Histoire de Shawaripa et son disciple Maitripa
Il y a bien longtemps, lorsque Avalokiteshvara arriva dans la ville de Rajastan, un danseur ressentit une grande dévotion et fit l’offrande de chants, danses et prières. Six cents ans après que le Bouddha soit entré dans le nirvana, ce dévot danseur reprit naissance en tant qu’humain. Son nom était Shawaripa, Maître des Solitudes.
Alors qu’il demeurait dans le charnier du Frais Bocage Ombragé, le disciple Shawaripa entra dans un samadhi exempt d’élaboration. Un matin à l’aube, il entendit un tambour damaru résonner dans le ciel. Le protecteur de sagesse apparut alors et fit offrande de son mantra essentiel et de toutes ses pratiques à Shawaripa, dont la vie devint comme le soleil et la lune. Il accomplit la pratique conjointe des déités des quatre bénédictions, comprenant Avalokiteshvara, Vajrayogini, Tara, et le protecteur de sagesse Mahakala. Chacune des déités lui enseigna également son propre sadhana.
Mille ans plus tard, Maitri Gupta (Jampa Bepa en tibétain, connu également sous son nom secret de Nyime Dorje, Vajra Non-Duel), séjournait au monastère de Vikramashila. Bien qu’il eût développé une grande stabilité dans la phase de génération et acquis de grands pouvoirs, il n’avait pas réalisé la vision profonde du sens de l’état naturel. Il pria donc les déités de l’adhideva, et reçut l’instruction suivante : « Va vers le Mont de la Gloire au sud. Là-bas, le protecteur prendra soin de toi ».
Maitripa alla au Mont de la Gloire. Là, il rencontra le disciple Shawaripa, Maître des Solitudes, qui lui enseigna les préceptes de Mahamudra sur le sens profond. Sa connaissance de l’état naturel était aussi vaste que le ciel. Shawaripa lui ordonna de répandre les enseignements du sens profond et lui fit don du sadhana de la pratique conjointe des déités des quatre bénédictions. Après avoir pratiqué pendant vingt et un jours, Maitripa eut tous les protecteurs du Dharma à son service. Ses dons étaient célèbres à cinq cents milles à la ronde, et il exauçait les multiples souhaits des êtres. Ceci est confirmé dans d’autres histoires.
Certaines légendes indiquent que Maitripa alla trois fois au Mont Potala où il vit Avalokiteshvara aussi clairement que lorsqu’on rencontre quelqu’un face à face. Il se rendit également dans les palais célestes des dieux, où il accomplit des circumambulations et plaça une offrande au pied de chaque pilier. A l’entrée du dernier château colossal, ne pouvant ouvrir la porte, il appela les dakas et dakinis : « Je vous en prie, ouvrez la porte ! ».
Ils répondirent : « Si nous ouvrons la porte, tous les êtres des mondes samsariques – le monde inférieur, le royaume des humains et la sphère du paradis – seront en colère et mourront ». Entendant ceci, Maitripa adressa une profonde prière à Avalokiteshvara, qui se manifesta sous la forme d’un messager et dont les mots ouvrirent la porte sans qu’aucun mal ne soit fait aux êtres sensibles. A l’intérieur, Maitripa vit le protecteur de sagesse. Il prononça immédiatement une prière et demanda des bénédictions, en disant : « Je vous prie de venir à Jambudiva pour le bien des êtres. Je vous prie de protéger les enseignements du Bouddha ! ». Le protecteur exauça sa prière, et depuis ce jour, une émanation du protecteur [Mahakala] est toujours restée dans une niche de l’arbre Nyagrodha, dans le charnier du Frais Bocage Ombragé.
Extrait de Nicole Riggs Like an Illusion, lives of Shangpa Kagyu masters, éd. Dharma Cloud, Eugene – Oregon) – Traduit de l’anglais par Isabelle Charbonnier.
Exergues :
« Le protecteur de sagesse apparut alors et fit offrande de son mantra essentiel »
« Va vers le Mont de la Gloire au sud. Là-bas, le protecteur prendra soin de toi ».