence de l’unité, respecter la diversité, la variété, que ce soit celle des humains ou celle du vivant, la bio-diversité. Il s’agit aussi de retrouver l’amour de la Terre-Mère. “Aime la Terre comme toi-même, car tu es Terre : de la Terre tu es venu et à la Terre tu retourneras.” Cette Terre qui, labourée, continuera à soutenir la vie des enfants et de leurs enfants pour les générations à venir. Il est ainsi vital pour l’espèce humaine que nous développions un lien émotionnel avec la Terre-Mère, avec la nature.
Face aux grands problèmes auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés, il convient de rappeler cet élément central qui est que le changement passe par celui des mentalités. Il s’agit d’opérer une révolution de mentalité. Et c’est ainsi que nous avons quatre pensées révolutionnaires : la précieuse existence humaine, l’impermanence et la mort, la responsabilité du karma, et la réalité de dukkha et sa libération. Ces pensées révolutionnent, retournent la mentalité, la recentrent, et c’est d’ailleurs dans une telle méditation que l’on a une véritable action révolutionnaire de non-violence.
Extrait d’enseignements donnés à Karma Ling lors de l’Assemblée Gésar, juillet 1998