Les Huit lignées de transmission
Kyabdjé Kalou Rinpoché
Il y eut au Tibet deux grandes diffusions du Dharma qui s’établit en quatre écoles principales. Les enseignements furent véhiculés à travers huit lignées principales qui sont parfois appellés les huit chars de la pratique. Ces huit vecteurs de transmission sont les lignées Nyingma, Kadam, Marpa Kagyu, Chidjé, Sakya, Djonang, Dordjé soum gyi nyèndroup et Shangpa Kagyu,
Le bouddhisme fut tout d’abord introduit au Tibet par le biais du roi Songtsèn Gampo qui invita l’abbé Shantarakshita, représentant des soutras, et Padmasambhava, détenteur des tantras. Le vajrayana se répandit alors de manière très profonde, constituant l’école des Anciens, les Nyingmapas, qui produisit une grande floraison d’accomplis. L’école Nyingmapa fut comme un soleil pour le Tibet.
Cependant, au fil des ans, un certain nombre de ses membres avançaient dans leurs discours une philosophie très élevée et prétendaient à une méditation non mois haute, tout en ayant un comportement entaché de nombreuses négativités, ce qui créa une dégénérescence. A cette époque, le roi Yéti Eu, regardé comme une émanation divine, envoya en Inde le traducteur Rintchèn Zangpo afin d’inviter au Tibet le maître indien Atisha. Les efforts que celui-ci, ainsi que d’autres érudits et traducteurs, déploya au Tibet pour revivifier le dharma donnèrent lieu, dans le cadre du vajrayana, à la « tradition nouvelle ».
Atisha mit l’importance sur trois niveaux de pratiques :
– le niveau extérieur représenté par les vœux de libération individuelle, ceux que prennent les moines et les nonnes ainsi que les fidèles laïcs ;
– le niveau intérieur équivalent aux vœux de bodhisattva, qui insistent sur l’amour, la compassion et la motivation du bien d’autrui.
– Le niveau secret de vajrayana reposant sur les phases de création et d’achèvement des divinités. Cette tradition d’Atisha, dans laquelle s’inscrivirent de très nombreux érudits et accomplis, fut connue sous le nom d’école Kadampa.
Plus tard vint un moine de la région de Tsongkha, connu sous le nom de Tsongkhapa, qui redonna un élan neuf aux enseignements Kadampa. Très érudit, doté d’une grande réalisation, il s’établit au monastère de Ganden de sorte que son école fut tout d’abord appelée Gandènpa ; c’est la même école qui est, de nos jours, connue sous le nom de Guéloukpa.
Marpa le traducteur, contemporain d’Atisha, fonda pour sa part la lignée Marpa Kagyu. Son école remonte au Bouddha Vajradhara (tib. Dordjé Tchang) qui révéla ses enseignements au maître indien Tilopa, lequel les transmit à Naropa auprès de qui Marpa vint les chercher en Inde. La « voie des moyens habiles » y est représentée par les « six dharmas de Naropa » et la voie de libération par le mahamoudra. Marpa eut pour principal disciple Milarépa dont les deux plus éminents fils spirituels, comparés au soleil et à la lune, furent Dhagpo Rinpotché (Gampopa) et Rétchoungpa. Les quatre principaux disciples de Gampopa fondèrent à leur tour quatre subdivisons dans la lignée Kagyu, connues comme les « quatre grandes » écoles Kagyupa, qui furent suivies, en raison de nouvelles subdivisions, par les « huit petites ».
Une autre des grandes lignées fut introduite par le maître indien Padampa Sangyé – dont la tradition veut qu’il ait vécu deux cents ans – qui proposait un système connu sous le nom de Chidjé. Sa principale disciple tibétaine, Matchik Labdrœun, incarnation de Tara, développa à l’intérieur de ce système le pratique de Tcheu. Chidjé et Tcheu réunis constituent une des grandes traditions tibétaines.
Kunga Nyingpo rassembla, pour sa part, un grand nombre de traditions de l’Inde bouddhiste dans un corpus appelé Lamdré, dont la source principale et le mahasiddha Viroupa. Etant donné que son monastère était établi dans un lieu nommé Sakya, dans la province de Tsang, son école fut connue sous le nom de Sakyapa.
La lignée Djonangpa repose sur de nombreux enseignements du vajrayana, en particulier sur le cycle de Kalachakra. Ce cycle fut introduit au Tibet par le biais de trois traducteurs Ré Lotsawa, Dromo Lotsawa et Tsémo Lotsawa, puis s’illustra particulièrement en les personnes de Deulpo Sangyé et de Djétsun Taranatha.
Droubtop Orgyènpa, disciple du deuxième Karmapa, Karmapakshi, possédait le pouvoir de visiter tous les lieux de la terre y compris le royaume septentrional de Shambala. Il reçus des enseignements de nombreuses dakinis qu’il codifia sous le nom de Dordjé Neldjor. Sa lignée est généralement connue sous le nom de Dordjé soum gyi nyèndroup.
La lignée Shangpa Kagyu, enfin, remonte à Khyoungpo Neldjor. Celui-ci étudia très jeune les soutras et les tantras ; puis il se rendit sept fois en Inde et au Népal où il put recevoir des instructions de cent cinquante maîtres.
Extrait de Kalou Rinpoché Bouddhisme ésotérique Claire Lumière, 1993.
