La voie de la libération
3.2. Le hînayâna, voie de la discipline
3.2.5. Le karma de la méditation
«Les états méditatifs sans limites et sans forme
Font expérimenter les félicités de Brahma
Et des autres états divins.»
Nâgârjuna, Ratnavâlî.
Le karma de cette troisième grande catégorie1Les deux premières sont le karma négatif et le karma positif (voir supra Le karma et la discipline extérieure). n’est pas engendré par des activités physiques, verbales ou mentales, positives ou négatives, mais par différents états de l’esprit en méditation2Pour une présentation générale de la méditation, voir infra Shamatha-Vipashyanâ..
Ce karma produit en méditation est appelé « karma d’immobilité » ; il a pour préalables l’abandon des activités négatives et la pratique des positives, qui doivent être devenus choses habituelles. Ses causes sont différentes pratiques de stabilisation de l’esprit – « dhyâna » en sanscrit ; ses conséquences sont des naissances dans les états de stabilité de l’esprit leur correspondant. Ces niveaux de méditation ou d’absorption stables de l’esprit constituent les états divins du « monde de la forme subtile » ou du « monde sans forme ».
Ce karma d’immobilité a pour cause un esprit vertueux demeurant absorbé sur une chose unique. Ses causes et ses conséquences se développent à huit niveaux, qui ont chacun un préliminaire, une pratique et un état conséquent.
Le premier de ces niveaux d’absorption méditative est caractérisé par une expérience en laquelle sont présents conception, évaluation, plaisir et bonheur. La méditation en cet état établit l’esprit dans le premier degré d’absorption stable. Quand, dans la pratique, conception et évaluation sont dépassées, mais que plaisir et bonheur existent encore, c’est le deuxième degré d’absorption. Quand l’expérience de plaisir est dépassée et qu’il ne reste plus que celle de bonheur, s’installe le troisième degré d’absorption. Enfin, l’état en lequel sont dépassées toute conception, toute évaluation et toute notion de plaisir et de bonheur correspond au quatrième degré d’absorption.
Aux réalisations de ces quatre « degrés d’absorption méditative », correspondent les naissances dans les quatre niveaux divins du « monde de la forme subtile ».
Puis, les attachements subtils de ces quatre premiers degrés d’absorption dépassés, des naissances peuvent encore avoir lieu dans le monde sans forme, c’est-à-dire dans l’un des quatre domaines dont les noms évoquent les expériences sans forme qui y sont faites. Ainsi peut-on naître dans le domaine de l’espace illimité ; puis, dépassant l’attachement à cette expérience, entrer dans le domaine de la conscience illimitée ; puis dans le domaine où il n’est rien ; et enfin dans le domaine où il n’y a ni conception ni non-conception.
C’est, chaque fois, par la reconnaissance du caractère insatisfaisant et les aliénations d’un degré que l’on peut se dégager de ses attachements et les dépasser ; tous ces degrés successifs sont de plus en plus dépourvus de fixations.
Bien que ces huit absorptions soient des états méditatifs élevés, ils n’en restent pas moins tous des états du samsâra, conditionnés par ses illusions et soumis à la transmigration3À propos de ces états, voir aussi infra Shamatha-Vipashyanâ..
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