Les étapes de la progression
Kyabjdé Kalou Rinpotché
Adopter les actes positifs, à rejeter les actes négatifs.
Pour les êtres dont les facultés sont moyennes ou inférieures, le corps même de la pratique du dharma consiste en premier lieu à adopter les actes positifs, à rejeter les actes négatifs.
L’entrainement
Ils entraînent leur esprit au moyen de préliminaires communs (les méditations sur les quatre idées qui détournent l’esprit du samsara (1)), puis ils se purifient par les cinq cent mille préliminaires spécifiques (refuge, prosternations, bodhicitta ; méditation et mantra de Dordjé Sèmpa ; offrande de mandala ; yoga du lama). Ils doivent aussi apprendre à maintenir (et stabiliser) l’esprit, et s’entraîner à une attitude altruiste et compatissante par la pratique de lodjong. Ils accomplissent aussi la pratique d’un yidam et de son mantra jusqu’à ce qu’en apparaissent les signes de succès. Après quoi, ils pratiquent les six doctrines de Naropa, auxquelles s’ajoutent les directives de mahamudra (2). Ils pratiquent particulièrement toumo et, lors de cette méditation, s’appliquent à maîtriser une respiration à quatre temps, dite respiration-vase. En pratiquant ces exercices, par la maîtrise de la descente, de la rétention, de la remontée et de la diffusion des grains principiels du corps, ils produisent dans le corps et dans l’esprit chaleur et béatitude, au moyen desquelles ils peuvent réaliser l’union de la grande béatitude et de la vacuité qu’est mahamudra.
Les différents degrés de bodhisattva
Ils traversent graduellement les différents degrés de bodhisattva et les différentes voies de la réalisation spirituelle et parviendront ainsi à obtenir l’état de bouddha.
Les êtres aux facultés karmiques supérieures
Les êtres aux facultés supérieures sont ceux dans le cœur de qui, par la seule connaissance du sens du dharma, viennent dégoût du samsara et aspiration à la délivrance, compassion pour les êtres et grande confiance envers le lama et les trois joyaux. Le sens de la vacuité – mahamudra – et de la grande perfection – maha-ati – les remplit d’une grande joie et suscite en eux une grande aspiration. Les différents courants de leur personne (celui de leur corps, celui de leur parole et celui de leur esprit) sont amenés à maturité par la transmission du pouvoir initiatique. Ils reconnaissent de façon fulgurante le sens de mahamudra et de la grande perfection et, méditant dans la sphère de non-méditation, non-distraction, non-saisie, il ne fait pas de doute qu’ils puissent atteindre l’état de bouddha en cette vie ou au début du bardo (3).
S’orienter vers le dharma et se détacher du samsara
Si nous comprenons bien le sens des enseignements, notre esprit s’orientera tout d’abord vers le dharma, nous nous détacherons du samsara, et naîtra en nous une disposition d’esprit appliquée à l’obtention de la délivrance ; nous connaîtrons les qualités des trois joyaux et développerons confiance en eux et compassion envers tous les êtres qui souffrent. Nous suivrons ensuite d’une façon parfaitement pure la voie du dharma. Enfin, nous en étant remis à un lama et lui ayant demandé les instructions libératrices, si nous méditons, nous obtiendrons sans aucun doute les accomplissements (siddhi) ordinaires et suprême et parviendrons au terme du dharma, l’état de bouddha.
Extrait de « Fondements de la pratique spirituelle », traduction par le comité de traduction de Lotsawa.
1 Le cycle des existences et des transmigrations, ou la ronde des existences.
2 Mahamudra et la grande perfection sont deux approches de la vraie nature de l’esprit. Avoir réalisé l’une ou l’autre, c’est avoir reconnu la vraie nature de l’esprit, avoir atteint l’état de bouddha
3 Littéralement et d’une façon générale, ce mot signifie : « entre–deux », intermédiaire. Il existe de nombreuses sortes de bardo ou états intermédiaires, mais le terme fait surtout allusion à celui qui se situe entre une mort et une naissance.