Les Huit lignées de transmission
Kyabdjé Kalou Rinpoché
Il y eut au Tibet deux grandes diffusions du Dharma qui s’établit en quatre écoles principales. Les enseignements furent véhiculés à travers huit lignées principales qui sont parfois appellés les huit chars de la pratique. Ces huit vecteurs de transmission sont les lignées Nyingma, Kadam, Marpa Kagyu, Chidjé, Sakya, Djonang, Dordjé soum gyi nyèndroup et Shangpa Kagyu,
Le bouddhisme fut tout d’abord introduit au Tibet par le biais du roi Songtsèn Gampo qui invita l’abbé Shantarakshita, représentant des soutras, et Padmasambhava, détenteur des tantras. Le vajrayana se répandit alors de manière très profonde, constituant l’école des Anciens, les Nyingmapas, qui produisit une grande floraison d’accomplis. L’école Nyingmapa fut comme un soleil pour le Tibet.
Cependant, au fil des ans, un certain nombre de ses membres avançaient dans leurs discours une philosophie très élevée et prétendaient à une méditation non mois haute, tout en ayant un comportement entaché de nombreuses négativités, ce qui créa une dégénérescence. A cette époque, le roi Yéti Eu, regardé comme une émanation divine, envoya en Inde le traducteur Rintchèn Zangpo afin d’inviter au Tibet le maître indien Atisha. Les efforts que celui-ci, ainsi que d’autres érudits et traducteurs, déploya au Tibet pour revivifier le dharma donnèrent lieu, dans le cadre du vajrayana, à la « tradition nouvelle ».
Atisha mit l’importance sur trois niveaux de pratiques :
– le niveau extérieur représenté par les vœux de libération individuelle, ceux que prennent les moines et les nonnes ainsi que les fidèles laïcs ;
– le niveau intérieur équivalent aux vœux de bodhisattva, qui insistent sur l’amour, la compassion et la motivation du bien d’autrui.
– Le niveau secret de vajrayana reposant sur les phases de création et d’achèvement des divinités. Cette tradition d’Atisha, dans laquelle s’inscrivirent de très nombreux érudits et accomplis, fut connue sous le nom d’école Kadampa.
Plus tard vint un moine de la région de Tsongkha, connu sous le nom de Tsongkhapa, qui redonna un élan neuf aux enseignements Kadampa. Très érudit, doté d’une grande réalisation, il s’établit au monastère de Ganden de sorte que son école fut tout d’abord appelée Gandènpa ; c’est la même école qui est, de nos jours, connue sous le nom de Guéloukpa.
Marpa le traducteur, contemporain d’Atisha, fonda pour sa part la lignée Marpa Kagyu. Son école remonte au Bouddha Vajradhara (tib. Dordjé Tchang) qui révéla ses enseignements au maître indien Tilopa, lequel les transmit à Naropa auprès de qui Marpa vint les chercher en Inde. La « voie des moyens habiles » y est représentée par les « six dharmas de Naropa » et la voie de libération par le mahamoudra. Marpa eut pour principal disciple Milarépa dont les deux plus éminents fils spirituels, comparés au soleil et à la lune, furent Dhagpo Rinpotché (Gampopa) et Rétchoungpa. Les quatre principaux disciples de Gampopa fondèrent à leur tour quatre subdivisons dans la lignée Kagyu, connues comme les « quatre grandes » écoles Kagyupa, qui furent suivies, en raison de nouvelles subdivisions, par les « huit petites ».
Une autre des grandes lignées fut introduite par le maître indien Padampa Sangyé – dont la tradition veut qu’il ait vécu deux cents ans – qui proposait un système connu sous le nom de Chidjé. Sa principale disciple tibétaine, Matchik Labdrœun, incarnation de Tara, développa à l’intérieur de ce système le pratique de Tcheu. Chidjé et Tcheu réunis constituent une des grandes traditions tibétaines.
Kunga Nyingpo rassembla, pour sa part, un grand nombre de traditions de l’Inde bouddhiste dans un corpus appelé Lamdré, dont la source principale et le mahasiddha Viroupa. Etant donné que son monastère était établi dans un lieu nommé Sakya, dans la province de Tsang, son école fut connue sous le nom de Sakyapa.
La lignée Djonangpa repose sur de nombreux enseignements du vajrayana, en particulier sur le cycle de Kalachakra. Ce cycle fut introduit au Tibet par le biais de trois traducteurs Ré Lotsawa, Dromo Lotsawa et Tsémo Lotsawa, puis s’illustra particulièrement en les personnes de Deulpo Sangyé et de Djétsun Taranatha.
Droubtop Orgyènpa, disciple du deuxième Karmapa, Karmapakshi, possédait le pouvoir de visiter tous les lieux de la terre y compris le royaume septentrional de Shambala. Il reçus des enseignements de nombreuses dakinis qu’il codifia sous le nom de Dordjé Neldjor. Sa lignée est généralement connue sous le nom de Dordjé soum gyi nyèndroup.
La lignée Shangpa Kagyu, enfin, remonte à Khyoungpo Neldjor. Celui-ci étudia très jeune les soutras et les tantras ; puis il se rendit sept fois en Inde et au Népal où il put recevoir des instructions de cent cinquante maîtres.
Extrait de Kalou Rinpoché Bouddhisme ésotérique Claire Lumière, 1993.